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LUESINUM : lysat de sérosités de chancre syphilitique


          Du fait de sa composition (lysat de sérosités de chancres syphilitiques), LUESINUM est encore parfois appelé Syphilinum. LUESINUM exprime dans sa matière médicale la quasi totalité des troubles syphilitiques et correspond, en similitude, aux troubles du mode luétique. Il a été introduit dans la pratique en 1880 par SWANN, un médecin homéopathe américain. Voici d’abord les signes bucco-dentaires :

  

  

  



Malgré les signes bucco-dentaires, rapportés par KENT lui-même dans sa Matière Médicale, son Répertoire ne cite pratiquement jamais LUESINUM aux différentes rubriques concernées.  C'est là un mystère inexplicable.


  Au terme de la présente étude, il est utile de répéter que  LUESINUM étant préparé à partir de sérosités de chancre syphilitique, sa pathogénésie présente de nombreuses similitudes avec cette maladie et il représente le biothérapique, le résonnateur-clef selon M. CONAN-MERIADEC, du mode réactionnel luétique.  Or, ce mode réactionnel se caractérise par une multitude de processus irritatifs disséminés à travers la circulation sanguine, aboutissant à des oblitérations des vaisseaux, à une dévitalisation des tissus irrigués par ceux-ci, le tout aboutissant à des lésions hypertrophiques, à des indurations, puis à des atrophies et à la sclérose, à des ulcérations nécrotiques.  Tous les tissus sont concernés, et notamment les muqueuses, dont la muqueuse buccale et gingivale, au niveau desquelles sont retrouvés les processus irritatifs ulcéro-nécrotiques.  Pour cette raison, les médicaments de la série luétique sont pratiquement tous des remèdes de fond des aphtoses buccales.

L'enfant LUESINUM est maigre, chétif, il semble parfois vieillot, comme ridé.  D'humeur changeante, cet enfant est instable, mauvais élève, indiscipliné, il devient vite asocial (scolaire, familial).  Sur le plan ostéo-morphologique, il répond souvent, mais pas obligatoirement, au prototype du dystrophique classique.  Sur le plan bucco-dentaire, cet enfant présente une denture de lait et définitive très délabrée, à la suite de troubles de la minéralisation des dents (dents d'Hutchinson) et osseuse (troubles orthodontiques majeurs).  Les dents de lait ou définitives sont rapidement cariées, notamment aux collets, ou bien présentent seulement des atteintes partielles de l'émail (mince, ou altéré par endroits, sous forme de taches blanches ou crayeuses).  Ces dents sont très semblables à celles de CALCAREA FLUORICA ou FLUORIC ACIDUM.  Les complications apicales sont fréquentes avec des abcès d'origine dentaire.  La gingivite de l'enfant est fréquente, rapidement ulcéreuse, ou sous forme d'aphtose buccale.  LUESINUM sera donné sur ce tableau buccal, associé aux remèdes fluorés selon les cas, et sur le tableau général: agitation physique et mentale, irritabilité (ne supporte pas les remontrances, alors que FLUORIC ACIDUM s'en moque et tend à narguer leur auteur), insomnie avec agitation des membres, aggravation nocturne de tous les troubles, manque d'assiduité scolaire avec inaptitude pour les mathématiques, amélioration par un séjour à la montagne ...


Lorsqu'on rencontre en consultation des jeunes parents répondant au type morphologique dystrophique et réagissant sur le mode luétique, il est indispensable de proposer un traitement préventif e avant la grossesse ou juste au début de celle-ci, en collaboration avec le médecin traitant, pour éviter autant que possible et entre autres risques, les atteintes du développement et de la minéralisation des dents.


Chez un adulte devenu luétique par un mode de vie défavorable (alcoolisme notamment), les dents sont moins concernées puisqu'elles peuvent être normalement minéralisées.  Elles subissent alors les agressions habituelles.  Mais le mode luétique explique la tendance aux gingivites ulcéro-nécrotiques, puis aux parodontopathies parfois graves, selon l'état général.  Il peut s'agir d'un adulte dystrophique (l'enfant précédent qui a vieilli): sa denture est le plus souvent en très mauvais état, ou bien de nombreuses dents sont absentes, ou bien elles ont été plusieurs fois traitées et ont des obturations parfois mal adaptées, débordantes, iatrogènes,  ce qui peut être le cas également de prothèses fixées ou amovibles.  Il y a donc toutes ou de nombreuses causes locales d'irritation, qui associent leur action défavorable à celle du "terrain".


Le tableau habituel de LUESINUM est celui d'un déprimé, plutôt égocentrique (ne s'intéresse qu'à lui-même), obsédé par sa santé, par la peur des microbes et de la contagion (manie de se laver les mains très souvent).  Cet état empire lorsqu'il maigrit, ou lorsqu'il perd ses cheveux qui ont souvent blanchi avant l'heure.  L'humeur est changeante, capable de s'emporter à la moindre contradiction, agité physiquement (besoin de remuer, de marcher) et mentalement (colères, agressivité).  Ce sujet peut devenir un asocial, un marginal, avec une tendance à l'alcoolisme, ou à la toxicomanie, à la dépravation.  L'alcoolisme explique de nombreux signes digestifs et buccaux, déjà vus avec LACHESIS, dont il peut être un complémentaire (cela montre une fois encore qu’il y a similitude avec la syphilis et non obligatoirement identité).  On retrouve également l'aggravation nocturne de tous les signes, avec l'anxiété qui est plus manifeste alors que le soir arrive, ce qui le distingue de LACHESIS.  En général, un sujet LUESINUM a de nombreuses douleurs, osseuses chez l'enfant, articulaires ou musculaires, toujours aggravées la nuit, améliorées le jour, ou par un climat sec, à la montagne, par le mouvement lent et continué.  Ces douleurs apparaissent et disparaissent progressivement.


Dans ce contexte général, il y a d'abord une gingivite rapidement ulcéreuse avec des douleurs variables, pires la nuit, accompagnée d'une hypersalivation surtout nocturne, au point de tacher l'oreiller.  C'est donc un tableau clinique qui évoque MERCURIUS SOLUBILIS, remède complémentaire, aussi bien aigu que chronique. L'aggravation se fait vers une parodontopathie rapidement mutilante, avec des poches suppurées (MERCURIUS), des ulcérations profondes, le tout aggravé par une hygiène buccale ou générale décevante, souvent inexistante.


            En dehors d'un tableau aussi caractéristique, il est possible d'associer LUESINUM, le plus souvent en 30 CH une fois par mois, pour compléter l'action d'un autre médicament de fond, chaque fois que l'on constate chez le patient quelques signes du mode luétique, Notamment dans le cas d'aphtose buccale grave et particulièrement rebelles.


CONCLUSION  GENERALE


          Au terme de cette étude, nous espérons avoir montré que le mode luétique présente suffisamment de particularités originales pour attester de son existence. Les salles d’attente des chirurgiens-dentistes ne sont pas seulement fréquentées par les tuberculiniques . Les luétiques sont aussi nombreux. On les voit souvent dès leur plus tendre enfance et ensuite tout au long de leur existence. Certes, il existe des luétiques heureux, car il n’y a jamais de fatalité, les risques potentiels peuvent rester potentiels, heureusement.

          Le mode luétique est certainement le mode le plus pathologique et le plus pathogène des quatre grands modes généraux. On le rencontre le plus souvent associé à d’autres modes réactionnels, notamment sous forme de sujets à morphologie quelconque mais à réactions psoro-luétiques ou tuberculino-luétiques.

          A la suite de nos Maîtres Roland ZISSU et Michel CONAN-MERIADEC, nous persistons à maintenir ce mode réactionnel, nous ne partageons donc pas la conviction de Denis DEMARQUE. Nous espérons par cette longue étude avoir offert suffisamment d’arguments pour montrer que « le luétisme n’est pas une vue de l’esprit ». Mais nous restons ouvert à toute contestation pourvue qu’elle touche notre compréhension .

Il faut bien conclure !


On peut constater à la longueur de ce texte, qui n'épuise pourtant pas le sujet, que le mode réactionnel luétique concerne directement le chirurgien-dentiste.


Jacqueline BARBANCEY disait que les sujets luétiques se retrouvaient dans les salles d'attente des dentistes. 

C'est vrai !

LES TROUBLES BUCCO-DENTAIRES DES LUETIQUES (FIN)

Un article intéressant sur le site PLANETE HOMEO

A propos de LUESINUM ou SYPHILINUM :