CONCEPTION HOMEOPATHIQUE DE
LA PREVENTION DE LA CARIE DENTAIRE
Le problème de la carie dentaire revient d'une manière récurrente dans nos cours et ce n'est que logique car nous y sommes confrontés tous les jours. Cette maladie infectieuse se maintient toujours en tête des maladies qui accablent l'humanité, malgré des progrès incontestables dans la prévention. Les dépistages systématiques dans les écoles, associés à des mesures diverses comme l'utilisation du fluor sous différentes formes sont couronnés de succès. Mais nous sommes toujours dans l'attente d'un vaccin que les journaux annoncent à grands titres régulièrement, notamment dans des périodes où l'actualité se trouve dépourvue de sujets plus sensationnels.
Depuis Pierre FAUCHARD qui croyait que la carie était due à un ver au mécanisme infectieux aujourd'hui universellement accepté, il y a eu des explications multiples. Et les connaissances actuelles ne sont pas définitives, car restent encore beaucoup de questions en attente de réponses. Il y a encore une trentaine d'années, on décrivait dans nos facultés plusieurs théories étiopathogéniques faisant appel soit à des facteurs externes, soit internes, soit mixtes. On a trop tendance actuellement à privilégier la théorie externe = la plaque dentaire et ses colonies bactériennes, les sucres d'origine alimentaire qui stagnent à la surface de la dent. Leur hydrolyse par les enzymes bactériens entraîne la production d'un acide qui détruit les tissus durs. La stratégie préventive en découle = brossage régulier pour éliminer la plaque dentaire, diminution ou suppression des sucres de l'alimentation, apport de fluor soit par voie générale pour optimiser la minéralisation, soit par voie externe pour "renforcer" l'émail ou pour perturber le métabolisme des bactéries.
On peut lire dans l'Information dentaire (volume 81 - n°2 du 2 au 13 janvier 1999) une étude passionnante sur "La prévention de la carie dentaire: certitudes et perspectives" (Dr Y. HAIKEL). Partant de la constatation du déclin de la carie dentaire chez les jeunes âgés de 20 à 25 ans, un questionnaire a été envoyé à 52 experts internationaux pour leur demander leur avis sur les causes de cette baisse de la carie. Or, la majorité de ces experts attribuent ce succès au fluor des dentifrices. Ils ajoutent qu'aucune corrélation n'a pu être établie avec certitude entre la quantité de plaque et la carie ! Mieux: "Personne à l'heure actuelle ne peut affirmer avec certitude que le brossage des dents réduit la carie dentaire" !!! Une autre constatation: "la réduction de la carie de ces trois dernières décennies coïncide avec l'augmentation exponentielle de l'usage des antibiotiques", pourtant ce facteur n'est pas retenu par les experts, qui observent en plus la même diminution de la carie au Japon, alors que dans ce pays l'usage du fluor reste limité. Et donc, conclusion provisoire: "Le facteur influant le plus plausible est la diminution de la consommation des sucres pendant cette même période". Comme cela est précisé en conclusion de cet excellent article: ce qu'il faut retenir:
Les populations à risques sont identifiées par les enquêtes épidémiologiques alors que la susceptibilité individuelle à la carie est identifiée uniquement par le diagnostic interceptif du praticien (Caries Risk test, Vivadent).
Le traitement étiopathogénique individuel des patients à haut risque fait appel à des traitements qui combinent le scellement des puits et sillons dentaires (Heliosal, Vivadent), l'application périodique d'un vernis fluoré (Fluor protector, Vivadent), d'un vernis à la chlorhexidine (Cervitec, Vivadent) et l'instruction à l'hygiène bucco-dentaire et alimentaire.
Les travaux de recherche sur l'utilisation des polymères surfaçants et à relargage progressif de faibles quantités de fluor amorcent une ère nouvelle dans la prévention de la carie dentaire pour les prochaines décennies.
Les perspectives d'implantation d'une flore buccale génétiquement modifiée ou des inhibiteurs compétitifs de l'adhésion bactérienne sont encore au stade expérimental.
En homéopathie, la conception des modes réactionnels permet de déterminer les patients à risque cariogène = les sujets réagissant sur les modes tuberculinique et luétique. Certes, tout est empirique dans cette approche. Il serait intéressant d'entreprendre une enquête clinique avec les tests de Vivadent.
De plus, il faut constater que rares sont les auteurs contemporains qui continuent de mettre en cause les maladies générales, en dehors de quelques troubles comme le rachitisme ou les dysthyroïdies.
Pourtant, les homéopathes ont été sans doute les premiers à incriminer le rôle des maladies infectieuses de l'enfance. Notamment, Bertrand de Névrezé (1877-1951) a été, à notre connaissance, le premier à le faire. C'était un médecin, un stomatologiste, un professeur d'orthodontie à Paris, que nombre de nos aînés ont connu, car il est mort en 1951. Ses travaux sur la morphologie dentaire et maxillaire sont connus = les dents carboniques, phosphoriques et fluoriques. Personnellement, au cours de nos études entre 1962 et 1967 à l'Ecole dentaire de Toulouse (les facultés de chirurgie dentaire n'étaient pas encore créées !), nous avons eu des cours sur les travaux de de Névrezé, avec des schémas photocopiés. Mais les enseignants de l'époque se sont bien gardés de nous révéler que cet auteur était un homéopathe éminent et que ses travaux s'inscrivaient dans la conception homéopathique des constitutions minérales d' Antoine NEBEL.
En janvier 1912, Léon VANNIER a créé la revue L'Homéopathie française qui a perduré jusqu'à un passé très récent. Dès le numéro 2 de février 1912 et dans les suivants, on trouve un article de Bertrand de Névrezé intitulé: "Les caries dentaires systématisées". La thèse de cet auteur est de montrer, à partir de nombreuses observations, que certaines maladies de l'enfance pouvaient expliquer des caries survenant bien plus tard, souvent à l'âge adulte. Il cite évidemment la tuberculose, mais aussi la scarlatine et d'autres. Le fil conducteur est que des toxines microbiennes dans l'enfance, jusque vers l'âge de 14 ans, peuvent entraîner des dyscalcifications des dents, avec des lacunes ou des érosions plus ou moins importantes. Certes, la dent ainsi mal minéralisée n'est pas condamnée obligatoirement ou inéluctablement à faire des caries mais à condition que les toxines décalcifiantes soient éliminées. Cependant, il suffit qu'à nouveau elles réapparaissent pour que la carie se développe alors et les "microbes saprophytes buccaux" peuvent y participer. "Ces microbes, nouvelle cause infectieuse, trouvent dans la dent ainsi déminéralisée une proie facile et la détruisent".
On sait que la minéralisation des dents se poursuit sur plusieurs années et qu'il suffit qu'un accident se produise dans le mécanisme pour que la dent garde ensuite des stigmates. En fonction de la localisation des lésions, il est possible de préciser à quel âge les troubles de la minéralisation se sont produits. Bertrand de Névrezé connaissait très bien ce problème. En voici un exemple:
"Il s'agit d'un médecin de 35 ans qui se présente à nous un peu désespéré de la récidive de ses caries qui progressent, malgré la surveillance la plus assidue de son dentiste, malgré les soins journaliers qu'il apporte lui-même à ses dents, malgré aussi un traitement de recalcification générale auquel il s'est soumis. L'examen nous révèle que toutes ses prémolaires sont atteintes de carie plus ou moins profonde et que deux d'entre elles ont été extraites; sa canine inférieure gauche présente également une carie à son collet. Pourquoi cet homme fait-il des carie plutôt qu'un autre; pourquoi ces caries sont-elles localisées aux prémolaires ? Pourquoi récidivent-elles toujours ? Telles sont les questions qui se posent immédiatement à notre esprit.
L'histoire pathologique de notre malade va nous répondre qu'à l'âge de 8 ans, il a présenté une scarlatine très grave ayant profondément touché sa constitution et nous savons que les prémolaires se développent vers l'âge de 8 ans. La scarlatine a profondément troublé la calcification de ces dents, qui de ce fait, sont restées plus prédisposées que les autres à la carie. Quant à la récidive, elle s'explique par la présence de lésions cicatricielles du poumon droit, mais contenant encore des toxines tuberculiniques décalcifiantes".
Antoine NEBEL
(1870-1954)
Léon VANNIER
(1880-19633)
Bertrand de NEVREZE
(1877-1951)
Rappelons que la scarlatine est une maladie streptococcique, et c'est un streptocoque qui est incriminé dans la carie, mais il s'agit sans doute du hasard car il n'y a pas d'explication rationnelle. De Névrezé cite un autre exemple intéressant (entre bien d'autres): celui d'une femme de 30 ans qui avait encore ses incisives centrales de lait inférieures, les définitives étant absentes. A l'âge de 3 ans, elle avait été victime d'une grave intoxication par des vapeurs de teinturerie et par de l'oxyde de carbone, dont elle a subi les conséquences pendant quelques années jusqu'à l'âge de 7 ans. L'auteur conclut à la possibilité de destruction des follicules des deux incisives centrales inférieures.
Mais cependant; il faut donner quelques explications pour mieux comprendre la thèse de de Névrezé. Il n'est pas possible ici de reprendre d'une manière exhaustive l'évolution des conceptions de HAHNEMANN jusqu'à de Névrezé. rappelons seulement qu'HAHNEMANN avait cru que la plupart des maladies n'étaient que l'expression de trois maladies infectieuses chroniques que l'on avait supprimées lors de la première manifestation. Ainsi, selon lui, en supprimant un chancre syphilitique, un écoulement urétral ou une éruption cutanée pruriante (alors considérée comme la gale), on "enferme" la maladie en empêchant son rejet par l'organisme. A cette époque, les microbes étaient certes connus, mais on ignorait leur responsabilité dans les maladies. On pensait donc que leur contagion s'expliquait par l'existence de "miasmes", sorte d'émanations pestilentielles mal définies. Avec les découvertes de PASTEUR et d'autres, on découvre la responsabilité des microbes dans l'éclosion et le développement des maladies dites infectieuses, mais surtout on découvre l'existence de toxines, sécrétées par les microbes. En 1882, Robert KOCH découvre le bacille qui porte son nom, responsable de la tuberculose. Et on constate aussi que certains malades qui semblent pourtant tuberculeux ou qui se trouvent sensibles à cette maladie, ne sont pas porteurs du bacille de Koch. On pense donc logiquement qu'il existe une toxine qui s'apparente à celle du bacille de Koch et que l'on appelle toxine tuberculinique, faute de pouvoir la considérer comme une toxine tuberculeuse et qui conditionne une susceptibilité individuelle ou familiale, un "terrain" particulier que l'on désigne "diathèse tuberculinique", puisqu'il ne s'agit pas de la tuberculose elle-même.
Par ailleurs, Léon VANNIER a eu à soigner Bertrand de NEVREZE avec des tuberculines diluées et sa guérison a conduit ce dernier à devenir homéopathe11 De Névrezé: "Comment je suis devenu homéopathe" - L'Homéopathie française n°1 / 1913. VANNIER se situait dans le sillage d'Antoine NEBEL (1870-1954), auteur éminent de Lausanne qui avait actualisé les conceptions "miasmatiques" de HAHNEMANN en les transformant en "diathèses", c'est-à-dire des prédispositions à certaines maladies, sous l'action de toxines soit microbiennes (tuberculinisme, luétisme ou syphilitique et sycotique ou gonococcique), soit endogènes (psore). Voilà la situation qui domine au début du XX° siècle. C'est l'imprégnation héréditaire de familles qui explique la morphologie et les types constitutionnels = le longiligne ou phosphorique est considéré comme un hérédo-tuberculeux, le dystrophique ou fluorique comme un hérédo-syphilitique, le bréviligne ou carbonique est considéré comme le moins imprégné par les toxines tuberculiniques ou syphilitiques.
Après avoir insisté sur les facteurs décalcifiants, troublant la minéralisation des dents chez l'enfant, de Névrezé consacre quelques articles sur divers facteurs décalcifiants agissant chez l'adulte et perturbant la résistance des odontoblastes aux microbes de la plaque dentaire.
Il classe ces facteurs en trois groupes:
1/ les causes toxi-chimiques:
Il cite dans ce chapitre divers médicaments chimiques utilisés en son temps pour diverses maladies générales et qui pouvaient avoir des effets iatrogènes sur la pulpe et sur les odontoblastes = les acides phosphorique, chlorhydrique, la créosote, le phosphore (caries des ouvriers fabriquant des allumettes par exemple), l'eau bouillie (?), le mercure, etc…
2/ les causes toxiniques:
De Névrezé insiste dans ce chapitre sur la tuberculose, fréquente à son époque. Il explique ainsi de nombreuses caries pouvant survenir dans un temps plus ou moins rapide après une maladie compliquée de tuberculose. Il donne des exemples cliniques. Et il est bien vrai que les tuberculeux sont plus exposés à la carie que les autres. Mais de Névrezé insiste sur le fait que tous les tuberculeux n'ont pas fatalement des caries dentaires, tout dépend de l'âge de l'apparition de la tuberculose. Si celle-ci survient chez un adulte, ses dents sont déjà minéralisées et résistent bien aux facteurs décalcifiants et déminéralisants de cette maladie. "Au contraire, quand la tuberculose infecte l'organisme dans l'enfance, quand surtout, les maladies éruptives atteignent la dent pendant sa calcification, pendant sa période folliculaire, les toxines tuberculiniques produisent sur cette dent faiblement minéralisée, pleine de cavités vacuolaires, des désordres qui se traduisent par les caries que nous avons appelées systématisées; ces caries évoluent avec une très grande rapidité, comme si les odontoblastes paralysés par les toxines tuberculiniques, ne pouvaient offrir aucune résistance aux microbes de la carie". Cet auteur rapporte également des observations cliniques montrant les effets iatrogènes du sérum de Marmorek, utilisé par les classiques à doses trop fortes, entraînant une déminéralisation générale et des caries multiples.
3/ les causes auto-toxiniques:
De Névrezé décrit dans ce chapitre les facteurs d'auto-intoxication que l'on appelle le mode réactionnel psorique. La gencive participe à l'évidence à l'élimination des déchets métaboliques qui résultent d'une hygiène de vie inadaptée et les pathologie à son niveau font partie des troubles de l'élimination, au même titre que les éruptions cutanées, les inflammations des muqueuses ou des séreuses. Il note la fréquence des caries du collet, qu'il attribue à la production d'une sécrétion acide par la gencive au niveau du sillon gingivo-dentaire (le fluide gingival ?). Ses explications s'appuient sur des observations cliniques. Il propose une liste de médicaments impliqués dans les caries du collet: THUYA, LACHESIS, MEZEREUM, STAPHYSAGRIA, NITRI ACID., et IODUM.
En conclusion de ses articles, Bertrand de Névrezé affirme: " Cette théorie élargit beaucoup le champ d'action du dentiste, puisque nous voyons que la carie de causes générales n'est pas qu'un épiphénomène au cours d'une déminéralisation de l'organisme, presque toujours de cause toxique ou toxinique…. A côté d'une chirurgie dentaire qui ne peut être que réparatrice, nous voyons la place plus importante d'une médecine dentaire qui est prophylactique et immunisatrice. Ainsi que WRIGHT, le célèbre inventeur des vaccins, l'a dit du médecin moderne, le dentiste de l'avenir sera un médecin immunisateur".
On était alors en 1912 et l'immunologie était encore balbutiante.
Bien entendu, les affirmations de de Névrezé doivent être passées au crible des données actuelles. Il faut tout de même constater que les officiels focalisent leur stratégie de la prévention de la carie dentaire presqu'exclusivement sur le fluor local ou général et sur le brossage complété par la diminution des sucres. Mais cette stratégie évolue actuellement.
Odontoblastes vus au microscope électronique après coloration. Ces cellules sont présentes dans la pulpe de la dent et leurs prolongements atteignent la jonction dentie/émail. Leur rôle est la "fabrication" de la dentine.
Plaque dentaire
colorée sur la photo de droite
LES PRINCIPAUX MEDICAMENTS HOMEOPATHIQUES
DE LA CARIE DENTAIRE
Une première remarque s'impose d'emblée = la carie dentaire n'est pas un symptôme d'observation pathogénétique. Une telle expérimentation se réalise sur quelques jours ou quelques semaines, délai trop court pour laisser apparaître une carie. C'est donc l'observation clinique qui a permis de dresser la liste que l'on trouve dans le Répertoire de KENT, qui laisse tout de même perplexe car se retrouvent côte à côte des médicaments d'action profonde et d'autres d'action ponctuelle et courte, comme Aconit. De plus, CALCAREA FLUORICA n'est pas cité ! ce qui est tout de même très étrange, mais il l'est au degré moyen à "Email déficient"!
CONDUITE DU CHIRURGIEN-DENTISTE HOMÉOPATHE
FACE AU PROBLÈME DE LA CARIE DENTAIRE
Il semble évident que deux attitudes soient logiques face au problème de la carie = d'abord le cas le plus fréquent : le patient vient consulter avec des caries - puis le cas moins fréquent mais plus satisfaisant pour l'esprit : la demande d'une prévention individualisée par des parents consciencieux.
Il faut préciser que face à une carie banale, nous n'avons rien de particulier à proposer sur le plan homéopathique. Mais en présence d'un patient qui n'était pas atteint de carie et qui en présente plusieurs depuis quelques mois, il est logique de se poser la question de savoir quelles peuvent être les raisons qui les expliquent, surtout si le patient n'a rien changé dans ses habitudes alimentaires ou hygiéniques. Par exemple, on peut voir apparaître des caries, surtout des faces proximales des incisives, chez des adolescents longilignes jusque-là exempts. On peut être frappé par la rapidité de l'évolution. Il y a une grande probabilité que le médicament soit NATRUM MURIATICUM. On peut se contenter de réaliser les soins indispensables. Mais n'est-il pas logique d'imaginer que le traitement des seules conséquences soit insuffisant pour prévenir les récidives ou simplement l'évolution du processus ? Deux causes fréquentes expliquent souvent la décompensation chez ces sujets = la déception sentimentale, fréquente à tous âges, mais intériorisée profondément par ces sujets fragiles sur le plan psychique et le surmenage intellectuel, habituel chez les étudiants. Comment expliquer cette décompensation et surtout la somatisation au niveau des dents ? Nous n'avons aucune réponse. Mais l'expérience montre l'efficacité de la prise de ce médicament à la dilution convenable et le temps nécessaire. Et nous avons tous vu des cas non traités par homéopathie qui continue le développement de caries nouvelles. Il ne s'agit là que d'arguments cliniques qui ne reposent sur aucune preuve au sens scientifique.
Nous proposons dans ce qui suit deux chapitres = d'abord la prévention au sens homéopathique, ensuite l'accompagnement homéopathique des patients ayant des caries inhabituelles.
D'abord quelques rappels conceptuels à l'intention des nouveaux. L'homéopathie repose fondamentalement sur une conception globale du malade, ce qui signifie que ce dernier est considéré selon toutes les composantes psycho-somatiques ou somato-psychiques de sa personnalité, en tenant compte également de son héritage génétique et de son environnement au sens le plus large. Aussi, dans le cadre général que représente un organisme, la bouche et la dent ne peuvent être comprises que comme un élément parmi d'autres, intégré obligatoirement dans l'économie générale de l'organisme.
Cette conception holistique ne découle pas d'un a priori théorique ou philosophique, mais de l'expérimentation des substances médicamenteuses chez des volontaires en équilibre de santé et sensibles à la posologie usitée. L'expérimentation fait surgir un ensemble de symptômes, concernant tous les secteurs de l'organisme, notamment pour les substances les plus actives. Le corollaire impose en clinique de retrouver tous ces symptômes, à tous les niveaux. Le médicament indiqué ainsi par la similitude la plus étendue des symptômes devient ainsi LE médicament "semblable" ou encore appelé simillimum. Ainsi, en présence d'un malade et quelle que soit l'affection à traiter, le praticien homéopathe est-il contraint de résoudre l'équation de la similitude, c'est-à-dire retrouver parmi toutes les substances expérimentées (Matière Médicale), CELLE qui regroupe la totalité des symptômes de ce malade, ou du moins le plus grand nombre. C'est ce que les homéopathes appellent l'individualisation de la prescription.
On mesure la difficulté d'une telle démarche: la Matière Médicale comprend plusieurs centaines de médicaments. Aussi la pratique de l'homéopathie exige-t-elle beaucoup d'efforts, de la persévérance et de l'opiniâtreté, ainsi qu'un minimum de méthode. Cela rend vain les prétentions de ceux qui offrent abusivement une formation en quelques jours, moyennant des frais d'inscription substantiels. Comme si l'on pouvait maîtriser l'implantologie ou l'orthodontie après un stage de 3 jours! Comme si l'on proposait à un pianiste juste débutant d'exécuter un prélude de CHOPIN après trois jours d'enseignement !
Le rôle de l'observation clinique consiste à relever les symptômes du patient. Cette démarche est commune à toutes formes de médecine, classique ou homéopathique. Après le diagnostic, le choix thérapeutique est déterminé. Lorsque l'homéopathie apparaît comme pouvant répondre à la demande, il reste à résoudre la fameuse équation de la similitude. Mais, dans le cas de la prévention, il n'y a par définition aucun signe pathologique puisque le but est de prévenir. Il y a donc une antinomie apparente entre les prétentions d'une prévention homéopathique et le fondement de la méthode. Pourtant, la prévention est possible avec des médicaments homéopathiques et deux groupes d'arguments étayent cette affirmation:
LA PREVENTION
"AU SENS HOMEOPATHIQUE"
1/ Lorsqu'on réalise la pathogénésie d'une substance active (expérimentation sur l'homme en équilibre de santé), les sujets qui se révèlent sensibles développent des symptômes de nature variée: depuis des signes discrets, essentiellement fonctionnels et donc réversibles, jusqu'à des symptômes beaucoup plus graves. Pour des raisons évidentes, la pathogénésie est complétée par des données toxicologiques qui précisent les symptômes lésionnels irréversibles. Si l'on peut mettre en évidence l'indication d'un médicament à partir des signes fonctionnels réversibles, il est possible de prévenir les symptômes lésionnels irréversibles (et donc hors de portée de l'action homéopathique) que la Matière Médicale précise. Dans ce cas, on ne peut pas encore parler de "prévention", mais seulement de traitement précoce.
2/ Au cours de l'expérimentation pathogénétique et en raison des faibles doses utilisées, tous les volontaires ne réagissent pas. Mais ceux qui réagissent ont quelque chose en commun: soit une même morphologie, soit le même comportement, soit les deux. C'est ce que l'on appelle le type sensible du médicament.
Il est évident que les substances les plus actives présentent le type sensible le plus significatif. Par exemple, le phosphore joue un rôle éminent dans tous les métabolismes du fait de sa présence dans tous les noyaux cellulaires et notamment dans les tissus osseux et dentaires. Mais le phosphore est également un toxique puissant. Le rôle métabolique du phosphore est tel que les morphologistes ont décrit un biotype "phosphorique" caractérisé par un développement en longueur: sujet de grande taille, généralement maigre ou mince, au thorax étroit, facilement voûté. Les homéopathes ont complété ce tableau par des signes de comportement: frilosité mais besoin d'air frais, aggravation par la chaleur confinée, cyclothymie (vite exalté et vite déprimé), émotifs, actif et vite fatigué, etc...En clinique, en présence d'un sujet répondant à cet ensemble de signes, la probabilité est grande qu'un médicament comportant du phosphore soit indiqué: PHOSPHORUS, KALI PHOSPHORICUM, NATRUM PHOSPHORICUM, PHOSPHORIC ACID., etc...Mais par ailleurs, le phosphore est toxique pour tous les sujets, quel que soit leur biotype. Aussi, certaines indications de PHOSPHORUS peuvent concerner n'importe qui: syndrome hémorragique par exemple en pathologie aiguë. D'autres indications, reposant sur la similitude de l'action métabolique répondent à des troubles chroniques chez de sujets répondant au type sensible décrit.
Ainsi, en présence d'un sujet que l'on découvre au tout début de la consultation, qui répond au type sensible d'un médicament dont on sait par sa Matière Médicale, qu'il peut être indiqué dans certains troubles précis, comme par exemple la carie dentaire, il est logique de penser à ce médicament, puis d'en rechercher les signes, par exemple des caries dentaires. Si celles-ci sont déjà présentes, la prescription ne pourra qu'accompagner leur traitement pour consolider le résultat et pour prévenir éventuellement l'apparition d'autres lésions. Si elles sont absentes, comme l'on sait qu'elles sont contenues dans la Matière Médicale de ce médicament, sa prescription peut les prévenir.
De plus, on connaît le rôle métabolique des sels de calcium dans le développement du squelette et plus particulièrement des différents tissus dentaires. Que survienne un trouble de leur métabolisme durant la période de l'odontogenèse, par exemple une carence d'apport ou un défaut d'absorption, la minéralisation des tissus dentaires s'en trouve perturbée et l'on sait leur caractère définitif. Or l'expérience clinique montre qu'en donnant durant cette période l'un ou plusieurs de ces sels, en dilutions, on favorise une meilleure minéralisation des tissus concernés. Allant encore un peu plus en avant, l'expérience clinique a montré que la prédominance de l'un de ces sels est à l'origine du développement d'un type morphologique particulier, répondant et définissant pour chaque sel un ensemble caractéristique: morphologique, comportemental, plus un certain nombre de prédispositions à certaines pathologies, dont la carie dentaire. Plusieurs générations d'étudiants en chirurgie dentaire ont appris à distinguer les dents "carboniques", "phosphoriques" ou "fluoriques", sans savoir toujours que ces descriptions sont dues à un stomatologiste homéopathe, Bertrand de NEVREZE, dont les travaux remontent au début de ce siècle, à la suite de ceux d'un médecin homéopathe suisse, Antoine NEBEL, auteur d'une conception de trois constitutions minérales. On peut même mesurer l'influence des thèses de B. de Névrezé car elles sont encore décrites dans la revue non homéopathique: "La Pratique dentaire" (volume 1-1985-n°1-p.23).
Pour en venir maintenant au problème de la prévention de la carie dentaire chez l'enfant, cette étude est volontairement limitée à trois médicaments, le phosphate de calcium, le carbonate de calcium et le fluorure de calcium. Mais la Matière Médicale est bien plus riche d'autres médicaments concernés par la carie: les remèdes à base de magnésium, ou d'autres minéraux important comme la silice. Pour les trois médicaments étudiés ici, le même plan est suivi en séparant bien des notions distinctes:
1/ LE BIOTYPE:
Chaque individu est défini par un ensemble de signes morphologiques, psychiques et physiopathologiques, dépendant de l'action complexe de facteurs métaboliques, hormonaux, humoraux, voire héréditaires, dont l'étude constitue la base de la biotypologie, science humaine de l'Homme considéré comme une espèce animale parmi d'autres, en tout cas indépendante de l'homéopathie.
2/ LE TYPE SENSIBLE D'UN MEDICAMENT:
Cette notion découle directement de l'expérimentation pathogénétique et appartient en propre à l'homéopathie. Il est évident qu'une substance intervenant directement dans le métabolisme osseux aura un type sensible caractérisé par des signes morphologiques. Une substance végétale étrangère à l'organisme n'aura pas de signes morphologiques, mais essentiellement des signes de comportement liés à son action plus ou moins toxique ou ponctuelle sur un appareil préférentiel. Cependant les signes du type sensible d'un médicament ne sont pas suffisants pour le choix du médicament: toutes les substances minérales comprenant du phosphore se montrent plus actives chez des sujets longilignes. Donc le même type sensible répond à plusieurs substances, exceptionnellement, voire jamais à une seule substance.
3/ LA PATHOGENESIE ET LA MATIERE MEDICALE:
La pathogénésie rassemble les signes révélés par l'expérimentation pathogénétique, démarche typiquement homéopathique, complétée ensuite par des données toxicologiques puis par l'expérience clinique des praticiens (par exemple les circonstances étiologiques = à la suite de quoi les signes pathogénétiques sont-ils apparus chez le patient ?). Ce sont sur les signes de la Matière Médicale que doit reposer exclusivement le choix du remède semblable, et sur eux seuls.
DE LA PATHOGENESIE A LA MATIERE MEDICALE
DE LA MATIERE MEDICALE A LA CLINIQUE
Il est évident qu'en présence de chaque patient, les règles d'hygiène doivent être rappelées systématiquement, avec souvent un contrôle de plaque. Lorsqu'on connaît les habitudes des Français sur ce point, il est utile d'insister toujours et toujours sur la nécessité d'un brossage efficace.
Pour ce qui concerne la prévention, l'idéal serait un traitement eugénique, c'est-à-dire durant la grossesse, et au tout début de celle-ci, surtout chez les parents à risques, essentiellement ceux réagissant sur les modes tuberculinique et luétique, sujets à risques par excellence pour ce qui concerne, entre autres, les perturbations de la minéralisation. Mais il s'agit là d'un autre problème, qui exige une étroite collaboration avec le médecin traitant, car les risques ne sont pas situés exclusivement sur les tissus dentaires.
Dans l'immense majorité des cas, lorsqu'un enfant est conduit à la consultation du chirurgien-dentiste, c'est parce qu'il souffre ou qu'il présente un abcès. Heureusement depuis quelques années, on constate une attention particulière des jeunes mamans qui ont compris la nécessité d'un traitement vraiment préventif, avant l'apparition des premières caries. C'est là un signe d'encouragement. Mais lorsqu'il y a déjà une lésion carieuse, l'attitude du praticien dépend de l'âge du jeune patient: plus l'enfant est jeune, plus il est nécessaire de proposer une prévention afin de favoriser une bonne minéralisation de ses dents, dès le départ, car sur ce plan, tout se joue très tôt. A 12 ou 13 ans, les dents sont déjà presque complètement minéralisées. Alors, en supposant qu'un jeune enfant est conduit à la consultation, soit avec déjà une lésion carieuse, soit avec une denture indemne, le problème, pour le praticien, est de déterminer le remède de fond, alors que les signes sont forcément discrets, sauf exception. Il convient de procéder à une observation minutieuse des antécédents personnels et familiaux, afin de mettre en évidence le ou les modes réactionnels généraux. Ensuite, les éléments du type sensible donnent parfois une indication ou une orientation.
Parmi les médicaments les plus souvent indiqués dans la prévention de la carie dentaire, les sels de calcium, parce qu'ils participent directement et massivement dans les processus de minéralisation osseuse et dentaire, jouent un rôle primordial dans les conditions d'une bonne minéralisation, lorsqu'ils sont donnés en dilutions convenables: CALCAREA PHOSPHORICA CALCAREA CARBONICA et CALCAREA FLUORICA. Ces médicaments ne sont pas les seuls, mais figurent en tête de liste.
CALCAREA PHOSPHORICA
Le phosphate de calcium est le sel le plus important par sa quantité (environ 85%) dans la dentine, cela explique sans doute les caries globales et souvent importantes.
1/ LE BIOTYPE "LONGILIGNE":
La première caractéristique morphologique est évidente: sujet se développant en longueur, au détriment de la largeur, ce qui lui donne une silhouette élancée: sujet grand mais mince, voire maigre, aux muscles allongés et aux ligaments articulaires souples. Le crâne est généralement dolichocéphale, avec un étage cérébral plus large que l'étage inférieur (d'où une forme triangulaire à pointe inférieure). Longueur et hyperlaxité ligamentaire expliquent une tendance à se tenir voûté et prédisposent aux malformations ou déformations de la colonne vertébrale.
Le nourrisson, bien que son type morphologique ne soit pas encore marqué, est malgré tout déjà allongé, grand et mince, parfois un peu potelé. C'est un bébé qui manifeste très tôt des signes d'intelligence et d'affection. Mais il est facilement énervé, agité, pleure souvent (surtout lorsqu'il est sale), demande ses biberons avant l'heure, qu'il avale avec appétit. Il est rarement constipé et présente au contraire une tendance à la diarrhée ou au moins des selles molles, liquides, avec beaucoup de gaz.
L'enfant grandit trop vite, par poussées et se tient voûté. L'appétit est souvent variable: boulimie, ou inappétence aux moments de se mettre à table malgré des fringales en dehors des repas. Les troubles digestifs sont fréquents avec une tendance à la constipation et le plus souvent des diarrhées. Le travail scolaire est irrégulier. La fatigabilité est une caractéristique: malgré une intelligence vive et précoce, l'enfant devient vite inattentif et négligent en raison d'une fatigue rapide. Hypersensible et émotif, il supporte mal les remontrances et tend à la solitude ou se réfugie dans le mensonge avec une imagination féconde, avec une grande facilité pour les pleurs. Enfant affectueux, il exige sans toujours l'exprimer des marques d'affection ou de sympathie, supporte mal l'indifférence (réelle ou supposée). Très tôt tracassé par la sexualité, il se complait dans les pratiques onaniques. Le surmenage scolaire est mal vécu: amaigrissement, pâleur, céphalées, insomnie, irritabilité.
Les prédispositions de ce biotype:
En phase de sthénicité, plus ou moins durable selon les conditions de vie, l'enfant présente des signes semblables à ceux de l'hyperthyroïdie avec sympathicotonie et plus tard une puberté précoce. En phase asthénique, survenant rapidement en cas de surmenage, physique et surtout intellectuel, l'enfant présente une vagotonie d'épuisement avec hyposurrénalisme, expliquant l'asthénie, la fatigabilité avec pâleur par anémie, amaigrissement, constipation, etc...
Les grandes tendances pathologiques s'expriment plus ou moins précocement: amaigrissement à la moindre occasion, frilosité excessive avec tendance aux infections respiratoires (rhumes, rhino-pharyngites évoluant vers des bronchites), congestion veineuse périphérique, poussées thermiques souvent sine materia suivies de poussées de croissance, convalescences souvent pénibles avec anémie, anorexie, insomnie.
2/ LE TYPE SENSIBLE DE "CALCAREA PHOSPHORICA":
L'enfant répondant au type sensible de CALCAREA PHOSPHORICA présente tous les signes du biotype longiligne sus-décrit. Mais ces signes sont communs aux types sensibles de pratiquement tous les médicaments au radical "phosphore". CALCAREA PHOSPHORICA convient à un enfant qui grandit trop vite et les périodes de croissance sont les moments de choix de la prescription de ce médicament. Pendant ces périodes, il est fréquent de constater des douleurs osseuses dites de "croissance", avec persistance des cartilages de conjugaison, douleurs épiphysaires, le tout avec pâleur et asthénie. C'est également un enfant nerveux, agité, et qui malgré sa frilosité et sa sensibilité au froid, se plaint d'avoir trop chaud et a besoin d'air frais (grand besoin d'oxygène pour assurer ses oxydations augmentées).
Commentaire
d'Aalin HORVILLEUR
3/ LE MEDICAMENT "CALCAREA PHOSPHORICA":
Le phosphate de calcium est un élément très important de l'organisme. On le retrouve dans le sang, les tissus osseux et dentaires, dans pratiquement tous les éléments du système nerveux. En cas de perturbations de son métabolisme, il en résulte de nombreux troubles: troubles de l'ossification, de la dentition, de la dentinogenèse, de la nutrition en général, une décalcification, une anémie, en engorgement des ganglions lymphatiques, une fatigabilité importante, associée à une hypersensibilité nerveuse.
En clinique, les indications de CALCAREA PHOSPHORICA découlent de son action générale: troubles de la croissance et de la dentition, adénopathies lympho-ganglionnaires, troubles respiratoires (parfois graves comme la tuberculose), troubles résultant du surmenage intellectuel, etc...
L'enfant CALCAREA PHOSPHORICA est essentiellement un oxygénoïde. Cela signifie qu'il réagit volontiers aux agressions microbiennes ou virales (auxquelles il est exposé par sa frilosité) par la mise en oeuvre du mode réactionnel tuberculinique, dont l'une des caractéristiques est l'augmentation rapide des oxydations métaboliques. Ce qui explique de nombreux signes: besoin d'air frais avec dégagement de chaleur (a souvent chaud malgré sa frilosité - poussées thermiques), déminéralisation cellulaire avec destruction des cellules qui forment des déchets métaboliques encombrant la circulation sanguine (congestion veineuse périphérique), tendance aux inflammations des séreuses et des muqueuses, déshydratation et amaigrissement, anémie et asthénie physique et psychique. Et surtout: le mode tuberculinique entraîne une consommation accrue de minéraux. Ou bien, l'alimentation les apporte et l'enfant reste en équilibre. Ou bien les minéraux manquent, soit par défaut d'apport, soit par défaut d'absorption intestinale, et alors les carences se manifestent: rachitisme réversible, troubles de la minéralisation des dents irréversibles. Ce dernier point explique la susceptibilité des dents mal minéralisées aux facteurs cariogènes, et donc les caries souvent précoces, souvent globales, sans fatalité.
De plus, cet enfant présente généralement, du fait de sa morphologie, un thorax étroit, peu développé. Or il doit faire face à de gros besoins en oxygène pour ses oxydations, ce qui explique la fragilité de l'appareil respiratoire et sa pathologie fréquente et parfois grave. Enfin, le fonctionnement cérébral consomme beaucoup de minéraux, expliquant la fatigabilité de l'élève ou de l'étudiant, ou de tout travailleur intellectuel.
CALCAREA PHOSPHORICA chez son dentiste:
Le nourrisson a généralement bon appétit, pleure pour avoir ses biberons avant l'heure. Et pourtant, il reste maigre et maigrit à la moindre occasion. Ensuite et d'emblée, il a tendance à l'insuffisance hépatique, notion niée en médecine classique mais pourtant avancée par les homéopathes pour expliquer de nombreux troubles digestifs et autres (comme les allergies): fréquence des inflammations intestinales avec diarrhée, colites, ce qui entraîne des carences d'absorption des minéraux.
La dentition est souvent retardée et l'éruption des dents provoquent parfois des incidents nerveux (agitation, pleurs, caprices, insomnie...= CHAMOMILLA) et surtout digestifs, avec des diarrhées, colites flatulentes, selles aqueuses, verdâtres, éclaboussantes...= PODOPHYLLUM, CHAMOMILLA, ARGENTUM NITRICUM...). Si le chirurgien-dentiste n'est qu'exceptionnellement consulté en cette occasion, il doit savoir que les troubles minéraux peuvent laisser des lésions irréversibles au niveau des dents en cours d'odontogenèse. D'où son rôle d'information des parents.
L'enfant plus grand, de 4 à 10 ans par exemple, reste maigre, maigrit à la moindre occasion (maladies, troubles affectifs, surmenage scolaire...), se fatigue vite (en cas de travail intellectuel, efforts physiques avec essoufflement rapide, points de côté...), présente une tendance à la pâleur, à l'anémie, aux céphalées, aux troubles de la croissance (scoliose, cyphose, entorses...). Toutes ces périodes sont critiques au point de vue minéralisation des dents. D'où la fréquence des caries dentaires, malgré une hygiène buccale souvent convenable.
CALCAREA PHOSPHORICA offre un double avantage: meilleure minéralisation s'il est donné en temps utile, donc chez le tout jeune enfant, rôle curatif en cas de troubles, surtout digestifs, mais également respiratoires. En accord ou en collaboration avec le médecin traitant, il est utile de donner: CALCAREA PHOSPHORICA 3X ou 6X trituration, deux mesures à sec sur la langue avant chaque repas et CALCAREA PHOSPHORICA 7 ou 9 ou 15 CH (selon les troubles présents), une à deux fois par semaine. Ce traitement doit être renouvelé de temps en temps, notamment dans les périodes de surmenage scolaire (troisième mois du trimestre par exemple).
Un complémentaire fréquent très utile = SILICEA.
C'est le médicament homéopathique le plus important du rachitisme qui doit être associé presque systématiquement chaque fois que cette maladie menace la minéralisation des dents. Il en sera question plus loin.
suite