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NATRUM MURIATICUM

CHEZ LE DENTISTE

D'abord ce que dit la matière médicale:


  

Commentaires



Natrum muriaticum et la gingivite:


            Médicament fréquent de gingivite, souvent banale, prenant parfois un aspect scorbutique, avec des gingivorragies faciles, au moindre contact. ET, quel que soit le trouble, les lèvres sont sèches et fendillées (fissure médiane).  La gingivite débute presque toujours par une sensation de sécheresse de toute la bouche et des lèvres, avec une sensation de brûlure. C'est le stade de la gingivite érythémateuse banale, facilement réversible. Il est logique de penser à Bryonia (début lent, progressif, très grande sécheresse avec soif pour de grandes quantités d'eau froide à de longs intervalles) ou encore Arum triphyllum (lorsque des squames se forment  sur les lèvres que le patient arrache sans cesse jusqu'à se faire saigner).


            Cette gingivite se rencontre volontiers chez des sujets répondant au type sensible = longilignes et maigres. On retrouve le contexte psychique = surmenage intellectuel qui épuise, tendance dépressive, peu bavard, cherche la solitude, veut qu'on lui fiche la paix. A comparer à Phosphoric acid. chez les étudiants particulièrement surmenés ("vidés", diarrhée profuse et sans douleur, perte de mémoire) ou même à Phosphorus en cas d'aggravation brutale.

 

Natrum muriaticum et le problème de la carie dentaire:


            La matière médicale et le Répertoire de Kent  précisent l'existence de caries mais au degré faible. Il faut rappeler que cette mention ne procède pas de la pathogénésie proprement dite mais de l'expérience clinique des praticiens, troisième source de la matière médicale et certainement pas la moins précieuse.  La carie de Natrum muriaticum est à l'image de celles des sujets réagissant sur le mode tuberculinique = souvent d'apparition et de développement rapide, en quelques semaines, avec une prédilection pour les faces proximales, notamment des incisives. L'apparition de caries peu après l'éruption des dents signifie que leur minéralisation n'a pas été correcte et qu'elles sont particulièrement sensibles aux facteurs cariogènes.


            L'explication est simple. Le mode tuberculinique met en œuvre une accélération brutale des oxydations avec consommation accrue d'oxygène et de minéraux. Ces derniers peuvent manquer aux processus de minéralisation de l'os et des dents. L'ennui est que les troubles de la minéralisation dentaire sont irréversibles. Le rachitisme laisse des traces apparentes chez l'adulte. Ce mode tuberculinique est mis en œuvre plus ou moins souvent, selon les circonstances de la vie. Il est évident que s'il est mis en œuvre très fréquemment, le risque pour les dents augmente d'autant.

  

            Alors que peut faire le chirurgien-dentiste homéopathe ?


            S'il voit un enfant de dix à douze ans, la minéralisation de ses dents est très largement réalisée. Il n'y a pas grand-chose à faire sinon instaurer ou renforcer les mesures hygiéno-diététiques, conseiller des visites fréquentes et à l'évidence traiter les lésions carieuses s'il en existe. Mais il n'est pas inutile de proposer un traitement de fond pour "sauver" ce qui peut l'être, notamment les dents étant encore en train de se minéraliser.


            Le plus intéressant est de rencontrer un enfant beaucoup plus jeune afin de proposer, le cas échéant, un traitement préventif. Encore faut-il que cet enfant très jeune soit conduit à la consultation en temps utiles. Heureusement, il y a l'herpès labial ou la chéilite ou une gingivite banale qui peuvent motiver une consultation, voire même une langue en carte de géographie !!! Mais dans ce cas, il ne faut pas se tromper. Si l'on trouve l'indication de Natrum muriaticum, même sur des signes discrets, ce qui est fréquent, on doit penser immédiatement au mode réactionnel tuberculinique et se préoccuper de sa prise en charge sur le plan thérapeutique.


            Malheureusement, la clinique se montre plus nuancée et parfois plus compliquée. Le mode tuberculinique n'est pas le seul en cause, on déplore parfois la mise en œuvre simultanée du mode luétique. Ces deux modes réactionnels associés sont particulièrement néfastes pour la minéralisation des dents. La mode luétique a une affinité particulière pour les vaisseaux et peut perturber la vascularisation des bourgeons dentaires et des maxillaires, expliquant la fréquence des anomalies de forme, d'implantation et les problèmes de croissance qui relève de l'orthodontie. Cette intrication des modes réactionnels explique la nécessité de donner Calcarea phosphorica en alternance avec Calcarea fluorica. Aucun médicament ne doit être rejeté sous le fallacieux prétexte de l'unicisme de la prescription. Il ne s'agit pas là de sémantique ou de respect de principes, mais de donner à un enfant toutes les chances, même "infinitésimales" de réussir la minéralisation de ses dents.

 

Natrum muriaticum et les maladies auto-immunes de la cavité buccale:

        

            Pendant longtemps, on a pensé que Natrum muriaticum n'était indiqué que chez l'enfant et chez l'adolescent, ou chez l'adulte jeune. Cependant, force est de constater que l'on trouve souvent l'indication de ce médicament chez des adultes d'âge mûr pour l'aphtose buccale mais également pour le syndrome de Gougerot-Sjögren, ou encore dans les stomatopyrosis.


            Pour l'aphtose buccale, il n'y a rien de particulier. La matière médicale précise "aphte brûlant" ce qui est inutile car tous les aphtes brûlent, le mot vient du grec "aphtein" qui signifie "brûlant" ! La localisation à la gencive est au degré fort, au degré moyen à la langue. Comme c'est très souvent le cas pour l'aphtose buccale, les signes buccaux passent au second plan, même lors d'une poussée aiguë car Natrum muriaticum est plutôt un remède de fond.


            Le syndrome de Gougerot est une indiqué plus importante, même si cette affection reste tout de même assez rare. Contrairement à ce que disaient les auteurs anciens, Natrum muriaticum se voit indiqué chez l'adulte d'âge mûr et même chez le vieillard. La sécheresse des muqueuses en général et de celle de la bouche en particulier explique l'indication possible de Natrum muriaticum. La sécheresse oculaire est aussi présente dans la pathogénésie avec une sensation de brûlure, une hyperesthésie de la cornée, des troubles de l'accommodation et une éventuelle dacryocystite. L'action diphasique déjà décrite se retrouve au niveau de l'œil = sensation de sécheresse intense et en même temps larmoiement plus ou moins abondant mais toujours brûlant et âcre. Enfin, plusieurs signes articulaires complètent le tableau de ce syndrome. Ne pas oublier que, quel que soit le syndrome en cause, le choix de ce médicament repose avant tout sur la présence des signes psychiques et généraux. On ne prescrit pas Natrum muriaticum chez un sujet volubile et extraverti !


            Il est intéressant de noter ici, et une fois encore, la complémentarité de Sepia, autre remède très important et très fréquent du syndrome de Gougerot. Sepia a une nette tendance à la fixation des troubles sur tel ou tel appareil en corrélation avec une congestion veineuse du petit bassin. Or, le syndrome de Gougerot se rencontre volontiers chez des femmes juste après leur ménopause. La dépression de Natrum muriaticum est encore plus marquée chez Sepia. Petit à petit, les glandes exocrines tendent à la sclérose et Silicea se profile. Il convient de le donner en temps utile afin de palier les conséquences de la sclérose, c'est-à-dire bien longtemps avant l'irréversibilité des troubles. A condition d'en avoir le temps !


            Il n'est pas toujours facile de distinguer Natrum muriaticum de Sepia, d'autant plus que tous deux sont introvertis, parlent peu, ne se confient pas. Tous deux ont une sécheresse des muqueuses, la sensation de sable sous les paupières, une aversion pour le coït sur le plan affectif et psychique, renforcée par la sécheresse vaginale.


            Compte tenu de sa matière médicale et de l'expérience clinique des praticiens, il est logique de placer Natrum muriaticum parmi les médicaments les plus importants des maladies auto-immunes, notamment l'aphtose buccale et le syndrome de Gougerot. Il ne faut pas oublier la maladie de Behçet, l'anémie de Biermer, la polyarthrite rhumatoïde le lupus érythémateux disséminé, le pemphigus et la sclérodermie. Du moins au début de leur développement.


Natrum muriaticum et les stomatopyrosis:


            Affection à l'évidence d'origine psychosomatique, de plus en plus fréquente du fait du mode de vie stressant et de l'augmentation du nombre de personnes vivant seules, la stomatodynie ou encore stomatopyrosis pose un problème délicat. D'abord, le diagnostic n'est pas toujours évident et le diagnostic différentiel encore moins. Le risque est de ne pas mettre tous les moyens en œuvre et de conclure à une origine psychosomatique, passant à côté d'une cause physique réelle. Un argument montre la difficulté =  la plupart de ces patients ont déjà consulté plusieurs praticiens, sans succès et l'échec répété engendre une cancérophobie que des explications claires ne parviennent pas à surmonter.


            Dans la plupart des cas, la médecine classique utilise les anxiolytiques, qui eux-mêmes ont pour effet secondaire une hyposialie plus ou moins importante, elle-même source de pyrosis ! L'homéopathie a au moins l'avantage de l'absence d'effets iatrogènes, ce n'est pas son moindre mérite.


            Natrum muriaticum est l'un des principaux médicaments de ces affections dont le point de départ est un facteur psychogène = suites de chagrin, de disparition du conjoint ou de la conjointe, introversion de la peine, peur de la solitude, etc..... Tous ces facteurs psychogènes sont présents dans la matière médicale de ce médicament, à comparer encore une fois à Sepia, tous hautement hiérarchisés, au point que les signes locaux n'ont qu'une importance relative.


            L'un des écueils avec Natrum muriaticum ou avec Sepia est l'introversion de ces sujets qui, alors qu'ils viennent demander un soulagement, restent très, trop, discrets sur ce qu'ils ressentent sur le plan affectif. Il faut leur "arracher" des précisions, il est donc nécessaire, autant que faire se peut, de créer d'abord un climat de confiance. Il faut surtout éviter les questions trop directes, il faut "biaiser" (dans le bon sens du terme). Surtout, il faut qu'ils ressentent au plus profond d'eux-mêmes qu'enfin, "ce" praticien a compris leur problème. Il faut accorder une grande importance à des petits détails qui n'ont certes rien de déterminant. Mais ces patients anxieux tendent à se fixer sur tel ou tel point, jusqu'à en faire une fixation obsessionnelle. Bref, il faut faire preuve du plus grand doigté. Ensuite, il faut prescrire le remède en hautes dilutions, en commençant de préférence par une 12 ou 15 CH une à trois fois par semaine. Et comme cette posologie peut sembler insuffisante à un patient anxieux, il est souvent nécessaire d'ajouter un ou deux "petits" remèdes d'action purement locale que le patient pourra prendre plusieurs fois par jour, choisis sur tel ou tels symptômes décrit(s) comme gênant par le patient.




CONCLUSION



            Ainsi, le banal sel de cuisine se révèle un médicament homéopathique de première importance, ce que l'on appelle un "polychreste". L'ampleur de son action ne peut s'expliquer que sa double action = toxique d'abord, métabolique ensuite. La toxicologie a pu être mesurée par des observations chez des sujets ayant vécu des naufrages en mer et ayant consommé de l'eau de mer ou chez des sujets ayant abusé d'aliments salés.


            L'action métabolique s'explique sans aucune doute par le rôle fondamental du chlorure de sodium dans le réglage de pression osmotique des cellules, et donc dans les échanges intercellulaires. Il est patent de comparer l'action opposée du chlorure de sodium dont le trait dominant est la déshydratation et du chlorure de sodium avec son imbibition hydrique.


            Natrum muriaticum et Natrum sulfuricum sont deux médicaments homéopathiques importants, mais indiqués pour des troubles très différents les uns des autres.


            Natrum muriaticum est l'un des médicaments principaux des troubles relevant du mode réactionnel tuberculinique. Il se voit fréquemment indiqué chez les sujets jeunes dans de nombreux troubles aigus ou subaigus avec, souvent infectieux faisant suite au froid, avec un signe d'appel caractéristique = la sécheresse des muqueuses, comme le complémentaire Bryonia. Cette sécheresse peut rester banale mais il est fort possible que les échanges cellulaires soient perturbés. La première conséquence est la perturbation des processus immunitaires, expliquant sans doute les nombreux syndromes infectieux et l'augmentation des manifestations allergiques ou auto-immunes. Une autre conséquence, lorsque ces troubles infectieux se répètent trop souvent, est la perturbation des mécanismes de la minéralisation du squelette et des dents. On retrouve là la mode réactionnel tuberculinique avec sa consommation excessive de minéraux et d'oxygène.


            On a trop longtemps réduit l'action de Natrum muriaticum à ces seuls troubles alors que l'expérience clinique montre son actualité chez des adultes d'âge mûr.

 

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Deux "types sensibles" à comparer

Natrum muriaticum









Natrum sulfuricum