LYCOPODIUM
Bien que végétal, ce médicament a une action très profonde sur l'organisme, tout d'abord en raison de son tropisme pour le foie dont il perturbe progressivement toute les fonctions (métabolisme de l'acide urique, de l'urée, du cholestérol), puis du fait de son action sur le rein, sur l'appareil génital et enfin sur les émonctoires comme la peau et les muqueuses, sans oublier bien sûr ses conséquences sur le psychisme>.
1/ Les signes bucco-dentaires:
Gencives enflées et douloureuses, dents très sensibles, pyorrhée. (VANNIER et POIRIER).
Herpès croûteux et pruriant aux commissures labiales.
Mauvaise haleine le matin principalement.
Sécheresse de la bouche et de la langue (sans soif - signe inconstant) ... Langue sèche, noirâtre, crevassée, cloques ou aphtes sur la langue. Dents jaunâtres, sensibles au toucher; mal de dents avec enflure de la joue, soulagé par les applications chaudes.
KENT ne signale dans sa Matière Médicale qu'un gonflement des parotides ou des sous-maxillaires, avec tendance à la suppuration.
2/ Le contexte général et commentaires:
LYCOPODIUM est encore un exemple de médicament ayant des signes pathogénétiques bucco-dentaires banals et un usage clinique très important en pratique stomatologique.
Le point d'impact principal de LYCOPODIUM est le foie, la cellule hépatique et les troubles apparaissent progressivement, allant d'une simple surcharge hépato-digestive à une véritable atteinte lésionnelle du foie. Aussi est-il normal de décrire plusieurs tableaux de LYCOPODIUM, selon le stade évolutif. Et la muqueuse buccale ne fait que refléter l'atteinte générale.
Dans un premier temps, le patient type LYCOPODIUM vient consulter soit pour une éruption d'herpès au coin des lèvres, soit pour une aphtose buccale, soit pour une gingivite érythémateuse banale, mais récidivante, périodique. Ces troubles s'accompagnent souvent d'une sensation de sécheresse buccale ou d'une mauvaise haleine matinale. L'interrogatoire met souvent en évidence un mode de vie sédentaire, quelques troubles digestifs à type de dyspepsie flatulente.
Dans un deuxième temps, le patient vient consulter toujours pour les mêmes raisons, mais les troubles semblent plus tenaces. L'herpès croûteux des commissures revient plus souvent, la gingivite est devenue ulcéreuse, la gingivorragie est apparue, il peut y avoir des poussées de vésicules brûlantes dans la bouche ou sur la langue. Des caries sont apparues, alors que ce patient en avait peu jusque-là. Les troubles digestifs sont plus importants et plus fréquents. La dyspepsie flatulente est plus manifeste: ballonnement aussitôt après le repas, mais bien plus importante entre 16h et 20h (en fait en fin d'après-midi). La constipation, épisodique depuis des mois, devient plus gênante avec des faux besoins urgents et inefficaces. Des poussées d'hémorroïdes entraînent des douleurs, du saignement, de la mauvaise humeur (tous signes qui rappellent Nux vomica). Des maux de tête perturbent la vie, améliorés en mangeant. Ce patient avoue toujours un appétit franc, mais est vite rassasié, comme si les premières bouchées lui coupaient l'appétit: il est toujours attiré par les sucreries. La somnolence postprandiale devient gênante parce qu'il n'a pas le temps de faire une sieste, ce qui l'énerve. D'ailleurs tout l'énerve, il est rapidement irrité, a une attitude cassante ou méprisante avec sa secrétaire et avec ses subordonnés. Tous ces signes sont très proches de NUX VOMICA, mais les modalités générales les distinguent souvent. LYCOPODIUM a une latéralité droite dominante.
TROUBLES HEPATIQUES (suite et fin)
Commentaire
d'Alain HORVILLEUR
Dans un troisième temps, le patient a beaucoup changé, et d'abord physiquement. Il a maigri, sauf du ventre. Il a vieilli, il semble fatigué, émacié, il a perdu sa chaleur vitale habituelle, mais garde un regard vif et pénétrant. Les troubles buccaux sont beaucoup plus graves avec une véritable parodontopathie, une gingivite ulcéreuse, des poches qui suppurent de temps en temps, plusieurs dents sont réellement menacées, surtout celles du bloc antérieur supérieur et inférieur.
L'état général est atteint: 1 'effort intellectuel est devenu difficile, la mémoire baisse, le patient manque de plus en plus de confiance en lui-même. Les examens de laboratoire sont mauvais: augmentation de l'urée, du cholestérol, de l'acide urique, baisse de l'urée urinaire, augmentation des triglycérides, des acides gras, manifestations d'hypertension artérielle, d'athérosclérose, etc ... La peau est devenue sèche, ridée, pruriante, avec des éruptions diverses (eczéma derrière les oreilles, acné, furoncles, naevi, varicosités ... ).
L'explication diathésique est assez simple. LYCOPODIUM est l'un des principaux remèdes du mode réactionnel psorique (l'un des trois antipsoriques avec CALCAREA CARBONICA et SULFUR selon HAHNEMANN). Son indication intervient lorsque la sédentarité et les excès alimentaires ont fini par atteindre la fonction hépatique. Celle-ci est atteinte progressivement avec des périodes de réactions sthéniques au cours desquelles on peut voir l'indication de NUX VOMICA ou de SULFUR (comme remède de fond). Puis l'atteinte hépatique devient plus importante en même temps que les émonctoires tendent à faiblir. LYCOPODIUM est indiqué dès le début, mais encore davantage lorsque les troubles s'aggravent et retentissent sur la nutrition générale.
La bouche ne fait que refléter la dégradation de l'état général ou de ce que l'on appelle la décompensation. Au début, la gingivite représente ou participe aux éliminations typiquement psoriques, c'est-à-dire sthéniques, tapageuses, mais efficaces avec retour à l'état normal rapide et amélioration de l'état général. A ce stade LYCOPODIUM doit être comparé à d'autres remèdes déjà évoqués, mais il faut se rappeler que tous les troubles sont encore réversibles, par un traitement approprié, par un régime alimentaire adapté aux besoins, par une action sur les causes buccales éventuellement.
Lorsque l'atteinte hépatique est plus importante, les troubles généraux et buccaux deviennent plus lésionnels et progressivement moins facilement réversibles, puis irréversibles. LYCOPODIUM peut alors être comparé ou complété par d'autres médicaments: LACHESIS, AURUM METALLICUM, ARSENICUM ALBUM, PHOSPHORUS ... Sans oublier HEPAR SULFUR pour les processus suppurés, notamment les poches parodontales. R. ZISSU signale que lorsque HEPAR SULFUR est donné pour des suppurations chez un sujet LYCOPODIUM, la prise du premier entraîne une diminution de l'azotémie.
La prescription de LYCOPODIUM est souvent délicate, en raison de l'état des émonctoires naturels ou de suppléance. Chez un sujet décompensé, il faut être très prudent et très souvent, le traitement sera confié au médecin, car les troubles dentaires ne sont que la conséquence de l'état général.
Commentaire
d'Alain HORVILLEUR
La femme et la ménopause climatérique:
En dehors de la castration chirurgicale, la ménopause évolue par paliers (ménopause climatérique) , les muqueuse gingivale et buccale présentent différents troubles pathologiques au gré de l'état général. La diminution des hormones sexuelles entraîne une atrophie de 1'épithélium gingival, une involution des acini des principales glandes salivaires, le tout aboutissant à une gingivite érythémato-oedémateuse desquamative avec hyposialie, cette dernière pouvant être à l'origine de douleurs brûlantes. Les répercussions cardio-vasculaires expliquent les gingivorragies. Dans certains cas, les troubles du comportement retentissent sur la pathologie buccale, les douleurs constituent des stomatodynies, et l'inefficacité des traitements chimiques entraîne petit à petit une véritable cancérophobie (THUYA). Enfin, le ralentissement endocrinien peut expliquer l'évolution de la gingivite vers une véritable parodontopathie avec des poches suppurées, alvéolyse, dénudation gingivale, etc ...
On trouve l'ensemble de ces troubles dans la pathogénésie de LACHESIS avec la progressivité dans l'aggravation qui permet une action précoce, avec une évolution classique de SULFUR à LACHESIS, par le biais notamment de la suppression des éliminations que représente la ménopause.
Le choix de LACHESIS est assez facile à mettre en évidence: bouffées de chaleur avec tête chaude, thermophobie (chaleur confinée), céphalées congestives intolérance à toute constriction (col largement ouvert), palpitations violentes avec angoisse, sensations de constriction précordiale, ecchymoses au moindre choc, sommeil perturbé par des cauchemars (manque d'air, morts, d'enterrements dont le sien, ... ). Les troubles du comportement sont explicites. Au cours des périodes de dépression, on constate de la tristesse, de l'abattement, une jalousie excessive, surtout vis-à-vis du conjoint, une peur de la folie, la conviction d'être persécutée. Au cours des périodes d'excitation, on trouve une loquacité extrême avec incohérence, une agitation physique et mentale en fin d'après-midi, le soir, au début de la huit, avec vanité, autoritarisme, manie religieuse, etc ... A cela s'ajoute, très souvent, une "persécution" du praticien qui se trouve, au moment de la consultation, agressé par un débordement de discours, de détails, de réponses aux questions aussi longues et embrouillées que certains discours politiques, puis lorsque la patiente est rentrée chez elle, des persécutions téléphoniques au cours desquelles cette femme donne de nouvelles explications et apportent d'autres précisions sur des symptômes ou des troubles qu'elle a oubliés de décrire lors de la consultation.
LACHESIS couvre toute cette période, parfois au début associé à SULFUR, dès lors qu'il supporte mal les blocages éliminatoires puis par d'autres remèdes selon la symptomatologie. L'arrêt progressif des règles constitue bien un blocage éliminatoire. Au début, la patiente peut venir consulter pour des gingivorragies abondantes les jours précédents les règles, qui disparaissent avec aussitôt leur apparition. Ou pour une aphtose buccale ou pour une gingivite érythémateuse. Ensuite, progressivement, la gingivite devient de plus en plus ulcéreuse. Si les causes locales le permettent, une ou plusieurs poches peuvent apparaître, avec une tendance à la suppuration, dans un contexte de gingivite ulcéreuse hémorragique: Théoriquement, il devrait exister une latéralité gauche prédominante, qui reste à vérifier par des radiographies panoramiques lorsque l'alvéolyse a commencé.
Donné en temps utile, LACHESIS donne d'excellents résultats, souvent spectaculaires sur l'état buccal. Bien entendu les troubles buccaux sont rarement isolés, il est donc normal de demander la Collaboration du médecin.
L'alcoolique:
LACHESIS est l'un des médicaments homéopathiques de l'alcoolisme chronique dont 1es conséquences sur l'appareil digestif d'abord, puis sur 1 'ensemble de 1 'organisme sont bien connues. Au stade LACHESIS, le patient présente les deux phases d'excitation vespérale et la dépression matinale, les troubles hépato-digestifs sont ici plus marqués. inappétence, soif et désir d'alcool, foie douloureux et hypertrophié, nausées, hoquet, vomissements, sensibilité de la région épigastrique, mauvaise haleine, langue chargée, gingivite ulcéreuse très hémorragique, constipation opiniâtre, hémorroïdes procidentes, douloureuses ou diarrhée fétide et irritante par périodes.
Si l'on reçoit le patient le matin, il est alors de mauvaise humeur, bredouille les réponses, ne se sent pas bien, radote, tremble de tous ses membres. le soir, il semble plus en forme, parle d'abondance, il peut être agité, voire agressif.
L'état buccal reflète celui de l'état général: gingivite ulcéreuse périodique au début avec gingivorragies, "bouche sale" par manque d'hygiène, dépôts crémeux blanchâtres sur les dents, tartre abondant, puis des poches apparaissent avec des ulcérations plus ou moins profondes, hypersalivation nauséabonde, etc ...
LACHESIS couvre encore ici les différentes étapes, on en retrouve les principaux signes. Il faut parfois compléter son action par d'autres médicaments selon le contexte clinique: SULFUR et NUX VOMICA très souvent, NITRI ACIDUM, MERCURIUS, THUYA, PHOSPHORUS, AURUM METALLICUM, LYCOPODIUM ... Très souvent, on trouve une évolution physio-pathologique tant sur le plan général qu'odonto-stomatologique depuis le stade fonctionnel initial marqué par 1'indication de SULFUR et de NUX VOMICA, au stade de 1 'atteinte hépatique et glandulaire avec LYCOPODIUM et LACHESIS, puis au stade lésionnel de l'hépatocyte avec PHOSPHORUS.
Les autres cas:
LACHESIS n'est pas indiqué exclusivement chez la femme ménopausée ou chez l'alcoolique que. Il donne de bons résultats chez l'hypertendu congestionné, chez des sujets présentant des congestions diverses: foie, tête, ovaires, etc ... chez lesquels on retrouve les principaux signes, dont les signes buccaux, dominés par la tendance hémorragique (gingivorragies, hémorragie per et postopératoire, hémorragie de la pulpectomie ... ).
La posologie tient compte du contexte clinique. En raison de la toxicité du venin, les basses dilutions surtout répétées sont à proscrire (jamais en dessous de la 7 CH). A notre avis, il faut toujours commencer le traitement par une moyenne dilution, 7 CH une à deux fois par semaine, et ensuite moduler la dilution et la répétition des prises selon le résultat.
LACHESIS
Médicament d'origine animale, le venin du serpent sururucu ou Lachesis mutus a une action particulièrement toxique.
1/ Les signes bucco-dentaires:
2/ Le contexte général et commentaires:
Ce médicament est d'usage très fréquent au cabinet dentaire. Quel que soit le type sensible du patient auquel il s'adresse, il y a un certain nombre de signes, de symptômes et de modalités caractéristiques qu'il est indispensable de retrouver:
Alternance de dépression matinale (deuxième partie de la nuit, réveil, matinée) et d'excitation vespérale (et première partie de la nuit).
Aggravation par l'arrêt d'un écoulement physiologique ou pathologique, et inversement amélioration par un écoulement, physiologique (règles) ou pathologique.
Latéralité gauche dominante: les troubles sont pires du côté gauche ou commencent à gauche et évoluent de gauche à droite (tout le contraire de LYCOPODIUM).
Hypersensibilité tactile entraînant une intolérance à la constriction: vêtements serrés au niveau du cou et de la taille.
A partir de ces signes très importants, complétés par d'autres, l'usage clinique de LACHESIS permet de préciser les sujets les plus sensibles à l'action de ce venin, ou plutôt ceux chez qui il se trouve le plus souvent indiqué.
S E P I A
L'encre de seiche est une substance complexe, riche en divers éléments minéraux, dont le chlorure de sodium (NATRUM MURIATICUM), des sels de calcium et de magnésium, de la silice, du cuivre et pigments (dont la mélanine) ... Son action sur l'organisme est par conséquence variée, complexe, étendue, au point que M. GUERMONPREZ affirme que "SEPIA agit comme un véritable stimulant hormonal non spécifique".
1/ Les signes bucco-dentaires:
2/ Le contexte général et commentaires:
L'action de SEPIA s'exerce électivement sur le système circulatoire (stase veineuse a polarité portale, retentissement congestif hépatique ... ), sur les tissus élastico-conjonctifs (élastopathies: ptoses, varices, hypokinésie), sur les muqueuses (irritation et catarrhes), sur la peau (dermatoses ,,variées) et sur le système nerveux (comportement).
Commentaire
d'Alain HORVILLEUR
Les maladies parodontales découlent directement de la congestion veineuse porto-hépatique, comme dans PULSATILLA (congestion veineuse généralisée), mais avec dans SEPIA une nette aggravation du fait de la localisation. Cette atteinte de la circulation de retour résulte le plus souvent d'un mode de vie défavorable, sédentaire avec ses excès alimentaires ( dont l'alcool) et de toxiques (dont le tabac). Sont aussi incriminés: les excès sexuels, la colibacillose, la blennorragie, et chez la femme la ménopause, les grossesses, les avortements.
Dans SEPIA, l'atteinte hépatique est assez importante, bien que progressive mais toutes les fonctions du foie sont concernées: fonction biliaire avec hypocholie ou acholie, passage dans le sang des sels biliaires donnant un teint bistre et taches marrons ou brunes dites hépatiques; fonction glycogénique avec perturbations du métabolisme des glucides (désir de sucreries), fonction uro-poïétique avec augmentation de l'acide urique dans le sang (douleurs rénales), dysurie ... Le résultat en est une dyspepsie atonique: digestion lente et pénible, sensation de vide au creux épigastrique vers 10-11 h du matin, non améliorée en mangeant (parce qu'il s'ajoute souvent une ptose gastrique), nausées le matin à jeun ou à la vue des aliments, dysgueusies, langue sale et gardant l'empreinte des dents (sauf au moment des règles, la langue redevient propre), aversion pour les graisses (qui sont mal digérées), la viande, la bière, le pain, le lait (ce dernier provoque de la diarrhée), constipation due sans doute à l'hypocholie, avec sensation de pesanteur, d'une boule lourde dans le rectum, selles dures, noueuses, qui s'accumulent et ne sont que partiellement évacuées, hémorroïdes suintantes, saignantes, avec élancements douloureux, varices ...
Chez la femme s'ajoute une congestion utéro-ovarienne avec sensation de pesanteur pelvienne, sensation que l'utérus est tiré vers le bas, tendance à la ptose utérine ou rectale, douleurs sacro-lombaires, besoin de s'asseoir et de croiser les jambes, jambes lourdes; règles irrégulières accompagnées de nombreux troubles: céphalée, douleurs dentaires ...
En dehors des troubles hépato-digestifs ou génitaux, la congestion veineuse peut expliquer les bouffées de chaleur avec transpiration et sensation de malaise, de défaillance; sensation de froid au sommet du crâne ou entre les épaules.
La constipation exprime déjà une tendance au blocage émonctorial, elle s'aggrave petit à petit, en même temps que l'organisme tente des éliminations par les voies de suppléance: peau et muqueuses. Au niveau de la peau, outre les taches dites hépatiques, le sujet SEPIA a une peau atone, terreuse, de mauvaise odeur, des sueurs irritantes et fétides, localisées (aisselles, pieds). "SEPIA transpire difficilement et aux endroits où il est le plus facile de transpirer" R. ZISSU). SEPIA a également des éruptions (cataméniales), le plus souvent vésiculeuses, notamment autour de la bouche, aux plis articulaires, aux régions génitales, avec prurit puis brûlure, et parfois ulcérations. Les muqueuses sont le siège d'inflammations, avec catarrhes irritants, de mauvaise odeur.
Dans ce contexte, le mode réactionnel psorique est évident. Les troubles parodontaux s'y inscrivent, avec d'abord la tendance aux gingivorragies, traduisant la congestion veineuse. Comme dans PULSATILLA, la répétition de ces états congestifs favorise l'évolution vers la maladie parodontale, après des épisodes de gingivites ulcéreuses et hémorragiques. Heureusement, il y a progression dans l'évolution des signes, tendance à la chronicité des troubles, gingivo-parodontaux entre autres. Ce qui peut permettre, dans certains cas de consultation en temps utile, une action efficace.
Un autre aspect de SEPIA est la tendance aux élastopathies, expliquant les varices (par congestion veineuse et relâchement des fibres élastiques des parois veineuses), les ptoses à différents niveaux (estomac, rectum, utérus, paupières ... ). Cet aspect physio-pathologique indique SEPIA dans certains troubles luétiques. La gencive comprend des fibres élastiques, sont-elles concernées elles aussi par la tendance au relâchement ? En tout cas, cela expliquerait certaines formes graves chez des sujets SEPIA.
La présence de troubles hépato-digestifs acquis par le mode de vie sédentaire et les difficultés éliminatoires expliquent d'abord le mode psorique, car on retrouve dans l'anamnèse les alternances de troubles cutanés et muqueux. Puis avec le blocage éliminatoire, les troubles tendent à la torpidité, à la chronicité, et évoquent alors le mode sycotique, confirmé progressivement par l'apparition de productions type papillomes, polypes, par la persistance de dermatoses comme le psoriasis, l'apparition de mycoses ou de candidoses ...
L'insuffisance hépatique, surtout chez l'enfant, évoque le mode tuberculinique. Ainsi, SEPIA est-il un remède poly-diathésique. La mise en œuvre du mode tuberculinique chez l'enfant explique un signe souligné déjà par HAHNEMANN: la tendance aux caries dentaires d'évolution rapide et globale.
Malgré l'importance des signes somatiques, déjà caractéristiques sur bien des plans, il est indispensable de confirmer l'indication de SEPIA par ses signes psychiques et par son comportement. SEPIA est asthénique, dépressif, triste, progressivement indifférent à tout et à tous, notamment à son entourage familial, avec un besoin de solitude, de se replier sur lui-même, avec aggravation par les tentatives de consolations qui l'exaspèrent, en même temps que naît un sentiment de remord sur ses manquements à ses devoirs (vis-à-vis du conjoint ou des enfants). Sur ce fond dépressif, des périodes d'irritabilité, de colères pour des futilités traduisent un état d'excitation, généralement de courte durée, et fréquent chez la femme au moment des règles, qui sont une période difficile.
La pratique montre la fréquence de l'indication de SEPIA pour les troubles gingivaux et parodontaux au moment de la grossesse, après la grossesse et durant la ménopause climatérique (les règles, même pénibles, constituent sans doute une élimination favorable chez une psorique).
De plus, l'expérience clinique montre que des résultats surprenants peuvent être obtenus avec SEPIA dans des cas où la logique imposerait des avulsions en nombre. Notamment, au cours ou après la ménopause, chez des femmes psychologiquement fragiles, chez lesquelles des avulsions seraient ressenties comme une mutilation qui s'ajouterait déjà aux conséquences de la ménopause. SEPIA se montre efficace comme remède d'accompagnement des solutions chirurgicales, ou même comme solution palliative dans l'attente d'un moment psychologique plus opportun.
Sa prescription ne pose pas de problème si l'on tient compte du blocage éliminatoire. Dans ce cas, il semble préférable de commencer le traitement par une 7 CH deux à trois fois par semaine, durant un temps suffisant permettant d'ailleurs la remise en état satisfaisant de la denture. Ensuite, la posologie peut être adaptée selon l'évolution et surtout selon le contexte clinique, complexe et variable d'un patient à un autre en raison des différentes tendances diathésiques.
NATRUM SULFURICUM
On peut opposer la tendance à la rétention hydrique du sulfate de soude à la tendance inverse du chlorure de sodium.
1/ Les signes bucco-dentaires:
"Il se forme beaucoup de mucus dans la bouche et dans la gorge. Ptyalisme. Rétractions des gencives et déchaussement des dents, qui tombent, dans les états sycotiques. Eruptions de vésicules brûlantes sur la lèvre inférieure et autour de la bouche..." (KENT).
2/ Le contexte général et commentaires:
Alors que NATRUM MURIATICUM s'annonce par des signes de sécheresse, par la soif et le désir de sel, NATRUM SULFURICUM se manifeste par une sensibilité inhabituelle à l'humidité et au froid humide. Dans son ouvrage "Homéopathie et Physiologie" (Baillière et Similia - réédition 1983); G. HODIAMONT écrit: "Le rôle capital du sulfate de soude dans le métabolisme de l'eau, l'état hydrogénoïde d'un individu qui peut être poussé jusqu'aux extrêmes, fait que toute maladie, quelle qu'elle soit, quelle que soit sa localisation ou l'étiquette clinique que l'on pose, lorsque l'aggravation par l'humidité est très marquée, doit faire penser à rechercher les symptômes de Natrum sulfuricum".
Bien avant, plusieurs mois, voire plusieurs années avant "que les dents deviennent branlantes et tombent facilement", ce médicament s'annonce par la sensibilité à l'humidité surtout au froid humide, et le patient vient consulter son dentiste soit pour une aphtose banale, soit pour une gingivite érythémateuse, soit pour des douleurs brûlantes imprécises, soit pour des névralgies dentaires, en général bilatérales et variables dans leur expression. "Docteur, j'ai mal à toutes mes dents", c'est ce que l'on entend souvent. Ou encore une autre réflexion fréquente: "Docteur, je viens vous voir parce que j'ai des aphtes. Avant, j'en avais une ou deux fois par an et ils passaient vite; mais depuis quelques temps, ils reviennent plus souvent et durent bien plus longtemps". Souvent, les patients n'ont pas encore remarqué que leurs douleurs (surtout) apparaissaient par temps humide et froid. Mais ils ont noté que le froid humide ne les laisse plus indifférents, comme autrefois, qu'ils le sentent arriver par de vagues douleurs dans les articulations.
En fait, tous ces troubles s'expliquent par la mise en œuvre du mode sycotique dans son étape hydrogénoïde, c'est-à-dire la période d'imbibition hydrique, de rétention d'eau dans les espaces péri-cellulaires avec ralentissement des échanges. Certes, au début, les patients n'ont pas encore de modifications morphologiques, qui vont se développer progressivement pour aboutir longtemps après à une silhouette empâtée, infiltrée, parfois d'une manière intense (voir la photographie d'un tel sujet dans l'ouvrage de J. JOUANNY "Notions essentielles de thérapeutique homéopathique" Boiron 1977 - p.59).
Au stade initial, les douleurs dentaires (entre autres, mais celles-ci concernent le dentiste) sont imprécises en dehors de l'apparition et de l'aggravation par temps humide. Plusieurs autres médicaments doivent être comparés, souvent complémentaires: DULCAMARA le plus fréquent (à notre avis), avec sa sécheresse buccale, sa gingivite ulcéreuse, ou ARANEA DIADEMA avec sa névralgie faciale ou trigéminale revenant chaque jour à la même heure ou encore RHODODENDRON ou enfin RHUS TOXICODENDRON qui a aussi une névralgie, une gingivite ulcéreuse, une sécheresse buccale.
L'indication d'un de ces médicaments et de NATRUM SULFURICUM plus particulièrement, doit inciter à rechercher les causes habituelles du mode sycotique et à les neutraliser si possible, avec l'aide du médecin traitant homéopathe. Car il est important, sur tous les plans, de bloquer l'évolution vers le mode sycotique, dont les troubles sont plus tenaces et plus résistants.
Hélas, on peut voir le patient en consultation pour des troubles bucco-dentaires déjà plus lésionnels. En général, ce patient présente alors les signes les plus caractéristiques de NATRUM SULFURICUM, dont la morphologie imbibée (cuisses, hanches, abdomen ... ). La rétention d'eau peut expliquer de nombreux signes: doigts bouffis le matin (la bague ne sort plus facilement, comme le soir), diarrhée après le petit déjeuner, tristesse et tendance dépressive lorsque le temps est humide (ce qui aggrave la rétention) ... Les troubles hépato-vésiculo-digestifs sont fréquents et peuvent être à l'origine de l'évolution psoro-sycotique: inappétence, soif, bouche pâteuse, langue sale, foie gros et douloureux, douleur pire couché sur le côté gauche, flatulence avec borborygmes, coliques venteuses, digestion lente, nausées, régurgitations acides, digestion difficile des féculents. Le matin, le malade est tiré du lit par des borborygmes et après son petit déjeuner et après avoir remué (comme si ces deux situations favorisaient une mobilisation de l'eau ayant stagnée durant le sommeil), une diarrhée apparaît brusquement, avec des selles aqueuses, jaunâtres, évacuées en jets bruyants avec de nombreux gaz qui soulagent le ballonnement. Mais la constipation existe, avec des selles dures, noueuses, grosses.
La gingivite peut très bien s'inscrire dans cet ensemble digestif, interprétée comme une élimination muqueuse. Elle a déjà quelques caractères sycotiques par un début de torpidité, "elle ne passe aussi vite qu'autrefois".
L'aggravation de la gingivite et le développement d'une véritable parodontopathie accompagnent l'atteinte générale de la nutrition, avec un ralentissement métabolique. Les éliminations cutanées sont devenues, elles aussi, typiquement sycotiques: peau jaune, terreuse, pruriante, verrues (cuir chevelu, face, paupières, parties génitales, anus..), condylomes génitaux, autres manifestations tumorales, dont l'épulis. L'atteinte des séreuses, notamment articulaires traduit un blocage éliminatoire des autres émonctoires: douleurs articulaires, arthrites, myalgies, craquements, enraidissement, le tout aggravé par l'humidité et amélioré par le mouvement lent et continué, sauf au début.
Les muqueuses respiratoires (irritation catarrhale avec excrétions jaunâtres épaisses, verdâtres) et génito-urinaires (urétrorrhée, leucorrhée ... ) traduisent la prédilection du mode sycotique pour ces localisations. Enfin, le moral est toujours concerné: la dépression domine avec la mélancolie, la tristesse, les pleurs faciles (en écoutant de la musique, par exemple), le besoin de solitude pour ressasser ses malheurs ... et des manifestations d'irritabilité, de mauvaise humeur (surtout le matin, améliorée après la selle), l'hypersensibilité sensorielle (bruits ... ).
Ainsi petit à petit se développe un état d'atteinte nutritionnelle profonde avec parfois une hypothyroïdie), dont les répercussions sur l'appareil dento-parodontal expliquent l'apparition progressive d'une alvéolyse, avec parodontopathie mutilante. Heureusement, il se passe généralement du temps entre les premières manifestations de sensibilité à l'humidité dont les douleurs dentaires peuvent être le signal d'alarme, et les parodontopathies graves. Il faut alors ne pas manquer 1 'indication de ce remède à une époque où la pathologie est encore facilement réversible. Ensuite, si le patient vient consulter trop tard, il est bien évident que, si NATRUM SULFURICUM reste encore indispensable, le traitement est plus difficile parce que le potentiel réactionnel du patient peut être plus ou moins profondément atteint.
T H U Y A
Thuya occidentalis est le remède central du mode sycotique, parce sa pathogénésie l'indique aussi bien dans les troubles de la phase hydrogénoïde, que dans ceux de la phase scléreuse.
1/ Les signes bucco-dentaires:
Irritation de la muqueuse buccale avec aphtes. Langue saburrale, très sensible à la pointe. Varicosités dans la bouche, surtout sous la langue. Grenouillette.
Les dents se déchaussent et sont très sensibles, caries des collets radiculaires. Ou caries dentaires aux collets peu après l'éruption. Ou encore dents cariées seulement sur le bord tranchant (Staphysagria).
DUPRAT écrit textuellement: "Odontalgie; gingivite expulsive; épulis; psoriasis lingual; varices sublinguales; grenouillette".
2/ Le contexte général et commentaires:
Les médicaments de fond du mode sycotique ne sont pas très nombreux, au contraire des remèdes de syndromes dans lesquels ce mode est très souvent impliqué. Comme THUYA "couvre" les deux grandes étapes, son indication est fréquente, d'autant plus que les facteurs susceptibles de provoquer la mise en œuvre du mode sycotique abondent, se multiplient, notamment avec la pollution au sens le plus large (médicaments chimiques particulièrement et les vaccins). Le mode sycotique est mis en jeu, puis imprime sa marque, à la suite de maladies traînantes, notamment les infections O.R.L. ou génito-urinaires (deux secteurs électifs), de vaccinations répétées, des traitements chimiques opposés à ces troubles, notamment ceux qui agissent sur la réponse immunitaire, dans le sens de la dépression (ce qui entraîne à nouveau une certaine torpidité des troubles, en véritable cercle vicieux).
Cette "actualité" du mode sycotique, on peut la voir dans l'augmentation des cas de stomatodynies ou de glossodynies, dont THUYA est souvent le remède, de même que NATRUM SULFURICUM ou CAUSTICUM. La glossodynie se retrouve presque totalement dans la pathogénésie de THUYA avec sa douleur à la pointe de la langue et son contexte dépressif avec sa cancérophobie initiale ou secondaire.
La Matière Médicale précise pour THUYA: "Les dents se déchaussent, caries des collets radiculaires". Mais avant la dénudation des racines et leur carie, il se passe du temps. Si la patient vient consulter à ce stade, le traitement par THUYA, complété éventuellement par d'autres médicaments, permet d'espérer une certaine pérennité de la solution chirurgicale. Heureusement, le patient peut venir à un stade bien antérieur, alors que la parodontopathie n'existe pas ou est encore discrète. Le traitement homéopathique permet alors une action préventive. Tout ce que l'on sait du mode sycotique et de ses remèdes de fond les plus importants (THUYA, NATRUM SULFURICUM, CAUSTICUM, mais aussi NATRUM CARBONICUM, LACHESIS, MEDORRHINUM et d'autres), montre à l'évidence le risque potentiel de maladies parodontales. Aussi, chaque fois que l'on se trouve en présence d'un patient, venant consulter pour une raison quelconque, et que l'on trouve quelques signes de sycose, ou de troubles correspondant à un mode psorique en difficulté, il y a nécessité et utilité pour le patient de proposer un traitement préventif, le plus souvent avec le con cours d'un médecin homéopathe, car le risque bucco-dentaire n'est pas isolé.
Un sycotique se reconnaît à une multitude de signes, que l'on retrouve à des degrés divers dans THUYA: infiltration hydrique plus ou moins importante (notamment hanches et cuisses), aggravation par l'humidité sous toutes ses formes (modalité inverse à la phase scléreuse, penser alors à CAUSTICUM), tendance aux infections persistantes des muqueuses, aux mycoses rebelles, aux proliférations cellulaires (verrues, condylomes, polypes, molluscums ... ), fréquentes douleurs tiraillantes des articulations avec besoin de s'étirer, etc ... Sur le plan mental, THUYA se distingue par une tendance dépressive et obsessionnelle, avec idées fixes (d'être suivi, d'avoir des membres fragiles d'être surveillé, d'un malheur imminent, d'un corps étranger remuant dans le ventre ... et la fameuse cancérophobie, parfois prémonitoire).
On décrit dans tous les livres le type sensible de THUYA: cellulite sur tout le corps et surtout aux hanches, face huileuse, avec des rides profondes surtout les sillons naso-géniens, queues des sourcils manquantes, cheveux gras, veines superficielles gonflées et très marquées...Il existe aussi un type maigre, moins fréquent, dont la cellulite est uniquement fessière.
Quel que soit le type, il est fréquent de constater des formations cutanées sur le visage comme (verrues, molluscums ... ).
La prescription de THUYA peut poser quelques problèmes. M. GUERMONPREZ écrit textuellement dan s sa Matière Médicale Homéopathique: "Cette pathogénésie décrit la sycose infiltrante et génératrice de tumeurs. THUYA entretient avec le cancer des rapports qui le rendent dangereux. On s'en méfiera chez les sujets à risque, chez les cancéreux guéris. Il semble que toute médication modifiant l'immunité puisse favoriser la sycose et les signes de THUYA. De même, les thérapeutiques symptomatiques qui laissent évoluer à bas bruit les maladies chroniques: antibiothérapies longues et répétées, corticoïdes, tranquillisants, sédatifs, antalgiques, anti-inflammatoires. Bref, "THUYA devient, plutôt que Nux vomica, le principal antidote des thérapeutiques modernes en usage au long cours ou excessif".
PHOSPHORUS
Le phosphore blanc est une substance présente dans les noyaux cellulaires de toutes les cellules, qui participe à pratiquement tous les métabolismes importants, mais elle est en même temps très toxique, et de cette action toxique découle de nombreuses indications cliniques.
1/ Les signes bucco-dentaires:
Gencives enflammées, œdématiées, ulcérées, très hémorragiques, abcès. Toute la muqueuse buccale peut être ulcérée, les aphtes saignent facilement. Aphtes sur la face interne des lèvres et des joues. Lèvres sèches, parcheminées, saignant facilement.
"Les dents se gâtent rapidement. Les gencives saignent et découvrent les dents..." (KENT).
Enflure, hypertrophie du maxillaire inférieur, nécrose du maxillaire inférieur, ostéite du maxillaire inférieur; déchaussement des dents avec gingivorragies faciles .... (BROUSSALIAN).
2/ Le contexte général:
La Matière Médicale est très précise: PHOSPHORUS est un médicament très important de gingivite ulcéreuse hémorragique et de parodontopathies, parfois graves. Le phosphore fait partie des éléments indispensables à la biologie cellulaire, il joue un rôle prépondérant dans l'ostéo-morphogenèse au point que certains auteurs ont donné à la constitution longiligne le nom de "phosphorique". Le phosphore est aussi un produit très toxique, et cette action peut se produire chez n'importe qui, quel que soit le biotype.
Comme quelques autres médicaments d'action profonde, PHOSPHORUS a des indications en pathologie aiguë et d'autres en pathologie chronique. Ainsi, PHOSPHORUS est souvent indiqué dans les syndromes hémorragiques, quels qu'ils soient, il se trouve indiqué aussi bien en cas d'augmentation du temps de coagulation que du temps de saignement. La gingivite quelle que soit sa forme clinique saigne abondamment. Dans l'hépatite virale aiguë, l'indication quasi-systématique repose sur la similitude lésionnelle ou anatomo-pathologique et donc sur l'action toxique. PHOSPHORUS est encore souvent indiqué dans la néphrite hématurique aiguë, dans la pancréatite aiguë, dans la gastro-entérite aiguë, dans les vomissements acétonémiques graves. Son indication dans ces pathologies est à discuter par rapport à ARSENICUM ALBUM, remède d'états graves également.
En pathologie aiguë, PHOSPHORUS reste donc un médicament de gingivite ulcéreuse ou de parodontite aiguës et d'évolution grave, très hémorragique, on le donne alors une à deux fois par jour en 7 ou 9 CH.
Comme remède de fond, PHOSPHORUS peut avoir une action curative et même dans certains cas, une action préventive sur l'évolution d'une gingivite ulcéreuse vers une parodontopathie grave.
Tout d'abord, PHOSPHORUS peut être un remède de fond de certaines maladies chroniques du foie et des voies biliaires, de préférence chez un adulte d'âge mûr ou chez un vieillard, allant d'une banale insuffisance hépato-biliaire jusqu'à une atteinte profonde par dégénérescence graisseuse. Il s'en suit des indications fréquentes chez l'alcoolique. Dans cet ouvrage, les répercussions sur la pathologie gingivale et parodontale des affections hépato-digestives ont été souvent évoquées. Le choix du remède repose sur les signes locaux, banals en dehors de la tendance hémorragique qui peut surprendre, et sur les signes généraux et digestifs: douleur dans la région hépatique, aggravée couché sur le côté droit, foie et rate hypertrophiées, éventuellement signes d'ictère, constipation par insuffisance biliaire coexistant ou alternant avec une diarrhée par hypercholie ou par entérocolite: diarrhée abondante, indolore, jaillissante, décolorée, parfois brûlante, comportant parfois des graisses ou constipation de petites selles, blanchâtres, dures, expulsées avec efforts (cette alternance s'explique par l'excès ou l'insuffisance biliaire, selon les cas et les périodes). La tendance hémorragique est encore présente: sang dans les selles, hémorragies digestives.
PHOSPHORUS peut être indiqué également dans l'insuffisance rénale chronique dont la parodontopathie est l'une des conséquences. Le choix de ce remède repose sur la présence de quelques signes: hématurie, phosphaturie, albuminurie, augmentation de l'urée et de la créatinine, oligurie, etc ... Parfois ces signes s'inscrivent dans une insuffisance cardio-vasculaire (cœur droit, palpitations violentes, dyspnée intense, ... ), avec petit à petit des manifestations scléreuses à différents niveaux, dont les vaisseaux (céphalée congestive, vertige, hémorragie rétinienne, artériopathies des membres inférieures, etc ... chez le vieillard.
Cependant, sur un plan moins lésionnel de l'état général, PHOSPHORUS apparaît souvent chez un sujet longiligne jeune (adolescent ou adulte encore jeune), typiquement tuberculinique oxygénoïde, c'est-à-dire ayant un métabolisme accéléré dans le sens des oxydations et du catabolisme cellulaire décrit comme un sympathicotonique, ou un hyperthyroïdien, un hyposurrénalien. Physiquement élancé, longiligne maigre, un peu voûté, ce sujet a une démarche et des gestes souples et élégants, une intelligence vive et rapide, mais
facilement cyclothymique, hypersensible, hyperémotif, idéaliste exalté et passionné, instable, velléitaire, vite découragé, abattu. Tout évoque l'image du phosphore qui s'enflamme rapidement avec une flamme intense, brûlante, et qui s'éteint aussi rapidement. Il y a donc alternances de phases d'excitation (euphorique, optimiste, aimable, sentimental, plein d'idées grandioses, de projets extraordinaires, ayant souvent une très haute estime de lui-même, et donc un comportement dominateur. Les émotions provoquent des palpitations, le font trembler, provoquent des sensations de chaleur, une hyperesthésie sensorielle (contact, odeur). L'éréthisme cardiaque explique la céphalée congestive, avec bouffées de chaleur, battements' artériels. Ces périodes d'excitation sont suivies rapidement de périodes d'abattement, de dépression, avec apathie, irritabilité, peurs (crépusculaire, obscurité, orage ... ), difficulté pour le travail intellectuel. Comme tous les oxygénoïdes, ce sujet a un appétit important, avec des fringales, besoin de manger souvent, même la nuit, sous peine de sensation de défaillance. C'est aussi un sujet instable sur le plan thermique: aggravé par la chaleur (interprétée comme la résultante des nombreuses oxydations exothermiques et la chaleur aggrave les congestions fréquentes dans ce remède); il cherche donc la fraîcheur surtout lorsqu'il a ses extrémités ou sa tête brûlantes, aime les boissons froides ... Mais il est aussi aggravé par le froid, surtout à la phase de dépression, il aime alors se couvrir chaudement.
Chez un tel sujet, la gingivite peut être interprétée comme une élimination de signification tuberculinique, résultat d'une congestion veineuse passive, elle-même conséquence de troubles qui se sont produits, ayant abouti à des destructions cellulaires dont les déchets encombrent la circulation de retour. Lorsque la gingivite récidive, il est fréquent, outre la très nette tendance à l'hémorragie, de constater une mobilité dentaire, souvent transitoire (du moins au début), qui est un signe de déminéralisation osseuse, les minéraux étant mobilisés pour les processus de défense tuberculiniques. Mais la réversibilité ne dure pas éternellement, petit à petit, la déminéralisation tend vers la chronicité, c'est le départ de la parodontopathie, surtout s'il y a sur le plan général, des troubles du métabolisme phosphocalcique. Une fois encore, l'homéopathie permet une action préventive, curative aussi bien-sûr, tant que le seuil de réversibilité n'a pas été dépassé. Dans certains cas, on peut commencer le traitement avec PHOSPHORIC ACIDUM, remède très proche, très utile chez l'adolescent épuisé par une longue période de veillées, de travail intellectuel intense. On peut également compléter l'action de fond de PHOSPHORUS par CALCAREA PHOSPHORICA en deux dilutions, très basses (3 à 6 X trituration avant les repas) et hautes ou moyennes selon la similitude. Ce tandem donne de bons résultats pour reminéraliser l'os alvéolaire.
Comme toujours lorsqu'il s'agit de substances particulièrement toxiques, PHOSPHORUS ne doit pas être prescrit en trop basse dilution (en dessous de la 4 CH) ni répété trop souvent. De plus, la tuberculose évolutive ou récente constitue une contre-indication à la prescription de PHOSPHORUS.
Synthèse de PHOSPHORUS
par Alain HORVILLEUR
CONCLUSION
Dans la présente étude, seuls les médicaments indiqués par Roland ZISSU ont été détaillés. Ce qui ne signifie pas pour autant qu'ils soient les seuls ! Hélas !!
L'indication de ces médicaments autorise l'hypothèse d'une cause de parodontopathies souvent méconnue des "officiels", à savoir = l'insuffisance hépatique, liée le plus souvent à la vie sédentaire, si fréquente aujourd'hui. Sa méconnaissance explique peut-être des récidives, décevantes évidemment pour le patient et pour le praticien, ce dernier pouvant se féliciter à juste titre d'une prouesse chirurgicale.
Quoiqu'il en soit des causes réelles ou supposées, en dehors des causes locales bien entendu, la méthode homéopathique doit s'appliquer = résoudre l'équation de la similitude à partir des signes et symptômes du patient, comparés à ceux de la matière médicale. Le reste n'est que conjecture, mais intéressante n'est-ce pas ?