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LA PLACE DE L'HOMEOPATHIE

DANS LE TRAITEMENT DES

NEVRALGIES FACIALES

 

            Il s’agit d’un vaste et « douloureux » sujet  qui pose plusieurs problèmes. Avant tout celui du traitement, le seul à l’évidence qui intéresse les malades. Ensuite celui du diagnostic car avant d’affirmer qu’il s’agit bien d’une névralgie faciale essentielle, il faut éliminer toutes les causes, même les moins décelables, en tous cas les plus difficiles à mettre en évidence. Nous avons le souvenir d’un cas exemplaire qui se passait vers 1967. Un ancien légionnaire souffrait d’une violente névralgie faciale pour laquelle il avait subi de très nombreuses investigations et différents traitements, dont une alcoolisation du ganglion de Gasser, sans résultat sur le long terme. Or, par soucis de bien faire inhérent au néophyte plein d’enthousiasme, nous avons eu l’idée de reprendre un traitement endodontique sur une prémolaire supérieure avant réalisation d’une couronne. Il n’y avait pourtant aucune image radiologique suspecte. Et miracle, la névralgie qui durait depuis plus de 10 ans a cessé aussitôt ! Il ne s’agissait donc pas d’une névralgie faciale essentielle, mais seulement d’une névralgie de cause dentaire ! 


            Le chirurgien-dentiste « homéopathe » a sans doute un avantage = il est très souvent consulté après plusieurs autres praticiens qui se sont chargés du diagnostic ! 


            Nous avons ainsi le souvenir d’un cas assez récent. Une femme d’environ 45-50 ans souffrait d’une névralgie ressentie au niveau de la deuxième molaire inférieure gauche qui évoluait depuis environ 10 ans. Elle a eu droit aux soins dentaires, à deux couronnes, puis à un curetage et une résection des apex parfaitement réalisés avec une cicatrisation totale. Puis on a recherché une cause occlusale et elle a dû subir plusieurs séances. Etant le 7° praticien consulté, il semblait logique d’éliminer une cause dentaire ! Nous avons donc procédé à l’interrogatoire classique et nous avons mis en évidence l’indication de THUYA (entre autres signes = douleurs dans les molaires inférieures gauches chez les buveurs de thé !). L’amélioration a été étonnante, pour la patiente et le résultat a été maintenu avec quelques prises mensuelles de MEDORRHINUM 30 CH.  

Il est classique, chaque fois que l’on veut parler de la névralgie faciale essentielle, de citer TROUSSEAU qui a décrit avec méticulosité cette névralgie en 1850.  


            Dans un article (« Les Annales homéopathiques françaises – 1972, n°2, p. 115), le Docteur BATEJAT rapporte une observation clinique de TROUSSEAU : 


            « Une vielle dame d’Angers me fit l’honneur de se confier à mes soins en 1845 ; elle était atteinte d’une névralgie épileptiforme de la face depuis plus de dix ans. Les accès duraient de quelques secondes jusqu’à trois minutes : ils commençaient tantôt par le nerf sus-orbitaire, tantôt par le mentonnier, tantôt par le sous-orbitaire. Le mal irradiait rapidement dans les trois rameaux et lorsque le paroxysme était à son summum de violence, les muscles du visage grimaçaient convulsivement. La pauvre femme avait quelquefois vingt accès par heure, qui revenaient à l’occasion du moindre mouvement. Elle ne pouvait parler, tousser, manger, boire, sans être prise d’un paroxysme atrocement douloureux. Pour modérer la douleur, elle portait rapidement la main au visage, qu’elle pressait avec violence, faisant mouvoir la peau sur les os…. » 


            Le traitement a été amorcé avec de la morphine, vite arrêté à cause du coût, remplacé par de l’opium de mauvaise qualité beaucoup moins cher, mais avec un certain succès.   


            Dans son excellent ouvrage « L’homéopathie sans masque », Denis DEMARQUE rapporte que Armand TROUSSEAU (1801-1867) a été tenté par l’homéopathie, dont il s’est inspiré pour sa théorie des substitutions, mais comme bien d’autres il a eu le vertige de l’infinitésimal, c’est-à-dire qu’il ne pouvait admettre l’activité des dilutions infinitésimales. Dans l’observation ci-dessus, qui manque à l’évidence de précisions (il n’y a même pas mention de la latéralité !), il n’y a que deux éléments = le déclenchement ou l’aggravation par le moindre mouvement et l’amélioration par la pression forte. Ces deux signes sont-ils suffisants pour justifier l’indication de BRYONIA ? On ne le saura hélas jamais, mais sans doute TROUSSEAU eut-il été surpris de l’action de BRYONIA 15 ou 30 CH ! Car les hautes dilutions couramment utilisées en homéopathie heurtaient la compréhension ou l’entendement des médecins contemporains d’HAHNEMANN, et rien n’a changé depuis, ou presque ! 

Quelques rappels semblent utiles, même si du point de vue de l’homéopathe, les deux distinctions suivants n’ont pas d’intérêt : 


1/  La névralgie faciale dite « essentielle » de TROUSSEAU, encore appelée « Tic douloureux de la face » : 


            Cette névralgie concerne le plus souvent un adulte de 40 à 50 ans, le plus souvent une femme. Elle s’exprime par une douleur paroxystique, violente, intense, mais heureusement généralement brève. Cette douleur apparaît par crises et disparaît complètement entre deux crises. La crise est souvent déclenchée par excitation d’une zone sensible dite « zone gâchette » (« trigger zone » des anglo-saxons). Il peut s’agit d’un simple effleurement d’une zone ou d’un contact, d’autres fois c’est la mastication qui déclenche la crise, voire un simple bâillement. La douleur localisée au début peut irradier le long d’une ou de deux branches du trijumeau.  


            Cette douleur est tellement intense que le malade reste immobile, porte la main sur la zone douloureuse, cherche anxieusement un moyen de la faire disparaître. On note parfois des contractions musculaires de certains muscles faciaux (d’où l’autre appellation de « tic douloureux de la face »). Après quelques minutes, la douleur diminue, ou disparaît, pouvant laisser place à quelques troubles sympathiques mineurs comme un larmoiement, un tic musculaire,  une rougeur circonscrite de la joue, une rhinorrhée, etc… Après quelques décharges particulièrement douloureuses, atroces, comme de « coups de poignard », la douleur disparaît totalement, mais laisse un souvenir terrifiant. Le malade vit dans la hantise de la prochaine crise. Tous les examens sont négatifs.


2/  La névralgie dite « symptomatique » parce que secondaire à une cause déclenchante bien déterminée, même si elle n’est pas facile parfois à mettre en évidence : 


            Cette névralgie ressemble à la précédente, mais après la crise persiste un fond douloureux quasi-permanent. Les causes déclenchantes sont nombreuses, dentaires le plus souvent mais le plus souvent passant inaperçues même à un examen minutieux (par exemple un canal dentaire aberrant masqué à la radiographie ou une fêlure d’une racine…). Ne pas oublier la névralgie des amputations, même si l’extraction d’une dent remonte à des mois ou à des années. 


            En désespoir de cause, le malade demande parfois l’avulsion de la dent douloureuse qu’il accuse à tort ou à raison. Le malade devient d’autant plus exigeant et pressant que les crises douloureuses laissent un souvenir angoissant, le comportement psychique est bouleversé. Le malade fait une véritable fixation et on le comprend facilement. 


            Malheureusement, il n’y a pas que les seules causes dentaires éventuelles. La proximité des sinus en fournit d’autres. Il est facile de renvoyer le malade à l’O.R.L., qui le renvoie à un autre praticien, ophtalmologiste, neurologue, etc…

 

            Enfin, un autre aspect du problème mérite un commentaire. De nombreux auteurs éminents confondent certaines névralgies faciales avec les algies vasculaires de la face. A juste titre semble-t-il car une congestion artérielle brutale et très localisée déclenche des douleurs tout à fait comparables à une névralgie. La richesse vasculaire et neurologique de la face explique l’intrication de ces manifestations douloureuses. En particulier, Pierre TONNELIER décrit trois tableaux différents. 


  

  1. Le syndrome du ganglion ciliaire ou syndrome de CHARLIN = douleur oculo-nasale, congestion conjonctivale, larmoiement ou/et rhinorrhée, le tout par souffrance du ganglion ciliaire ou du nerf nasal.

  2. Le syndrome du ganglion sphénopalatin ou syndrome de SLUDER = douleurs de l’œil, de la racine du nez et des dents (maxillaire supérieur), accompagnées de conjonctivite, de mydriase, de rhinorrhée et de larmoiement.

  3. Le syndrome du ganglion optique avec paresthésies pharyngées, sensations douloureuses de chatouillement péritubaire, de noyau ne pouvant être avalé.

           


            Selon cet auteur, les stomatodynies font partie de ces sympathalgies, de même que certaines douleurs dentaires imaginaires observées chez des malades mentaux. Cependant, la dépression mentale est à l’origine des stomatodynies, alors que les troubles du comportement sont consécutifs aux douleurs mal maîtrisées dans les névralgies ou algies vasculaires. 

LA PLACE DE L’HOMEOPATHIE

DANS LE TRAITEMENT DE LA NEVRALGIE FACIALE

            Comme cela est fréquent en homéopathie, il arrive parfois que le premier traitement homéopathique proposé au malade aboutisse à un résultat spectaculaire = la douleur disparaît dès la première prise, ou après quelques prises répétées. D’autres fois, il est nécessaire de reprendre l’observation pour « affiner » la prescription. Mais hélas, il arrive aussi très souvent des échecs qui déçoivent le malade t le praticien, d’autant plus que les consultations suivantes échouent aussi lamentablement. 


            La cause de ces échecs est connue = souvent le malade ne « fournit » pas de symptômes et de modalités suffisamment précis. Or, le Répertoire propose plus de 160 médicaments et un seul convient à un malade ! A l’inverse, il arrive aussi que le malade fournisse tant de symptômes et de modalités contradictoires que le praticien se perd. Et puis, il ne faut pas oublier le problème des « barrages » à l’action du médicament homéopathique. Notamment les nombreux médicaments chimiques pris par le malade peuvent constituer des obstacles et on ne sait pas lequel neutraliser, d’autant plus que souvent le malade n’a pas gardé le souvenir précis des médicaments pris depuis des années. Le Dr Gizardin, dans un article des "Annales homéopathiques françaises" (1973 - n°10, p.37) cite un cas de « barrage » = une femme de 75 ans souffrait d’une névralgie faciale depuis des années, avec prise d’une multitude de médicaments chimiques, puis une neurotomie 5 ans avant la consultation homéopathique. L’interrogatoire est décevant, peu de symptômes précis, et donc plusieurs médicaments homéopathiques n’ont aucune action. Mais le Dr GIZARDIN finit par apprendre que la malade a eu la typhoïde à l’âge de 14 ans en 1912. La prise de EBERTHINUM entraîne la guérison, qui apparaît miraculeuse. Quelle peut être l’explication d’un lien entre une typhoïde remontant à plus de 60 ans et la guérison d’une névralgie faciale tenace par des dilutions de lysat de salmonelles ? C’est une illustration de la notion de « barrage » si difficile à expliquer et à faire comprendre.


            Eberthinum est un biothérapique préparé à partir d'une culture de bacilles de la typhoïde. 


            Quoiqu’il en soit, il est nécessaire de nouer autant que possible un dialogue avec le malade, de créer un climat de confiance en lui expliquant les difficultés du traitement homéopathique, sa participation active est indispensable.  


            Il ne faut pas non plus oublier le problème de la cause réelle mais inapparente de la névralgie, car sa suppression conditionne le résultat. Et ce problème explique des échecs..


Comment procéder en pratique ? 


            Personne ne sera surpris si nous répétons que le point de départ est une consultation minutieuse avec recherche d’une cause. Ensuite, l’interrogatoire constitue un second obstacle important, voire capital. Le Dr Pierre SCHMIDT décrivait 169 douleurs différentes et pourtant certains malades ne sont pas capables d’en reconnaître une seule. Certes, ils ont des excuses car qui peut distinguer une douleur « perforante » d’une douleur « creusante » ? Qui sait distinguer une sensation de brûlure d’une sensation de cuisson ? Et les modalités d’amélioration ou d’aggravation restent souvent mal définies. Le malade ne sait pas très bien ce qui le soulage ou l’aggrave, souvent il affirme que rien ne le calme, etc… De plus, l’horaire peut être variable, différent selon les jours, la localisation change elle aussi.  Bref, plus les renseignements obtenus restent imprécis, plus le traitement risque d’être décevant. 


            Un conseil = utiliser la méthode décrite par BOENNINGHAUSEN et HERING : 


1.      La ou les sensations ressenties par le malade.

2.      La localisation

3.      Les modalités

4.      Les signes concomitants (quels qu’ils soient).                   

Il y a quelques années notre ami Robert BACHELERIE (1937-1997) avait construit un programme homéopathique basé sur cette méthode. Tout le Répertoire de BOENNINGHAUSEN avait ainsi été informatisé, sous le nom de HOMEOREP.


        Ce programme est devenu hélas introuvable depuis le décès accidentel de Robert BACHELERIE

A ces quatre points, il convient d’ajouter la « cause déclenchante » au sens homéopathique du terme, car comme chacun sait, les circonstances étiologiques sont au sommet de la hiérarchisation qualitative des symptômes. Voici quelques commentaires sur ces 5 points. 


D’abord rechercher une cause (au sens homéopathique) : 


Lorsqu’un malade est capable de dire avec une précision suffisante : « J’ai mal depuis que… », la recherche du médicament semblable s’en trouve facilitée dans une très large mesure, surtout si l’on retrouve une telle cause dans les livres ou répertoires. En voici quelques exemples. 


  


Mais attention, cette notion de « cause » au sens homéopathique doit être relativisée car il a une part de subjectivité chez le patient, voire chez le praticien.


En voici deux illustrations. 


            En 1936 le Dr FOURRIER rapporte un cas de névralgie faciale survenue seulement deux jours après l’avulsion de 37, opération banale et sans difficulté. Deux jours après apparaît une douleur au niveau de l’émergence du nerf sus-orbitaire droit, avec irradiation vers le temporal. La douleur est constante avec des pics d’aggravation à midi et à minuit. Elle est brûlante, calmée par les applications froides et par de l’eau froide gardée dans la bouche. Pas de signes inflammatoires autour de l’alvéole. Pour des raisons que l’on ignore, l’auteur n’a pas donné ARNICA ou HYPERICUM, sans doute parce qu’il n’a pas pensé que la névralgie était liée à l’avulsion. Il a donné CHAMOMILLA et BELLADONA en 6 K, sans succès. La douleur a cédé à PULSATILLA, dont les modalités convenaient et sans doute d’autres signes non cités ici.  


            Cette observation incomplète permet seulement de souligner qu’une cause apparente semblant évidente « Suite de traumatisme opératoire » n’en était pas une finalement. Il y a eu concomitance, mais pas le lien de cause à effet. Mais il était logique d’y penser, car c’est tout de même fréquent. 

Une autre observation est proposée par notre regretté confrère le Docteur Skevos PICRAMENOS (1917-1997), d’Athènes.


Un patient souffrait d’une névralgie faciale et il était catégorique = la première crise est apparue 18 mois plutôt, juste après le décès accidentel de son fils. Ce qui expliquait le contexte dépressif et même suicidaire de cet homme âgé. Or AURUM METALLICUM qui a donné un succès complet est bien cité dans le chapitre « Suite de chagrin », mais pas sous la même rubrique au chapitre « Névralgie faciale – suite de chagrin » !


Comme quoi le Répertoire doit être manipulé avec précaution, car si la répertorisation avait été faite sur ce signe « Névralgie faciale suite de chagrin », AURUM ne serait pas « sorti ». Pourtant, la cause est ici évidente et le résultat l’a confirmée.

Commentaire

d'Alain HORVILLEUR

MATIERE MEDICALE ET CLINIQUE

  

            Il est nécessaire de préciser que de nombreux auteurs homéopathes ou non font souvent la confusion entre une névralgie faciale et une algie vasculaire. Notamment dans les matières médicales ou dans les répertoires, cette distinction n’est pas faite parce que ces ouvrages ont été réalisés pour la plus grande part, au XIX° siècle, époque durant laquelle le diagnostic entre ces deux affections n’étaient pas affiné.  

       

            Dans les répertoires, il faut chercher à « Visage/douleurs » ou à « Face/douleurs » et on parle volontiers de « prosopalgies » (douleurs de la face). C’est pour cette raison que les ouvrages confondent migraines, céphalées, névralgies dans une rubrique générale de douleurs de la face. Dans le bulletin 1/1996, nous avons publié une étude quasi-exhaustive, mais ce numéro est épuisé et nous proposons l’essentiel. 



 

LES  MÉDICAMENTS AU DEGRÉ FORT



(par ordre alphabétique)


ACONIT  NAPELLUS


            Névralgie a frigore (suite de froid sec ou de vent glacial), souvent du côté gauche, débutant brusquement (souvent nocturne) avec congestion de la zone douloureuse, sensations de fourmillement ou d'engourdissement, accompagnée d’anxiété et d’agitation. Cette névralgie concerne essentiellement des sujets jeunes, particulièrement sthéniques.  ACONIT 9 ou 15 CH à répéter au bout d'une ½ heure ou 1 heure. 


             Malgré ces précisions, ce médicament ne sera pas retenu si par hasard le patient était calme et détendu ! Le patient justiciable d’ACONIT est TOUJOURS anxieux et agité. Ce sont des symptômes éliminateurs. Par contre, il est dit dans les livres que la peau est sèche et que l’apparition des sueurs signe la fin de l’indication de ce médicament. Ceci est parfaitement vrai dans les affections inflammatoires, surtout fébriles.  


Remarque:  le principe actif d'ACONIT est  l'aconitine ou ACONITINUN que l'on peut préférer à ACONIT lorsque la névralgie est particulièrement intense, mais  avec moins de congestion ou d'hyperthermie,  localisation  sus-orbitaire fréquente.


ARSENICUM ALBUM 


            Remède de névralgie avec douleurs  le plus  souvent  brûlante,  comme par des  aiguilles  brûlantes, parfois tiraillantes, toujours améliorées par la chaleur (comme HEPAR SULFUR, MAGNESIA PHOSPHORICA et  SILICEA),  apparaissant  ou  pires  en  plein milieu de la nuit (entre 1h et 3h).  La névralgie s'accompagne d'agitation et d'anxiété et  se renouvelle périodiquement  (tous  les  jours  ou 2,  3, 4,  15 jours ou 6 semaines). Et de préférence chez des sujets faibles et maigres, frileux mais ayant besoin d’air frais. ARSENICUM ALBUM 7 à 15 CH, trois granules une à six fois par jour.  

        

            Cette névralgie siège volontiers à droite, la douleur est ressentie des les maxillaires au point qu’au début le patient pense à une « rage de dent » (il faudra d’ailleurs éliminer cette éventualité).  Il existe souvent un larmoiement du côté douloureux juste avant la crise. Le patient peut révéler quelques modalités = < en mangeant, par la mastication, par le moindre contact, le matin, par temps venteux, en parlant, par les courants d’air, par temps neigeux et > en faisant des mouvements d’ouverture et de fermeture de la bouche. 

        

             Tous ces signes et modalités peuvent être intéressants mais la « personnalité » du malade prend le devant = sujet asthénique, souvent amaigri, voire cachectique ou simplement maigre, plus ou moins asthénique, plus ou moins hyperthyroïdien, hyposurrénalien, mais surtout frileux, ayant malgré tout besoin d’air, recherchant la chaleur (se couvre mais a besoin d’air frais). Le comportement est aussi intéressant = sujet toujours bien mis, ponctuel, poli, mais vite irritable, impatient, enclin à la critique, peureux (anxiété au sujet de sa maladie, notamment sur le devenir de sa névralgie). C’est un sujet méticuleux et précis, à la maison ou lors de la consultation = il n’est pas rare qu’il sorte un papier sur lequel il a noté les consultations successives et les traitements proposés. 

        

             A noter un signe intéressant = la névralgie peut alterner avec un asthme ou avec une diarrhée ou encore un eczéma. C’est la manifestation du mode réactionnel psorique, qui peut justifier éventuellement la prescription de PSORINUM 30 CH mensuel afin de pérenniser le succès thérapeutique. 


Observation personnelle : durant le mois d’août 1995, nous avons reçu en urgence un patient âgé de 87 ans venant pour une desmondontite aiguë de la canine inférieure droite, supportant un crochet de prothèse. Cette dent était cariée, très mobile, « déchaussée » et de plus il existait un granulome apical malgré un traitement endodontique semblant correct à la radio. L’avulsion était demandée, voire exigée et tout s’est passé sans difficulté. Mais lors de la séance suivante prévue pour une empreinte, le patient s’est plaint avec véhémence de la latérale avoisinante qu’il accusait être responsable de violentes douleurs surtout nocturnes (en plein milieu de la nuit). Malgré l’insistance « hargneuse » de ce vieux Monsieur, il accepte finalement  de surseoir l’extraction de seulement 24 heures. Nous lui donnons ARSENICUM ALBUM 7 CH dans l’attente. Le lendemain ce patient est revenu détendu et souriant, il n’avait plus souffert. Il a gardé sa dent. Nous lui proposons de refaire son vieux squeletté plutôt que de le modifier. Il accepte. Mais lors de la pose de sa nouvelle prothèse, il affirme tout de go qu’il a réfléchi et qu’il préfère conserver l’ancienne ! Il avait tout simplement oublié non seulement son accord, mais même la prise d’empreintes !!! 

  

AURUM METALLICUM (l'or) 

       

            AURUM est indiqué pour des névral­gies surtout  nocturnes (mode luétique) et  l'hiver  (sujet très frileux), ressenties dans les os de la face avec douleurs perforantes ou creusantes,  ou encore sensation de plaie, de meurtrissure, de contusion au niveau du maxillaire inférieur, amélio­rées par la chaleur (enveloppements chauds). Ou encore le patient peut décrire des douleurs déchirantes dans le malaire ou dans sa région, plus volontiers du côté droit. De préférence, AURUM correspond à des  sujets pléthoriques, congestionnés,  hypertendus,  souvent dépressifs avec risque suicidaire important, imposant une surveillance de l'entourage. AURUM METALLICUM 9 à 15 CH une à deux fois par jour. 


           Du fait de la tendance congestive, il est fort possible que la névralgie soit en réalité une algie vasculaire de la face. Ces patients ont souvent des céphalées congestives intenses avec les mêmes douleurs forantes ou déchirantes ressenties dans les os du crâne ou de la face. 


           On accordera une très grande attention au comportement de ce patient = variations brusques de l’humeur, passe de la gaieté à la colère brusque et violente avec des poussées d’hypertension qui peuvent être responsables d’AVC. On se méfiera des périodes dépressives, avec indignation et désespoir, le patient se fait des reproches sur son comportement passé, puis s’irrite pour la moindre cause. Mais la dépression s’accompagne de pensées autolytiques et la peur de la mort peut quelquefois être surmontée avec risque de passage à l’acte, ce qui impose une surveillance de l’entourage.

 


BELLADONA 


           Remède de névralgie aiguë survenant après un froid sec ou une exposition au soleil, avec des douleurs battantes, ou déchirantes, survenant et disparaissant brusquement, crise souvent déclenchée par une secousse, ou au moindre contact, avec tressail­lements musculaires,  rougeur,  chaleur de  la face,  battements des carotides, sueurs chaudes chez un sujet sthénique, abattu quand il souffre. C’est l’un des principaux médicaments d’algies vasculaires de la face. BELLADONA 7 ou 9 ou 15 CH (selon le contexte) à répéter toutes les heures.




CALCAREA CARBONICA (le carbonate de chaux) 


           C’est surtout un remède de fond de BELLADONA, mais sa matière médicale comprend une névralgie du trijumeau avec douleurs  partant du trou mentonnier  droit  et irradiant  vers  l'oreille,  douleur  s'accompagnant d'une sensation  de  froid  localisée,  provoquée   par  le  froid  humide  et  aggravée par les lavages à l'eau froide. On peut tenter n’importe quelle dilution, sans oublier les hautes = 15 CH deux à trois fois par jour.

 

         On ne peut négliger le contexte général de ce médicament. C’est même lui qui conditionne et justifie le choix de ce médicament. CALCAREA CARBONICA est un médicament « constitutionnel » et même si l’on ne prescrit pas sur un type sensible, ce médicament correspond à un sujet bréviligne, lent, frileux, ayant été toute sa vie confronté à un problème de poids, car il a une tendance naturelle à l’embonpoint et à l’obésité, contre lesquels il doit combattre sans cesse. Mais voilà, il a une attirance toute naturelle à la sédentarité et se laisse souvent aller à des excès alimentaires (ANTIMONIUM CRUDUM). Comme il a naturellement une tendance au ralentissement métabolique, les conséquences de la sédentarité et des excès alimentaires s’expriment précocement. Le mode psorique est vite dépassé et la lenteur des réactions métaboliques, la frilosité et la sensibilité au froid humide suscitent d’autant plus facilement le mode sycotique que sont imposés divers facteurs étiologiques du mode sycotique comme les vaccinations répétées et massives, les médicaments chimiques itératifs pour lutter contre les inflammations des muqueuses (rhino-pharyngites, angines, bronchites…).  


           Il ne faut pas oublier non plus la fréquence des troubles digestifs, cutanés et articulaires. Notamment la tendance à l’acidité du tube digestif peut expliquer l’indication de MAGNESIA CARBONICA = névralgie faciale avec des douleurs déchirantes, aiguës, < à gauche, localisées dans la région zygomatique, apparaissant souvent la nuit et forçant le malade à se lever et à marcher en se tenant la région douloureuse à pleines mains et en secouant la tête, temporairement >   par le mouvement. Mais la douleur réapparaît dès qu’il s’arrête de remuer. Cette douleur crée de l’anxiété et après la crise le malade se sent épuisé. 


       Ainsi, avec BELLADONA qui correspond plutôt à une algie vasculaire de la face chez un sujet hypertendu et congestionné, et MAGNESIA CARBONICA qui lui convient à une véritable névralgie, CALCAREA CARBONICA se trouve complété et son action concerne d’avantage le fond pour éviter la récidive.

CAUSTICUM


            Remède de névralgie faciale avec des douleurs déchirantes ou tiraillantes et sensation que la partie douloureuse est à vif,  avec impression de brûlure comme par de la chaux  vive.  Ou encore névralgie  souvent  paroxystique,  avec  sensation  de  raideur  ou de dureté des muscles du maxillaire  inférieur.  La  latéralité droite semble fréquente.  De préférence chez un sujet faible, émacié, mieux par temps humide et pluvieux. CAUSTICUM 7 CH deux à trois fois par jour. 

         

            CAUSTICUM est l’un des principaux remèdes des troubles de la phase scléreuse du mode sycotique avec une modalité caractéristique = l’amélioration par l’humidité. Un autre point mérite d’être signalé = CAUSTICUM est un remède fréquent de paralysies faciales a frigore (temps sec) et ces paralysies peuvent alterner ou cohabiter avec les névralgies. 

       

            CAUSTICUM correspond le plus souvent à un sujet grand et maigre, « sec », facilement déprimé par un chagrin ou des soucis, très sensible aux malheurs d’autrui qui accentuent sa dépression. LATHOUD le décrit comme « un mélancolique pessimiste, voyant tout en noir,  sensible aux malheurs d’autrui… ». Il se trouve aussi indiqué lors de convalescences à la suite d’une maladie grave. 


         Par ailleurs, il arrive que des sujets CAUSTICUM viennent consulter pour des douleurs dentaires sans cause dentaire évidente et qui peuvent être considérées comme des névralgies, même si elles n’ont pas l’intensité d’une véritable névralgie faciale. Ces patients se plaignent souvent de morsures de la joue et de la langue, notamment après la pose d’une prothèse, qui s’expliquent par des parésies de la langue. Enfin, ne pas oublier que CAUSTICUM est un médicament possible de gingivite ulcéreuse avec des gingivorragies, qui peuvent évoluer facilement vers une maladie parodontale (poches suppurées, fistules, etc…). La chirurgie ne sera tentée qu’après traitement de fond et avec prudence. 


 

CEDRON (le cédron, arbuste d'Amérique) 


            La névralgie est pratiquement la seule indication de ce médicament à condition de retrouver ses caractéristiques = périodicité d’horloge è tous les jours ou tous les deux jours mais toujours à la même heure en particulier 9 h ou 16 h. La localisation est  sus-orbitaire (avec sensation de brûlure de l’œil) ou trigéminale avec douleur intense aiguë,  irradiant à l'intérieur du crâne, le plus souvent à gauche, avec sensation d'engourdissement local ou de tout le corps, sensation d'augmentation  de  volume de  la  zone douloureuse,  aggravée  la nuit,  couché ou  après  avoir  dormi,  ou  avant  l'orage,  améliorée  debout,  s'accompagnant de larmoiement. Les crises sont accompagnées de troubles de la vue = sensations de lumières vives, les objets semblent rouges la nuit, jaunes le jour. Les compresses froides améliorent alors que les applications chaudes aggravent. Il serait plus fréquent chez des sujets ayant eu le paludisme (comme CHINA). CEDRON 5 à 30 CH plusieurs fois par jour si nécessaire. On peut le donner une heure avant l’heure habituelle de la crise. 


      Par ailleurs rappelons les rares signes buccaux de ce petit remède = sensation de brûlure dans toute la bouche et de la langue, sécheresse buccale et linguale, pire pendant les règles, salivation abondante, douleurs dentaires la nuit, pendant les règles, sensation de picotement de la langue, lèvres sèches, haleine fétide.

         


COLOCYNTHIS (la coloquinte) 


             Névralgie de la face extrêmement violente,  arrachant des cris, douleur déchirante ou crampoïde, discontinue, en éclairs, paroxystique, améliorée par la pression forte ou par la crispation des muscles de la face,  apparaissant souvent après une colère ou une vexation. Le patient ressent diverses sensations = brûlures, décharges électriques, sensation de tiraillement ou de martèlement, ou encore sensation de froid qui pénètre dans les maxillaires. Cette névralgie donne souvent l'impression au patient qu'il est serré dans des liens de fer. Les crises sont généralement courtes (30 secondes à quelques minutes) mais elles sont intolérables. La douleur est aggravée par le moindre contact de la zone douloureuse, en mangeant, en buvant, en parlant, en se mouchant. La latéralité gauche est fréquente.  La chaleur peut l'améliorer. La douleur apparaît au niveau de la lèvre inférieure, ou de la région sus-orbitaire ou encore de la gencive qui alors augmente de volume avec afflux de sang, pouvant donner l’impression d’une cause dentaire. La face devient rouge. La douleur peut irradier à l’œil. Les signes concomitants sont une sécheresse du nez et de la gorge, une hypersalivation, des démangeaisons intenses du conduit auditif avec la sensation que quelque chose veut sortir de l’oreille. COLOCYNTHIS 7 à 30 CH toutes les heures en espaçant dès l’amélioration.  

     

            Le malade COLOCYNTHIS souffre très souvent de rhumatismes ou de troubles hépatiques et digestifs. Il est maigre = KENT affirmait qu’on trouve rarement son indication chez des sujets forts et vigoureux et bien portants mais surtout chez des sujets faibles, amaigris, devenus irritables par des soucis, des tracas familiaux ou professionnels. KENT se laisse aller à une banalité du genre « lapalissade » = l’expression du visage de COLOCYNTHIS exprime l’anxiété du fait de l’intensité de la douleur, où qu’elle siège ! Personnellement je n’ai jamais vu un sujet atteint de névralgie faciale (ou autres) détendu et souriant pendant une crise !

GELSEMIUM (le jasmin) 

   

            Névralgie  faciale  avec  des  douleurs  aiguës,  soudaines,  lancinantes, erratiques, suivant le trajet du nerf. Leur apparition soudaine fait sursauter le patient. La face est congestionnée, avec vertiges et troubles de la vision. La localisation est souvent sus-orbitaire. Il y a parfois une sensation d'engourdissement, des contractions musculaires ou des tremblements. La douleur est pire le matin au réveil, en ouvrant la bouche, en commençant à manger, en se mouchant, en frottant le coin de l’œil. Plus les crises sont rares, plus la douleur est violente, plus elles sont fréquentes, plus la douleur est fugace.


            La névralgie ne domine ni la pathogénésie, ni la clinique, bien que les douleurs soient nombreuses dans sa matière médicale, notamment les céphalées. Car GELSEMIUM agit sur le système nerveux périphérique au niveau duquel il produit des algies avec lourdeur de la partie atteinte et des tremblements. On ne peut oublier ses indications dans le stress, les suites de peur, de chocs affectifs, le trac d’anticipation avec anxiété et inhibition (comme paralysé, ne parle pas…). On l’a donné avec efficacité dans la poliomyélite (D. DEMARQUE à ses propres enfants). 


      De préférence, chez des sujets sensibles, irritables, nerveux, mais faibles, facilement inhibés en cas de stress. GELSEMIUM 5 ou 7 CH une à deux fois par jour.


MAGNESIA PHOSPHORICA (le phosphate acide de magnésium) 


            Névralgie faciale sus  ou  sous-orbitaire  ou  rétro-auriculaire,  ou névralgie dentaire (de l’orifice sous-orbitaire jusqu’aux incisives),  le  plus  souvent  à  droite,  avec contraction  des  muscles de la face (tendance aux spasmes), à début et fin brusques, améliorée par la chaleur (applications chaudes), la pression ou la friction,  provoquée et aggravée par le moindre froid, notamment dans la bouche.  La douleur  survient  souvent  après exposition  au  froid.  Elle  s'accompagne  de  tics  ou  de  spasmes  musculaires (paupières notamment). Douleurs aiguës, élançantes, lancinantes, fulgurantes, intolérables au moment du paroxysme, erratiques. MAGNESIA PHOSPHORICA 7 ou 15 CH toutes les heures. 

 

NATRUM MURIATICUM (sel marin) 


          Bien qu'indiqué  au degré fort dans le Répertoire de KENT, la névralgie n’est  pas  l'indication  majeure de ce remède (c’est peut-être pour cette raison qu’on l’oublie parfois) =  névralgie faciale périodique, avec paralysie faciale, avec sensation de plaie ou de contusion. Cette névralgie apparaît chez des sujets ayant abusé de quinine ou après une crise de paludisme (comme CHINA ou CEDRON). Cette circonstance peut avoir un caractère contemporain en raison des voyages dans les pays où le paludisme reste endémique et qui nécessite une précaution par la nivaquine. L’aggravation selon la courbe solaire sur laquelle on insiste est surtout valable pour la céphalée car la névralgie est heureusement plus fugace. Pendant les troubles, quels qu’ils soient, le sujet éprouve une très grande sécheresse buccale avec une grande soif (grandes quantités d’eau froide et souvent répétées, un peu comme BRYONIA son complémentaire qui boit beaucoup à la fois mais moins souvent).  


          Le contexte psychique et général reste capital dans le choix de ce médicament. Il s’agit souvent d’un sujet jeune, mais sans systématisation. Ce qui frappe c’est l’amaigrissement chez un sujet généralement maigre, qui maigrit à la moindre occasion, malgré un appétit souvent conservé. Mais, au contraire de ANTIMONIUM CRUDUM ou de CALCAREA CARBONICA, ce sujet est facilement anorexique dès qu’il éprouve une peine ou un chagrin. Il se réfugie dans la solitude pour pleurer, penser à ses peines et les ressasser sans cesse, se confiant très rarement à un ou une amie.  


          On le donne en 7 à 15 CH deux à trois fois par jour.


NUX VOMICA 


            Névralgie faciale avec des douleurs déchirantes, avec rougeur et  gonflement  de la joue, spasmes musculaires, aggravées par le mouvement, le travail intellectuel et  les  excitants (café, alcool...).  La localisation est fréquente dans la région sus-orbitaire, irradiant ensuite vers l’intérieur de l’oreille, avec gonflement de la joue et des spasmes musculaires. J. HUI BON HOA affirmait : « Lorsque la douleur est provoquée par un courant d’air et qu’il n’y a pas de rhinorrhée, le remède est NUX VOMICA. Lorsqu’il y a écoulement nasal qui devient purulent au bout de quelques jours, le remède est HEPAR SULFUR ».  


            Une fois encore, le contexte psychique et général est capital. NUX VOMICA correspond à  des  sujets  sédentaires mais surmenés, devenus  irascibles, coléreux, ne supportant pas la contradiction ou un contretemps, souvent insom­niaques et toujours poly-intoxiqués (café, tabac, excitants, médicaments sédatifs antalgiques ou autres). En particulier, la névralgie comme d’ailleurs n’importe quel autre trouble, provoque une colère violente dont l’entourage subit les conséquences, le patient peut devenir brusquement odieux et violent. Mais attention, le comportement souvent décrit et qui correspond à la réalité doit être nuancé car NUX VOMICA peut se maîtriser en présence de son médecin ou de son dentiste. Mails il suffit de peu de choses pour l’irriter = un retard dans le rendez-vous, la peur d’une douleur, etc… le masque tombe ! Le contexte digestif est également très important qui explique le comportement, de nombreux troubles dont ceux de la cavité buccale. 


          NUX VOMICA 7 ou 15 CH toutes les heures. 


Commentaire  personnel: nous  avons  vu un cas de névralgie paroxystique sous-orbitaire  droite   survenant   au  moment   de l'orgasme chez  un  patient  répondant  bien  au type sensible de NUX VOMICA. Quelques prises en 15 CH ont transformé sa vie affective !

  

PHOSPHORUS 

       

            Encore un médicament cité au degré fort dans le Répertoire de KENT pour les névralgies faciales que les Matières médicales n’en parlent pratiquement pas ! Cela signifie que les signes locaux sont moins importants que les signes psychiques et généraux. La névralgie faciale provoque des douleurs  déchirantes,  élançantes, piquantes, tiraillantes, commence souvent au niveau du maxillaire inférieur et s’étend ensuite à la région temporale. Elle s’accompagne de  sensations  de chaleur, de congestion de la face, est aggravée lorsque le patient parle ou mange, améliorée par le sommeil ou en frottant la zone douloureuse. Ou encore il s‘agit de névralgie dentaire avec  douleurs  du  même  type  améliorées  par  la chaleur  (alors que les douleurs de  la tête sont améliorées par le froid), localisées à la face, irradiant vers les yeux, la tempe. Les signes généraux du remède sont indispen­sables à la prescription.  


            Ce médicament, éminemment important du fait de sa double action métabolique et toxicologique,  présente deux aspects opposés : son rôle métabolique explique son indication dans des troubles typiquement oxygénoïdes du sujet jeune longiligne réagissant sur le mode tuberculinique. Son action toxicologique  concerne en fait une pathologie lourde ou grave chez n’importe quel sujet, quel que soit le biotype et diverses manifestations scléreuses du sujet âgé.       

   

            Ses circonstances étiologiques sont les suivantes : le surmenage intellectuel, les convalescences de maladies graves, les pertes de liquides organiques, les poussées de croissance trop rapide, les atteintes toxiques ou infectieuses du foie (hépatite virale par exemple). Toutes ces circonstances devraient entraîner des indications fréquentes, voire quotidiennes. C’est peut-être le cas en médecine générale, mais personnellement nous ne trouvons qu’exceptionnellement son indication chez l’enfant tuberculinique, peut-être un peu plus fréquemment chez l’adolescent. Il faut sans doute s’en réjouir. Avant les antibiotiques, PHOSPHORUS était utilisé avec succès dans la tuberculose ostéo-articulaire, mais avec beaucoup de risque d’aggravation dans la tuberculose pulmonaire, qui reste aujourd’hui encore une contre-indication.


            Est-il utile de rappeler son type sensible ? Il est à l’évidence le même que CALCAREA PHOSPHORICA, car le phosphore a donné son nom à la constitution longiligne, longtemps appelée « phosphorique ». L’image de la flamme de phosphore qui s’embrase très vite mais s’éteint aussi vite illustre bien les troubles oxygénoïdes de l’enfant tuberculinique : sujet hypersensible, hyper-émotif, vite exalté et passionné, mais instable, aussi vite déprimé ou épuisé.  C’est un hyper-thyroïdien, un hypersympathicotonique, un « cérébral »  (de SIGAUD). La cyclothymie est encore plus manifeste que dans les autres médicaments de la série. A la phase sthénique, l’enfant peut être actif, brillant sur le plan scolaire, dominateur, charmeur, puis la phase dépressive apparaît avec apathie, aversion pour tout effort physique et surtout mental. Il devient alors susceptible, indifférent, pleure facilement. Ce sujet a toujours besoin de récupérer après un effort, il a besoin de dormir longtemps et beaucoup, il mange beaucoup et souvent, même la nuit, avec désir d’aliments salés et froids, sensation de vide et de défaillance s’il ne mange pas. Bref, on trouve des signes qui évoquent soit NATRUM MURIATICUM, soit IODUM, ou d’autres comme PHOSPHORIC ACID. son complémentaire aigu.  


Les troubles bucco-dentaires de PHOSPHORUS ne sont pas spécifiques : 


  

           

            Ce qui domine c’est la tendance hémorragique. En pratique courante, PHOSPHORUS est donné chaque fois que la pathologie locale évolue vers l’aggravation, malgré la prescription du remède correspondant qui semble pourtant bien indiqué, PHOSPHORIC ACID. par exemple lors d’une gingivite ulcéreuse aiguë. Ou encore lorsque NATRUM MURIATICUM semble inefficace. 


          Mais pour revenir à la névralgie faciale, les auteurs sont moins prolixes. Il était donc utile de rappeler le cadre général. Il est classique également de rappeler qu’une tuberculose récente ou ancienne mais mal maîtrisée est une contre-indication formelle à la prescription de PHOSPHORUS.

Commentaire

d'Alain HORVILLEUR