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LES SYCOTIQUES

CHEZ LEUR DENTISTE

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            Comme cela a été dit plusieurs fois = le mode sycotique se caractérise essentiellement par un ralentissement des échanges intercellulaires du fait d’une rétention hydrique. Cela explique la tendance à l’imbibition (obésité flasque) avec des troubles déclenchés et aggravés par l’humidité et le froid humide, dont des névralgies dentaires. De plus le ralentissement des échanges perturbe profondément les mécanismes immunitaires à tous les niveaux dont la cavité buccale, ce qui explique la torpidité de tous les troubles. Il faut en prévenir le patient, qui risquerait de se décourager sans attendre les résultats. La mauvaise qualité de la réponse immunitaire au niveau de la bouche explique la persistance d’une gingivite banale au départ, mais qui évolue ensuite progressivement vers une maladie parodontale mutilante. On se méfiera dans le traitement de la gingivite ou des inflammations buccales des effets iatrogènes et sycotisants des médicaments chimiques comme les antibiotiques.


            L’homéopathie est une médecine holistique, tout le monde le sait. Il faut en tenir compte même lorsque l’on doit traiter une affection localisée. Bien entendu, il ne faut pas non plus exagérer = une carie banale ou une gingivite érythémateuse n’imposent pas systématique une anamnèse poussée et remontant jusqu’aux arrière-grands-parents. Mais lorsqu’un sujet jusque-là sans carie commence à en avoir plusieurs, il est normal de se demander pourquoi. Il peut s’agir de simples erreurs hygiéno-diététiques. Mais ce peut être les prémisses d’une décompensation diathésique. C’est alors que l’homéopathie peut jouer son rôle préventif si l’on peut situer cet incident local dans son contexte général. Par exemple, et nous commencerons notre étude sur la thérapeutique des troubles bucco-dentaires des sycotiques par cela, la mise en œuvre du mode sycotique peut se manifester par des névralgies dentaires qu’aucune cause locale n’explique. De plus, nous l’avons dit et répété, le mode sycotique est mis en œuvre progressivement, le plus souvent lorsque le mode psorique est devenu insuffisant. C’est pour cela que l’on décrit des remèdes d’évolution psoro-sycotique qui peuvent concerner le chirurgien-dentiste. Voici les principaux pour ce qui concerne la pathologie bucco-dentaire.



PREMIER EXEMPLE = GRAPHITES

            C’est l’un des principaux remèdes d’évolution psoro-sycotique. Ce patient a longtemps réagi sur le mode psorique. Puis pour diverses raisons, notamment par suite de la persistance de la sédentarité, des erreurs alimentaires, des troubles endocriniens comme l’insuffisance thyroïdienne, des troubles de la vie génitale féminine (puberté, grossesses, ménopause climatérique), ce sujet voit ses émonctoires se bloquer : émonctoire cutané (peau devenue épaisse, éruptions croûteuses laissant suinter un liquide épais, troubles trophiques..., à comparer à ANTIMONIUM CRUDUM, complémentaire fréquent), émonctoire intestinal avec une constipation de plus en plus opiniâtre, tendance à l’obésité, etc...  Le ralentissement métabolique progressif accentue la tendance à l’auto-intoxication. Ce sujet devient sensible au froid humide et garde du mode psorique initial l’aggravation par la chaleur qui accentue ses troubles circulatoires.

            Voilà donc ce sujet devenu gras, constipé et frileux. Pour quelles raisons vient-il consulter son dentiste ? Rarement pour ses éruptions labiales ou péri-labiales, car il consulte pour cela plus volontiers son médecin.  Il vient plutôt pour des vésicules brûlantes au niveau de la lèvre inférieure ou au niveau de la langue, surtout à la pointe, avec sécheresse buccale pire au réveil, salivation abondante notamment la nuit (Mercurius sol.). Il peut venir consulter également pour une gingivorragie au brossage ou au contact. Que peut faire un dentiste « classique » pour un tel patient ? Sans doute pas grand chose, à part les éternels bains de bouche. Un dentiste « homéopathe » peut mettre en évidence l’indication de GRAPHITES, plus sur ses signes généraux et psychiques que buccaux. Et là la possibilité préventive de l’homéopathie peut s’exprimer car si l’on consulte la matière médicale on peut lire textuellement : « Les gencives se rétractent, les dents brûlent et piquent, douleurs dans les dents par vent froid... » (Kent). 

            Ces troubles cutanés expriment à l'évidence ce que les homéopathes appellent le "blocage des émonctoires", en l'occurrence ici la peau.

DEUXIÈME EXEMPLE  = KALI CARBONICUM


            Il s’agit encore une fois d’un médicament d’évolution psoro-sycotique. Ce patient a tendance à l’obésité par infiltration de ses tissus et par rétention d’eau. C’est un sujet devenu déprimé, hypersensible (au bruit, au contact...), irritable, frileux, anémique, multiphobique (comme CALCAREA CARBONICA), très asthénique. Sa tendance à la bouffissure s’exprime notamment aux angles internes des paupières supérieures. Ce sujet craint particulièrement le froid humide, déteste les courants d’air, transpire au moindre effort. Il souffre d’une dyspepsie flatulente intense, éructe sans cesse, est constipé, a des hémorroïdes douloureuses. Parfois il a de l’asthme (crise entre 2h et 4h du matin). Bref, c’est un sujet souvent très décompensé, souvent à la suite d’une maladie grave.


            Il vient au cabinet dentaire au début pour une sensation de sécheresse buccale malgré une salivation augmentée, pour des vésicules brûlantes dans la bouche et sur la langue, pour une haleine fétide, pour des douleurs dentaires chaque fois que le patient a eu froid, douleurs lancinantes, élançantes au niveau de dents saines, odontalgies en mangeant, ou par les aliments froids. Mais le plus souvent, il vient pour une gingivite : « Inflammation, gonflement et ulcérations des gencives ; les gencives se décollent des dents, s’en séparent ; les dents alors se gâtent et il faut les arracher de bonne heure. La bouche est pleine de petites plaques, de petites ulcérations ; pus suintant entre les gencives et les dents » (Lathoud). Les choses sont bien claires. C’est la maladie parodontale dans sa splendeur. La carie dentaire peut s’expliquer par plusieurs causes : d’abord par abus de sucreries, ensuite par brossage insuffisant, enfin par dépression de l’immunité locale du fait du mode sycotique. La gingivite et la maladie parodontale ne font qu’exprimer la décompensation de ce sujet. Inutile de dire que la chirurgie est vouée à l’échec. Et encore une fois, tout l’intérêt est de reconnaître ce médicament suffisamment tôt, au stade des troubles banals réversibles, afin de prévenir la maladie parodontale.



TROISIEME EXEMPLE = LACHESIS


            Voici encore un médicament très intéressant aussi bien sur le plan général qu’odonto-stomatologique.  Il s’agit d’un polychreste aux indications nombreuses qui échappent au cadre étroit d’un seul mode réactionnel. Pour rester sur le plan limité ici de l’évolution psoro-sycotique, LACHESIS se trouve indiqué lorsque les éliminations salutaires du mode psorique ne se font pas, ou se font mal. Et l’exemple le plus démonstratif est celui de la femme en cours de ménopause climatérique, toujours sur le plan général, mais particulièrement sur le plan des conséquences bucco-dentaires qui concernent le chirurgien-dentiste, en raison de l'arrêt d'une élimination, ici physiologique, mais salutaire.


            Toutes les femmes ménopausées ne sont pas systématiquement justiciables de LACHESIS. Il s’agit le plus souvent d’une femme qui a longtemps réagi sur le mode psorique et qui trouvait dans SULFUR le remède de nombreux de ses troubles généraux ou locaux. LACHESIS est un venin de serpent, donc une substance étrangère à l’organisme, dont l’action sur ce dernier ne peut être que toxique. C’est exactement ce que représente l’alcool, autre toxique, aux effets sur l’organisme comparables à ceux de LACHESIS, avec deux cibles privilégiées : le foie et l’appareil vasculaire. On comprend ainsi pourquoi l’alcoolisme est l’une des causes principales de LACHESIS, de même qu’il est l’une des causes de la décompensation psorique (il l'est également pour le mode luétique). On sait que le mode sycotique peut être mis en œuvre à la suite du mode psorique lorsque les éliminations indispensables ne se font plus. On retrouve cela au degré fort dans LACHESIS = mauvais effets de la suppression d’un écoulement et inversement amélioration par un écoulement. Cette caractéristique explique à elle seule, même s’il y en a d’autres, l’indication si fréquente de LACHESIS au cours de la ménopause climatérique. Climatérique parce que la ménopause ne se fait pas en un seul jour, à l’évidence.


            Lorsqu’une femme LACHESIS vient au cabinet dentaire, on retrouve obligatoirement ses grandes caractéristiques :

  

  


            Cette femme vient consulter son dentiste :

  

  

  


            L’expérience clinique montre des résultats spectaculaires lorsque le traitement est commencé en temps utile, avant l’irréversibilité des lésions parodontales. On constate cette même efficacité sur des troubles bucco-dentaires comparables mais survenant chez un alcoolique invétéré.  

LES NÉVRALGIES DENTAIRES PAR LE FROID HUMIDE 



            Ce chapitre est ici isolé parce qu’il constitue une cause fréquente de consultation du chirurgien-dentiste et qui pose souvent un vrai problème de diagnostic étiologique. Ces névralgies dentaires touchent plus volontiers des adultes, parfois d’âge mûr. Ils ont donc souvent reçus de nombreux soins dentaires, plus ou moins bien réalisés. Il faut donc rechercher une cause dentaire avant d’en attribuer la responsabilité au mode sycotique. Ce qui n’est pas une mince affaire. Il arrive ainsi que l’on reprenne certains traitements parce qu’un canal est mal obturé, parce qu’il existe un ou plusieurs granulomes apicaux, parce qu’une couronne semble n’être plus adaptée, etc...


            Lorsqu’une cause dentaire est écartée, on peut alors envisager la responsabilité du mode sycotique qui commence seulement à être mis en œuvre chez ces sujets et dont la première manifestation clinique peut être la névralgie dentaire qui apparaît et qui est aggravée par temps humide et le plus souvent par temps froid et humide. Certes en cherchant un peu et en interrogeant, on retrouve bien quelques signes de l’état hydrogénoïde comme la cellulite par rétention d’eau, la tendance à l’embonpoint qui commence et ne cède pas à quelques jours de régime comme c’était le cas il y a seulement deux ou trois ans, l’apparition parfois de verrues. On retrouve aussi quelques causes typiquement sycotisantes, notamment des vaccinations.



DULCAMARA :

            C’est sans doute le premier médicament auquel il faille penser en cas de névralgies dentaires ou faciales apparaissant et/ou aggravées par le froid humide, par temps pluvieux ou par brouillard. Plusieurs auteurs, dont D . DEMARQUE, affirment que cette seule circonstance suffit à sa prescription, que ce médicament est au froid humide ce qu’ACONIT est au froid sec. Bien entendu, ces douleurs ne sont pas les seules manifestations de l’état hydrogénoïde, ni la seule localisation. Ce sujet ressent dans ses muscles et dans ses ligaments les changements de temps dans le sens de l’humidité.

            On peut classer ce médicament dans la série psoro-sycotique parce qu’il n’apprécie pas la suppression intempestive d’une élimination = élimination cutanée du type sycotique (volontiers torpides) comme les éruptions vésiculeuses prurigineuses, saignant, suppurant (impétigo, eczéma, etc... - élimination digestive comme la diarrhée visqueuse, jaunâtre ou verdâtre, précédée de douleurs ombilicales, améliorée par l’émission de gaz - élimination respiratoire comme le coryza au moindre froid humide, avec expectoration épaisse. A signaler la névralgie faciale faisant suite à la suppression de dartres de la face, évoquant le mode sycotique et un autre médicament comme MEZEREUM.


            La névralgie faciale ou les douleurs dentaires produisent une sensation de percement dans la joue, ou des douleurs déchirantes avec sensation de froid dans la zone douloureuse (AGARICUS = aiguilles de glace). DULCAMARA peut être aussi un remède de stomatite évoquant celle du mercure, avec sécheresse et soif, à condition de retrouver la circonstance étiologique et la modalité d’aggravation par le froid humide.

Bien entendu, l’indication et surtout l’efficacité de ce médicament oblige à rechercher un remède de fond, souvent NATRUM SULFURICUM ou THUYA. Mais s’il apparaît au début de la mise en œuvre du mode sycotique, ce qui est fréquent, le retour vers le mode psorique peut être constaté. On ne commettra pas alors l’erreur thérapeutique de bloquer une élimination.



RHODODENDRON :


            Ce médicament est très proche du précédent dans la mesure où l’on retrouve les douleurs dentaires ou la névralgies faciale apparaissant et aggravées par temps froid et humide. La seule différence est que RHODODENDRON est plus particulièrement influencé par l’atmosphère chargée en électricité, c’est-à-dire que ses douleurs apparaissent souvent avant un orage et disparaissent lorsque celui-ci a éclaté.


            Les douleurs dentaires sont comparables à celles de DULCAMARA, elles sont améliorées en mangeant, par la chaleur (locale), par le mouvement. Elles apparaissent avant l’orage, par temps humide et froid, lors des changements de temps. Elles sont très souvent accompagnées de douleurs déchirantes dans les articulations influencées par les mêmes circonstances climatiques ou de douleurs dans les testicules et les cordons spermatiques.

ARANEA DIADEMA :


            Cette araignée à diadème est plus connue sous son nom d’épeire car on en trouve dans les jardins. Elle fournit un « petit » médicament homéopathique pour divers troubles chez des sujets typiquement sycotiques hydrogénoïdes toujours « frigorifiés «  et rhumatisants.


            Le patient se dit « glacé jusqu’aux os », ne parvient pas à se réchauffer, craint surtout l’humidité froide ou le froid humide. On retrouve les névralgies dentaires, trigéminales, localisées souvent au maxillaire supérieur, apparaissant et aggravées par le froid humide, ou chaque fois que le sujet a travaillé ou séjourné dans un local humide et froid. L’originalité par rapport aux deux remèdes précédents est la régularité périodique des douleurs, habituellement vers minuit. La régularité d’horloge (chaque jour à la même heure) évoque CEDRON auquel on pense d’abord, ou ARSENICUM ALBUM et CHINA, ces deux derniers ayant une action  plus étendue. L’aggravation la nuit, la localisation osseuse, l’aggravation par le froid humide font penser au luétisme

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Les médicaments de fond

du mode sycotique