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NITRI ACID. :


            L’acide nitrique est un acide fort, très caustique. On retrouve dans sa composition l’élément « azote » (Nitri) qui se combine facilement à l’oxygène, à l’hydrogène ou aux métaux, dans des combinaisons instables, oxydantes et endothermiques. Ces trois derniers qualificatifs expliquent ce que la Matière médicale reproduit : instabilité mentale comme tous les remèdes luétiques, la tendance à la cachexie et à la déminéralisation et pour le troisième la frilosité. Il est logique de retrouver là quelques traits de ARGENTUM NITRICUM.


            La présence de l’acide explique d’autres troubles : d’abord la causticité sur les muqueuses et sur la peau (comme sur tous les autres tissus). Puis l’hémorragie des tissus atteints par suite de l’ulcération des vaisseaux. Enfin l’aggravation nocturne, commune à pratiquement tous les remèdes acides (l’acidose augmente pendant le sommeil du fait de l’accumulation du CO2 par ralentissement de la respiration.


            Tous ceux qui connaissent les tableaux évolutifs de remèdes de R. ZISSU savent qu’il place les remèdes de troubles les moins graves en haut des tableaux, ceux des plus graves en bas de tableau. Les acides sont presque toujours en bas des tableaux. Car ils correspondent à des troubles lésionnels graves le plus souvent, même si heureusement on peut les voir indiqués pour des troubles encore peu caractérisés et donc réversibles. Nous avons eu un cas d’aphtose buccale qu’aucun traitement classique n’était parvenu à guérir chez un jeune enfant chez lequel la sensation d’écharde au niveau des ulcérations (bouche et anus), le comportement agité, agressif, peureux, l’amélioration de ce comportement en voiture indiquait NITRI ACID., qui a donné un résultat spectaculaire.



            Voici d’abord les signes bucco-dentaires de NITRI ACID. :

  


            Ceux qui suivent nos cours savent que dans ceux-ci sont privilégiés les commentaires et les explications car il apparaît inutile ou superflu de reproduire tous les éléments de Matière médicale que l’on peut retrouver aisément dans n’importe quel ouvrage. Dans ce cadre, comment comprendre la signification des troubles bucco-dentaires de NITRI ACID. ?


            D’abord quelques rappels. La constitution appelée autrefois « fluorique », aujourd’hui « dystrophique » n’existe que rarement à l’état « pur », mais se rencontre le plus souvent dans des biotypes mixtes, c’est-à-dire que l’on trouve des caractères dystrophiques chez des sujets brévilignes, normolignes ou longilignes. D’autre part, le mode réactionnel luétique, s’il est mis en œuvre électivement par le dystrophique, l’est également par tous les autres biotypes dans des circonstances données. C’est un mode réactionnel franchement pathologique. NITRI ACID. est une substance étrangère à l’organisme, il n’a pas d’action métabolique et n’est pas un médicament constitutionnel. Il est seulement un remède de troubles lésionnels plus ou moins graves. Ses principales caractéristiques pathogénétiques expriment à l’évidence son adéquation avec le mode luétique = inflammations subaiguës ou chroniques aboutissant à des ulcérations et à des hémorragies, puis à des nécroses - localisation osseuse, muqueuse, cutanée, nerveuse - aggravation nocturne - instabilité physique et mentale. On notera que ces signes évoquent le mode luétique et MERCURIUS SOLUBILIS, dont il est l’un des remèdes d’aggravation lésionnel. LUESINUM étant le complémentaire diathésique le plus manifeste.


            Cependant, l’expérience clinique des praticiens montrent que NITRI ACID. est parfois indiqué dans plusieurs suites de suppression d’éliminations = coryza, transpiration, éruption, exérèse de condylomes. Ces circonstances étiologiques évoquent sans aucun doute le mode psorique. R. ZISSU explique que NITRI ACID se trouve alors indiqué lors de troubles lésionnels graves d’allure luétique chez des sujets ayant longtemps réagi sur le mode psorique mais chez qui les éliminations ne suffisent plus et sont parvenues à un stade de dénutrition de ce fait.


            D. DEMARQUE 11 Voir « Pharmacologie et matière médicale homéopathique » - Boiron 1993, page 296. (et collaborateurs) explique que l’on trouve dans la Matière médicale de NITRI ACID. 4 des 5 grandes caractéristiques du mode sycotique = production de néoformations cutanées et muqueuses - production de catarrhes chroniques des muqueuses, notamment à la suite de froid humide - évolution lente et chronique des lésions - tendance dépressive. Il rappelle à juste titre qu’HAHNEMANN considérait NITRI ACID. comme le second remède de la sycose, juste après THUYA. Roland ZISSU précise que les manifestations sycotiques de NITRI ACID. s’expriment surtout au niveau génito-urinaire.


            Enfin, la tendance à la cachexie et à la dénutrition évoquent le mode tuberculinique mais à un stade évolutif avancé. NITRI ACID. se trouve alors au voisinage de SILICEA, d’ARSENICUM ALBUM, ou de KREOSOTUM.


            Voici donc rapidement esquissés les aspects diathésiques de NITRI ACID., remède lésionnel. Pour une étude plus approfondie, voir la « Matière médicale homéopathique constitutionnelle » de R. ZISSU, tome 4, page 239 et suivantes.

  

TRAITEMENT BUCCO-DENTAIRES DES LUETIQUES (suite)

AURUM METALLICUM :


            HAHNEMANN a réalisé la première pathogénésie de l’or en 1818 mais souligne son utilisation en médecine depuis la haute Antiquité.

L'or, substance étrangère à 1 'organisme, a une action toxique en deux phases: phase sthénique avec congestion,  spasmes, hypertrophie - phase asthénique avec induration, dilatation, sclérose.  Cette action toxique se manifeste électivement au niveau des vaisseaux et des organes richement vascularisés: coeur, cerveau, yeux, foie, reins, formations lympho-ganglionnaires, glandes endocrines, os, périoste.


Cette action toxique est lente, progressive, disséminée, aboutissant à des congestions, puis à des scléroses. On reconnaît là des manifestations pathologiques typiquement luétiques.


          Voici d’abord les signes bucco-dentaires :

  



AURUM METALLICUM semble un peu oublié dans le Répertoire de KENT pour les maladies parodontales, pour lesquelles il est cité au degré moyen ou faible.


Sur un plan général, il faut avoir toujours à l'esprit l'action diphasique de l'or, que l’on retrouve dans toutes les substances toxiques et étrangères à l’organisme, qui explique deux tableaux cliniques bien différents, et qui correspondent tous deux à AURUM METALLICUM.


Le premier tableau, correspondant à la première phase de l'intoxication par l'or, donne à la congestion active la priorité: congestion psychique (sujet agité, autoritaire, coléreux et intolérant, entreprenant, toujours pressé ... ), congestion circulatoire (hypertension, battements artériels, palpitations, hypertrophie cardiaque, bouffées de chaleur, céphalée congestive, face rouge ... ), congestion hépato-digestive (foie dur et gros, estomac ballonné, brûlures, éructations, régurgitations, désirs de boissons froides, de café, d'alcools ... ), congestion oculaire (tendance au glaucome) ....


Durant cette période, le patient AURUM METALLICUM peut présenter une pathologie inflammatoire au niveau bucco-dentaire: la tendance congestive peut provoquer une 'hyperhémie pulpaire expliquant les pulpites aiguës pour lesquelles on pense le plus souvent, et à juste titre, à BELLADONA.  L'inflammation gingivale est du type congestif, avec tuméfaction, ulcérations, haleine fétide.

  

Sur un plan général, il faut avoir toujours à l'esprit l'action diphasique de l'or, que l’on retrouve dans toutes les substances toxiques et étrangères à l’organisme, qui explique deux tableaux cliniques bien différents, et qui correspondent tous deux à AURUM METALLICUM.


Le premier tableau, correspondant à la première phase de l'intoxication par l'or, donne à la congestion active la priorité: congestion psychique (sujet agité, autoritaire, coléreux et intolérant, entreprenant, toujours pressé ... ), congestion circulatoire (hypertension, battements artériels, palpitations, hypertrophie cardiaque, bouffées de chaleur, céphalée congestive, face rouge ... ), congestion hépato-digestive (foie dur et gros, estomac ballonné, brûlures, éructations, régurgitations, désirs de boissons froides, de café, d'alcools ... ), congestion oculaire (tendance au glaucome) ....


Durant cette période, le patient AURUM METALLICUM peut présenter une pathologie inflammatoire au niveau bucco-dentaire: la tendance congestive peut provoquer une 'hyperhémie pulpaire expliquant les pulpites aiguës pour lesquelles on pense le plus souvent, et à juste titre, à BELLADONA.  L'inflammation gingivale est du type congestif, avec tuméfaction, ulcérations, haleine fétide.

Commentaire

d'Alain HORVILLEUR

A ce stade, plusieurs médicaments gravitent autour de AURUM METALLICUM, auxquels le chirurgien-dentiste pense plus volontiers: la tendance congestive évoque ¢ ACONIT, BELLADONA, GLONOINE, puis LACHESIS, SULFUR; l'intolérance à la contradiction et le comportement emporté ¢ NUX VOMICA, LYCOPODIUM; les troubles vasculaires et endocriniens ¢ LACHESIS.  Toujours à ce stade, AURUM METTALICUM peut être indiqué dans l'hyperthyroïdie, en tout cas, sa pathogénésie donne des signes semblables.


Le deuxième tableau est celui du déprimé mélancolique, introspectif, dégoûté de la vie (idée obsédante de suicide, compensée par la peur de la mort).  A ce stade, les troubles congestifs perdent leur caractère paroxystique pour devenir plus fixes : hypertension par artériosclérose, troubles vasculaires (artérites, anévrismes..); tendance à la cirrhose et aussi à la néphrite chronique dont les conséquences dentaires sont connues: parodontopathies.  Apparaît également une pathologie osseuse: exostoses, caries, ostéites, suppurations chroniques, douleurs nocturnes, pires en hiver, par temps froid, par le toucher ... douleurs articulaires chroniques.


Au cours de cette deuxième phase, les troubles buccaux évoluent de la gingivite ulcéreuse à l'atteinte parodontale, par inflammation torpide de l'os alvéolaire, tendance à la suppuration des poches constituées, atrophie progressive.  D'ailleurs, dans certains cas relativement moins graves, la tendance générale à la sclérose peut freiner la destruction parodontale.


Est-il facile de reconnaître un AURUM METALLICUM au cabinet dentaire ?  Lorsqu'il s'agit d'un adulte d'âge mûr, la tendance congestive et le comportement irritable, irascible, qui évoquent tant NUX VOMICA, d'autant plus que l'hypersensibilité sensorielle rend les soins dentaires très mal supportés, exigent habituellement un interrogatoire, en raison du risque hémorragique.  Toujours comme NUX VOMICA, ce sujet a tendance à trop manger et à trop boire, surtout des alcools.  L'alcoolisme chronique est une des causes de décompensation d'un psorique de type SULFUR (NUX VOMICA, LYCOPODIUM, LACHESIS).  L'alcoolisme est également une cause luétique majeure.  Tout cela peut favoriser le développement d'une parodontopathie.  Dans ce contexte précis, AURUM METALLICUM peut avoir une action favorable sur la sclérose qui débute, il peut ainsi prévenir l'indication de BARYTA CARBONICA, remède de parodontopathie grave.


Chez un vieillard devenu taciturne, poly-scléreux, sujet aux spasmes, le pronostic en cas de parodontopathie est mauvais, surtout si les fonctions principales sont atteintes: foie, reins, notamment.


La prescription d'AURUM METALLICUM est toujours un problème délicat, surtout chez le type dépressif.  Une aggravation par le remède peut accentuer la velléité suicidaire, quelle que soit la dilution, nécessitant une surveillance par l'entourage.  De toute façon, ce médicament a une action lente, à l'image de l'intoxication par l'or.  Il faut donc le donner longtemps, surtout à un sujet déprimé et scléreux.

DEUX KALI AU SECOURS DES LUETIQUES



Les kali forment un groupe de médicaments ayant en commun un ensemble de symptômes pathogénétiques découlant de l'action métabolique et toxique du potassium.


Le potassium intervient dans un certain nombre de processus métaboliques.  Il est présent dans quasiment toutes les cellules, notamment dans les hématies, dans les muscles striés, dans tous les organes à fonctions actives.  En cas de troubles de son métabolisme, il en résultent des troubles cellulaires, dans le sens d'un hypo-fonctionnement, avec une anémie qui explique la frilosité par diminution des oxydations, des troubles musculaires dans le sens de l'atonie, de l'affaiblissement par baisse de l'excitabilité et de la contractilité, des troubles du métabolisme de l'eau (le potassium peut favoriser la diurèse et la fuite de chlore et de sodium), etc ...


Lorsque le potassium n'est pas totalement assimilé, il se trouve en excès dans le sang et provoque des troubles toxiques.  C'est surtout cette dernière action qui explique les caractéristiques de la gingivite retrouvée dans les Kali. On retrouve l’action biphasique des toxiques : dans le cas du potassium, on note une phase courte d'excitation, une phase plus longue de dépression.  Tous les Kali présente le même fond dépressif, avec des périodes d'excitation courtes, mais parfois intenses.

Pour Henri BERNARD, le stade Kali traduit une étape de décompensation déjà importante, mais encore réversible.  Ceci est important dans le traitement des gingivopathies.


          Chaque sel de potassium a des cibles privilégiées, en raison de l’action de son autre composant.  Le potassium a au moins deux cibles électives:

  

  

  

  

  


KALI BICHROMICUM :


            C’est le plus important des KALI en odonto-stomatologie, avec KALI CARBONICUM.


   A 1 'action du potassium, le chrome ajoute la sienne, qui est tout à fait semblable, ce qui explique l 'aspect des inflammations des muqueuses, cible privilégiée: inflammation souvent violente, avec rougeur, gonflement, exsudation d'un mucus abondant, visqueux, jaunâtre, filant, tendance aux fausses membranes puis aux ulcérations profondes à bords taillés à pic, comme à l'emporte-pièce, avec des douleurs lancinantes, piquantes, ou brûlantes, très localisées (le patient peut mettre le doigt sur la zone douloureuse) mais erratiques.  Le patient est aggravé par le froid humide, mais aussi par les fortes chaleurs de l 'été, 1a nuit de 2 à 3 heures.  La chaleur 1 'améliore et 1e patient aime être chaudement enveloppé.


Cette tendance aux inflammations des muqueuses peut s'exprimer au niveau buccal: sécheresse buccale, gingivite ou stomatite ulcéreuse, avec des ulcérations profondes, sensations de brûlure intense, salivation profuse et filante (salive amère, ou épaisse ou graisseuse). Remède important d’aphtose buccale. Muguet.  En cas de stomatite, la langue est rouge, sèche, vernissée, fendillée.  Dans les cas chroniques, elle ressemble à celle de MERCURIUS: sale, flasque, gardant l'empreinte des dents, ou encore langue « en carte géographiques », papillites, ulcérations sur les bords.


L'indication de KALI BICHROMICUM dans la gingivite aiguë ou dans une aphtose aiguë repose presque essentiellement sur l'aspect à l'emporte-pièce des ulcérations (mais ce signe n'est pas constant, même s'il est fréquent), les douleurs erratiques et très localisées, la tendance aux fausses membranes, aux écoulements épais et visqueux tenaces et filandreux.


CARACTERISTIQUES DES DOULEURS


Début et fin brusques (Belladona, Magnesia phosphorica, Colocynthis)

Erraticité = la douleur passe d'un point à un autre très rapidement (Pulsatilla, Lac caninum)

Le malade peut mettre le doigt sur le point douloureux (Ignatia)

  

Ses nombreux troubles semblables à ceux de MERCURIUS évoquent le mode réactionnel luétique: tendance aux inflammations avec hypertrophie, ulcérations, nécrose des muqueuses, de la peau, du cartilage, du périoste et de l'os, douleurs ostéocopes, aggravation nocturne (surtout entre 2h et 3h).  KALI BICHROMICUM présente, très souvent, un type sensible voisin de celui de MERCURIUS GRAS: sujet gras, lymphatique, très sensible à l'humidité et au froid humide, aux tissus mous, vite fatigué, indolent et paresseux, frileux et s'enrhumant facilement (rhinite avec rhinorrhée épaisse jaune-verdâtre ou sinusites aiguës ou chroniques).  L'enfant de ce type renifle sans cesse, parce qu'il est souvent enrhumé.


Il manque à KALI BICHROMICUM, selon l'heureuse formule de M. GUERMONPREZ11 M. GUERMONPREZ : « Matière médicale homéopathique » - Doin 1985 - page 405., des signes psychiques suffisants, pour en faire un remède d'action profonde.


          Souvent lorsqu'on hésite parce que les troubles  buccaux  manquent de signes distinctifs, plusieurs signes curieux font pencher en faveur de KALI BICHROMICUM: désir de bière inhabituel et pourtant elle est mal supportée, le patient racle sa gorge le matin en raison de la présence d'un mucus adhérent qu'il élimine en petites masses fétides, parfois sensation d'un cheveu sur la partie postérieure de la langue.


Si les signes luétiques dominent,  l’aggravation à l'humidité et au froid humide, le rôle déclenchant du froid humide évoquent le mode sycotique et  quelques signes évoquent le mode psorique: alternances (rhumatismes/troubles digestifs) et périodicité (névralgies surtout, chaque jour à la même heure comme CEDRON).Aussi, même si KALI BICHROMICUM n'est pas un remède de fond, son indication fréquente doit inciter à une étude approfondie du cas, en raison du risque d'évolution vers une parodontopathie lorsque l’on voit le patient pour une banale gingivite.  On le prescrit le plus souvent en 7 CH une à deux fois par jour, en plus haute dilution en cas de chronicité, mais avec recherche d'un remède d'action plus profonde (MERCURIUS souvent, AURUM METALLICUM, et également CALCAREA CARBONICA et SULFUR).


KALI IODATUM :


Cité au degré fort dans le Répertoire de KENT à la rubrique "stomatite ulcérée et fétide", ce remède est pourtant ignoré de nombreuses Matières Médicales, et s'il est cité , peu de signes buccaux sont précisés.  Henry DUPRAT signale seulement : « salivation abondante, stomatite, pharyngite".  KENT lui-même ne dit pas un mot sur cette stomatite dans sa Matière Médicale. Mais dans son Répertoire, on trouve de nombreux signes bucco-dentaires : aphtes, goût graisseux et/ou métallique, leucoplasie, brûlure de la langue (bords et bout).  


Aussi, n'ayant pas de signes buccaux précis, il convient de préciser le contexte général.  KALI IODATUM se trouve indiqué le plus souvent chez des sujets maigres, agités, nerveux, présentant des manifestations luétiques typiques: tendances aux inflammations lympho-ganglionnaires, périostées avec sensibilité douloureuse, douleurs osseuses nocturnes, aux inflammations vasculaires (anévrisme de l'aorte).  Ces sujets maigres rappellent IODUM, notamment par leur thermophobie assez rare chez les remèdes Kali. Comme IODUM, ce sujet a des ganglions durs, hypertrophiés; il est agité, a toujours besoin de remuer.  Mais contrairement à IODUM, ce sujet n'est pas boulimique.  Il est épuisé et irritable.


Il s'agit essentiellement d'un remède de la série luétique, indiqué autrefois après une mercurialisation intensive pour le traitement de la syphilis, traitement inusité aujourd'hui. Il reste aujourd’hui l’un des remèdes de rhinite périodique printanière ou de rhinite chronique avec écoulement purulent, ou encore de sinusite avec douleurs à la racine du nez. Il est cité dans le traitement de la névralgie faciale, surtout sus-orbitaire gauche.


Même s’il « emprunte » davantage à IODUM qu’aux KALI (c’est le seul KALI thermophobe et agité), sa tendance aux ulcérations, l’aggravation nocturne, le tropisme osseux font de KALI IODATUM  un remède surtout luétique.



IODUM :


          Utilisé empiriquement depuis l’Antiquité sous forme d’éponges (Spongia tosta), l’iode n’a été découvert qu’en 1812 et HAHNEMANN a réalisé la première pathogénésie. L’iode joue un rôle métabolique très important à travers les hormones thyroïdiennes, mais il peut avoir  aussi une action toxique. Ce médicament a été décrit dans notre cours sur le mode réactionnel tuberculinique. Son action dans ce mode réactionnel découle des troubles de la fonction thyroïdienne, notamment dans l’hyperthyroïdie (ou la dysthyroïdie) qui présente de très nombreuses similitudes avec la phase dite « oxygénoïde »  de ce mode réactionnel. C’est le cas pour tous les halogènes comme le chlore, le brome, le fluor.


          Dans le mode luétique, c’est essentiellement l’action toxique qui explique le rôle de IODUM = irritation avec congestion, hypertrophie des tissus atteints, puis induration et atrophie et sclérose finale. De plus, l’iode a une action toxique sur les muqueuses, les séreuses, l’os, les tissus lympho-ganglionnaires, le tissu conjonctif et enfin sur le système nerveux.


          Au niveau des muqueuses en particulier, l’iode provoque une irritation qui entraîne un catarrhe, une induration de la zone concernée, aboutissant à une ulcération. C’est ce qui se passe au niveau de la muqueuse buccale :

  


          Ces troubles bucco-dentaires doivent être compris dans le contexte de IODUM = amaigrissement rapide malgré un appétit augmenté - Faim importante qui retentit sur le comportement = agité et excité si le repas tarde, amélioration en mangeant du psychisme et des troubles digestifs - thermophobie, sensations constantes de chaleur générale, de brûlures au niveau des muqueuses - Sensations de battements, de pulsations artérielles, palpitations violentes et rapides au moindre effort avec sensation que le cœur est serré comme par une main, sensation pire à l’effort.

          

          L’aggravation par la chaleur sous toutes ses formes est bien connue et constitue un signe éliminateur.


          Chez l’enfant et chez l’adolescent, IODUM correspond surtout au mode réactionnel tuberculinique. Alors que chez l’adulte, les deux modes tuberculinique et luétique sont mis en œuvre simultanément. On retrouve donc les grandes tendances déjà décrites. Mais les troubles digestifs sont sans doute l’explication de la dégradation du parodonte. Ces troubles ressemblent à ceux de LYCOPODIUM = insuffisance hépatique avec hypertrophie et induration, dyspepsie flatulente, gastralgies avec crampes, aigreurs, brûlures, aérophagie, distension et borborygmes, constipation opiniâtre (si domine le mode tuberculinique) avec crises diarrhéiques, notamment après absorption de lait, etc... Nous avons souvent souligné les conséquences de l’insuffisance hépatique sur l’élaboration des Ig A salivaires (composant sécrétoire). C’est peut-être ce mécanisme qui peut expliquer l’évolution d’une gingivite ulcéreuse vers une véritable maladie parodontale.

MEZEREUM = un « bois gentil » au secours des luétiques


 Ce remède végétal, le "bois gentil", arbrisseau de la famille des Thymalacées, a une action lésionnelle comparable sur bien des points à celle du mercure, au point qu'on l'appelle parfois le "mercure végétal".


          Voici d’abord les signes bucco-dentaires :

  

  


          Deux points caractéristiques doivent être soulignés dans l'action de MEZEREUM: l’aspect et les modalités des troubles sont tout à f ait dans  la lignée luétique, qui permettent de comparer ce remède aux MERCURIUS.  Mais la circonstance étiologique fréquente: suppression d'une éruption cutanée place ce remède dans la lignée psorique, avec comme complémentaires sur ce signe: SULFUR et PSORINUM.


Au niveau de la peau, point de départ fréquent de la décompensation, on note: inflammation violente aiguë avec des éruptions vésiculeuses, ulcéreuses toujours brûlantes et pruriantes.  Ces éruptions se répètent et deviennent chroniques.  Ce peut être: eczéma vésiculeux, impétigo, zona, herpès, ulcères variqueux, éruptions post-vaccinales ... Le plus souvent, on oppose à ces affections des traitements locaux, dont les pommades antibiotiques ou corticoïdes.


Quelques temps après la suppression de l'éruption cutanée, peuvent apparaître plusieurs troubles:

  

  1. Des névralgies: intercostales (post-zostériennes), faciales ou trigéminales, ressenties dans les os de la face, surtout dans le malaire, ou au niveau des molaires et prémolaires supérieures, localisation droite fréquente = douleur vive, souvent brûlante ou crampoïde, aggravée la nuit par le froid humide, interdisant le lavage du visage, améliorée par les applications chaudes, irradiant dans le voisinage ...

  

  1. Des affections muqueuses avec inflammation, irritation, ulcération, sécrétions brûlantes (yeux, oreilles, laryngite, ulcère gastro-duodénal, muqueuse génitale...) et au niveau de la bouche: gingivite ulcéreuse avec des douleurs brûlantes, ou parodontite aiguë localisée aux molaires et prémolaires supérieures, donnant parfois le tableau d'une sinusite maxillaire, avec des douleurs osseuses, rongeantes ou térébrantes, pires la nuit, à la chaleur du lit.  Parfois on peut voir un patient pour une glossite aiguë, insérée dans un syndrome digestif à type de gastrite brûlante, acide, entraînant un besoin de manger sans faim réelle, intolérance à la bière et aux graisses.


En raison de la circonstance étiologique fréquente (suppression d'une éruption cutanée)  et de la nature et des modalités des troubles muqueux et ostéo-périostés, MEZEREUM se place dans une double série de remède: la série luétique et la série psorique.


Si  l'on voit le patient en temps utile, c'est-à-dire avant que la parodontopathie ne soit trop évoluée, il faut commencer le traitement par MEZEREUM pour améliorer les symptômes les plus gênants  (douleur évidemment), en expliquant au patient l'éventualité de 1a réapparition de 1 'éruption cutanée.  Mais la notion de chronicité impose la recherche d'un remède de fond d'action chronique, souvent MERCURIUS SOLUBILIS, complété par quelques doses mensuelles de LUESINUM 30 CH.  Ensuite, lorsque l'état général et local est amélioré, il est possible de trouver l'indication de SULFUR, qu'il faudra donner assez longtemps.  Si une intervention chirurgicale était indispensable en raison de la gravité des lésions parodontales, elle ne sera proposée qu'après amélioration de l’état général et local par le traitement homéopathique.

  

LACHESIS :


          Médicament d'origine animale, le venin du serpent sururucu ou Lachesis mutus a une action particulièrement toxique. Sa première pathogénésie a été réalisée par Constantin HERING (1800-1880), sur lui même, qui en gardé des séquelles tout le restant de sa vie. Voici d’abord les signes bucco-dentaires :

  

  

  

          Ce médicament est d'usage très fréquent au cabinet dentaire.  Quel que soit le type sensible du patient auquel il s'adresse, il y a un certain nombre de signes et de modalités caractéristiques qu'il est indispensable de retrouver:

  

  

  

  

  



A partir de ces signes très importants, complétés par d'autres, l'usage clinique de LACHESIS permet de préciser les sujets les plus sensibles à l'action de ce venin, ou plutôt ceux chez qui il se trouve le plus souvent indiqué.


1/ Surtout mais non exclusivement chez la femme et la ménopause climatérique :         

            En dehors de la castration chirurgicale, la ménopause évolue par paliers (ménopause climatérique), les muqueuses gingivale et buccale présentent différents troubles pathologiques au gré de l 'état général.  La diminution des hormones sexuelles entraîne une atrophie de l'épithélium gingival, une involution des acini des principales glandes salivaires, le tout aboutissant à une gingivite érythémato-oedémateuse desquamative avec hyposialie, cette dernière pouvant être à l'origine de douleurs brûlantes.  Les répercussions cardio-vasculaires expliquent les gingivorragies.  Dans certains cas, les troubles du comportement retentissent sur la pathologie buccale, par exemple les douleurs constituent des stomatodynies, et l'inefficacité des traitements chimiques entraîne petit à petit une véritable cancérophobie (THUYA). Enfin, le ralentissement endocrinien peut expliquer l'évolution de la gingivite en une véritable parodontopathie avec des poches suppurées, alvéolyse, dénudation gingivale, etc ...


On trouve l'ensemble de ces troubles dans la pathogénésie de LACHESIS avec la progressivité dans l'aggravation qui permet une action précoce, selon une évolution classique de SULFUR à LACHESIS, par le biais notamment de la suppression des éliminations que représente la ménopause climatérique:

Commentaire

d'Alain HORVILLEUR

Le choix de LACHESIS est assez facile à mettre en évidence: bouffées de chaleur avec tête chaude, thermophobie (chaleur confinée), céphalées congestives intolérance à toute constriction (col largement ouvert), palpitations violentes avec angoisse, sensations de constriction précordiale, ecchymoses au moindre choc, sommeil perturbé par des cauchemars (manque d'air, morts, d'enterrements dont le sien, ... ). Les troubles du comportement sont explicites: dans les périodes de dépression: tristesse, abattement, jalousie surtout vis-à-vis du conjoint, peur de la folie, conviction d'être persécutée; périodes d'excitation: loquacité extrême avec incohérence, agitation physique et mentale, vanité, autoritarisme, manie religieuse, etc... A cela s'ajoute, très souvent, une "persécution" du praticien qui se trouve, au moment de la consultation, agressé par un débordement de discours, de détails, de réponses aux questions aussi longues et embrouillées que certains discours politiques, puis lorsque la patiente est rentrée chez elle, des persécutions téléphoniques au cours desquelles cette femme donne des explications et apportent d'autres précisions sur des symptômes ou des troubles qu'elle a oublié de donner lors de la consultation.


LACHESIS couvre toute cette période, parfois au début associé à SULFUR, qui supporte mal les blocages éliminatoires, puis par d'autres remèdes selon la symptomatologie.  Au début, la patiente peut venir consulter pour des gingivorragies abondantes les jours précédents les règles, qui disparaissent avec elles.  Ou pour une aphtose buccale ou pour une gingivite érythémateuse.  Ensuite, progressivement, la gingivite devient de plus en plus ulcéreuse.  Si les causes locales le permettent, une ou plusieurs poches peuvent apparaître, avec une tendance à la suppuration, dans un contexte de gingivite ulcéreuse hémorragique.  Théoriquement, il devrait exister une latéralité gauche prédominante, qui reste à vérifier par des radiographies panoramiques lorsque l'alvéolyse a commencé.


Donné en temps utile, LACHESIS donne d'excellents résultats, souvent spectaculaires sur l'état buccal.  Bien entendu, les troubles buccaux sont rarement isolés, il est donc normal de demander la collaboration du médecin.


2/  Chez l’alcoolique :


LACHESIS est l'un des médicaments homéopathiques de fond de l'alcoolisme chronique dont les conséquences sur l 'appareil digestif d'abord, puis sur l 'ensemble de l'organisme sont bien connues.  Au stade LACHESIS, le patient présente les deux phases d'excitation vespérale et la dépression matinale, les troubles hépato-digestifs sont ici plus marqués: inappétence, soif et désir d'alcool, foie douloureux et hypertrophié, nausées, hoquet, vomissements, sensibilité de la région épigastrique, mauvaise haleine, langue chargée, gingivite ulcéreuse très hémorragique, constipation opiniâtre, hémorroïdes procidentes, douloureuses ou diarrhée fétide et irritante par périodes.


Si 1 'on reçoit le patient le matin, il est alors de mauvaise humeur, bredouille les réponses, ne se sent pas bien, radote, tremble de tous ses membres. le soir, il semble plus en forme, parle d'abondance, il peut être agité, voire agressif.


L'état buccal reflète celui de 1 'état général : gingivite ulcéreuse périodique au début avec gingivorragies, "bouche sale" par manque d'hygiène, dépôts crémeux blanchâtres sur les dents, tartre abondant, puis des poches apparaissent avec des ulcérations plus ou moins profondes, hypersalivation nauséabonde, etc ...


LACHESIS couvre encore ici les différentes étapes, on en retrouve les principaux signes.  Il faut parfois compléter son action par d'autres médicaments selon le contexte clinique: SULFUR et NUX VOMICA très souvent, NITRI ACIDUM, MERCURIUS, THUYA, PHOSPHORUS, AURUM METALLICUM, LYCOPODIUM... Très souvent, on trouve une évolution physio-pathologique tant sur le plan général qu'odonto-stomatologique depuis le stade fonctionnel initial marqué par l’indication de SULFUR et de NUX VOMICA, au stade de 1 'atteinte hépatique et glandulaire avec LYCOPODIUM et LACHESIS, puis au stade lésionnel de l 'hépatocyte avec PHOSPHORUS.


3/ Les autres cas cliniques :


LACHESIS n'est pas indiqué exclusivement chez la femme ménopausée ou chez 1 'alcoolique.  Il donne de bons résultats chez l'hypertendu congestionné, chez des sujets présentant des congestions diverses: foie, tête, ovaires, etc ... chez lesquels on retrouve les principaux signes, dont les signes buccaux, dominés par la tendance hémorragique (gingivorragies, hémorragie per et postopératoire, hémorragie de la pulpectomie ... ). C’est un remède possible d’alvéolite.


La posologie tient compte du contexte clinique.  En raison de la toxicité du venin, les basses dilutions surtout répétées sont à proscrire.  A notre avis, il faut toujours commencer le traitement par une moyenne dilution, 7 CH une à deux fois par semaine, et ensuite moduler la dilution et la répétition des prises selon le résultat.


          Même si ce médicament est cité dans le chapitre des remèdes du mode luétique, il faut toujours garder à l’esprit son aspect polydiathésique. Le mode psorique a été rappelé par le biais des mauvais effets de la suppression des éliminations physiologiques ou pathologiques (notamment celle des menstruations qui explique ses fréquentes indications chez la femme ménopausée). C’est aussi un remède du mode sycotique par la désorganisation des mécanismes de défense immunitaire. Mais son action inflammatoire avec ulcérations et nécroses le place en bonne place parmi les remèdes du mode luétique.

  

BARYTA CARBONICA :


Ce qui domine dans l'action du carbonate de baryum est  sa tendance à la sclérose, au ralentissement de toutes les fonctions, l'engorgement des formations lymphoïdes, l'atteinte des glandes, dont les salivaires. Outre son action hypertensive sur la circulation artérielle par sclérose vasculaire essentiellement chez l’adulte mûr ou le vieillard, BARYTA CARBONICA perturbe profondément la croissance et la nutrition chez l’enfant, expliquant les nombreux « retards » physiques et mentaux. Le mode luétique s’exprime par son action sur le système lympho-ganglionnaire = hypertrophie, induration, puis atrophie et sclérose, notamment chez l’enfant au niveau des amygdales et chez le vieillard au niveau de la prostate. Voici d’abord les signes bucco-dentaires :

 

                                                

          Pour ce remède, le Répertoire de KENT valorise surtout les gingivorragies, la sécheresse buccale, puis "I 'enflure des gencives"; BARYTA CARBONICA est cité au degré faible à la rubrique "Déchaussement des dents" et à "Dents branlantes".

            

            Pourtant, un auteur éminent qui fait autorité en pratique dentaire, le regretté Jean MEURIS, cite BARYTA CARBONICA parmi les remèdes possibles de "parodontose douloureuse", affirmation que nous partageons et qui repose sans doute bien plus sur l'expérience clinique, que sur les seules données pathogénétiques.  Il n'est pas impossible que la gingivite apparaisse durant la pathogénésie, de même que l'atteinte des glandes salivaires, mais en réalité le temps manque lors de la pathogénésie pour permettre le développement de la parodontopathie.  Obstacle qui disparaît avec l'expérience clinique.


J. MEURIS affirme également dans le même chapitre de son livre ("Homéopathie en odonto-stomatologie") que l'on ne peut jamais prescrire un remède de fond sur les seuls signes buccaux d'une parodontopathie.  Opinion que nous approuvons totalement, toutes nos publications en témoignent.


Alors, comment se présente un patient BARYTA CARBONICA ?


D'abord, le carbonate de baryum développe une action toxique en deux temps: première phase réactionnelle sthénique (pléthore, engorgement, pré-sclérose, entraînant une hypertrophie tissulaire et une congestion artérielle), puis une seconde phase asthénique (avec induration tissulaire, sclérose artérielle), le tout aboutissant à un ralentissement des fonctions de croissance chez l'enfant et de la nutrition chez l'adulte ou le vieillardR. ZISSU ajoute: "Il est préférable de saisir pathogénétiquement et cliniquement le premier stade plus réversible que le second.  BARYTA CARBONICA est un de ces remèdes capitaux de prévention, à prescrire chez un sujet qui, manifestement et d'autant plus que la diathèse l'y prédispose, présente une tendance scléreuse dans le domaine d'action du remède, dont on n'attendra pas de retrouver tous les signes (plus ou moins rapidement irréversibles) pour en faire bénéficier le malade.  Une symptomatologie minima suffit pour le prescrire" (Matière Médicale Homéopathique Constitutionnelle" Ed.  BOIRON 1989, tome 1, p. 101).


Ayant été, étant toujours, un élève et un collaborateur de Roland ZISSU, personne ne sera étonné que nous partageons tout à fait cette affirmation.  Et qu'elle soit le pilier de notre pratique odonto-stomatologique au point de paraître pour certains, de l'acharnement pédagogique.  La Matière Médicale d'une part, la conception diathésique d'autre part, sont les deux outils principaux de la prévention homéopathique.  La Matière Médicale dit pour chaque médicament, les risques potentiels qui menacent un patient.  La diathèse permet de deviner les sujets à risque, bien avant que la pathogénésie d'un médicament ne se réalise complètement.  Il en est ainsi de BARYTA CARBONICA, et de plusieurs autres remèdes, comme par exemple CARBO VEGETABILIS ou PLUMBUM METALLICUM pour ce qui concerne les parodontopathies.


BARYTA CARBONICA se trouve le plus souvent indiqué aux âges extrêmes de la vie: l'enfant retardé intellectuellement et physiquement, souvent en raison d’une hérédité lourde et l’adulte mûr et surtout le vieillard.


Les grandes tendances physio-pathologiques de BARYTA CARBONICA donnent un sujet hypertendu, athéro ou artérioscléreux, atteint de une ou de plusieurs indurations glandulaires (parotides, sous-maxillaires, prostate, utérus ... ). Ce sujet est devenu très frileux, très sensible au froid, au moindre froid même (PSORINUM).  Le blocage, d'interprétation psorique, est manifeste: constipation de plus en plus invétérée, selles difficiles, noueuses, insuffisantes, dures, hémorroïdes saillantes (chaque fois que le sujet urine, les hémorroïdes sortent de 1 'anus, de même qu'au cours de la selle); blocage cutané: peau malsaine, les plaies cicatrisent mal, eczéma ... ; et surtout, tendance aux catarrhes respiratoires au moindre froid, à la rétraction de l'aponévrose palmaire, aux tumeurs bénignes (polypes, lipomes, ... ). Ce patient enfin présente une tendance à hypothyroïdie, à l’hypogénitalisme et au vieillissement précoce.


A un stade plus avancé, BARYTA CARBONICA correspond à un vieillard plus ou moins débile, voire gâteux, hypertendu, gras, à tendance apoplectique, faible, à mentalité infantile, avec une mémoire très faible, des vertiges, des céphalées congestives avec risque d'accident vasculaire ou cérébrale.


Sur le plan bucco-dentaire, il est évident que le pronostic d'une maladie parodontale dépend étroitement de l'état général.  Si l'on voit en consultation un vieillard scléreux et "gâteux", il est certain que l'on ne pourra plus rien en cas de parodontopathie, en dehors des avulsions et d'une solution prothétique.  Mais si l'on a affaire à un adulte mûr, présentant quelques signes de BARYTA CARBONICA, sans qu'il y ait encore de pathologie lourde, sur le plan général ou bucco-dentaire, il faut supprimer toutes causes d'irritation buccales, détartrer les dents aussi souvent que nécessaire, éduquer et motiver à l'hygiène bucco-dentaire, proposer une hygiène alimentaire (suppression de l’alcool, du tabac ... ). Et prescrire BARYTA CARBONICA: la sécheresse buccale peut être un signe du syndrome de Gougerot, surtout s'il y a atteinte des glandes salivaires.  Or, il ne faut pas attendre la sclérose de celles-ci pour s'en inquiéter.  L'homéopathie donne pour cette affection des résultats parfois étonnants.  La tendance à l'hypothyroïdie doit être combattue car les conséquences bucco-dentaires sont importantes: gingivo-stomatite ulcéreuse oedémateuse chronique, caries multiples des collets, alvéolyse horizontale ... L'hypothyroïdie joue un rôle déterminant et est une des causes principales de la maladie parodontale chez le jeune (P.  TONNELIER).  Chez l'adulte aussi.


Ainsi, tout un ensemble de signes plus ou moins importants traduit-il l'atteinte en profondeur de la nutrition générale.  Si l'on peut recevoir un patient à un stade où les troubles sont encore réversibles, il faut agir vite, le plus souvent en collaboration avec le médecin traitant, de préférence homéopathe.  Bien que BARYTA CARBONICA soit un remède d'action lente, il y a urgence de stopper un processus qui aboutit à une édentation plus ou moins rapide.


On peut donner BARYTA CARBONICA en 1 ou 3 CH deux à trois fois par jour pour lutter contre la tendance scléreuse et associer BARYTA CARBONICA en 15 ou 30 CH, en prises espacées pour un traitement de fond.

  

Baryta carbonica peut, s'il est donné très précocement, stopper ou ralentir la grande tendance scléreuse, notamment sur le plan intellectuel.


          D'où le rôle important du dentiste homéopathe s'il reconnaît son indication lors de troubles bucco-dentaires encore peu importants. Il doit alors conseiller la consultation du médecin.

Commentaire

d'Alain HORVILLEUR