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Dans le Répertoire de KENT, chaque symptôme est précisé selon son intensité chez les volontaires sensibles, que l'on doit ensuite retrouver avec la même intensité chez le malade:


Symptôme au degré fort        =  coefficient 3


Symptôme au degré moyen  = coefficient 2


Symptôme au degré faible     = coefficient 1


            Dans le tableau, les médicaments sont classés par la somme des 3 coefficients

SECHERESSE BUCCALE (suite)

 

SECHERESSE BUCCALE

SECHERESSE OCULAIRE

DOULEURS ARTICULAIRES

BELLADONA

3

3

2

NUX VOMICA

3

2

3

ACONIT

3

3

1

ALUMINA

2

3

2

ARNICA

2

2

3

BRYONIA

3

1

3

CHAMOMILLA

3

2

2

ARGENTUM METAL.

2

1

3

CAUSTICUM

2

2

2

CHINA

3

1

2

KALI BICHROMICUM

3

1

2

MERCURIUS

3

1

2

MEZEREUM

2

3

1

NATRUM ACETICUM

3

1

2

PHOSPHORUS

3

1

2

PLUMBUM

2

1

3

SENEGA

2

2

2

SILICEA

3

1

2

BARYTA CARBONICA

3

1

1

COCCULUS

2

1

2

KALI CARBONICUM

2

1

2

MANGANUM

1

2

2

SANGUINARIA

1

2

2

ASA FOETIDA

1

2

1

KALI NITRICUM

2

1

1

KALI PHOSPHORICUM

2

1

1

  

Voici ce que donne la répertorisation si l'on sélectionne les trois signes principaux du syndrome de Gougerot, en omettant les médicaments cités dans la page précédente:

DE QUELQUES « PETITS » REMÈDES COMPLÉMENTAIRES


            D’une manière générale, les médicaments de fond sont prescrits en moyennes ou hautes dilutions en prises espacées, une à trois fois par semaine. Selon les cas, les résultats sont parfois longs à venir et le patient peut se décourager.


            Il semble donc utile de compléter l’action du remède de fond par un ou plusieurs « petits » remèdes choisis selon la symptomatologie locale, que l’on donne en 4 ou 5 CH deux à trois fois par jour. Cette manière de prescrire semble donner de bons résultats. Voici quelques-uns de ces remèdes complémentaires.


ALUMINA:


L’alumine est surtout un toxique du système nerveux avec grande faiblesse musculaire et tendance parétique généralisée (démarche chancelante, inertie mictionnelle, parésie intestinale avec constipation par inertie rectale. A cela s’ajoutent des troubles sensoriels , des vertiges rotatoires, un affaiblissement de la vue, des troubles de l’humeur et du comportement (nervosité, hâte), des troubles mnésiques.


         Mais ce qui nous intéresse ici c’est l’action de l’alumine sur la peau et sur les muqueuses au niveau desquelles elle provoque une sécheresse importante. Toutes les muqueuses sont concernées, dont celle de la bouche : sécheresse matinale, au réveil, avec parfois une salive acide ou sure - gorge sèche - intestin sec - vagin sec - nez sec, etc...


         Le type sensible évoque celui de Lycopodium (qui contient de l’alumine) = sujet maigre, ridé, d’aspect vieillot, indécis, déprimé, se lamentant, commettant des erreurs par oublis ou confusion, ayant la sensation que le temps passe trop lentement. Malgré sa lenteur, il fait tout avec hâte parce qu’il veut finir avant d’avoir commencé. Dans certains cas frôlant la psychiatrie, le sujet a des phobies multiples, notamment pour les couteaux, la vue du sang ou des objets tranchants (tendance autolytique ou homicide).


         On peut le donner en 5 CH trois fois par jour comme complémentaire de LYCOPODIUM par exemple ou encore de SILICEA qui contient également de l’alumine et qui a une grande sécheresse buccale.


ALUMEN :


         Il s’agit de l’alun de chrome, très proche de ALUMINA,  que VOISIN présente comme « un remède intéressant, trop peu connu et trop peu employé, généralement fidèle chez les vieillards affaiblis et bronchiteux chroniques ». Toutes les muqueuses sont sèches, notamment la bouche et la gorge (sensation de constriction avec dysphagie). Tout est sec, sauf les bronches (crachats abondants), constipation opiniâtre par sécheresse intestinale et inertie rectale, selles sèches et dures comme des cailloux.


         Si les matières médicales sont très discrètes, le Répertoire donne les précisions suivantes : sensation de brûlure dans la bouche et à la langue, gingivite ulcéreuse, dysgueusies (goût amer, acide, mauvais, sucré), haleine fétide, bouche et langue sèches et sans soif, nez sec, larynx sec....



NUX MOSCHATA :


         Il s’agit de la noix muscade si agréable en cuisine mais qui peut être toxique à forte dose. La pathogénésie a été réalisée en 1833 par Helbig et montre deux cibles privilégiées :


Le système nerveux :


  


La peau et les muqueuses (surtout digestives) :


  


         NUX MOSCHATA se trouve indiqué, et c’est pour cela un remède d’actualité, pour la sécheresse des muqueuses et particulièrement celle de la bouche, par effet iatrogène des médicaments psycholeptiques. Aucun autre médicament n’associe avec la même intensité la sécheresse de la bouche et la somnolence diurne irrésistible. Dans ce cas, il faut le donner en 15 CH au réveil, soit seul, soit en association avec un autre remède d’action plus profonde comme LYCOPODIUM ou CALCAREA CARBONICA.


BRYONIA :


         La bryone est bien connue pour son extrême sécheresse des muqueuses, notamment celles de la bouche, des lèvres (fines squames sans cesse arrachées), de la gorge, du pharynx,  avec une soif intense pour de grandes quantités d’eau froide à de longs intervalles. Mais le plus souvent cette sécheresse accompagne un syndrome inflammatoire des mêmes muqueuses.


         On peut le donner pour un syndrome de Gougerot, en dehors du contexte inflammatoire, comme complémentaire de NATRUM MURIATICUM, en 4 ou 5 CH deux à trois fois par jour.



BERBERIS VULGARIS :


         Remède de prescription courante qui peut convenir au syndrome de Gougerot pour les raisons suivantes :


  


         BERBERIS s’adresse essentiellement à des sujets atteints de troubles hépatiques, rénaux, urinaires avec lithiases rénales et/ou hépatiques, coliques néphrétiques et des troubles rhumatismaux par hyperazotémie, le tout complété de quelques troubles cutanés comme l’eczéma avec prurit violent, < au grattage et > par des applications froides. C’est dans ce contexte que se produit la sécheresse des muqueuses buccales et oculaires.


         On le donne souvent comme « draîneur hépato-rénal » complémentaire de SULFUR, LYCOPODIUM, NUX VOMICA, CALCAREA CARBONICA, ou encore de PHOSPHORUS et THUYA.

CAPSICUM ANNUUM :


         Comme la noix muscade, le piment « pimente » la cuisine et certains peuples en abusent. C’est surtout un remède d’inflammation avec brûlure comme par le ... poivre ! ! !


         Ce n’est donc pas à proprement parler un remède du syndrome de Gougerot, mais parfois de sécheresse buccale avec sensation de brûlure chez des sujets plus ou moins alcooliques et surtout nostalgiques et déracinés = nostalgie de la région ou du pays quittés souvent pour des raisons indépendantes de la volonté des sujets. Il peut être un complémentaire de CALCAREA CARBONICA (obésité), de LYCOPODIUM, de SULFUR, de NUX VOMICA chez des alcooliques sédentaires.


SENEGA :


         Il s’agit d’une plante de la famille des polygalacées, aux indications limitées mais qui présente la sécheresse buccale, oculaire et les troubles articulaires au degré moyen. Il peut donc être parfois indiqué, même si c’est surtout l’ordinateur qui le fera « sortir », chez des sujets âgés, atteints de troubles respiratoires (catarrhe bronchique, toux sèche, continue, violente, sécheresse du larynx,...), urinaires (cystites chroniques), oculaires ou neurologiques (parésies et paralysies, dont la paralysie faciale). Il peut compléter CAUSTICUM chez ces mêmes patients. CAUSTICUM possède d’ailleurs les trois signes majeurs du syndrome de Gougerot au degré moyen.


KALI BICHROMICUM :


         Ce médicament est certes un remède de grande sécheresse des muqueuses, surtout bucco-pharyngées, avec une grande soif. Mais il est avant tout un remède d’ulcérations, souvent graves, avec des bords nets, comme taillées à pic à l’emporte-pièce, avec des douleurs erratiques et très localisées (le patient peut mettre le doigt sur la zone douloureuse, qui se déplace peu après).


         L’alternance des certains troubles (rhumatismes - troubles digestifs dont la gingivite ulcéro-nécrotique) et la périodicité d’autres troubles (névralgies) évoquent le mode psorique, longtemps utilisé par ce sujet dont le physique évoque celui de CALCAREA CARBONICA, mais KALI BICHROMICUM est cependant plus souvent indiqué dans les troubles luétiques, comme en témoigne l’aspect des ulcérations nécrotiques, qui en fait un remède proche de MERCURIUS SOLUBILIS, autre remède de fond possible du syndrome de Gougerot. Le signe le plus caractéristique est le raclement de la gorge notamment le matin pour éliminer des mucosités adhérentes, gélatineuses et filantes.


         Trois autres KALI sont précisés par la répertorisation : KALI CARBONICUM Kali nitricum et Kali phosphoricum.


PETROLEUM :


         Ce médicament possède bien les signes cliniques du syndrome de Gougerot au degré moyen. Il peut être indiqué pour cette affection chez un sujet ayant réagi longtemps par le mode psorique, mais parvenu à un stade de blocage des émonctoires, surtout cutané = peau très sèche, avec des éruptions suintantes, malodorantes, sensibles au toucher ou au frottement, avec des sueurs fétides des aisselles et des pieds. De plus, sa frilosité explique que l’hiver  ou le temps froid font apparaître des crevasses notamment aux doigts et aux paumes des mains, ou aux orteils, et même au bout du nez. On peut voir également des éruptions vésiculeuses d’abord, puis croûteuses aux mains, aux orifices (anus, commissures des yeux et des lèvres), aux régions génitales, aux sillons rétro-auriculaires, aux plis articulaires.


         Il peut s’agir encore d’un sujet devenu tuberculinique, déminéralisé et anémique, frileux, présentant une grande sécheresse des muqueuses et de la peau, ayant conservé du mode psorique quelques alternances de troubles cutanés et muqueux.


         Il peut complété dans de nombreuses affections, et dans le syndrome de Gougerot, des remèdes de fond comme PSORINUM (blocage des émonctoires, frilosité importante, éruptions cutanés) ou comme SILICEA (tuberculinique déminéralisé ayant une tendance à la suppuration...).




IL FAUT BIEN CONCLURE


            On peut dire avec le risque d’être accusé de faire de l’humour facile que ce sujet du syndrome de Gougerot n’a pas fait saliver nos prédécesseurs. Dans notre base de données d’articles d’homéopathie qui comprend actuellement plus de 10.250 fiches, nous n’avons trouvé qu’un seul article ! Sans compter le nôtre bien sûr. C’est un article de O. JULIAN intitulé : « Thérapeutique comparée de la maladie de Gougerot-Sjögren » paru dans la revue Les cahiers d’homéopathie et de thérapeutique comparée (1954 - deuxième fascicule - p. 181).


            Comme cela a été dit dans l’introduction tout le problème devant un patient qui se plaint d’une sécheresse buccale est celui du diagnostic positif et différentiel. Très souvent depuis une ou deux décennies, ce sont les médicaments psychotropes qui sont incriminés et se pose alors le problème du sevrage. Mais dans ces cas, le problème thérapeutique est moins difficile et le pronostic plus favorable dans la mesure où l’on pourra trouver une solution de substitution à ces médicaments.


            Le syndrome de Gougerot-Sjögren doit être confirmé et le laboratoire le fait en mettant en évidence un certain nombre d’anticorps spécifiques d’une maladie auto-immune en général , du Gougerot en particulier.


            Lorsque le syndrome de Gougerot est confirmé, il se pose le problème du stade évolutif. L’homéopathie ne pourra donner un résultat que dans la mesure où les glandes conservées ne sont pas trop atteintes. Dans un cas ou deux, nous avons pu faire réapparaître une salive certes épaisse alors que le pessimisme s’imposait devant le tableau clinique. En dehors des remèdes indiqués par la symptomatologie, on peut tenter une action avec les médicaments ayant une action sur les glandes salivaires (congestion, hypertrophie, sclérose), par exemple les trois CALCAREA ou SILICEA, ou encore RHUS TOXICODENDRON ou BARYTA CARBONICA.


            Rappelons pour finir que les médicaments proposés dans la présente étude ne sont pas les seuls. Une observation minutieuse permet ensuite une répertorisation efficace. Le traitement sera ensuite poursuivi le temps nécessaire, souvent plusieurs semaines, en vérifiant de temps en temps l’évolution et en corrigeant chaque fois que nécessaire la prescription. Notre tendance personnelle propose un remède de fond, en moyennes ou hautes dilutions espacées, complété par un ou deux médicaments d’action plus ponctuelle en 4 ou 5 CH en prises quotidiennes. Enfin, dans l’attente du résultat, il faut aider les patients avec les larmes ou la salive artificielles qui rendent de grands services.