TRAITEMENT HOMEOPATHIQUE
DE L'HERPES BUCCAL OU PERI-BUCCAL
Dans la plupart des cas, la primo-infection herpétique passe inaperçue ou alors peut-elle prendre la forme d'une stomatite herpétique, plus fréquente chez l'enfant. Bruyante ou non, cette primo-contamination entraîne une réaction immunologique qui, bien qu'efficace dans la phase aiguë, n'empêche pas la latence ni la survenue de réactivations au cours de diverses circonstances: fièvre, état grippal, exposition au soleil, choc émotionnel, menstruation, traumatisme, surmenage, etc...
Après une phase prodromique de 24 heures caractérisée par une vive sensation de brûlure, apparaissent successivement une plaque érythémateuse pruriante, puis des vésicules, qui s'ulcèrent et forment une croûte. La périodicité et la gravité locale varient d'un sujet à un autre et chez le même sujet d'une poussée à une autre.
AU STADE PRODROMIQUE, EST-IL POSSIBLE D’ÉVITER L’ÉRUPTION ?
Selon Guy DESMICHELLE (Revue "L’Homéopathie Française" n°1 Jan/Fév. 1985), pour éviter l'éruption ou la rendre fugace (moins de 24h), il faut donner dès la sensation de brûlure:
Une dose de SULFUR 7 ou 9 CH ou une dose de SULFUR IODATUM 7 ou 9 CH.
Une heure après, une dose de VACCINOTOXINUM 9 CH.
Enfin, une ou deux heures après, une dose de RHUS TOXICODENDRON 15 CH.
Commentaire:
SULFUR et SULFUR IODATUM peuvent être donnés au tout début d'une maladie éruptive. Si le médicament est pris en temps utile, l'éruption peut être évitée, sinon l'exanthème apparaît rapidement et évolue plus vite. SULFUR s'adresse à des sujets sthéniques, en pleine forme. Alors que SULFUR IODATUM convient à des sujets moins sthéniques, maigres, ayant une tendance aux adénopathies et réagissant avec moins de sthénicité.
VACCINOTOXINUM est un biothérapique préparé à partir de lambeaux de raclures d'une éruption cutanée de vaccine sur une génisse inoculée depuis cinq jours avec du virus vaccinal. On le donne ici sur une similitude lésionnelle, de même que dans la varicelle, le zona et les névralgies post-zostériennes.
RHUS TOXICODENDRON est donné ici sur une notion symptomatique de vésicules pruriantes et brûlantes, pour lesquelles ce remède se montre très actif.
LES REMÈDES DE NEUTRALISATION ÉTIOLOGIQUE
Pour les sujets atteints d'herpès récidivants, on peut tenter une action de neutralisation de la cause déclenchante, à condition que celle-ci soit nettement retrouvée par l'interrogatoire. La liste ci-dessous n'est pas exhaustive:
Suite de choc émotionnel (deuil): IGNATIA, GELSEMIUM...
Suite d'exposition au soleil: surtout NATRUM MURIATICUM, puis Muriatic acid.
Après traumatisme ou fatigue musculaire: ARNICA.
Après infections fébriles: grippe = INFLUENZINUM; infections respiratoires : ENTEROCOCCINUN, PYROGENIUM.
etc...
LES REMÈDES SYMPTOMATIQUES
Lorsque le patient vient consulter au début d'une poussée d'herpès, on peut lui donner une dose de VACCINOTOXINUM 9 CH. Eventuellement après la fin de la poussée, on peut donner une nouvelle dose deux à trois fois par mois pour éviter une récidive.
Comme pour toutes les autres affections récidivantes, le traitement homéopathique comporte deux niveaux: d'abord soulager le patient qui vient consulter au moment d’une poussée aiguë parce qu'il souffre, c'est le rôle du traitement symptomatique; puis, le traitement de fond tentera d'éviter les récidives.
Pour le traitement symptomatique, la localisation habituelle de l'éruption sert de point d'appui à la recherche du remède semblable. Le Répertoire est ici encore d'une utilité irremplaçable:
Herpès autour des lèvres: trois "gros" remèdes (3° degré ou degré fort) = NATRUM MURIATICUM, RHUS TOXICODENDRON, SEPIA - Puis au degré moyen: Arsenicum album, Calcarea fluorica, Dulcamara, Graphites, Hepar sulfur, Medorrhinum, Niccolum, Tuberculinum. Enfin (degré faible): Sulfur, Silicea et Lachesis.
Herpès labiaux: surtout = NATRUM MURIATICUM
Puis: RHUS TOX., SEPIA, BORAX, HEPAR SULFUR, PARIS QUADRIFOLIA.
Enfin: ARSENICUM ALBUM, MEDORRHINUM, SULFUR, KREOSOTUM.
Herpès des commissures labiales: deux médicaments (degré moyen) : Sulfur et Lycopodium. Si évolution vers le menton: Natrum mur. puis Calcarea fluorica.
Herpès linguaux: NATRUM MURIATICUM, puis ZINCUM.
Dans la gingivite ou stomatite herpétique (selon G. DESMICHELLE) Trois remèdes fréquents: BORAX, MERCURIUS CORROSIVUS et CANTHARIS. Trois remèdes moins fréquents: CARBOLIC ACID., SULFURIC ACID., ARSENICUM ALBUM.
En dehors de ces remèdes individualisés sur une notion topographique, il existe malheureusement d'autres remèdes possibles, comme trois KALI (bichromicum, iodatum, carbonicum), trois NATRUM (arsenicicum, carbonicum, sulfuricum) en plus de NATRUM MUR., PSORINUM, NITRI ACID., CONIUM, CARBO VEGETABILIS
Comme il est impossible des les décrire tous, seuls les plus importants et donc d'indication très fréquente seront présentés. NATRUM MURIATICUM et SEPIA sont sans doute les deux médicaments les plus souvent indiqués dans l’herpès labial ou buccal. Comme ils sont très connus ne sont rappelés que quelques signes.
NATRUM MURIATICUM
C'est de loin le médicament le plus important de l'herpès buccal ou péri-buccal, et pourtant sa prescription ne peut se faire à partir des seuls signes locaux, qui n'ont aucun caractère spécifique. NATRUM MUR. est également un remède d'aphtose buccale surtout chez le jeune enfant ou chez l'adolescent, de grande taille et mince, souvent assoiffé avec des lèvres sèches et parfois un désir de sel inhabituel. C'est un remède important et fréquent de gingivite d'aspect scorbutique, très hémorragique, dans une bouche sèche avec soif. C'est encore un remède de fond du syndrome de GOUGEROT-SJOGREN. Et enfin, c'est un remède très important de carie dentaire d'évolution rapide et globale, dont l'intérêt principal réside en une prescription précoce à partir de signes encore discrets. Il faut commencer le traitement par une 7 CH deux à trois fois par semaine.
SEPIA (l'encre de seiche)
L'indication dans la poussée d’herpès buccal ou péri-buccal peut survenir chez un enfant anorexique ou énurésique. Mais on le voit souvent indiqué chez un adulte, homme sédentaire soumis à des excès agressant le foie (excès alimentaires, toxiques comme l'alcool, tabac. . . ) ou le plus fréquemment chez une femme après une colibacillose, des excès sexuels, des incidents de la vie génitale et surtout l’herpès cataménial. Commencer le traitement par une 7 CH deux à trois fois par semaine.
Remarque: NATRUM MUR. et SEPIA qui sont deux très importants remèdes d'herpès autour des lèvres sont individualisés obligatoirement sur leurs signes psychiques et généraux et jamais sur les seuls signes locaux de l'herpès. C'est là toute la différence entre un remède de fond et un remède symptomatique. La pathogénésie de ces deux remèdes ne donnent pratiquement aucun signe sur l'herpès en-dehors de la localisation.
RHUS TOXICODENDRON (le sumac vénéneux)
Au contraire des deux précédents, RHUS TOX. est un remède typiquement symptomatique dans l'herpès, c'est-à-dire qu'il est prescrit sur des signes accompagnant la poussée herpétique, signes que l'on retrouve souvent et chez des patients très différents les uns des autres. Il est pourtant indiqué au degré fort dans le Répertoire de KENT pour l'herpès labial.
RHUS TOX. est prescrit sur les signes locaux suivants: éruption érythémateuse ou vésiculeuse avec rougeur foncée en plaque ou autour des vésicules, brûlure pruriante intense, aggravée au moindre froid, par l'eau froide, améliorée par des compresses d'eau très chaude, pas d'amélioration par le grattage. Localisation habituelle: les lèvres, les parties génitales.
Comme les signes locaux sont ceux que l'on rencontre souvent lors d'une poussée d'herpès, ce remède peut être prescrit à de nombreux malades, quels que soient leurs signes psychiques et généraux. On le donne alors comme complémentaire d'un remède de fond, lorsqu'on souhaite soulager rapidement la douleur. La similitude étant limitée à des signes locaux, une basse dilution est habituelle 4 ou 5 CH plusieurs fois par jour. L'intensité de la douleur peut autoriser un dilution plus élevée.
LES REMÈDES DE FOND DE L’HERPÈS (selon Roland ZISSU)
1 - Les remèdes du mode tuberculinique: +++++
La localisation faciale ou buccale ou péri-buccale se voit plus volontiers chez des enfants tuberculiniques dont les remèdes de fond sont les suivants: NATRUM MURIATICUM (lèvres, anus), SULFUR IODATUM (lèvres, menton), SILICEA (lèvres ) , TUBERCULINUM.
2 - Les remèdes du mode psorique:
Chez les sujets psoriques, surtout adultes, on trouve autant d'herpès de la face que des parties génitales, dont les remèdes de fond sont les suivants:
SULFUR (toutes localisations, commissures labiales), GRAPHITES (anus, lèvres
croûtes laissant suinter un liquide épais comme du miel), HEPAR SULFUR (tendance à la surinfection), LYCOPODIUM (commissures labiales et anus), PSORINUM (périodicité, hiver, alternances), SEPIA (remède des deux modes psorique et tuberculinique: lèvres, menton, vulve, plis de flexion).
3 - Les remèdes du mode sycotique:
Les principaux remèdes de fond sont les suivants: THUYA (toutes localisations), NATRUM SULFURICUM (lèvres, vulve), CAUSTICUM (vulve).
4 - Les remèdes du mode luétique:
Mode réactionnel moins impliqué dans l’herpès: MERCURIUS SOLUBILIS (face, vulve), LUESINUM.
Remarque: la prescription de tous ces remèdes reposent sur l'ensemble des signes psychiques et généraux, jamais sur les seuls signes locaux. La localisation signalée n'est donnée qu'à titre indicatif, mais n'est pas exclusive. C’est ici une fois encore l’occasion de rappeler la méthodologie homéopathique = d’abord un examen et une observation clinique, ensuite une répertorisation à la recherche du « remède semblable ».
Stomatite herpétique grave
Herpès grave des lèvres et des joues