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 TROUBLES BUCCO-DENTAIRES

DE L’HYPOTHYROÏDIE ET HOMEOPATHIE

Plusieurs médicaments répondent aux signes cliniques correspondant à l’hypothyroïdie. Car, il faut toujours le rappeler, les matières médicales homéopathiques regroupent des symptômes provenant de trois sources (pathogénésie, toxicologie, pratique médicale) et non des maladies précises.

  

            Les « grands remèdes de fond » de l’hypothyroïdie sont (par ordre alphabétique) = AMMONIUM CARBONICUM, ANTIMONIUM CRUDUM, BARYTA CARBONICA, CALCAREA CARBONICA, CAPSICUM ANNUUM, GRAPHITES, HEPAR SULFUR, KALI CARBONICUM, MANGANUM, NATRUM MURIATICUM, NATRUM SULFURICUM, PULSATILLA et THUYA OCCIDENTALIS


            Voici quelques commentaires sur certains d’entre eux.



CALCAREA CARBONICA: 


            Ce médicament est l’un des principaux remèdes dits « constitutionnels » du bréviligne car il répond particulièrement bien aux problèmes de ce biotype = type sensible, pathologies pour lesquelles il permet une action prophylactique et/ou curative. De plus HAHNEMANN en faisait l’un des trois principaux remèdes du mode psorique avec SULFUR et LYCOPODIUM.

 

            Le métabolisme du carbonate de calcium et surtout ses perturbations correspondent exactement au développement du bréviligne avec ses tendances naturelles et pathologiques: ralentissement nutritionnel, circulatoire (notamment lymphatique expliquant les engorgements lympho-ganglionnaires et la pathologie immunitaire). Le métabolisme de l’eau est également concerné dans le sens de l’imbibition hydrique, expliquant de ce fait l’implication de ce médicament dans les troubles du mode sycotique. Le ralentissement métabolique concerne également tout le système endocrinien: hypopituitarisme, hypothyroïdie, hypogonadisme, mais à l’inverse hypercorticosurrénalisme.  


            Il est bien souvent difficile de distinguer le mode psorique du mode sycotique dans les troubles, surtout chroniques, de ce sujet, même enfant. L’asthme alternant avec un eczéma (ou encore avec un érythème fessier) est très fréquent aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte. C’est là une caractéristique psorique, mais le rôle déclenchant ou aggravant du froid humide, l’imbibition hydrique, l’atteinte lympho-ganglionnaire, le rôle étiologique des vaccinations et des médicaments chimiques opposés aux troubles respiratoires (rhino-pharyngites ou angines à répétition pendant la saison froide) sont autant d’arguments qui témoignent de la mise en œuvre du mode sycotique. Ce qui montre que chez ce sujet « ralenti », les éliminations étant difficiles, le mode psorique seul ne suffit pas à maintenir l’équilibre de santé, le patient est obligé d’en mettre en œuvre un autre, en l’occurrence le mode sycotique, qui est tout de même pathologique par lui-même. 


            Dans nos « Cahiers de médecine homéopathique » n°6 et n°9, nous avons déjà décrit les divers aspects bucco-dentaires de CALCAREA CARBONICA. Il suffit de rappeler quelques faits. Dans le type équilibré, la croissance en générale est ralentie, de même que la minéralisation des dents,  mais elle se fait bien. Les dents sont donc bien minéralisées et peu sensibles aux facteurs cariogènes. De même que l’os alvéolaire bien minéralisé résiste bien aux facteurs étiologiques de la maladie parodontale = chez l’adulte mûr on constate plutôt une abrasion dentaire importante accompagnant une alvéolyse horizontale. Il n’en est pas de même dans le type déséquilibré. La tendance habituelle à l’obésité peut être inversée, certes assez rarement, par suite de troubles digestifs qui perturbent l’absorption des minéraux.


            On peut voir chez le nourrisson une gingivite érythémateuse avec tendance à l'œdème et à l’hyperplasie (cas chronique) lors des poussées dentaires, dont BELLADONA est le remède le plus fréquent. On peut voir également une aphtose buccale assez grave répondant bien à BORAX. Chez l’enfant plus grand, surtout déséquilibré, les dents de lait peuvent être à l’origine d’abcès ou de parulies à répétition dont HEPAR SULFUR (mélange calciné de soufre et d'écaille d'huître) vient à bout, parfois complété par CALCAREA SULFURICA dès lors qu’une tendance à la chronicité se manifeste. 


            Chez l’adulte, il peut être assez fréquent de voir une denture bien équilibrée et peu sensible aux facteurs pathogènes habituels, mais à condition que ce sujet respecte une hygiène de vie adaptée à ses besoins. Ce n’est hélas pas le cas le plus fréquent. La sédentarité et les autres facteurs étiologiques du mode psorique conjuguent leurs effets avec ceux du mode sycotique (vaccinations, médicaments chimiques, pollutions, froid humide, etc...). D’où la gingivite ulcéro-nécrotique et les répercussions sur le parodonte. SULFUR laisse alors souvent la place à d’autres remèdes  comme GRAPHITES, ANTIMONIUM CRUDUM, plus tard AMMONIUM CARBONICUM ou à des remèdes plus sycotiques comme NATRUM SULFURICUM ou THUYA. 


            La tendance à l’hypothyroïdie explique sans doute les gingivites ulcéro-nécrotiques et les atteintes parodontales, comme de plus les caries du collet. Si l’atteinte thyroïdienne était confirmée, toute solution chirurgicale sur le parodonte serait vouée à l’échec. 


            En conclusion pour ce médicament constitutionnel, voici en résumé les signes retrouvés dans sa Matière médicale et chez le sujet qui confirment la mise en œuvre du mode psorique, puis du mode sycotique:


Un complémentaire fréquent = ANTIMONIUM CRUDUM 


            Les Matières médicales sont souvent discrètes sur les problèmes bucco-dentaires de ce médicament, alors que le Répertoire de Kent le cite au degré moyen aux rubriques « Gencives scorbutiques » et « Déchaussements des dents ». 


            ANTIMONIUM CRUDUM est l’un des principaux remèdes de « grande bouffe » = excès alimentaires, désir et intolérance de la charcuterie et des mets acides, aggravation par le vin, le lait. Les excès alimentaires, cause importante du mode psorique, déterminent une dyspepsie avec des éructations (ayant le goût des aliments), une diarrhée aqueuse mêlée de matières solides, des nausées et des vomissements, céphalées, humeur maussade, somnolence. C’est au cours de la dyspepsie que l’on retrouve le signe abondamment décrit « langue blanche comme du lait ».  


            Lorsque les causes alimentaires persistent, comme la boulimie après une peine ou une déception sentimentale, le sujet peut se décompenser. Le mode psorique traduit alors des difficultés éliminatoires: éruptions vésiculeuses d’aspect impétigineux au visage et autour de la bouche, avec un suintement épais et mielleux qui annoncent GRAPHITES, dermatoses fissuraires et hyperkératosiques, verrues cornées et dures, verrues plantaires, toujours comme dans GRAPHITES. C’est alors que la pathologie bucco-dentaire participe à cet ensemble: la gingivite érythémateuse du début, contemporaine des troubles digestifs, évolue vers une forme ulcéreuse avec progressivement une atteinte du parodonte. Il faut alors discuter l’indication de ce médicament et le distinguer de GRAPHITES. Il n’y a d’ailleurs pas de problème en les alternant, car ils sont complémentaires. CALCAREA CARBONICA, ANTIMONIUM CRUDUM et GRAPHITES forment un trio répondant aux troubles des sujets le plus souvent brévilignes, ayant tendance à l’obésité, craignant le froid humide, et surtout mettant en œuvre le mode sycotique pour compenser les insuffisances du mode psorique, devenu inefficace. 

           

            Comme on peut le voir à travers les quelques signes ci-dessus, ANTIMONIUM CRUDUM n’est sans doute pas le principal remède de l’hypothyroïdie, mais il tient sa place, plus particulièrement chez le sujet bréviligne en pleine décompensation, trouvant dans les excès alimentaires un dérivatif à ses déceptions.

HEPAR SULFUR :


            HEPAR SULFUR répond souvent aux manifestations d’élimination dont le caractère psorique est évident: périodicité (chaque hiver notamment), succession et alternances: peau (furoncles, eczéma prurigineux et souvent surinfecté)/ muqueuses (otite suppurée, amygdalite, toux, laryngite, etc.. et abcès dentaires). On connaît par ailleurs son indication fréquente (mais non exclusive) dans les suppurations aiguës, ainsi que sa posologie délicate dans ces cas. Sur cette indication, il peut être le remède de poches gingivales ou parodontales suppurées.


          Du fait de sa composition faite d’un mélange d’écaille d’huître et de fleur de soufre, HEPAR SULFUR peut être un médicament de fond, que l’on oublie souvent sans doute parce qu’il présente des troubles évoquant d’autres remèdes, comme GRAPHITES, LYCOPODIUM ou MERCURIUS SOLUBILIS. Il faudra y penser chaque fois que la maladie parodontale comporte une phase de suppuration, et pas seulement dans la suppuration aiguë. Lorsque celle-ci domine, il est un complémentaire fréquent de SULFUR.


            Quand elle devient chronique, il faut alors penser plutôt à GRAPHITES. Cela signifie que les émonctoires commencent à se fermer et donc que les éliminations si utiles deviennent insuffisantes, ce qui explique la torpidité et la tendance à la chronicité. 


            HEPAR SULFUR est donc un médicament possible de l’hypothyroïdie, mais surtout comme complémentaire des précédents chaque fois que dominent les manifestations suppurées aiguës ou ici plutôt chroniques.



GRAPHITES : 


            Avec ce médicament d’origine minérale, le mode psorique arrive à un stade de blocage avec comme conséquences un ralentissement général, notamment thyroïdien et digestif. Il est possible de décrire au moins deux blocages d’émonctoires: 

  


            Ces éliminations torpides traduisent bien les difficultés du mode psorique, car il y a toujours alternance des éruptions cutanées avec des troubles digestifs. Un écoulement épais traduit également une élimination difficile. Mais le mode sycotique est mis en œuvre, on se trouve bien dans la suite de CALCAREA CARBONICA qui est de plus en plus auto-intoxiqué.


            Le mode sycotique s’exprime au niveau de la peau par l’apparition de verrues douloureuses (souvent péri unguéales), la peau devient sèche et rugueuse, avec des épaississements localisés aux zones malades. 


         Sur le plan bucco-dentaire, les troubles apparaissent progressivement, lenteur caractéristique des remèdes carboniques: gingivorragies d’abord au contact (brossage, pression des doigts) puis spontanées, aphtose périodique, gingivite érythémateuse puis « les gencives se rétractent ... » (Kent). 


            GRAPHITES est considéré par R. ZISSU comme un « remède carrefour ». Cela signifie que le patient arrive à un stade évolutif qui peut encore être réversible, même si cela demande des efforts ou peut évoluer vers l’aggravation, le plus souvent par la mise en œuvre du mode sycotique. Comme pour SEPIA ou LACHESIS, certains troubles concernent plus particulièrement la femme au moment de sa ménopause, c’est le cas notamment pour les parodontopathies.

 

BARYTA CARBONICA : 


            Le carbonate de baryum est bien connu pour son action sur la croissance et sur la nutrition = retards physiques et intellectuels, pour son action de sclérose artérielle et hypertensive réactionnelle, enfin pour son action sur le système lympho-ganglionnaire (hypertrophie des glandes et des ganglions = amygdales+++, végétations adénoïdes, prostate, utérus, glandes salivaires, goitre…). La clinique montre ses indications aux âges extrêmes de la vie = enfant retardé, « scrofuleux » et adénoïdien et vieillard athéro- et artérioscléreux, hypertendu, prostatique et fibromateux. 

       

            Ses principales caractéristiques cliniques sont = la lenteur pour comprendre, pour apprendre, pour bouger, la perte de mémoire qui peut être considérable chez le vieillard, la frilosité extrême, la grande susceptibilité à prendre froid, les sueurs froides et offensives des pieds, la sensation de toile d’araignée sur le visage. 


           Son intérêt réside dans son action préventive sur les retards d’acquisition chez l’enfant (développement physique et mental, puberté, problèmes scolaires…) et sur la sénescence trop précoce. 

  

En résumé, BARYTA CARBONICA réunit un ensemble de signes cliniques qui peuvent éventuellement correspondre à un syndrome d’hypothyroïdie, de myxœdème mais qui peuvent dépasser  cette indication limitée. Rappelons que son intérêt est sa prescription précoce = en 1 à 3 CH deux à trois fois par jour pour lutter contre la sclérose, avec une dilution plus élevée, 15 CH par exemple, en prises espacées dès lors que la similitude est retrouvée avec précision.  



NATRUM SULFURICUM : 


            Il est possible de formuler une règle dégagée de la pratique : chaque fois que des troubles sont influencés par l’humidité, il faut rechercher les signes de NATRUM SULFURICUM. Certes, au tout début de la mise en œuvre du mode sycotique, ceux-ci sont forcément discrets. En bout d’évolution, le type sensible de ce remède apparaît dans toute sa splendeur: sujet souvent de morphologie bréviligne, devenu corpulent par adiposité et rétention d’eau, infiltré notamment au niveau de l’abdomen et des cuisses, au comportement habituellement lent, apathique, indolent, facilement déprimé, de mauvaise humeur (le matin au réveil). 


            NATRUM SULFURICUM est le principal remède de fond de la phase hydrogénoïde du mode sycotique. Il est donc logique de retrouver parmi ses circonstances étiologiques celles de ce mode réactionnel : d’abord les facteurs de perturbation du métabolisme de l’eau dont l’humidité (chaude ou froide), le froid humide provenant aussi bien du climat que de l’habitat. Il ne faut pas oublier les traumatismes crâniens dont ce médicament est le principal remède. Ensuite, les facteurs de dérèglement du système immunitaire : vaccinations, antibiotiques, diurétiques, quinine, etc..., ainsi que les infections répétées et récidivantes qui entraînent à leur tour une pollution médicamenteuse. Le ralentissement métabolique induit par ce mode réactionnel explique l’indication de ce médicament dans les troubles de l’hypothyroïdie. 


            Il n’est pas question ici de développer toute la Matière médicale de ce médicament, que l’on peut synthétiser ainsi. 


         

            Au départ, le sujet n’a pas encore sa silhouette enveloppée. Mais il est déjà très sensible à l’humidité et peut venir consulter pour des douleurs dentaires (voir chapitre plus haut). Il peut venir aussi consulter  pour des sensations de brûlure de la bouche ou de la langue (langue en carte de géographie possible), pour des aphtes et même pour une gingivite érythémateuse banale = la gencive est en feu comme par du poivre. Ces signes buccaux peu significatifs en eux-mêmes s’inscrivent souvent dans un contexte digestif : blocage de l’émonctoire intestinal exprimée par une constipation avec selles dures, noueuses, grosses, alternant avec une diarrhée jaillissante, aqueuse, avec beaucoup de gaz. On peut retrouver déjà quelques signes d’imbibition hydrique = signe de la bague que le sujet peut retirer facilement le soir mais pas le matin au réveil, diarrhée matinale peut après le petit déjeuner. Ces deux signes peuvent s’expliquer ainsi : pendant le sommeil, l’eau stagne, notamment dans les régions déclives. Les doigts sont ainsi imbibés le matin. L’eau apportée par le petit déjeuner relance la cinétique de l’eau qui est alors chassée par la diarrhée. 


            Un peu plus tard, ce sujet se décompensant un peu plus,  son foie se congestionne, apparaît une certaine flatulence ou des troubles biliaires. Parallèlement, la gencive reflète l’état digestif : gingivite ulcéreuse, poches et alvéolyse, avec mauvaise haleine, brûlure, aphtes, etc... Dans le même temps, le sujet devient de plus en plus sensible à l’humidité ce qui explique les douleurs articulaires avec enraidissement, le tout amélioré par le mouvement lent (Rhus toxicodendron.). Il s’enrhume au moindre froid humide, avec un écoulement épais, une toux grasse, parfois un asthme.  


            Progressivement la silhouette se précise, l’obésité se développe. La peau s’infiltre et en même temps présente certains troubles : prurit pire au déshabillage, verrues (cuir chevelu, face, paupières, parties génitales, anus...), condylomes, mycoses (dont la mycose buccale). 


            Comme toujours, le comportement se trouve modifié dans le sens de la dépression avec mélancolie et tristesse, humeur chagrine avec irritabilité, impressionnabilité (la musique le fait pleurer). Sur le plan bucco-dentaire, la gingivite ulcéreuse évolue vers une maladie parodontale de plus en plus grave qui impose souvent des extractions multiples. Et ce d’autant plus que NATRUM SULF. est un remède éventuel d’insuffisance thyroïdienne du fait du ralentissement métabolique général.

THUYA OCCIDENTALIS : 


            Médicament important de l’hypothyroïdie, THUYA est surtout considéré comme le remède central du mode sycotique parce qu’il se trouve indiqué dans les deux phases, même si les troubles de la phase hydrogénoïde sont plus nombreux. Toute la physio-pathologie du mode sycotique se retrouve dans la matière médicale de THUYA, en commençant par toutes les circonstances étiologiques : atteintes du système immunitaires (vaccinations, sérothérapies, pollutions chimiques et médicamenteuses dont les antibiotiques, la cortisone, la pilule contraceptive..., les infections itératives et tenaces avec leurs traitements chimiques, les stress répétés.


            THUYA est également sensible au froid humide qui perturbe le comportement, produit des douleurs variées (notamment au niveau de l'ovaire gauche et à la face). Le type sensible est façonné par le mode sycotique : silhouette infiltrée (surtout tronc, hanches, cuisses mais pas les membres qui restent maigres), peau grasse, huileuse par endroits comme le visage et les ailes du nez, sèche par ailleurs. La peau offre diverses productions cellulaires = éruptions papulo-vésiculeuses ou pustuleuses, et surtout des verrues


            Le comportement est bien connu : il s’agit le plus souvent d’une tendance à la dépression consécutive à la chronicité et à la ténacité des troubles qui finissent par engendrer une cancérophobie. A l’image de l’eau qui stagne, les idées et pensées stagnent également = remède central des idées fixes. Les éliminations de type sycotique (persistantes, rebelles aux traitements, récidivantes, tenaces) se manifestent un peu partout mais plus particulièrement au niveau génito-urinaire et rhino-pharyngé, avec des sécrétions et excrétions épaisses et verdâtres. 

         

            Voici donc le contexte général dans lequel vont apparaître les troubles bucco-dentaires. Comme pour tous les médicaments du mode sycotique, tous les troubles, quelle que soit leur localisation, sont progressifs dans leur évolution vers l’aggravation. Aussi, comme par exemple pour GRAPHITES ou pour NATRUM SULFURICUM, les troubles bucco-dentaires de THUYA débutent par des lésions réversibles : irritation de la muqueuse buccale, aphtes, douleurs dentaires par le froid humide, brûlure dans la bouche et notamment à la pointe de la langue. C’est un remède très fréquent de glossodynies et stomatodynies. 


            La carie dentaire présente plusieurs aspects très intéressants : 


Chez l’enfant = les dents commencent à se carier à la base dès qu’elles poussent : il s’agit alors le plus souvent d’un enfant bréviligne du type CALCAREA CARBONICA qui a subi la série de vaccinations réglementaires dès sa naissance puis dans sa petite enfance, qui a ensuite présenté des rhino-pharyngites à répétition du fait de sa sensibilité au froid humide et de sa tendance aux engorgements lympho-ganglionnaires, traitées par antibiothérapie itérative. Dès leur éruption, les dents permanentes voient des caries à leur collet, symptôme que l’on retrouve aussi bien dans CALCAREA CARBONICA que dans THUYA. La prévention homéopathique prend ici tout son sens car la connaissance des modes réactionnels permet de deviner les risques potentiels qui menacent la dent, entre autres organes ou appareils. Les dentistes qui ignorent cette conception constatent que leurs obturations ne suffisent pas à éviter la récidive de ces caries du collet, ils incriminent alors les mauvaises habitudes alimentaires comme le syndrome du biberon et les excès de sucreries, qui ne sont ici qu’un épiphénomène. ·     


Chez l’adulte : on retrouve deux autres types de caries . 


1.    Les dents se déchaussent et sont très sensibles, la racine des dents se carie, leur couronne reste intacte. On trouve ce même symptôme dans MEZEREUM. Cela signifie à l’évidence qu’il existe une maladie parodontale. Cette dernière peut se développer progressivement à la suite d’une gingivite qui est devenue ulcéreuse. Ou encore on peut constater une alvéolyse précoce sans signe inflammatoire, c’est une manifestation du vieillissement prématuré qui caractérise entre autres le mode sycotique. 


2.    Les dents se carient au niveau des faces distales, sous le collet, en commençant par les molaires les plus postérieures et en évoluant progressivement vers l’avant. Ce type de carie a été décrit par Roger SCHMITT. 


Chez l’enfant et plus rarement chez l’adulte : les dents se carient sur le bord tranchant, s’émiettent et deviennent jaunes, symptôme partagé par STAPHYSAGRIA.  Nous n’avons pas d’explication rationnelle. Il faut simplement rappeler que STAPHYSAGRIA chez l’enfant est un remède de troubles polydiathésiques, surtout de rachitisme, à comparer à SILICEA. 


La gingivite de THUYA = elle est certes présente, mentionnée d’ailleurs plus dans le Répertoire de KENT que dans les ouvrages de Matière médicale. C’est que THUYA n’est qu’exceptionnellement indiqué dans une forme aiguë. C’est essentiellement un remède de gingivite chronique et son choix repose davantage sur les signes psychiques et généraux. 


          THUYA est également un remède possible de petites tumeurs buccales, dont l’épulis, la grenouillette. On l’a cité dans le traitement de fond des granulomes apicaux, on a même dit qu’il avait une action préventive. Personnellement, nous pensons que le seul traitement de ces lésions apicales relève de l’endodontie. Les varices sub-linguales sont citées dans tous les ouvrages.


            Enfin, il faut rappeler l’indication de THUYA comme remède de fond des mycoses, en général, buccales en particulier, à condition de retrouver quelques signes psychiques et généraux et surtout de le prescrire longtemps. La mycose est bien une affection à l'image des troubles sycotiques, tenace, récidivante, rebelle aux traitements. 

 

Commentaire

d'Alain HORVILLEUR

CONCLUSION 


            Aujourd’hui et de plus en plus, on reconnaît volontiers que de nombreuses maladies générales annoncent leur début de développement par des signes bucco-dentaires, certes discrets, alors que rien d’autre sur le plan général ne permet encore de les suspecter. 


            Cette affirmation ne peut étonner un praticien homéopathe. Combien de fois avons-nous insisté sur les signes bucco-dentaires qui annoncent la survenue plus ou moins proche de troubles buccaux plus ennuyeux ? Nous donnons volontiers, au point d’en devenir une litanie, que les aphtes ou les brûlures de la langue, ou encore les douleurs dentaires par temps humide, annoncent en même temps que l’indication éventuelle de NATRUM SULFURICUM, la mise en œuvre du mode sycotique avec tout ce que ce mode pathologique contient en puissance de troubles graves, notamment sur le  plan bucco-dentaire. Une aphtose buccale récidivante peut très bien évoluer vers une maladie de Behçet dont on connaît le risque mortel. Des aphtes banals peuvent être le signe de départ de la maladie de Crohn. Une banale sécheresse buccale, non expliquée par la prise de certains médicaments psychotropes, peut annoncer une hypothyroïdie, ou une maladie de Gougerot ou encore une sarcoïdose


            Des ulcérations du voile du palais, creusantes et douloureuses, font partie éventuellement d’une maladie générale plus grave, la maladie de Wegener, vascularite systémique qui peut être grave avec ses troubles ORL, respiratoires ou rénaux. Des ulcérations semblables peuvent être le point de départ d’un lymphome malin ou d’une leucose.  


            Encore un exemple = les télangiectasies qui sont souvent banales peuvent être le point de départ d’une sclérodermie systémique ou de la maladie de Rendu-Osler.  


            Il en va de même avec certaines pathologies générales comme les troubles de la thyroïde que nous avons tenté de mieux comprendre dans le présent sujet. Les médicaments cités sont parmi les plus fréquents mais ne sont pas les seuls. Mais il ne faut pas basculer dans la paranoïa = tous les troubles buccaux n’annoncent pas de catastrophe, heureusement. Et même ceux-ci sont tout de même peu fréquentes. En plus de 30 ans d’exercice, nous n’avons dépisté que deux syndromes de Behçet, alors que les cas d’aphtoses buccales, même graves, sont fréquents. A l’inverse, nous avons suivi pendant quelques années une jeune patiente traitée depuis des mois pour une hyperthyroïdie qui ne présentait pas les signes bucco-dentaires de cette maladie. Sans doute son traitement était-il bien conduit.