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LES TUBERCULINIQUES

CHEZ LEUR DENTISTE


LES ENFANTS D'ABORD !

Plutôt que de développer ce sujet d’une manière théorique, plusieurs éventualités cliniques seront successivement envisagées, allant de l’enfant jusqu’au vieillard, telles que l’on peut les rencontrer au cabinet dentaire en pratique quotidienne. Il est évident que les troubles bucco-dentaires seront ici privilégiés, mais sans occulter le contexte général.



I -  D’abord l’enfant tuberculinique :


            Même si le chirurgien-dentiste voit rarement des nourrissons à sa consultation, il convient de rappeler les faits suivants.


            Le nourrisson longiligne type Calcarea phosphorica représente le prototype de l’enfant idéalement prédisposé à réagir sur le mode tuberculinique. Il s’agit d’un nourrisson déjà grand et déjà maigre (ce n’est bien sûr pas obligatoire). Il est le plus souvent brun, à peau délicate, aux cheveux fins, aux longs cils. Apparaît déjà une intelligence précoce : il reconnaît vite son entourage, pleure quand il est sale. Il est souvent affamé et pleure si le biberon tarde trop.


            Ce nourrisson peut rester en équilibre de santé. Mais pèse sur lui la menace d’une insuffisance hépatique dite « congénitale » qui explique ses prédispositions aux troubles digestifs. Ils ne concernent pas le dentiste sur le plan thérapeutique mais peuvent entraîner des troubles de la minéralisation des dents permanentes, dont on ne constatera les séquelles que vers 6 ans avec l’éruption des premières molaires. De quoi s’agit-il ?


            D’abord, ce bébé maigrit très facilement à la moindre occasion et ne peut supporter une diète prolongée. C’est encore un bébé qui vomit facilement, qui pleure après la tétée sans doute à cause de gaz abondants à l’origine de spasmes intestinaux (Magnesia phosphorica). C’est enfin un bébé qui fait facilement une diarrhée, notamment au moment des poussées dentaires = diarrhée aqueuse, verdâtre, éclaboussante, avec beaucoup de gaz fétides (Argentum nitricum, Chamomilla, Jalapa, Rheum, Podophyllum, etc...).


            Comme cela a été dit, le dentiste ne voit pas de nourrisson à sa consultation. Tout au plus peut-il attirer l’attention de la maman, si nécessaire, sur les risques potentiels des troubles intestinaux sur la minéralisation des dents. Mais le médecin les connaît.



Pour l’enfant de 5 à 12 ans :


            Il est fréquent de voir des enfants de cet âge venir consulter régulièrement pour un examen de contrôle ou pour des soins dus à des caries.



Premier cas = L’examen de contrôle :


            Voici un enfant de cet âge répondant au biotype longiligne. L’examen dentaire ne montre aucune carie. Un simple interrogatoire peut mettre en évidence dans son anamnèse la mise en œuvre du mode tuberculinique au cours de divers épisodes O.R.L. ou bronchiques. Mais heureusement, cet enfant a pu régler favorablement ses problèmes de minéraux, sans doute grâce à une hygiène de vie bien adaptée à ses besoins. Les risques potentiels du mode tuberculinique au niveau des dents sont restés potentiels. Le dentiste n’a pas grand chose à faire d’autre que de dispenser les habituels conseils de brossage des dents.


            Personnellement, lorsque cet enfant n’est pas suivi par un médecin homéopathe, nous lui prescrivons CALCAREA PHOSPHORICA en 7 ou 9 CH une à deux fois par semaine chaque fois que l’on apprend que cet enfant se trouve fatigué, pâle, un peu anorexique lors de périodes de surmenage scolaire, particulièrement à la fin du deuxième mois du trimestre et tout au long du troisième. De plus, il est fréquent de voir ces enfants avec des lèvres sèches et fendillées. S’il y a de plus la soif avec sécheresse buccale et désir de sel, ou encore des céphalées par surmenage scolaire il faut penser à NATRUM MURIATICUM.  La posologie tient compte du contexte et ne peut qu’être individualisée. Avec ces deux médicaments, le dentiste peut influencer favorablement la minéralisation des dents, parfois prévenir des troubles orthodontiques comme l’endognathie bi-maxillaire assez fréquente.

  

Deuxième cas = il y a déjà des caries.


            Dans ces cas, les menaces qui pesaient sur la dent de cet enfant tuberculinique sont hélas réalisées et les caries apparaissent souvent peu après l’éruption.


            Chez cet enfant, les signes morphologiques du type longiligne se sont affirmés = grand, élancé, mince voire maigre, membres allongés, thorax étroit et aplati, tendance à se tenir mal, dos voûté, mains et doigts allongés, etc... Ce sont là des signes morphologiques qui appartiennent à la constitution longiligne et qui correspondent exactement au type sensible de CALCAREA PHOSPHORICA. Et il y a une logique parce que le phosphate de calcium est un médicament dit « constitutionnel », alors que si NATRUM MURIATICUM correspond aussi à ce même type sensible, son indication peut se voir chez d’autres biotypes, tout simplement parce que le chlorure de sodium n’est pas un remède constitutionnel et que les troubles de son métabolisme peuvent atteindre n’importe qui. Ces deux médicaments sont évidemment complémentaires chez l’enfant tuberculinique.


            Donc en présence d’un enfant longiligne présentant des caries dentaires, que peut faire le chirurgien-dentiste homéopathe ? D’abord soigner les lésions dentaires, c’est une évidence. Mais si l’on se limite à ces soins indispensables, on n’atteint pas le « terrain » et l’on risque de déplorer une récidive quelques semaines ou mois plus tard. Et il ne faut pas oublier que la dentinogenèse est un phénomène constant. Il est donc utile de prescrire le remède de fond, en l’occurrence CALCAREA PHOSPHORICA, complété par d’autres médicaments comme NATRUM MURIATICUM, MAGNESIA PHOSPHORICA, KALI PHOSPHORICUM, SILICEA. Il convient donc d’en rappeler les signes essentiels.


CALCAREA PHOSPHORICA :


            Ce médicament est le remède de fond des troubles de la croissance chez un enfant longiligne. Cela signifie que cet enfant se développe tout en longueur, au détriment de l’épaisseur, exactement à l’opposé de ce qui se passe dans Calcarea carbonica. Le développement du squelette s’accompagne parfois de troubles aux points faibles : risque de fracture au niveau des régions diaphyso-épiphysaire des os longs (notamment chez l’adolescent), retard de fermeture des sutures des os courts (fontanelles), fragilité des articulations et des ligaments (entorses, luxations, déviation du rachis dans toute sa hauteur), troubles de l’appareil dentaire (retard d’éruption avec troubles réflexes lors des poussées comme la diarrhée ou les convulsions, risque de dysminéralisation avec par la suite des caries précoces, malléabilité des procès alvéolaires avec risque de troubles orthodontiques).  


            La physiologie explique bien des caractéristiques = le calcium et le phosphore excitent le système nerveux sympathique d’où => une tendance à l’hyperthyroïdie, à l’hyper-para-thyroïdie et à la précocité génitale, mais aussi l’hyposurrénalisme. Cela explique le développement tout en longueur et l’asthénie physique et psychique, l’amaigrissement malgré l’appétit, la tendance aux spasmes (toux irritante, coliques, palpitations au moindre effort, etc...). Le comportement  reflète ces données =  hypersensibilité nerveuse (vite effrayé, < en pensant à ses maux), capable d’un grand effort intellectuel grâce à une intelligence vive mais à condition que cet effort soit court, car l’asthénie le guette rapidement. D’où une tendance cyclothymique dont il faudrait tenir compte dans l’enseignement, ce qui est hélas rarement possible.


            Outre les mauvais effets du surmenage intellectuel qui épuise les réserves minérales, cet enfant est sensible au froid, au froid humide, il s’enrhume facilement, fait des angines ou des rhino-pharyngites à répétition. Mais il craint aussi la chaleur surtout confinée, notamment lors de périodes de congestion veineuse. Son appareil respiratoire à tous ses étages est constamment menacé. C’est donc chaque fois l’occasion de mettre en œuvre son mode défensif tuberculinique et aussi hélas l’occasion de consommer davantage de minéraux. Et pendant ce temps, les dents permanentes sont en train de se minéraliser.


            CALCAREA PHOSPHORICA favorise à titre préventif un métabolisme optimal des minéraux que l’alimentation doit apporter en quantité et qualité suffisantes, à condition que des troubles intestinaux ne contrarient pas leur absorption. Lorsqu’un trouble survient, ce médicament peut et doit être complété par un autre, le plus souvent Natrum muriaticum, du moins pendant un temps.

  

NATRUM MURIATICUM :


            Le chlorure de sodium joue un rôle métabolique essentiel dans la régulation des échanges ioniques entre les cellules et le milieu intérieur. Aussi les fuites minérales dont le sodium, le chlore et le potassium entraînent-elles des troubles de la nutrition (amaigrissement prédominant à la moitié supérieure du corps et infiltration cellulitique de la moitié inférieure), une atteinte des muqueuses (avec alternance de sécheresse et d’un état catarrhal), des troubles cutanés (face huileuse, peau sèche ailleurs, eczéma « solaire », acné, urticaire, verrues, etc...), enfin des perturbations psychiques (déprime, asthénie psychique et physique, repliement sur soi avec besoin de solitude, aggravation par la consolation, etc...). 


            L’indication de ce médicament apparaît le plus souvent au cours de la convalescence de maladies infectieuses, ou après une perte abondante de liquides (diarrhée par exemple comme pour CHINA), ou encore en cas d’allergie (urticaire, eczéma) ou enfin en cas de stress psychiques ou affectifs. Or toutes ces circonstances se retrouvent dans la vie d’un enfant tuberculinique.


            Sans approfondir la matière médicale de ce polychreste, plusieurs signes faciles à mettre en évidence attirent l’attention du praticien :

  


            

Ces signes physiques ne sont pas seuls, évidemment. NATRUM MURIATICUM fait partie des polychrestes et sa matière médicale concerne l’ensemble de l’organisme, notamment le psychisme. C’est un enfant timide, renfermé, inquiet, qui se livre peu, répond par monosyllabes, facilement boudeur et susceptible, mais aussi coléreux, notamment lorsqu’on le regarde ou qu’on lui parle. Il a un gros besoin d’affection et d’un climat de sympathie, voire d’amour, pour se confier, habituellement à une seule personne. C’est ensuite un enfant facilement asthénique, anémique, frileux et sensible au froid. Il peut avoir des céphalées (qui suivent la courbe solaire) lors de surmenage scolaire ou des points de côté lors des activités  sportives à l’école. Il est fréquent qu’il ait des poussées d’herpès labial.


            Voilà donc le cadre général de cet enfant. La soif et le désir de sel n’apparaissent qu’occasionnellement lorsqu’il y a des troubles du métabolisme de l’eau, ce que l’on constate par la déshydratation des muqueuses, dont la bouche et les lèvres. En dehors de ces périodes, il n’a pas soif et éprouve même ou de l’indifférence ou de l’aversion pour le sel (en fait il n’est que rarement indifférent à cet aliment). Il faut prescrire NATRUM MURIATICUM 7 CH une à trois fois par semaine, durant deux ou trois semaines selon l’évolution. Selon l’âge de l’enfant, NATRUM MURIATICUM peut avoir une action préventive sur la minéralisation des dents comme complémentaire de CALCAREA PHOSPHORICA.  Sa matière médicale buccale précise une très nette tendance à la gingivite qui peut avoir un aspect scorbutique ou celui que l’on voit chez les anémiques, avec gingivorragies abondantes (ce dernier signe le distingue de PULSATILLA). Les livres n’insistent pas sur la carie dentaire. Pourtant, NATRUM MURIATICTUM a une tendance aux caries d’apparition précoce et d’évolution rapide, avec une prédilection pour les faces proximales des incisives.


            Plus rarement, SEPIA peut être un complémentaire de NATRUM MURIATICUM. Ces deux médicaments ont de très nombreux points communs, notamment à peu près le même comportement psychique et les mêmes signes bucco-dentaires. Il faut penser à SEPIA chez l’enfant en cas d’anorexie mentale ou d’énurésie.

PULSATILLA :


            La variabilité des symptômes, avec parfois un côté paradoxal laissant perplexe, caractérise la première phase du mode tuberculinique. Il se passe quelque chose, mais les prémisses ne suffisent pas à préciser quoi exactement. Il y a augmentation des oxydations, puis destruction cellulaire et l’ensemble des déchets de cellules détruites provoque un encombrement de la circulation veineuse. C’est le stade de PULSATILLA. En quelques mots voici les signes les plus caractéristiques de ce grand médicament : variabilité des signes psychiques (humeur changeante, pleurs faciles, consolation rapide et recherchée, « enfant du soleil et des giboulées ») et physiques (douleurs erratiques, selles variables) - congestion et stase veineuse - écoulements épais et doux, non irritants, de toutes les muqueuses - absence de soif même au cours de la fièvre - plus mal le matin que le soir - aggravation par la chaleur et amélioration par le frais ou les applications froides.

            A notre avis, PULSATILLA est rarement indiqué chez l’enfant tuberculinique pour des troubles bucco-dentaires, alors qu’il est un remède fréquent chez l’adulte pour ces mêmes troubles. Il y a bien sûr une gingivite qui peut saigner, une grande sécheresse buccale mais sans soif - ce qui constitue un bon signe distinctif - nombreuses dysgueusies mais qui ne motivent pas la consultation chez cet enfant. Le signe le plus intéressant est la douleur dentaire, même au niveau de dents saines, le plus souvent provoquées par la chaleur : boissons chaudes, ou lorsque l’enfant entre dans une salle chaude en venant du froid.


SILICEA :


            C’est un remède très important du rachitisme, il est donc logiquement le complémentaire de CALCAREA PHOSPHORICA et/ou de NATRUM MURIATICUM dans une évolution vers l’aggravation progressive du rachitisme. Bien entendu, le médecin vérifiera s’il y a une carence en vitamine D et donnera éventuellement le traitement nécessaire.


            Qu’est-ce qui explique l’indication de SILICEA ? D’abord le froid sous toutes ses formes : SILICEA est un frileux qui n’arrive pas à se réchauffer. Et l’on n’a pas l’aggravation par la chaleur confinée de CALCAREA PHOSPHORICA ou NATRUM MURIATICUM. Ensuite, SILICEA se trouve souvent indiqué chez l’enfant tuberculinique après des vaccinations répétées et mal adaptées, comme notamment le B.C.G. trop précoce. Il faut ajouter comme facteur étiologique les traitements chimiques des rhino-pharyngites ou autres troubles ORL ou respiratoires provoqués et aggravés par le froid, médicaments qui ont une action dépressive sur le système immunitaire.


Tout cela explique une autre caractéristique de ce médicament = la tendance aux suppurations chroniques avec participation ganglionnaire (gonflement douloureux et induration). On voit ainsi chez des enfants tuberculiniques des dents de lait délabrées et présentant des fistules asymptomatiques. L’expérience de laboratoire montre que la silice a une action sur les macrophages dans le sens de l’inefficacité, ce qui explique les suppurations interminables.


            SILICEA peut avoir une action préventive sur le rachitisme à condition de le donner en temps utile et longtemps. Lorsque l’on constate de nombreuses caries chez un enfant tuberculinique, cela signifie qu’il a eu dans sa première enfance une période de rachitisme qui a été préjudiciable sur le plan dentaire car les séquelles sont définitives.  Dans ce cas, il est trop tard évidemment pour l’action préventive, mais les soins dentaires seront assurés d’une certaine pérennité à condition de donner le remède de fond correspondant qui peut être SILICEA si l’on en trouve les signes caractéristiques :

  


Trois autres médicaments de « suite de surmenage intellectuel »



KALI PHOSPHORICUM :


            On retrouve dans ce médicaments les facteurs étiologiques du mode tuberculinique : d’abord et surtout le surmenage intellectuel, puis les chagrins, les maladies débilitantes, et pour l’adolescent ou l’adulte les excès sexuels.


            L’enfant est épuisé et irritable : palpitations émotives, anxiété, pleurs, tressaillement au bruit, peurs allant jusqu’aux cauchemars avec sommeil agité et insomnie. Surtout il n’est plus capable de soutenir un effort scolaire du fait de son épuisement mais aussi de troubles de la mémoire, incapacité à se concentrer sur son travail. Déjà frileux, il devient encore plus sensible au froid = il s’enrhume facilement, la rhinite évolue vers l’angine, la pharyngite, puis la bronchite avec enrouement, toux, expectoration épaisse et fétide, parfois il fait de l’asthme. C’est l’évolution centripète caractéristique du mode tuberculinique, et qui constitue une autre différence avec le mode psorique.  Il est anémique, amaigri. Il a des céphalées par effort mental, souvent accompagnées de vertiges, le tout amélioré en mangeant. D’ailleurs l’amélioration en mangeant est une modalité importante, qui concerne la céphalée, mais aussi l’irritabilité et le comportement.

            

C’est souvent une gingivite qui le conduit au cabinet dentaire avec sécheresse buccale, haleine fétide, langue recouverte d’un enduit de couleur moutarde,  et surtout des gingivorragies importantes (note phosphorique). Ces troubles buccaux peuvent accompagner un ensemble digestif : fringales mais lenteur des digestions par insuffisance hépatique et tendance à la ptôse gastro-intestinale (SEPIA), fermentations, constipation de fond avec épisodes diarrhéiques, épuisants qui, lorsqu’ils s’aggravent, indiquent PHOSPHORIC ACID.


            Comme on peut le constater, on retrouve dans ce médicament des signes de NATRUM MURIATICUM, de SEPIA ou de PHOSPHORIC ACID. Comme il s’agit tout de même d’un remède d’action ponctuelle, « temporaire », il faut donner par la suite le remède de fond et à la fin prescrire CALCAREA PHOSPHORICA, remède constitutionnel. Ne jamais oublier l’action générale des médicaments à base de potassium : asthénie et dépression de fond et sursauts irritatifs habituellement courts mais intenses.

PHOSPHORIC ACID. :


            La présence d’un acide explique que ce médicament soit indiqué dans une étape d’aggravation dans les suites du surmenage mental, confinant à un véritable épuisement. Il est certes plus souvent indiqué chez l’adolescent, notamment chez l’étudiant pendant ou après une période de surmenage intellectuel : concours, examens, etc... Et d’autant plus que sont présents des chocs moraux ou psychiques, des déceptions sentimentales ou des pertes de liquides importantes comme des diarrhées itératives.  On retrouve le même contexte étiologique chez l’enfant qui éprouve une très grande fatigue, se sent « vidé », n’est plus capable de fournir un effort supplémentaire par incapacité à se concentrer, par défaillance de la mémoire. Cet enfant dort mal, il somnole le jour, a du mal à se réveiller le matin, se plaint de douleurs osseuses (tibias) ou de céphalées violentes avec sensation d’écrasement (vertex et occiput). La déminéralisation s’exprime par des urines abondantes, pâles ou laiteuses, chargées de phosphates (Natrum muriaticum) ou par des douleurs osseuses dites de « croissance » ressenties dans les os longs (tibias) ou encore par des céphalées aggravées par l’effort mental. Et surtout, il y a des troubles digestifs dont le plus caractéristique est la diarrhée abondante, indolore mais épuisante.


            Sur le plan bucco-dentaire, PHOSPHORIC ACID. donne un tableau de gingivite ulcéreuse très hémorragique (le phosphore) avec une grande sécheresse buccale, comme Natrum mur. Mais sans la soif et avec désir de lait froid, voire de bière. On peut voir chez cet enfant une mobilité dentaire récente qui effraye les parents lorsqu’ils s’en rendent compte, qui témoigne sans doute d’une décalcification de l’os alvéolaire ou osseuse d’une manière générale. PHOSPHORIC ACID. est donné surtout sur l’ensemble des signes et non sur les signes buccaux trop peu caractéristiques et communs à de nombreux médicaments du groupe. Dès l’amélioration, il faut compléter son action par un médicament d’action plus profonde comme encore une fois CALCAREA PHOSPHORICA.  En cas d’aggravation, ce qui est rare, penser à PHOSPHORUS.


PHOSPHORUS :


            Ce médicament, éminemment important du fait de sa double action métabolique et toxicologique,  présente deux aspects opposés : son rôle métabolique explique son indication dans des troubles typiquement oxygénoïdes du sujet jeune longiligne réagissant sur le mode tuberculinique. Son action toxicologique  concerne en fait une pathologie lourde ou grave chez n’importe quel sujet, quel que soit le biotype et diverses manifestations scléreuses du sujet âgé.

            

Ses circonstances étiologiques sont les suivantes : le surmenage intellectuel, les convalescences de maladies graves, les pertes de liquides organiques, les poussées de croissance trop rapide, les atteintes toxiques ou infectieuses du foie (hépatite virale par exemple). Toutes ces circonstances devraient entraîner des indications fréquentes, voire quotidiennes. C’est peut-être le cas en médecine générale, mais personnellement nous ne trouvons qu’exceptionnellement son indication chez l’enfant tuberculinique, peut-être un peu plus fréquemment chez l’adolescent. Il faut sans doute s’en réjouir. Avant les antibiotiques, PHOSPHORUS était utilisé avec succès dans la tuberculose ostéo-articulaire, mais avec beaucoup de risque d’aggravation dans la tuberculose pulmonaire, qui reste aujourd’hui encore une contre-indication.


            Est-il utile de rappeler son type sensible ? Il est à l’évidence le même que CALCAREA PHOSPHORICA, car le phosphore a donné son nom à la constitution longiligne, longtemps appelée « phosphorique ». L’image de la flamme de phosphore qui s’embrase très vite mais s’éteint aussi vite illustre bien les troubles oxygénoïdes de l’enfant tuberculinique : sujet hypersensible, hyper-émotif, vite exalté et passionné, mais instable, aussi vite déprimé ou épuisé.  C’est un hyper-thyroïdien, un hypersympathicotonique, un « cérébral »  (de SIGAUD). La cyclothymie est encore plus manifeste que dans les autres médicaments de la série. A la phase sthénique, l’enfant peut être actif, brillant sur le plan scolaire, dominateur, charmeur, puis la phase dépressive apparaît avec apathie, aversion pour tout effort physique et surtout mental. Il devient alors susceptible, indifférent, pleure facilement. Ce sujet a toujours besoin de récupérer après un effort, il a besoin de dormir longtemps et beaucoup, il mange beaucoup et souvent, même la nuit, avec désir d’aliments salés et froids, sensation de vide et de défaillance s’il ne mange pas. Bref, on trouve des signes qui évoquent soit NATRUM MURIATICUM, soit IODUM, ou d’autres comme PHOSPHORIC ACID. son complémentaire aigu.


            Les troubles bucco-dentaires de PHOSPHORUS ne sont pas spécifiques :

  


            Ce qui domine c’est la tendance hémorragique. En pratique courante, PHOSPHORUS est donné chaque fois que la pathologie locale évolue vers l’aggravation, malgré la prescription du remède correspondant qui semble pourtant bien indiqué, PHOSPHORIC ACID. par exemple lors d’une gingivite ulcéreuse aiguë. Ou encore lorsque NATRUM MURIATICUM semble inefficace.

Une place à part pour IODUM :


            Pourquoi consacrer une part à part pour ce médicament ? Tout simplement parce que si CALCAREA PHOSPHORICA et NATRUM MURIATICUM conservent une relative « pureté » diathésique (le mode tuberculinique), IODUM se trouve également indiqué lors de troubles typiquement luétiques. Nous avons très souvent souligné les conséquences bucco-dentaires lorsque ces deux modes sont sollicités chez le même enfant = aux carences minérales tuberculiniques s’ajoutent les mauvais effets d’une croissance défectueuse du fait du mode luétique.


            « L’iode intervient essentiellement en physiopathologie dans le métabolisme des hormones thyroïdiennes » C’est dire que les troubles relevant de IODUM sont comparables à ceux de la dysthyroïdie dans le sens de l’hyperthyroïdie, pouvant constituer une véritable maladie de Basedow. La déficience en apport d’iode conduit au crétinisme, son excès à l’hyperthyroïdie.


            L’enfant IODUM lorsqu’il se présente dans sa « splendeur pathogénétique » est un agité, maigre, anxieux, boulimique, poly-adénopathique, atteint fréquemment d’inflammations des muqueuses respiratoires. Ce médicament suit souvent NATRUM MURIATICUM lorsque les troubles s’aggravent sur le plan général. Sur le plan bucco-dentaire, on peut voir cet enfant venir consulter pour une aphtose buccale associée à une hypersalivation, à une haleine fétide et à des adénopathies satellites, ensemble de signes qui évoquent d’abord MERCURIUS SOLUBILIS. L’erreur est facile mais le risque n’est pas fortuit car cette confusion exprime la conjonction des deux modes réactionnels = le tuberculinisme et le luétisme. Et la confusion est d’autant plus aisée que IODUM, comme MERCURIUS, a une tendance à la gingivite ulcéreuse, hémorragique, avec une langue sale gardant l’empreinte des dents. La clinique n’est jamais simple = comme NATRUM MURIATICUM, IODUM a une tendance à la déminéralisation qui s’exprime de la même manière : céphalée battante, congestive, avec sensation d’un lien serré autour de la tête, aggravée à la chaleur, après surmenage intellectuel ou aggravée après un effort mental.


            Le choix de IODUM repose sur l’agitation physique et mentale liée à une faim boulimique avec amaigrissement et thermophobie, sur une modalité caractéristique = tous les signes s’améliorent en mangeant.



LES TROUBLES BUCCO-DENTAIRES

DE L’ADOLESCENT ET DE L’ADULTE UBERCULINIQUES



            Chez l’adolescent ou chez l’adulte, les problèmes bucco-dentaires présentent deux aspects distincts. Il y a d’abord le problème de la carie dentaire = si les dents ont été convenablement minéralisées durant l’enfance, elles n’offrent pas de caractéristiques particulières. Elles sont soumises aux agressions locales habituelles : conditions d’hygiène bucco-dentaire, abus de sucreries, épines irritatives, etc... Si la minéralisation a été perturbée dans l’enfance, les dents sont rapidement cariées et depuis son plus jeune âge, l’enfant puis l’adolescent et enfin l’adulte auront fréquenté et fréquentent toujours les cabinets dentaires. On constate alors de très nombreuses restaurations : obturations, couronnes, bridges ou prothèses amovibles.


            Le deuxième aspect est celui de la parodontopathie qui menace la dent et son parodonte. L’adolescent et l’adulte tuberculiniques sont constamment sous la menace d’une déminéralisation de l’os alvéolaire. Celle-ci résulte de diverses causes. Ces sujets sont sensibles au froid et s’enrhument facilement, ils réagissent aux agressions microbiennes par une accélération de leur métabolisme, et  ont donc besoin de minéraux. Où les trouvent-ils ? D’abord et à l’évidence dans l’alimentation et à condition que des troubles intestinaux ne viennent pas contrarier leur absorption. Si les minéraux manquent pour une raison quelconque, c’est l’os qui les fournit, dont l’os alvéolaire, expliquant ainsi des mobilités dentaires transitoires, réversibles souvent si un traitement approprié est instauré précocement. Mais parfois irréversibles dès lors que l’intégrité de l’attache épithéliale du collet des dents est violée et que se constituent des poches gingivales d’abord, puis parodontales. On retrouve encore une fois chez ces sujets une cause fréquente de consommation de minéraux, en plus du mode tuberculinique lui-même : le surmenage intellectuel.


            L’autre menace provient de l’insuffisance hépatique. H. BERNARD affirmait avec force que l’enfant tuberculinique est un insuffisant hépatique congénital. Aujourd’hui cette affirmation est plus nuancée et peu d’auteurs en parlent encore. Quoiqu’il en soit, il est certain que le tuberculinique a une tendance à la fragilité de ses fonctions hépatiques. Ce n’est pas par hasard que la quasi totalité des manifestations tuberculiniques à tous les niveaux soient caractérisées par une tendance hémorragique, ce qui explique par similitude les nombreuses indications de PHOSPHORUS, toxique redoutable du foie ou de médicaments à base de phosphore. La première conséquence de l’insuffisance hépatique est la congestion veineuse. Or celle-ci est encore renforcée par le mode tuberculinique car les déchets résultant des destructions cellulaires encombrent la circulation de retour. Ainsi il y a conjonction de deux mécanismes pour produire ou aggraver la congestion veineuse : la tendance naturelle à l’insuffisance hépatique des sujets tuberculiniques et les conséquences de la mise en œuvre du mode tuberculinique. Et on peut même ajouter une troisième mécanisme = les agressions acquises du foie soit par intoxications ou infections comme l’hépatite virale dont rend compte encore une fois PHOSPHORUS dans de nombreux cas, soit par des erreurs hygiéno-diététiques dont l’alcoolisme ou des excès d’aliments salés ou de graisses, ou encore de boissons acides.


            La congestion veineuse s’exprime à différents niveaux dont la gencive et le parodonte, expliquant ainsi les si fréquentes gingivorragies qui accompagnent les diverses formes de gingivites ou qui peuvent même constituer un premier symptôme qui alerte le patient et qui motive souvent la consultation.


            Un autre point mérite un commentaire. Chez l’adolescent, la croissance arrive à son terme progressivement. Aussi est-il normal que la tendance oxygénoïde tende à se ralentir elle aussi. Les besoins en minéraux de l’adolescent restent encore importants, surtout chez les intellectuels durant la période des examens ou concours, ce qui est aussi le cas chez l’adulte. Mais  ces besoins diminuent tout de même. Les médicaments cités plus haut car très utiles chez l’enfant gardent  toujours des indications, mais celles-ci sont un peu différentes.



En résumé :


            Citons R. ZISSU et M. GUILLAUME : « L’adulte tuberculinique est un cyclothymique, fatigable, irritable, agité et anxieux, amaigri et instable thermique, déminéralisé et constipé, il fera des maladies fébriles et spasmodiques avec dénutrition accentuant son amaigrissement et électivité respiratoire, digestive et nerveuse, le tout accompagné à des degrés divers d’insuffisance hépatique et d’hypersensibilité nerveuse ».

LES MEDICAMENTS DE FOND

DE L’ADULTE TUBERCULINIQUE

POUR LES TROUBLES BUCCO-DENTAIRES

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