TRAITEMENT HOMEOPATHIQUE
DES GINGIVITES
LES MERCURIUS
DANS LE TRAITEMENT DES GINGIVITES
Le mercure a une action toxique connu, notamment au niveau de la bouche, la gingivite mercurielle étant systématiquement présente, quelle que soit l'intensité de l'intoxication. Parmi tous les composés mercuriels, trois d'entre eux sont de prescription fréquente en pathologie buccale: MERCURIUS SOLUBILIS, MERCURIUS CORROSIVUS, MERCURIUS CYANATUS.
Quel que soit le MERCURIUS considéré, ils ont en commun les signes de la gingivo-stomatite mercurielle, qu'il faut bien connaître.
La bouche est humide, avec une hypersalivation fétide, pire la nuit (au point de tacher son oreiller). Le patient ressent un goût métallique (quelques fois goût sucré ou insipide ou d'œuf pourri). Il existe une tendance aux ulcérations phagédéniques.
La gencive est enflammée, rouge, ulcérée avec des fausses membranes plus ou moins épaisses; elle saigne au moindre contact. Parfois, aspect scorbutique avec décollement des collets.
La langue est épaissie, flasque, étalée, sale, et garde l'empreinte des dents sur ses bords. Présence d'ulcérations, ayant quelquefois une allure syphilitique.
Les douleurs sont brûlantes, donnant la sensation d'une plaie de la gencive, aggravées par les températures extrêmes et la nuit.
Remarque: le tableau clinique de l'intoxication mercurielle est celui fréquemment rencontré lors d'une banale gingivite inflammatoire. Aussi, ces signes buccaux sont-ils insuffisants à eux seuls pour justifier la prescription d'un MERCURIUS.
La gencive constitue un élément essentiel du parodonte, assurant une double fonction = protéger les éléments profonds du parodonte contre les agressions continuelles de la flore microbienne buccale, exacerbée par des désordres locaux ou généraux - participer aux efforts d'élimination de l'organisme au sens le plus large, par exemple et à l’occasion celle de certains toxiques comme des métaux lourds qui signent leur présence par des signes visibles (colorations diverses). D'autre part, la circulation sanguine terminale au niveau de la bouche et du parodonte rend plus sensible celui-ci à la congestion veineuse, propice aux inflammations gingivales et à la déminéralisation de l'os alvéolaire. Aussi existe-t-il souvent en clinique une intrication de divers mécanismes aboutissant à une gingivite, puis à une parodontopathie. Et dans ces cas complexes, il est indispensable d'agir sur l'ensemble des causes provocatrices ou favorisantes, la négligence de l'une d'entre elles débouchant sur l'échec thérapeutique ou à un résultat incomplet.
Dans ce contexte original et complexe, comment peut-on envisager la solution homéopathique au problème de la gingivite ? D’autant plus que si la gingivite n’évolue pas fatalement vers une maladie parodontale, une parodontopathie commence toujours par une gingivite. Et les médicaments homéopathiques n’ont pas de frontière entre ces deux étapes d’une même maladie.
Lorsque la gingivite apparaît comme un épisode localisé, le chirurgien-dentiste homéopathe doit mettre en œuvre les moyens thérapeutiques habituels: hygiène buccale, suppression des irritations locales (obturations ou prothèses inadéquates, tartre). Puis, si nécessaire, il doit proposer un médicament homéopathique à partir des signes présents chez le patient et directement liés à cette gingivite. C'est ce que l'on appelle à tort un traitement symptomatique, dont les principaux remèdes seront développés dans le cadre du présent ouvrage.
Lorsque la gingivite fait partie d'un ensemble de troubles réalisant une réponse globale de l'organisme à des agressions mettant en cause la modalité réactionnelle du patient, c'est ce que l'on appelle "le terrain" qu'il faut traiter. Pour bien faire comprendre cette position, qui peut sembler tranchée arbitrairement, voici un exemple significatif.
Exemple pratique:
Voici un homme d'une trentaine d'années venant consulter pour une gingivite ulcéreuse aiguë. La première démarche implique un examen buccal: pas de tartre, aucune carie et aucune prothèse, hygiène satisfaisante, articulé normal. Donc a priori, aucune cause locale ne peut être mise en évidence.
Le patient décrit une sensation de bouche sèche avec brûlure intense, soif modérée. Ce n'est pas la première fois qu'une telle gingivite apparaît, elle dure quatre à cinq jours et s'améliore spontanément.
L'interrogatoire révèle les précisions suivantes: cet homme mène une vie active sur le plan professionnel mais sédentaire. Il a tendance à trop manger: repas d'affaires copieusement arrosés, excès de plats en sauce, de mets épicés, d'alcools, de café et de tabac. Il a peu de temps pour pratiquer son sport favori, ce qu'il regrette. Il a quelques troubles digestifs, revenant périodiquement = sensation de lourdeur à l'estomac avec quelques renvois acides, un ballonnement intestinal, un peu de constipation avec besoins inefficaces. Et de temps en temps, il se plaint d'avoir la peau sèche, un peu brûlante avec des démangeaisons, surtout à la chaleur du lit qu'il ne supporte pas ou après avoir pris une douche.
Enfin, aux questions du praticien, ce patient constate qu'effectivement la gingivite survient au cours ou juste après les troubles digestifs et que lorsqu'il souffre de sa gingivite, il n'a plus de démangeaisons cutanées. Enfin, une fois passés tous ces troubles, il se sent particulièrement bien sur tous les plans.
A partir des seuls signes présents (digestifs et cutanés), le médicament homéopathique correspondant est SULFUR que l'on donne en 7 CH trois fois par semaine.
Explication selon la conception homéopathique: il s'agit d'un sujet psorique qui réagit contre les excès de la sédentarité par des troubles digestifs fonctionnels et par des éliminations au niveau de la peau et d'une muqueuse (la muqueuse buccale en l'occurrence). Ce mode réactionnel psorique est caractérisé par des éliminations cutanées et muqueuses, avec alternances et périodicité des troubles (le prurit cutané alterne avec la gingivite et se trouve amélioré pendant celle-ci). SULFUR est le remède de fond le plus important de la première phase du mode psorique, celle des éliminations centrifuges. C'est pourquoi SULFUR est donné ici en 7 CH, dilution favorisant le sens centrifuge. Chez ce patient, SULFUR est à la fois le remède symptomatique de la gingivite et en même temps son remède de fond.
Les homéopathes interprètent la gingivite comme une élimination centrifuge favorable car elle améliore l’état général. Et comme HAHNEMANN l’avait constaté et recommandé, cette élimination doit être respectée. C’est-à-dire qu’il ne faut pas la contrarier par un traitement antiseptique ou pire antibiotique, sous peine de métastase, erreur hélas commise de bonne foi en médecine classique.
Deuxième exemple:
Imaginons un cas presque identique, avec une seule différence: les troubles digestifs sont plus marqués et le sujet se trouve excité, irascible, insomniaque intolérant à la moindre contrariété. La bouche est pâteuse, surtout le matin, avec mauvaise haleine.
Dans ce cas, le remède symptomatique est NUX VOMICA, remède un peu paroxystique par rapport à SULFUR, signant une auto-intoxication un peu plus profonde. Mais le remède de fond reste SULFUR, parce qu'il a dans sa pathogénésie l'ensemble des signes qui existaient avant le dernier épisode aigu. Alors que NUX VOMICA n'a qu'une similitude avec les signes les plus récents. Chez ce patient, NUX VOMICA assurera le traitement de la gingivite aiguë, SULFUR évitera la récidive, pour peu que le patient prenne conscience de ses erreurs alimentaires et accepte une hygiène de vie mieux adaptée à ses besoins.
MERCURIUS SOLUBILIS
Ce médicament a un mode de préparation original et sa pathogénésie ne se distingue pas de celle de MERCURIUS VIVUS (le mercure métallique). MERCURIUS SOLUBILIS a la pathogénésie la plus importante, ce qui en fait un médicament de fond. Les signes buccaux n'étant pas suffisants, le choix du remède repose sur les signes suivants:
Suite de froid humide, de suppression d'excrétions purulentes.
Comportement hâtif, mais répond lentement aux questions, devient anxieux et hargneux lorsqu'il souffre.
Frilosité et aggravation par le froid humide, mais crainte de la chaleur, surtout celle du lit.
Les sécrétions et excrétions sont augmentées: salivation fétide, sueurs visqueuses de mauvaise odeur et ne soulageant pas.
Inflammations des muqueuses avec catarrhes d'abord fluides, clairs et excoriants, puis vert jaunâtre, purulents et non excoriants.
Tendance aux ulcérations s'étendant rapidement et devenant torpides.
Tendance à la suppuration.
Tremblements au moindre effort.
Commentaire: MERCURIUS SOLUBILIS correspond à des sujets souvent un peu gras, aux tissus mous, transpirant facilement (mauvaise odeur), faciès bouffi, bougons, maussades, facilement vexés. Dans une gingivite aiguë ou subaiguë, on le donne en 7 CH une fois par jour. On peut ajouter des bains de bouche avec CALENDULA T.M. et PHYTOLACCA T.M.
MERCURIUS CORROSIVUS (sublimé corrosif)
Ce MERCURIUS donne un tableau très comparable au précédent, mais les douleurs et les ulcérations sont plus graves. Les douleurs sont beaucoup plus brûlantes, les ulcérations plus profondes, ce qui explique une aggravation locale manifeste, mais pas de tendance à la suppuration. On le donne aux mêmes dilutions que SOLUBILIS.
MERCURIUS CYANATUS (le cyanure de mercure)
Deux éléments distinguent ce remède: les fausses membranes plus adhérentes et plus épaisses et l'état général plus atteint: face pâle, faiblesse, froideur du corps, fièvre peu élevée. Bref, une gingivite ulcéro-nécrotique chez un malade atteint au plan général. Pour mémoire, ce médicament a été utilisé longtemps dans la diphtérie, et reste encore utile aujourd'hui malgré l'efficacité des traitements classiques de cette maladie. On le prescrit aux mêmes dilutions que les précédents.
LES MÉDICAMENTS A BASE DE POTASSIUM (KALI)
DANS LE TRAITEMENT DES GINGIVITES
Les médicaments au radical KALIUM (ou KALI) ont en commun un certain nombre de signes caractéristiques découlant de l'action métabolique ou toxique du potassium. Le potassium étant présent dans les cellules, les troubles de son métabolisme entraîne un hypofonctionnement cellulaire (anémie en particulier). L'action toxique explique: l'asthénie, des douleurs, une inflammation des muqueuses avec tendance aux ulcérations et à la nécrose, le tout sur un fond dépressif mais avec des périodes d'excitation.
KALI BICHROMICUM (le bichromate de potassium)
Remède de gingivite ulcéro-nécrotique avec sécheresse buccale, salive visqueuse, haleine fétide. Les ulcérations sont arrondies, profondes et à bords nets et indurés, comme à l'emporte pièce. La langue ressemble à celle de MERCURIUS. Le patient décrit parfois une sensation de cheveu sur la partie postérieure de la langue. Généralement il y a peu de douleurs; s'il y en a, le patient peut mettre le doigt sur l'endroit douloureux: douleurs lancinantes, à début et fin brusques, très localisées et erratiques.
Le patient ressemble beaucoup à celui de MERCURIUS : sujet plutôt gras, infiltré, mou, indolent, taciturne, indifférent, peu enclin au travail intellectuel. On note une certaine périodicité et une alternance des symptômes, un curieux désir de bière inhabituel, pourtant mal supportée et une aggravation générale par le froid. Un autre point intéressant: le patient racle sans cesse sa gorge pour éliminer des petits amas muqueux malodorants, surtout le matin.
Dans une gingivite, on le donne en 5 CH deux à trois fois par jour. On peut ajouter le même bain de bouche avec CALENDULA T.M. et PHYTOLACCA T.M.
KALI CARBONICUM (le carbonate de potasse)
Remède précieux de parodontopathie, il peut être indiqué dans une gingivite ulcéro-nécrotique avec sensation de sécheresse buccale malgré une salive abondante, la gencive est enflammée, ulcérée, avec des poches parodontales suppurantes, alvéolyse rapide, des plaques d'ulcérations couvrent toute la muqueuse buccale.
KALI CARBONICUM s'adresse surtout à l'adulte gras, affaibli physiquement et psychiquement, pâle, ayant tendance à l'imbibition hydrique (état hydrogénoïde) particulièrement frileux, ne supportant pas les courants d'air, suant facilement au moindre effort. La tendance à la bouffissure, voire aux œdèmes, se manifeste n importe où, notamment aux pieds et à l'angle interne des paupières supérieures. Ce sujet désire des aliments sucrés, ne supporte pas le lait, et surtout présente un ballonnement abdominal considérable aussitôt après avoir mangé, même peu.
Dans une gingivite aiguë, assez rare, on le donne en 5 CH deux à trois fois par jour. Surtout, son intérêt devient manifeste dans le traitement de fond précoce, pour éviter que la gingivite n'évolue vers une parodontopathie rapidement mutilante.
KALI PHOSPHORICUM (le phosphate de potasse)
Du radical "phosphore", ce remède tient sa tendance au saignement, notamment des gingivorragies importantes et son type sensible: sujet longiligne, asthénique, adolescent ou adulte jeune, vieillard ridé, sans vitalité. La gingivite se rencontre volontiers chez des adolescents épuisés par un surmenage intellectuel (périodes d'examen), par des soucis ou des chagrins. Cette gingivite saigne abondamment, avec une gencive « spongieuse », dénudant les collets. La bouche est sèche, sans soif marquée. La langue est parfois recouverte d'un enduit de couleur moutarde. L'haleine est fétide. Il y a une tendance aux ulcérations de couleur grise. L'alvéolyse est fréquente, précoce et souvent d'évolution rapide. Outre les signes buccaux, le choix du remède repose sur la notion d'épuisement, de frilosité, d'hyperémotivité avec anxiété pour des riens.
Dans une gingivite, on doit commencer par une 5 CH deux à trois fois par jour, puis espacer et élever les dilutions. Reprendre ensuite l'observation pour proposer un traitement de fond, car la menace de parodontopathie est manifeste.
KALI MURIATICUM (le chlorure de potasse)
Le type sensible de ce remède ressemble au précédent mais le patient est très irritable, coléreux à propos de rien, en même temps que découragé, taciturne, déprimé. La gingivite suit fréquemment une angine, une pharyngite ou une amygdalite (cryptique). La langue est sèche ou visqueuse, surtout recouverte d'un enduit épais blanc ou gris au niveau de la base. Il y a de nombreuses ulcérations dont la caractéristique est un enduit grisâtre adhérent comme une fausse membrane. On prescrit ce remède en 5 CH trois fois par jour.
KALI CHLORICUM (le chlorate de potassium)
Les signes buccaux sont assez banals: gingivite ou stomatite ulcéreuse avec peu de douleurs, une muqueuse rouge, des ulcérations grisâtres, une salivation abondante, acide. C’est un médicament important d’aphtose buccale.
Cette gingivite peut être présente chez un patient atteint d'une néphrite avec urines peu abondantes, albuminurie, peu ou pas d'œdèmes ou chez un patient atteint d'hépatite avec sub-ictère, tendance à la diarrhée abondante (avec mucosités verdâtres) et vomissements vert foncé. On le donne en 4 ou 5 CH deux à trois fois par jour.
Commentaire:Les KALI sont indiqués habituellement lors d'une gingivite aiguë ou subaiguë, plus rarement chronique, mais ce sont des remèdes "symptomatiques", c'est-à-dire indiqués momentanément. Ils doivent être ensuite complétés par un remède de fond, afin d'éviter l'évolution vers une parodontopathie plus grave.
LES ACIDES
DANS LE TRAITEMENT DES GINGIVITES
Tous les remèdes "acides" ont en commun un certain nombre de signes caractéristiques liés à leur fonction « acide », qui est l'une des formes que revêtent les éliminations de déchets métaboliques: acide urique, acide oxalique, acide benzoïque, etc. . . Leur excès dans la circulation sanguine entraîne une « acidose », dont les signes sont présents dans la pathogénésie de tous les remèdes acides. Il faut retenir 4 groupes de signes communs aux acides:
La causticité des acides sur la peau ou les muqueuses aboutit à des ulcérations.
L'ulcération des vaisseaux explique les hémorragies.
L'acidose provoque sur le système nerveux une dépression et une atonie musculaire.
Pendant le sommeil, la diminution de l'oxygénation favorise l'acidose et explique l'aggravation nocturne et matinale que l'on retrouve dans la pathogénésie des remèdes acides.
MURIATIC ACID. (l'acide chlorhydrique)
L'action caustique et ulcérative s'exerce plus particulièrement au niveau du tube digestif surtout à ses deux extrémités: la bouche et l'anus (hémorroïdes très douloureuses). La gingivite présente les signes suivants:
Extrême sécheresse de la bouche (la sécheresse des muqueuses est un trait commun caractéristique des remèdes au radical "muriatic"): lèvres sèches et craquelées, langue sèche comme du cuir, voire paralysée, le tout avec sensation de brûlure.
Les ulcérations sont spectaculaires par leur profondeur, leur fond induré et noirâtre, leur aspect ecchymotique, leur fétidité et leur sensibilité au toucher. Quelques fois, un diagnostic différentiel avec un épithélioma s' impose.
L'indication de MURIATIC ACID. correspond à des états aigus ou chroniques, mais toujours graves. Il y a adynamie dans les états aigus et asthénie dans les états chroniques. Autrefois indiqué dans des états septicémiques, MURIATIC ACID reste encore d'actualité dans les gingivites ulcéro-nécrotiques graves chez des patients dont l 'état général n'est pas encourageant: grands malades, convalescents, chez lesquels on retrouve l'autre polarité du remède: hémorroïdes très douloureuses, risque de prolapsus rectal subit. On note également une hypersensibilité ou une allergie au soleil.
Pour une gingivite aiguë, on le donne en 5 ou 7 CH deux à trois fois par jour.
SULFURIC ACID. (l'acide sulfurique)
La gingivite de SULFURIC ACID. n'a pas de signes originaux et spécifiques, suffisants au diagnostic du remède:
Gingivite ulcéro-nécrotique avec hémorragies passives, salivation abondante, grande soif et inappétence.
Lèvres souvent très rouges, douloureuses au toucher, gercées.
Ulcérations phagédéniques.
Si la gingivite n'est pas très caractéristique, les circonstances d'apparition valorisent l'indication du remède:
Stomatite ulcéreuse avec hémorragies passives chez des femmes ménopausiques souffrant de bouffées de chaleur, de tremblements et de sueurs froides (à comparer à LACHESIS).
Gingivite ulcéro-nécrotique chez un alcoolique dont l'état général est délabré, sujet épuisé, au comportement précipité, avec tendance à la prostration et à la tristesse, frileux et dyspeptique (régurgitations acides, désirs d'alcools, l’eau n’est pas supportée !!!).
Au cours d'une gingivite aiguë, on le donne en 5 CH deux à trois fois par jour. Souvent, le contexte général impose une prise en charge par le médecin traitant.
NITRIC ACID. (l'acide nitrique)
La gingivite de NITRI ACID. est une forme ulcéreuse ou ulcéro-nécrotique, avec des ulcérations de taille variable, parfois minuscules, mais à tendance phagédénique . Une caractéristique: vive douleur d'écharde au niveau des ulcérations (sensation d'écharde retrouvée au niveau de n'importe quelle ulcération, même extra-buccale). Les lèvres sont sèches, fissurées, surtout aux commissures. La gencive peut avoir un aspect scorbutique, avec une salivation abondante et corrosive, haleine fétide, et parfois goût sucré ou douceâtre.
Le choix du remède, outre les signes buccaux, repose sur un ensemble fait de dépression anxieuse, d'hyperesthésie aux bruits, aux secousses, d'une irritabilité qui complique la vie sociale et scolaire, d’une atteinte des jonctions cutanéo-muqueuses (lèvres, anus...). NITRI ACID est aussi un remède de papillomes, de polypes saignants et suintants. Les troubles digestifs sont fréquents: désirs d'aliments gras (mal supportés), salés ou de choses indigestes (craie, terre, grains de café), aversion pour la viande, le pain, les aliments sucrés, difficulté pour digérer le lait. La région anale est concernée: fissures, fistules, polypes, ulcérations, toujours avec la sensation d'écharde. Une selle, même molle, provoque des douleurs importantes, avec ténesme persistant une heure ou deux. Ce qui fait que le patient évite la selle, se retient, et souffre de fermentations intestinales. Tout cela le rend coléreux, irascible, difficile à vivre. Cet état d'énervement s'améliore par un mouvement continu sans trop de secousses comme par exemple par une promenade en voiture ou un voyage en chemin de fer. Enfin, ce patient est frileux, craint les changements de temps et ses troubles sont souvent aggravés la nuit.
Enfin, si ces signes ne suffisaient pas encore au diagnostic, l’aspect des ulcérations est évocateur: ulcérations à bords surélevés et irréguliers, à fond sanieux laissant sourdre une sécrétion corrosive, saignant au moindre contact, toujours la sensation fréquente d'écharde et la tendance phagédénique (l’ulcération commence toute petite et s’étend).
Une telle gingivite demande une 5 CH deux à trois fois par jour. Mais si les signes concomitants, notamment comportementaux, dominaient le tableau clinique, il faudrait élever la dilution: NITRI ACID 15 CH une à deux fois par jour.
FLUORIC ACID. (l'acide fluorhydrique)
Le fluor a une affinité pour la dent, l'os, les tissus conjonctif et nerveux. L’acide ajoute à leur niveau son action caustique, corrosive et ulcérative. Pourtant, la gingivite n'est pas une indication directe de ce remède. En fait, elle est la conséquence de délabrements dentaires: caries globales, complications inflammatoires et suppurées apicales et alvéolaires, abcès, fistules pruriantes, élimination de micro-séquestres osseux par suite de nécrose.
FLUORIC ACID est surtout indiqué chez l'enfant dystrophique, aux articulations hyperlaxes, au comportement agité et paradoxal, ou chez un adulte prématurément vieilli par une hygiène de vie déréglée.
On peut donc être amené à prescrire FLUORIC ACID. en 5 CH deux fois par jour, bien que son intérêt thérapeutique découle d'un diagnostic précoce (à partir de signes d'appel encore discrets), afin de limiter autant que possible la réalisation du potentiel morbide, notamment au niveau des tissus dentaires et osseux. Ce n'est hélas pas toujours le cas en raison de consultations trop tardives.
AUTRES MEDICAMENTS
MEZEREUM (le bois gentil)
Les signes buccaux de ce remède sont importants: gingivite inflammatoire avec décollement des collets radiculaires, douleurs brûlantes avec élancements brûlants ou térébrants dans les os (malaire, temporal, maxillaires), douleurs aggravées par le toucher, en mangeant. De plus, il y a une nette tendance aux caries des collets radiculaires. Enfin, c'est un remède de névralgies faciales ou trigéminales.
L'intérêt de ce remède réside dans une circonstance étiologique fréquente chez l'adolescent acnéique: la suppression des boutons d'acné par des pommades (à la cortisone par exemple) est suivie quelque temps après soit de névralgie faciale, soit de la gingivite ulcéreuse et brûlante. Dans cette occurrence, MEZEREUM est un complémentaire de SULFUR. On le donne en 5 CH deux fois par
STAPHYSAGRIA (la staphysaigre ou herbe aux poux)
Remède de gingivite ulcéreuse et hémorragique apparaissant dans un contexte particulier. Chez l'enfant malingre, maladif, avec de nombreuses caries globales (dents noires, se cariant rapidement après leur éruption) ou adulte avec des caries d'évolution lente (dentine réactionnelle brune ou de couleur noirâtre très dure).
Remède type de troubles psychosomatiques à partir d'une frustration intériorisée, persistante, soit sexuelle (refoulement, abstinence, onanisme, mésentente) soit professionnelle (conflit du travail) ou de colères et d'indignations contenues. C'est chez ces sujets que l'on trouve les caries d'évolution lente, avec ou sans gingivite.
La posologie varie en fonction du contexte. Pour la gingivite de l'enfant, STAPHYSAGRIA 5 CH deux fois par jour, le plus souvent dans une construction thérapeutique comportant plusieurs médicaments en alternance (imposés par une hérédité défavorable). Chez l'adulte, le contexte psychosomatique impose une dilution plus élevée: 15 CH deux à trois fois par semaine.
ARSENICUM ALBUM
La gingivite ressemble à celle de MERCURIUS: forme ulcéreuse ou ulcéro-nécrotique, avec hypersalivation fétide et sanguinolente, douleurs brûlantes améliorées par les boissons chaudes et pires entre 1h et 3h du matin.
L'indication d'ARSENICUM ALBUM doit être envisagée chaque fois qu'il y a aggravation, soit locale (il suit MERCURIUS), soit générale: sujet asthénique, agité, anxieux (se croit plus gravement atteint qu’en réalité, manque de confiance dans le traitement proposé d'où un certain désespoir), frileux mais ayant besoin d'air.
ARSENICUM ALBUM 7 CH une fois par jour donne de bons résultats en pathologie aiguë. Il peut être très précieux lorsqu'un autre remède qui semblait indiqué ne donne pas les résultats escomptés: on le donne alors en échelle 9, 15, 30 CH une dose de chaque et dans l'ordre à 24h d'intervalle.
BAPTISIA TINCTORIA (l'indigo sauvage)
Pour certains auteurs (Jean MEURIS), ce remède peut être considéré comme un remède de gingivite encore plus grave que celle d'ARSENICUM ALBUM = gingivite ulcéreuse, très douloureuse, haleine putride, langue tremblante, enflée, douloureuse puis sèche, difficile à tirer.
L'agitation anxieuse d'ARSENICUM ALBUM serait remplacée par une grande prostration, une parfaite indifférence, comme si le patient était trop atteint pour être conscient de son état.
KREOSOTUM (la créosote)
Utilisée autrefois pour fumer les viandes afin d'en assurer leur conservation, l'abus de consommation de telles viandes provoquait une gingivite ulcéreuse semblable au scorbut.
Aussi KREOSOTUM est-il indiqué pour une gingivite ulcéreuse, d’aspect scorbutique, voire nécrotique, avec une grande sensation de brûlure et une tendance hémorragique = la muqueuse buccale est tellement sèche qu'elle saigne au moindre contact (d'un miroir par exemple), avec sécrétions excoriantes (perlèche). Les douleurs sont brûlantes, lancinantes, parfois battantes, aggravées par le froid (air et boissons), améliorées la chaleur. KREOSOTUM 5 CH deux à trois fois par jour.
CONCLUSION
Les médicaments proposés sont parmi les plus fréquemment rencontrés en pratique courante. Ils donnent le plus souvent d’excellents résultats. Une gingivite occasionnelle ne pose pas d’autre problème que celui de son traitement immédiat. Mais l’existence de récidives oblige le praticien à une observation plus attentive de son patient et apparaissent alors les notions constitutionnelles et diathésiques qui permettent à un praticien homéopathe exercé de reconnaître les sujets à risques et souvent de leur proposer une action préventive