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MAMIE « AMMONIUM CARBONICUM »


            Le carbonate d’ammonium constitue, du point de vue diathésique, une étape de décompensation grave sur le plan général et par conséquence sur le plan bucco-dentaire. D’abord sur le plan général, ce médicament s’adresse à un sujet asthénique, épuisé par une anémie, ou par des hémorragies, par des intoxications (par l’oxyde de carbone par exemple), très frileux, aggravé par le froid surtout humide. Il annonce déjà PSORINUM par son manque de réactions aux médicaments homéopathiques d’action ponctuelle pourtant bien indiqués. Il s’agit plus souvent d’une femme grasse, épaisse, lourde, bedonnante, d’aspect malsain, indolente. Cette femme déprimée se néglige (horreur des lavages), elle a des crises fréquentes de défaillance (lipothymie à la moindre occasion et notamment au cabinet dentaire). Les éruptions « sortent » mal, les sécrétions sont irritantes, corrosives, excoriantes, les inflammations muqueuses évoluent vers l’ulcération avec hémorragies de sang noir, coagulant mal et vers la gangrène.


            C’est un remède important d’insuffisance rénale, d’asthme, de troubles cardio-respiratoires (dyspnée pire à 3h du matin et à l’effort - faiblesse cardiaque, accélération du pouls, palpitations, hémorragies foncées et fluides). L’atteinte rénale s’exprime par une insuffisance avec uricémie, urémie, évolution vers une néphrite scléreuse.


            Dans ce contexte, LATHOUD annonce « Un gonflement inflammatoire des gencives, gencives scorbutiques, les gencives s’écartent des dents qui se déchaussent et la muqueuse saigne facilement. La bouche est sèche, avec une grande sensibilité des dents, surtout en les serrant. On a alors l’impression qu’elles sont trop longues, ou bien cela provoque un ébranlement douloureux à travers la tête...Les dents font très mal à chaque changement de temps ou de modification de la température intra-buccale... ».


            C’est donc le tableau d’une maladie parodontale évoluée et évolutive, de pronostic d’autant plus sévère que la fonction rénale est atteinte. Il est rare que ce soit le dentiste qui dépiste cette dernière à partir des signes buccaux = bouche sèche et déshydratée, sensation que la langue est « rôtie », dépôts brunâtres et collants, gingivite ulcéreuse ou ulcéro-nécrotique, poches suppurées, halitose d’odeur ammoniacale, parotidite... Si ce diagnostic n’était pas encore posé, le rôle d’orientation du dentiste doit s’exprimer. Mais le plus souvent, cette Mamie vient consulter trop tard, la chirurgie parodontale serait vaine sans amélioration de l’état général. En tous cas, la prothèse est sans doute la meilleure solution.  




AURUM METALICUM

Un "papi" en or !

            

            MAIS, et c’est pour nous un leitmotiv, l’action de l’or est LENTE et les troubles chroniques le plus souvent. D’où la possibilité d’une prévention si les circonstances conduisent le papi Aurum a une consultation suffisamment précoce.


            D’abord que disent les Matières médicales à propos de la bouche et des dents de AURUM METALLICUM ?


  


AURUM peut donc être un remède de gingivite ou surtout de parodontopathie grave, suppurant beaucoup et donc d’un pronostic plutôt défavorable si l’on  désire conserver le maximum de dents. La chirurgie doit être particulièrement réfléchie car le contexte général n’est pas favorable.


Le papi AURUM a habituellement des problèmes cardio-vasculaires, il est souvent déprimé, il souffre de rhumatismes et ne parlons pas ici des problèmes sexuels. C’est encore un ancien alcoolique ou même un alcoolique qui n’a pas encore pris sa retraite !


            Le « moins » qu’il puisse avoir est simplement une atteinte rhumatismale = douleurs articulaires chroniques, souvent erratiques avec congestion locale, dilatation veineuse, douleurs aggravées par le froid (et donc en hiver), au toucher et la nuit, améliorées par la chaleur (et en été).


            Le plus fréquent est l’atteinte cardio-vasculaire = hypertension chez un papi congestionné et pléthorique. Il a des bouffées de chaleur, des palpitations violentes qui peuvent inquiéter le dentiste, des battements visibles des carotides ou des temporales, le tout accompagné d’anxiété. Il existe aussi une « Mamie Aurum » qui présente le même tableau d’hypertension qui est apparu progressivement après la ménopause et qui évoque LACHESIS. 

Dans la phase d’excitation, on peut voir un papi agité, précipité, autoritaire, coléreux, hypersensible (à la contradiction, à la douleur, au bruit, au froid....). Il a souvent des penchants pour l’alcool que pourtant il ne supporte pas bien : ballonnement de l’estomac, brûlures gastriques, éructations et régurgitations. Ce qui le met en colère !


            Et puis il y a le contexte dépressif si souvent décrit : VOISIN le décrit comme « un mélancolique introverti dégoûté de la vie ». Ce grand-père (ou cette grand-mère) est triste, « voit tout en noir », n’a plus confiance en lui, hésite pour tout, a des scrupules pour des riens, craint l’avenir. Il se renferme sur lui-même dans une introspection constante avec désir de solitude, pleurs sur ses fautes (lesquelles ? il n’en sait pas plus que LACHESIS !). Le dégoût de la vie apparaît avec des idées obsédantes d’autolyse compensées par une crainte de la mort. Mais cette inhibition du passage à l’acte suicidaire peut être parfois levée et il est classique de conseiller la surveillance de tels patients.


AURUM s’intègre le plus souvent dans la liste des médicaments du mode luétique (ne pas oublier que les sels d’or ont été utilisés dans le traitement de la syphilis). Ce mode réactionnel est très souvent sollicité chez un ancien SULFUR qui a succombé à l’intoxication alcoolique. Son action lente impose un traitement prolongé.

            L’or était déjà utilisé dans l’Antiquité, notamment par Dioscoride (36 avant J.C.) ou par Avicenne (XI° siècle), pour le traitement de la mélancolie, contre la mauvaise haleine, contre la chute des cheveux, les cardialgies, etc... Même si son utilisation dans les reconstitutions dentaires remonte déjà à plusieurs siècles, l’or n’en est pas moins un métal étranger à l’organisme et par conséquent, son action ne peut être que toxique, en deux phases. La première s’exprime par des congestions, des spasmes, des hypertrophies, la seconde par des défaillances organiques avec des scléroses multiples sur un fond dépressif dominant.

Commentaire

d'Alain HORVILLEUR

PAPI  « CAUSTICUM »



            Voilà un papi qui semble bien triste. Certes le cabinet dentaire, pour le patient, n’est pas forcément un lieu de plaisir ! Mais ce papi que l’on connaît pour l’avoir suivi depuis longtemps a perdu  son épouse il y a quelques mois et de plus relève d’une maladie grave (troubles respiratoires).


            Ce vieillard grand et sec, à la démarche enraidie, est particulièrement pâle. Il marche avec peine, il souffre de rhumatismes depuis des années et certaines de ses articulations semblent paralysées. Il éprouve d’ailleurs une même paralysie au niveau de la langue ce qui explique sa parole déformée, hésitante et les morsures de sa langue lorsqu’il mange ou parle.


            Ce qui frappe d’emblée, c’est d’abord sa grande faiblesse qui se voit dans le comportement hésitant et sa tristesse : il semble désespéré, il est larmoyant, son regard traduit une anxiété comme si un malheur allait arriver. Mais en même temps il est irirtable, d’abord contre lui et ses maladresses.


Pourquoi consulte-t-il son dentiste ?



            Les signes bucco-dentaires représentent près de 4 pages dans le Répertoire de Kent, version CD-ROM du C.E.I.A. On ne prescrira jamais sur ces seuls signes locaux et c’est la raison pour laquelle le contexte général est décrit plus loin, comme d’ailleurs pour tous les médicaments d’action profonde.


  


            En dehors de la pathologie dentaire lésionnelle, CAUSTICUM peut être un remède de stomatodynies ou de glossodynies.


            Plusieurs de ces troubles bucco-dentaires peuvent s’inscrire dans un contexte digestif : sécheresse de la langue et de la bouche, douleurs crampoïdes et surtout brûlantes au niveau de l’épigastre et de l’estomac, nausées aggravées en mangeant de la viande, vomissements acides, éructations ayant le goût des aliments, beaucoup de gaz fétides, constipation habituelle avec besoins fréquents et inefficaces, selles dures, d’aspect graisseux, demandant beaucoup d’efforts (les selles passent mieux en position debout ! ! !), hémorroïdes gonflées, dures, prurigineuses, brûlantes (sensation de plaie à vif).


Des rhumatismes sont toujours là :


            Il s’agit de toutes sortes de rhumatismes et leurs caractéristiques proviennet des modalités : < par temps clair et beau, par le vent froid et sec, au grand air, la nuit (entre 3 et 4h), > par le temps humide et pluvieux. En même temps, le patient a la sensation que ses tendons sont trop courts et l’ensemble s’accompagne d’une grande faiblesse générale, de contractures tendineuses et musculaires, de raideur et de parésies locales ou générales.


Et puis il y a des paralysies. D’abord celle spectaculaire qui est la paralysie faciale par suite de froid sec, qui correspond à la névralgie faciale dans les mêmes circonstances. Il y a ensuite des parésies ou des paralysies comme la ptôse de la paupière supérieure, l’incontinence d’urines en toussant, en éternuant par faiblesse parétique de la vessie ou au contraire la rétention d’urines avec des besoins fréquents et inefficaces, toujours pour la même cause. Ou encore la paralysie des cordes vocales, ou la constipation par parésie de l’intestin, ou enfin la paralysie du nerf optique avec des troubles de la vision. Il s’agit le plus fréquemment de paralysies progressives dans leur apparition, elles peuvent se produire n’importe où.        

            Il y a bien entendu d’autres troubles que ceux décrits succinctement ci-dessus. Comme l’écrit R. ZISSU, CAUSTICUM est un remède fréquent chez un vieillard paralytique (paralysies d’origine cérébrale ou paraplégies d’origine médullaire) et impotent, bronchitique chronique, incontinent avec une hypertrophie de la prostate, et surtout artérioscléreux (vertiges, cardio-vasculaire, vertiges, cataracte...).


            Inutile de dire combien la chirurgie parodontale ne sera envisagée qu’avec beaucoup de réserve.


Photo ci-contre =morsures répétées de la face interne de la joue

  

MAMIE « THUYA »



            On la reconnaît dès qu’elle entre dans le cabinet dentaire = classiquement le « type sensible » est défini par les signes suivants : aspect gras et luisant de la peau du visage et notamment les ailes du nez et l’espace inter-sourcillier (peau épaisse, irritée, pores dilatés), varicosités sur les ailes du nez, aux pommettes,  raréfaction des poils des sourcils (queue), veines distendues notamment sur le dos des mains, hanches imbibées (cellulite). Cela c’est ce que l’on voit ou plutôt que l’on devrait voir si Mamie Thuya ne mettait pas et n’abusait pas de poudre de riz ! C’est que cette vielle dame est restée coquette ! Ensuite, on peut affiner ce type sensible. Il existe souvent des varices sous la langue. Il existe également une tendance aux formations cellulaires dont certaines peuvent être apparentes sans faire dévêtir = verrues molles, pédiculées, en chou-fleur, humides, saignant facilement, molluscum pendullum, le tout fréquemment à la face et au menton, polypes des narines, et il y en a que l’on ne peut apercevoir d’emblée = polypes, condylomes, végétations, kystes (ovaire gauche notamment), fibromes localisés notamment dans les régions anale et génitale, ou ailleurs. On peut constater des ongles mous, cassants striés longitudinalement.   


            On peut voir cette Mamie au cabinet dentaire pour diverses raisons :


  


            THUYA est le principal remède de fond des troubles du mode sycotique. On retrouve donc dans les antécédents ou dans les circonstances étiologiques des troubles dus au dysfonctionnement immunitaire, tenaces, rebelles aux traitements, récidivants, faisant suite à des injections de protéines étrangères (vaccinations, sérothérapies), ou à des chimiothérapies itératives (antibiotiques donnés pour diverses infections, notamment O.R.L. et génito-urinaires - corticoïdes prescrits par exemple pour des rhumatismes chroniques - contraceptifs, neuroleptiques, diurétiques...). La susceptibilité au froid humide, la tendance aux productions tumorales de toutes natures, la tendance à l’imbibition hydrique, aux infections répétées et tenaces dont les mycoses, la chronicité, la progressivité des troubles, la tendance dépressive secondaire confinant aux idées fixes, tout cela définit THUYA et la Mamie Thuya en offre un exemple , même lorsqu’elle se rend au cabinet dentaire.

  

Mamie « MEDORRHINUM »



            Dans un excellent ouvrage, le Dr E.F. LEFORT dresse un portrait peu ragoûtant d’une femme prostituée qu’il appelle Medorrhina. Certes ce portrait décrit une femme encore jeune mais il est facile d’imaginer ce que le temps et la sénescence peuvent ajouter à cette description. Voici quelques extraits de cette savoureuse description :


 « Sous la poudre et le maquillage...on devine le teint réel de l’héroïne de Medorrhinum. Les traits dont le contour n’est plus qu’un rappel lointain du minois de l’arpette de 16 ans, sont oubliés sous cette peau qui a perdu toute apparence de fraîcheur et de santé. Le teint est jaune, non pas tavelé de taches régulières comme Sepia, mais d’un ton flétri, cireux, tirant sur le verdâtre, presque uniforme, plus marqué autour des yeux et à la lisière des cheveux, ces cheveux qui brunissent trop vite, ce qui désespère les blondes (les hommes eux, deviennent rapidement chauves, c’est encore plus grave). Les yeux sont gâtés par une blépharite chronique : le rimmel ne suffit pas à masquer le bord croûteux et suintant des paupières, et le larmoiement est là fréquemment pour rappeler « les larmes de Priape », qui ont valu à la malheureuse sa contamination première, sans compter celles qu’elle a fait verser à tant d’autres, souvenirs inoubliables des contacts impurs et désordonnés. La bouche ne cède en rien aux paupières : croûtes, herpès labial, voilà qui n’attire guère le baiser. Elle l’attirerait encore moins si l’amant ingénu savait ce qu’il y a derrière : des dents jaunâtres, cassantes et cariées, une langue chargée, épaisse surtout le matin (tristesse des réveils blafards après les nuits mal employées), blanche à la base, rouge par ailleurs, des aphtes un peu partout, un pharynx encombré de mucosités grisâtres et sanguinolentes.... ».


Ce portrait ne doit pas laisser croire que tous nos patients susceptibles de recevoir MEDORRHINUM se livrent à la prostitution ou s’y sont livrés dans leur jeunesse !

            

            Notre Mamie Medorrhinum est agitée, impatiente, précipitée et fait tout avec hâte (alors qu’elle a le sentiment que le temps passe lentement). Elle tend à remuer sans cesse (notamment les membres inférieurs, ce qui fait penser à Zincum metallicum. Et surtout elle est très souvent déprimée, irritable pour la moindre chose, sursaute au moindre bruit, se plaint d’une grande faiblesse de la mémoire (surtout pour les faits récents et pour les noms propres). Tous ses troubles sont aggravés lorsqu’elle y pense en particulier les douleurs, comme Oxalyc acid.) et elle a tendance à pleurer en parlant de ses troubles ! Elle a tendance à la lipothymie avec besoin d’être éventée. Dans les livres surtout un peu anciens, on décrit MEDORRHINUM comme un ancien blennorragique qui paye plus ou moins tardivement les conséquences de cette maladie vénérienne par des rhumatismes, des névralgies ou des troubles cutanés, etc... En fait, il n’y a pas de systématisation, la blennorragie n’est pas fréquente dans les antécédents. Mais MEDORRHINUM est le biothérapique du mode réactionnel sycotique. On retrouve donc dans la matière médicale de ce médicament tous les signes et symptômes de ce mode réactionnel. Notamment la tendance aux infections des muqueuses avec les caractéristiques habituelles : chronicité, torpidité, récidive = infections génitales (dont les mycoses, les chlamydiases...), infections O.R.L. et bronchiques (asthme en particulier > au bord de la mer), le tout accompagné de sécrétions et d’excrétions profuses, irritantes, prurigineuses et de mauvaise odeur.


            Inutile de rappeler que nos papis et mamies Medorrhinum sont perclus de rhumatismes. Ils viennent consulter le dentiste pour les troubles suivants, banals par eux-mêmes mais que le contexte général valorise :


  


            Comme on le voit, ces signes bucco-dentaires sont en eux-mêmes peu significatifs mais le mode sycotique s’exprime par la ténacité, la chronicité, la récidive des troubles et cela s’explique sans doute par une perturbation des réponses immunitaires locales et :ou générales. Rappelons en passant que MEDORRHINUM peut être un remède de la polyarthrite rhumatoïde, maladie auto-immune. On peut lire à ce propos une observation clinique de G. NOWACZYK dans laquelle MEDORRHINUM a été mis en évidence entre autres signes par un désir inhabituel d’oranges (importance des signes curieux, inhabituels, singuliers déjà signalée par HAHNEMANN dans son Organon)!


            On retrouve fréquemment chez le vieillard une polypharmacie chimique comme les vaccinations répétées, l’antibiothérapie, les anti-inflammatoires dont les corticoïdes au long cours, tous médicaments qui favorisent ou accentuent le mode sycotique. Le ralentissement des échanges et la rétention d’eau dans les espaces péri-cellulaires perturbent la mobilisation des éléments cellulaires de la réponse immunitaire. C’est le même mécanisme que l’on retrouve dans NATRUM SULFURICUM et THUYA, entre autres. Mais, et c’est notable, MEDORRHINUM est beaucoup moins sensible à l’humidité que les autres remèdes cités.


            Comme pour les autres biothérapiques diathésiques, on donne MEDORRHINUM en moyennes ou hautes dilutions lorsque la similitude l’impose. Mais on peut l’ajouter à une prescription lorsque le mode sycotique l’impose à l’évidence, en 30 CH une fois par mois par exemple, notamment lorsque dominent les troubles scléreux et lorsque la déshydratation commence à faire suite à l’imbibition de NATRUM SULFURICUM ou de THUYA.

  

  

LES PERSONNES ÂGEES AU CABINET DENTAIRE (fin)

PAPI  « PSORINUM »



            Avec ce Papi, prévoir du temps. Il doit enlever son pardessus, sa veste, ses pull-overs, sans oublier le cache-nez. Quoi ? Vous dites qu’on est en été ? Et alors. Ce Papi a toujours froid . Et puis penser au médecin lorsqu’il doit faire déshabiller complètement ! Et lorsqu’il est « enfin » prêt pour l’examen dentaire, on remarque son aspect souffreteux, sa silhouette maigre, son teint pâle, la peau grasse sur le front, sa perlèche, sa blépharite, ses cheveux secs et cassants (ou très gras). On dit dans les livres que ce Papi a un aspect sale et sent mauvais. C’est sans doute exagéré, du moins en patientèle de ville.


            Ce papi est asthénique et cela se voit. Il est anxieux et cela se voit aussi. Comme ARSENICUM ALBUM, il se croit incurable, quel que soit le trouble dont il souffre, d’ailleurs il faudrait dire « les troubles », car il en a plusieurs.


            PSORINUM, nul l’ignore, est le biothérapique du mode psorique lorsque celui-ci est parvenu au terme de son cheminement. Ce qui explique l’état général de ce patient, à l’opposé du SULFUR sthénique. Tous ses émonctoires ne fonctionnent pas ou le font très mal, d’où l’anergie qui en résulte et qui se manifeste par :


  

  

  

  

  

  


            Voilà esquissé à grandes lignes le contexte général de ce Papi. Pourquoi vient-il voir son dentiste ?


  

  1. Au mieux, c’est-à-dire pour des troubles de gravité moyenne : sécheresse buccale, aphtes, sensation de brûlure, gingivorragies, mucosités tenaces, dysgueusies (goût amer, graisseux, d’œufs pourris, métallique, insipide, perdu, sucré). Perlèche, mycose. Douleurs dentaires, la nuit. Le problème est celui de la cause de ces troubles, souvent d’origine iatrogène du fait des nombreux médicaments chimiques que prend ce Papi.


  

  1. Plus grave : une maladie parodontale plus ou moins avancée, le plus souvent évolutive et au-delà le plus souvent d’une solution conservatrice.

            

            Ce Papi qui « dans la galerie abondamment garnie des portraits homéopathiques, occupe une place peu enviable sans doute, mais de choix », « Ce parent triste et misérable de Sulfur », « Un pauvre être qui va accablé, fatigué, qui marche voûté, l’air maladif, peu agréable à voir et peu appétissant à approcher », comme l’écrit LEFORT, ce Papi donc doit être rassuré. Certes, il ne faut pas lui promettre des miracles hors de portée du bistouri mais lui annoncer avec psychologie les solutions adaptées à son état. Et surtout, il faut prescrire ce médicament assez longtemps en l’accompagnant de satellites choisis sur les signes locaux.


            Ne pas oublier non plus de le donner en hautes dilutions espacées lorsqu’un sujet a des difficultés avec son mode psorique.



EN CONCLUSION



            La pathologie du troisième âge, voire du quatrième, devient progressivement la pathologie du quotidien au cabinet dentaire comme chez le médecin. La vieillesse n’est certes pas une maladie, mais elle accumule de nombreux troubles chez le même vieillard. La pathologie bucco-dentaire n’échappe pas à ce fait. Et le dentiste doit s’y préparer. Il se passe toujours quelque chose dans la bouche du vieillard et les incidents mineurs peuvent devenir obsessionnels chez certains patients âgés. L’homéopathie offre l’avantage de ne pas ajouter à la pollution médicamenteuse. La iatrogénie du vieillard tend à devenir envahissante. Il faut le savoir et l’expliquer en mots choisis à ces patients souvent impatients !


            Il était facile d’ajouter encore quelques portraits de vieillards à cette galerie ici proposée, sans atteindre l’exhaustivité.