Accueil
page
Accueil
page

PROBLEMES DE LA CHIRURGIE

DENTAIRE QUOTIDIENNE

ÉVALUATION DU TYPE

 D'EXTRACTION SELON LA TYPOLOGIE



Il n'est pas possible de reprendre ici une étude exhaustive des constitutions. Mais peu de temps après les travaux de NEBEL, repris en France par Léon VANNIER, un médecin stomatologiste, professeur d’orthodontie à l’Ecole Odontologique de Paris, à savoir Bertrand de Névrezé ( 1877-1951) a particulièrement bien décrit les différentes structures maxillo-dentaires = dents carbocalciques, phosphocalciques et fluorocalciques. En référence aux constitutions décrites par Henri BERNARD et Roland ZISSU, l'évaluation du type d'extraction peut être ainsi appréciée:


Le sujet normoligne:


Ce sujet bien équilibré au point de vue morphologique (ni trop grand, ni trop petit,  ni  gros,  ni  maigre),  présente un os bien minéralisé, des dents de taille moyenne.  L'os alvéolaire et le ligament alvéolo-dentaire forment un ensemble bien structuré.  Il  faut donc procéder à une syndesmotomie soigneuse. L'extraction  ne  pose  pas  de  problème particulier,  les  suites  opératoires sont  banales.  Pas de précaution  particulière,  sinon  la  prise  d'ARNICA  sur la seule notion de  ''suite de traumatisme opératoire »,  en  15 CH  la veille, le jour et les jours suivant l'intervention, et d’autant plus chez des sujets hypertendus et congestionnés ou ceux ayant une fragilité capillaire.

Le sujet bréviligne:


Autrefois et parfois encore appelé "carbonique", ce sujet se caractérise par une taille plus petite que la moyenne et un développement en largeur et en épaisseur.  Les dents  sont  larges, trapues, avec des racines divergentes, courtes  et  épaisses.  L'os  est  généralement bien  dense  avec  une  corticale épaisse. La syndesmotomie doit être particulièrement soignée car l'extraction peut être difficile. Il faudra souvent séparer les racines des pluriradiculées en raison de la densité osseuse et de la densification du ligament alvéolo­dentaire. L'alvéolectomie est souvent nécessaire.  Enfin, en cas d'extractions multiples, une régularisation des crêtes évitera les complications ultérieures.

   

          Chez  ces  sujets,  l'hypercémentose  est fréquente  (radiographie préopératoire recommandée).

Le sujet longiligne:


Autrefois  et  parfois  encore  appelé  "phosphorique",  le  longiligne  a un  développement  morphologique  tout en  longueur,  lui  donnant une silhouette élancée et maigre, avec tendance à se tenir voûter. L'os est moins bien minéra­lisé.  Les  dents  sont  longues,  les  racines  convergentes  et  resserrées.  Le ligament  alvéolo-dentaire est très souple,  de même que les tables osseuses. L'extraction  est  donc  assez  facile,  la souplesse osseuse permet  une prise haute du davier.  En  raison de  la souplesse osseuse, il  y a peu de risque de fracture d'une table osseuse, mais la finesse des racines peut faire craindre un risque de fracture des apex. Ces sujets ont généralement une tendance très nette au saignement per et postopératoire.


Le sujet dystrophique:


Autrefois et  parfois encore appelé  "fluorique",  ce sujet présente une morphologie dystrophique, avec des asymétries, une laxité ligamentaire extrême qui  lui donne une silhouette dégingandée, élastique. Les dents présentent de nombreuses anomalies: émail plus ou moins déficient, caries précoces et impor­tantes, anomalies de forme et de position, malformations alvéolaires ou basales. L'os  alvéolaire et  le  ligament  sont très souples, rendant l'extraction très facile, mais:


Se  méfier  des  surprises  anatomiques = faire une radiographie  pour  vérifier le  nombre  et  la  forme  des  racines.  Il  est  important de connaître les rapports entre les apex des prémolaires et molaires supérieures avec les sinus maxillaires (risque de refoulement intra-sinusien d'un apex).


Se méfier des risques de luxations des dents voisines ou de l'A.T.M. au cours d'intervention.


Les complications postopératoires sont fréquentes = alvéolites suppurées. Assurer une toilette soigneuse de l'alvéole.


Remarque : ces notions typologiques peuvent être utiles en pratique courante, mais il faut souligner qu’il n’existe que très rarement des types morphologiques « purs », on ne rencontre pratiquement des  biotypes « mixtes » dont il faut apprécier le type dominant.


FAUT-IL PRESCRIRE AVANT UNE EXTRACTION ?



A priori, la question de la prémédication peut sembler curieuse en Homéo­pathie, dans la mesure où le médicament est choisi à partir des symptômes d'un malade. S'il n'y a pas encore de symptômes, comment peut-on prescrire ?


Dans un grand nombre de cas, il n'est pas nécessaire de donner un médicament homéopathique à titre préventif. Cette prescription sera envisagée uniquement  si l'anamnèse  précise  des  "ennuis  antérieurs »  ou  bien  si  l'état bucco-dentaire ou  l'absence d'hygiène ou encore l’état général  incitent à la prudence.


Les conséquences possibles d'une extraction sont bien connues: douleur, hématome ou ecchymose, tuméfaction, hémorragie, alvéolite... Toutes ces éventualités  sont contenues dans la matière médicale d'ARNICA MONTANA.  Il  est donc logique de donner ce médicament la veille d'une intervention, afin de mobiliser à l'avance les défenses organiques dans le but de minimiser les suites opératoires.  Lorsqu'il  s'agit  d'une simple prescription de prudence,  sans  autre justification que "suite de traumatisme", ARNICA 7 ou 9 CH sera donné à raison de trois granules la veille, puis le jour et les jours suivants l'intervention.


           ARNICA a fait l'objet d'une expérimentation pathogénétique. La dilution sera  plus  élevée  si  l'on  se  trouve  en  présence d'un  patient pléthorique, congestionné,  sanguin, voire hypertendu ou présentant une fragilité capillaire (ecchymose facile  au moindre choc).  On donnera alors ARNICA 15 CH dans les mêmes conditions.


Les  notions  typologiques  autorisent  quelquefois   une  appréciation du risque post-opératoire,  avec toutes  les  réserves qu'il  faut formuler (types mixtes, mode de vie). Par exemple:


Le normoligne, surtout en équilibre, ne présente aucun risque potentiel.


Le bréviligne,  surtout décompensé,  a une tendance à la suppuration, la sclérose précoce entraîne des  irrégularités circulatoires  propices à des difficultés de cicatrisation. D’où une tendance à la formation de micro-séquestres osseux, à l'alvéolite suppurée souvent peu tapageuses, mais traînantes.


Le longiligne présente une tendance aux congestions intenses (FERRUM PHOSPHORICUM) ,  aux hémorragies  (PHOSPHORUS),  l'alvéolite  suppurée  n'est  pas rare, avec un  pus franc, parfois avec fonte osseuse importante.  La tendance habituelle à la déminéralisation peut retarder la cicatrisation.


Le dystrophique fait volontiers des alvéolites avec nécrose de l'os alvéolaire,  altérations  conjonctives  et  vasculaires  (PHYTOLACCA,  MERCURIUS, FLUORIC ACID., LACHESIS...).


En dehors de cette évaluation typologique,  le contexte clinique général doit être un élément de choix dans l'appréciation du risque:




Comment prévenir ces  risques:  ARNICA,  CALENDULA,  PYROGENIUM,  ECHINACEA peuvent être une réponse efficace. Mais un autre médicament plus individualisé s'impose parfois, ce qui nécessite un interrogatoire plus précis.


Il  en va de même pour les patients atteints de problèmes cardio-vasculaires,  surtout  s'ils  sont  sous  anti-coagulants.  Il  est  bien  évident  que seul  le médecin traitant peut suspendre ces traitements. Plusieurs médicaments homéopathiques répondent aux ennuis hémorragiques survenant malgré les précau­tions opératoires. Ils sont étudiés au chapitre sur l’hémorragie.

LES INCIDENTS LIES A L’ANESTHÉSIE LOCALE


          L'amélioration des formules des solutions anesthésiques a limité considérablement les incidents per opératoires ou postopératoires. Il existe pourtant encore des patients qui affirment ne pas supporter l'anesthésie, sans que l'on puisse faire chaque fois la part de ce qui revient à une intolérance vraie et ce qui relève de circonstances défavorables: surmenage, troubles hépatiques.


        Il y a encore une dizaine d’années, il était utile d'avoir au cabinet dentaire des dilutions des anesthé­siques utilisés, en 5,  7 ou 9 CH.  Lorsqu'un patient affirmait avant une anesthésie qu'il  avait eu des  ennuis  antérieurs,  on donnait trois granules de l'anesthésique  en 5 ou 7 CH,  quelques  minutes  avant  l'injection et une fois ou deux par jour  les jours suivants.  Aujourd’hui, nous avons abandonné cette pratique, devenue inutile, mais qui reste en « réserve » le cas échéant.


          Certains patients affirment mal supporter une anesthésie locale, avançant quelques troubles du type embarras gastrique, "crise de foie" ou état nauséeux. Dans de tels cas, la prise de NUX VOMICA 7 CH une à deux fois par jour pendant cinq à six jours facilite l'élimination de la solution anesthésique. NUX VOMICA peut  ainsi  être un remède d’action antitoxique contre divers produits d'intoxications (médicamenteuses entre autres), ou d'hypersensibilités.


          Enfin,  on constate  parfois des  ulcérations plus ou moins étendues aux points d'injection.  Plusieurs médicaments peuvent être utiles,  les plus fréquents  sont  ARNICA pour son  action de protection capillaire et  NUX VOMICA pour son action antispasmodique.


L'œdème de QUINCKEla plus grande prudence s'impose systématiquement chez tout malade allergique. S’il existe un antécédent d’œdème de Quincke, l'intervention ne peut être entreprise qu'après avis du médecin traitant, voire de l'allergologue. Mais un œdème de Quincke peut survenir inopinément.  APIS  MELLIFICA correspond  exactement  à ce type d'œdème d'apparition  brutale.  Il  faut le donner immédiatement en 15 CH dès les premiers signes de l’œdème, en le répétant au besoin au bout de quelques minutes. L'expérience montre une action d'une rapidité étonnante.  Le patient sent  son  œdème  cesser  de  croître,  se  stabiliser,  puis décroître  plus ou moins  vite.  Bien  sûr,  la  plus élémentaire  prudence exige d'avoir prête à l'emploi une ampoule de SOLUDECADRON, en cas de nécessité (ou d’un autre médicament ad hoc).


          POUMON-HISTAMINE peut  être donné dans toutes les manifestations allergiques.  Il  s'agit  d'un  médicament  préparé à partir de  l'histamine  libérée au  niveau des alvéoles  pulmonaires d'un  porc chez  lequel  on  a provoqué un choc anaphylactique. On le donne en 15 CH, matin et soir chaque jour jusqu'à la disparition des signes de l'allergie.

  

L'INTERVENTION EST TERMINEE, FAUT-IL PRESCRIRE ?




Chez  un  sujet  ne présentant  aucun  risque  potentiel,  on peut ne rien prescrire,  ou  alors  par  précaution:  ARNICA 5 CH trois granules trois fois par jour pendant environ une semaine, CALENDULA T.M. en bains de bouche après les repas avec 10 gouttes de soluté dans un ½  verre d'eau tiède.


            Si  l'on craint une réaction douloureuse (antécédents), il faut prescrire ARNICA (encore et toujours) et/ou HYPERICUM PERFORATUM (le millepertuis).


          HYPERICUM  est  un  remède  précieux de  traumatisme des  filets  nerveux entraînant des douleurs aiguës, lancinantes, déchirantes,  insupportables. Il  peut être prescrit sur cette  seule notion en alternance avec ARNICA.  Mais,  il  sera plus efficace Si la douleur évolue dans une direction centripète (la douleur remonte le trajet du  nerf  atteint). C’est aussi un  remède  de douleur d'amputation,  lorsque  le patient "sent" sa dent extraite récemment ou depuis plusieurs semaines.  On peut le prescrire à différentes dilutions: 5,  7 ou 15 CH plusieurs fois par jour, soit seul si l'on  retrouve  l'indication  précieuse  du  sens  de  la douleur,  soit  le plus souvent en association avec ARNICA et CALENDULA.


          Si l'on craint une hémorragie, il faut donner CHINA 4 CH, dont le patient prendra trois granules dès l'apparition du saignement.


          Si l'extraction est faite dans un milieu infecté ou dans une bouche sale, ou si le patient a une tendance aux complications infectieuses postopératoires, il faut  prescrire CALENDULA T.M. + ECHINACEA T.M. en parties égales, en bains de bouche, 5 à 10 gouttes de chaque dans un ½  verre d'eau tiède.




L’HÉMORRAGIE



          Le  problème  de  l'hémorragie  doit  être  abordé  en  trois  propositions, selon les circonstances cliniques: l'hémorragie immédiate lorsque l'extraction vient d'être réalisée, la prévention de l'hémorragie chez un patient à risque, le traitement curatif d'une hémorragie postopératoire.


L’hémorragie immédiate per-opératoire :


          L'extraction vient d'être réalisée et le praticien constate un saignement plus abondant que normalement.  Un tamponnement de l'alvéole peut être mis en place avec une mèche résorbable (éponges hémostatiques classiques) ou imbibée de SANGUISORBA OFFICINALIS T.M.  Il s'agit de la pimprenelle,  "petit" remède qui favorise une organisation rapide du caillot.


            Il faut donner également CHINA 4 CH, trois granules. En principe, le saignement cesse très rapidement. En cas d’échec, d’autres médicaments doivent être envisagés (voir plus loin). On ne laisse partir le patient qu’après l’hémostase en  lui prescrivant ARNICA 5 CH trois fois par jour et CHINA 4 CH trois granules si l'hémorragie recommençait.


          Avec ces remèdes de prescription facile, il est très rare qu'une hémorragie persiste.  Si  tel  était  le cas,  un des médicaments cités dans  le chapitre du traitement curatif devra être individualisé.


La prévention d’une hémorragie :


          Chaque  fois  qu'un  patient  signale  une  tendance  aux  hémorragies  lors d’une  intervention  précédente,  ou  chez  un  patient  ayant  eu  récemment  une hépatite, il faut demander un temps de coagulation et un temps de saignement. En cas de perturbations graves, il est toujours utile de demander l’avis du médecin traitant.


En cas d’augmentation du temps de coagulation :


        CROTALUS HORRIDUS

        VIPERA

        PHOSPHORUS

CROTALUS HORRIDUS (serpent à sonnette)


          La  plupart  des  venins  de  serpents  ont  une  action  sur  la coagulation du sang. CROTALUS HOR. sera donné en prévention (7 CH une dose la veille de l'intervention) chez  des  patients  atteints  ou  ayant été  atteints récemment d'une hépatite grave,  surtout si  l'extraction est faite en milieu infecté. Le venin de  ce  serpent  contient  une  sérine-protéase qui  est  un  puissant  activateur plaquettaire.  Il  faut donc le donner en cas d'augmentation du temps de coagu­lation et en cas de déficits plaquettaires. A ce titre, on peut le donner avec prudence  aux  malades  sous  anti-coagulants,  chez  lesquels  le  traitement  a été suspendu 48 heures avant l'intervention et qui, malgré cette précaution, reviennent consulter pour une hémorragie.  Celle-ci  est  alors de  sang  noir, fluide,  modifié,  décomposé,  de  mauvaise  odeur  et  irritant.  Le  patient  se plaint de palpitations, de céphalée congestive.  Il  semble prostré et  cette prostration  surprend parce qu’elle est  hors de proportion  avec  la quantité de sang perdu. A  titre  curatif,  la  dilution  5  CH semble  active.  En  aucun cas, un venin ne doit être donné en trop basse dilution, ni répété trop souvent.


VIPERA (la vipère)


          Le venin de vipère contient une toxine hémolytique et coagulante. VIPERA sera  donné  en  prévention  chez  des  patients  hépatiques,  présentant en  plus des varices douloureuses (démarche pénible en raison des varices et d'un état parétique  des  membres).  Ces  sujets  sont  atteints de faiblesse myocardique, d'épistaxis  fréquentes,  d'une tendance  aux  œdèmes, leur foie est congestionné et sensible au toucher. En cas d'hémorragie, celle-ci est de sang noir avec peu ou pas de caillots. On le donne en 7 CH une dose la veille de l'intervention en 7 CH en cas d'hémorragie déclarée, sans le répéter trop souvent (une à deux fois par jour).



PHOSPHORUS (le phosphore)


          Le phosphore a une action métabolique très étendue et une action toxique puissante. C'est cette dernière action qui explique son indication, en dilution, dans les hémorragies. Son expérimentation pathogénétique montre une altération du sang avec anémie, diminution de la coagulabilité, une tendance aux conges­tions  et  un affaiblissement du myocarde.  Enfin,  le phosphore a une  action toxique  sur  les  parenchymes  nobles  (cœur,  foie,  pancréas,  os,  poumons...) au niveau desquels il entraîne une hémorragie, une nécrose, et dans les cas chroniques une sclérose et une dégénérescence graisseuse.


          Dans toutes les manifestations pathologiques pour lesquelles PHOSPHORUS se trouve indiqué, il y a une tendance hémorragique. Comme tous les grands toxiques qui ont en plus une action métabolique, PHOSPHORUS a un "type sensible" marqué. En fait, en raison de sa présence dans tous les noyaux cellulaires et son rôle dans la plupart des métabolismes, PHOSPHORUS a deux types sensibles: le sujet jeune, maigre, voûté, au thorax étroit, (type longiligne réagissant électivement selon le mode tuberculinique) et le vieillard scléreux, sec, ralenti.


          On donne PHOSPHORUS la veille de l'intervention en 7 ou 9 CH, une dose. S'il  y  a hémorragie postopératoire chez  un  sujet  non  prémédiqué,  on  peut le donne encore en 7 CH, à ne pas répéter trop souvent.


          Une contre-indication: la tuberculose récente ou évolutive.


Commentaire personnel: à notre avis, PHOSPHORUS ne doit pas être prescrit systématiquement comme le préconisent certains auteurs avant une intervention. En cas d'action trop efficace, l'intervention se fait en milieu quasi exsangue, ce qui  nuit  à  l'irrigation des  parois alvéolaires et peut être à l'origine d'alvéolites "sèches" que nous avons quelquefois  constatées. Nous ne le donnons plus qu'en cas d'indication précise: augmentation des temps de saignement et de coagulation.  Par  contre,  en  postopératoire, lorsqu'une  hémorragie ne cède pas à d'autres remèdes, une prise de PHOSPHORUS 7 CH se révèle souvent efficace, quel que soit le type morphologique du patient.

En cas d'augmentation du temps de saignement:

            

LACHESIS

ARNICA

PHOSPHORUS


LACHESIS (crotale mutus)


          Comme beaucoup de venins, LACHESIS a une action surtout hypo-coagulante, plus rarement hyper-coagulante (à l'origine de thromboses dangereuses). En fait, LACHESIS entraîne une action diphasique: excitation en fin d'après-midi et lors de la première partie de la nuit (phase d'hypocoagulation) et une phase de dépression  le  matin et  en  début  d'après-midi  (phase  d'hypercoagulation). Aussi,  lorsqu'on veut une  action  anti-hémorragique,  il  faut donner LACHESIS à une dilution de  7 CH.


      Les  sujets  LACHESIS  sont  assez  faciles  à  reconnaître: le  matin,  ils se réveillent fatigués et de mauvaise humeur,  il  leur faut du temps pour se mettre en train. En fin d'après-midi, ils sont hyper-actifs, débordant de vita­lité,  particulièrement  bavards.  Ces  patients  sont  sujets  à des  bouffées de chaleur, des congestions variées, ne supportent pas la chaleur, ni une ceinture ou un col  serrés. Tous les troubles, quels qu'ils soient sont améliorés par un écoulement  physiologiques ou pathologiques.  Une femme verra ses troubles s'aggraver jusqu'au moment des règles, le flux menstruel améliorant rapidement. LACHESIS se trouve le plus souvent indiqué chez la femme lors de la ménopause et chez l'alcoolique.


          L'hémorragie de  LACHESIS  survient  le plus  souvent quelques temps après l'intervention qui a semblé sans problème. L'hémorragie est de sang noirâtre, avec de petits caillots (aspect de paille brûlée). Le patient semble mieux sur un plan général lorsqu'il saigne (du moins jusqu’à un certain point).


ARNICA:


          L'hémorragie  est  de  sang  rouge  brillant,  parfois  foncé.  Surtout,  la zone opérée devient ecchymotique avec des douleurs à la palpation.


          Sous l'angle de la prévention, on le donne essentiellement sur la notion de traumatisme à n'importe qui, mais plus spécialement aux sujets pléthoriques et congestionnés, présentant une fragilité capillaire.  On  le prescrit en 7 CH une dose la veille, ou chez les sujets "sensibles" en 15 CH une dose la veille.


L’hémorragie postopératoire:


          Si une prémédication a été proposée, il faut en faire une critique: pourquoi le  traitement  préventif  a-t-il  échoué  ?  En  l'absence de prémédication,  le choix  du  remède dépend  des  circonstances  d'apparition  de  l'hémorragie,  du contexte clinique, parfois de la couleur du sang et des signes concomitants.

          

        Très nombreux sont les remèdes homéopathiques indiqués dans ce cas. Ne seront cités que ceux qui semblent les plus efficaces et donc les plus souvent donnés.


          Lorsqu'un patient vient à la consultation avec une hémorragie postopératoire,  et  surtout  si  l'extraction  a été faite par un autre praticien,  il convient  de  vérifier  l'alvéole  à la  recherche  d'une  cause  possible  (apex par exemple, fracture alvéolaire...). Ensuite, il faut mécher avec SANGUISORBA T.M. et donner immédiatement CHINA 4 CH trois granules. Dans au moins huit cas sur dix, l'hémorragie cesse en quelques minutes. Sinon, donner une dose de PHOSPHORUS 7 CH.

Certains auteurs accordent une importance à la couleur du sang. Ce sont des listes que l'on voit dans des livres anciens et qui sont reproduites par certains auteurs. Personnellement, nous n'y accordons aucune importance.

Hémorragie de sang rouge


ARNICA 4 CH

PHOSPHORUS 7 CH

CHINA 4 CH (parfois)

IPECA 4 CH

MILLEFOLIUM 4 CH

TRILLIUM PENDULUM 4 CH

ACONIT 5 CH

ERIGERON 4 CH

Hémorragie de sang noir:


CHINA 4 CH

HAMAMELLIS 4 CH

VIPERA 5 CH

LACHESIS 7 CH

CROTALUS 5 CH

NAJA 5 CH

Voici quelques signes pathogénétiques de remèdes d'hémorragie.



CHINA (ou CINCHONA OFFICINALIS = écorce de Quinquina)


          Premier médicament étudié par HAHNEMANN, CHINA convient dans toutes les suites de pertes de liquides organiques surtout suivies de faiblesse ou de lassitude chez un patient le plus souvent pâle, fatigue, voire épuisé. C’est aussi un médicament d’hyperesthésie générale, de troubles hépato-digestifs, de fièvre périodique...  Le tableau classique de l'hémorragie est le suivant: hypotension artérielle hypo-oxygénation (besoin d'air frais), faiblesse cardiaque, sang plutôt foncé, coagulant facilement.  En cas d'hémorragie abondante:  refroidissement du corps, frilosité, bourdonnements d'oreilles, tendance à la défaillance.


       En pratique bucco-dentaire, un tel tableau clinique ne sera qu'exceptionnel on  le  donne  essentiellement  sur  la  notion  de perte de  liquide organique. Son efficacité est remarquable en 4 CH, que l'on peut répéter si nécessaire au bout de 10 minutes.


ACONIT:


          On  le donne en cas d'hémorragie de  sang rouge brillant survenant chez un  sujet sthénique particulièrement agité et anxieux même en cas de perte de sang minime. S’il n’y a pas anxiété et agitation, le médicament ne peut être indiqué.


ERIGERON CANADENSIS  (Composée) :


          C’est un petit remède d’hémorragie de sang rouge vif, en jets, aggravée au moindre mouvement


MILLEFOLIUM (millefeuille) :


          L'hémorragie est de sang rouge brillant, d'origine traumatique (extraction) ou vicariante,  apparemment  bien  supportée,  avec  sensation  de  meurtrissure  ou de courbature (comme ARNICA).


TRILLIUM PENDULUM (liliacée) :


        L’hémorragie est de sang rouge, active ou passive. Elle s’accompagne de troubles de la vue, de bourdonnements d’oreilles,  de palpitations et elle est  aggravée par le moindre mouvement. Il y a parfois un état syncopal avec les membres froids.


IPECA:


        L’hémorragie est de sang rouge brillant,  active, en jets, peu abondante,  avec nausée, langue propre, pâleur, oppression.



HAMAMELIS (hamamélis de Virginie) :


        L’hémorragie est de sang noir,  abondante,  s'écoulant lentement,  avec caillots, sans angoisse, suivie d’asthénie, et parfois d’une sensation de meurtrissure. Il faut retrouver chez le patient un contexte de troubles veineux = varices douloureuses (sensation d’éclatement), ecchymoses au moindre contact, hémorroïdes douloureuses et saignant abondamment.


CROCUS SATIVUS (le safran) :


        L’hémorragie est de sang noir, épais, visqueux, formant des caillots filandreux pendant hors de l'alvéole.


Commentaire: la coloration du sang ne doit être retenue comme critère que si elle est nette. Toutes les matières médicales ne sont pas d'accord entre elles sur ce dernier point


      En conclusion de ce chapitre, trois médicaments dominent et suffisent le plus souvent = le tandem ARNICA / CHINA et PHOSPHORUS en réserve. Les autres cités ici ne seront que rarement retrouvés.

  

LES  SUITES  OPÉRATOIRES



          Actuellement les suites opératoires sont pratiquement banales dans l’immense majorité des cas, surtout si  une prémédication a été proposée et bien prescrite chez les sujets à risques.  Dans le cas contraire, plusieurs troubles motivent une nouvelle consultation: une hémorragie, une douleur, un trismus, une alvéolite, enfin plus tard, un retard de cicatrisation.  L'hémorragie ayant été étudiée, quelles sont les solutions homéopathiques pour les autres ennuis ?



La douleur postopératoire:


      ARNICA et HYPERICUM répondent à un grand nombre de cas parce que tous deux ont  comme  circonstance  étiologique  "suites  de  traumatisme",  sans  oublier CALENDULA particulièrement indiqué après une extraction, car son action  est plus manifeste dans les plaies anfractueuses.


      ARNICA est d'autant plus indiqué que le patient présente une tuméfaction plus ou moins importante de la région opérée, avec une sensation de meurtrissure pire à la palpation, la tendance ecchymotique est nette. On donne alors ARNICA 5 CH trois fois par jour. Si le patient affirme en plus quelques courbatures sur l'ensemble de son corps,  s'il se plaint de mal dormir parce que son lit lui  semble trop dur,  il  faut élever  la dilution:  ARNICA 15 CH trois fois par jour.


      HYPERICUM peut être donné sur la seule notion de traumatisme des filets nerveux en 5 CH trois fois par jour, en alternance avec ARNICA. Sa dilution sera plus élevée, en 15 ou 30 CH, si le patient décrit une douleur aiguë, intolérable, déchirante, remontant le long du nerf de l’alvéole vers le cerveau.


      CALENDULA doit être associé chaque fois que l'alvéole présente un aspect suspect.  On  le donne en T.M.  en  bains de bouche  (5 à 10 gouttes dans un  1/2  verre d'eau tiède,  trois fois  par jour.  ARNICA et CALENDULA se complètent bien, il est à noter que ces deux plantes contiennent des principes actifs communs (manganèse, carotène...).


          Dans certains cas,  l'extraction entraîne une réaction inflammatoire qui peut  demander  un  médicament  spécifique,  tel  que BELLADONA,  BRYONIA,  FERRUM PHOSPHORICUM, voire même HEPAR SULFUR si l'inflammation évolue vers une suppu­ration aiguë.


          Enfin,  si  la  douleur  présentée par un  patient ne cadrait pas avec les médicaments sus-indiqués, une répertorisation s'avérerait obligatoire.

  

L’ALVÉOLITE


      Si  les conseils précédents ont été suivis, les risques d'alvéolite s'en trouveront fortement minimisés. Si un patient revenait en consultation pour une alvéolite suppurée  ou sèche,  il  faudrait  analyser  la nature et  les modalités de  la douleur.  Plusieurs médicaments homéopathiques sont alors indiqués: d'abord les plus fréquents = MERCURIUS SOLUBILIS, ARSENICUM ALBUM, SILICEA, puis LACHESIS, SYMPHYTUM, RUTA, PHYTOLACCA, etc...

     

MERCURIUS SOLUBILIS (mercure métallique rendu soluble)


      Le praticien est d'abord frappé par l'odeur nauséabonde ou putride qui se répand dans le cabinet dentaire. La bouche est caractéristique: alvéole laissant  suinter un magma noirâtre et fétide, gingivite ulcéreuse plus ou moins étendue,  avec fausses membranes,  langue sale, flasque, étalée, gardant l'em­preinte des dents, hypersalivation, adénopathie. Le patient décrit des douleurs brûlantes, vives, pires la nuit, aggravées par les boissons chaudes ou froides (températures extrêmes).  L'aggravation  nocturne est  nette:  salivation (tache l'oreiller), sueurs visqueuses pires à la chaleur du lit, douleurs aggravées la nuit. On donne:

          

          MERCURIUS 7 CH trois granules une fois par jour

          + CALENDULA T.M. )

          + PHYTOLACCA T.M.          ) en bains de bouche 3 fois par jour.


ARSENICUM ALBUM (l’anhydride arsénieux) :


      C’ est  un  remède  d'aggravation  par  rapport  au  précédent:  même tableau buccal, mais les douleurs brûlantes sont améliorées par les boissons chaudes et aggravées par les boissons froides. L'aggravation nocturne est limitée au milieu de la nuit (entre 1h et 3h).  Le patient est anxieux,  plus agité et plus asthénique que Mercurius. On le donne en 7 CH une fois par jour, avec le même bain de bouche.


SILICEA (la silice) :


      Au contraire des deux médicaments précédents, SILICEA a une action lente. Aussi  l'alvéolite s'est-elle développée lentement, avec peu de douleurs. Après une phase subaiguë,  le patient constate que son alvéole continue à suppurer plus ou moins et ne cicatrise pas. Cette notion de suppuration lente et interminable,  l'absence  de cicatrisation  suffisent  à  la  prescription  de SILICEA, que l'on donne d'abord en basses dilutions 4 ou 5 CH deux fois par jour pendant une semaine ou deux, puis au fur et à mesure que semble s'améliorer la suppu­ration, on élève la dilution en espaçant les prises = 7 CH deux fois par semaine, puis 12 CH une fois par semaine, etc...


      SILICEA  convient plus particulièrement à  des  sujets  longilignes  maigres,  frileux,  timides, céphalalgiques,  transpirant  facilement  des  extrémités  (même  quand  ils  ont froid).


LACHESIS :


      Localement,  les  signes de  l'alvéolite ressemblent  à ceux de MERCURIUS, avec une tendance hémorragique plus affirmée, avec une aggravation par la chaleur plus marquée. Mais les signes locaux ne suffisent pas à la prescription. LACHESIS s'adresse à des  patients  présentant  une  alternance  d'excitation  vespérale  et  nocturne et  une dépression matinale,  ne  supportant  pas  la chaleur,  les ceintures ou cols serrés, particulièrement loquaces et actifs le soir. C'est un remède de troubles  de  la  ménopause,  de l'alcoolisme,  et  d'états  infectieux sévères. L'alvéolite est donc parfois assez grave, avec une tendance à la nécrose et à l'hémor­ragie.  La latéralité gauche de tous les signes est dominante.  Bien sûr, une alvéolite  du  côté  droit  est  possible,  avec  les  signes  locaux et généraux.



SYMPHYTUM (la grande consoude)


      Ce remède d'action limitée est précieux dans les troubles osseux: retard de  cicatrisation,  consolidation  des  fractures,  douleurs  consécutives  à une fracture osseuse. On peut donc le donner dans une alvéolite lorsque le traumatisme osseux de l'alvéole a été important, en association avec ARNICA, tous deux ont des douleurs locales aggravées par le toucher. SYMPHYTUM aurait une action élective au  niveau de  la mandibule. On le donne en 4 CH deux à trois fois par jour.


RUTA GRAVEOLENS (la rue)


      C'est encore un remède d'action limitée, complémentaire de SYMPHYTUM et d'ARNICA  dans  les  traumatismes  osseux,  surtout  périostés.  C'est  sur cette seule notion qu'il est  habituellement  prescrit,  en 4 CH, rarement seul.  Il peut compléter  l'action de SILICEA dans les suppurations chroniques,  surtout s'il y a élimination de séquestres osseux.


PHYTOLACCA DECANDRA (phytolaque)


      Remède habituelle d'angine aiguë, d'état grippal, de douleurs rhumatismales ou mammaires, PHYTOLACCA peut être indiqué dans les inflammations osseuses, périostées ou  du  tissu  cicatriciel,  avec  des  douleurs  vives,  névralgiques apparaissant  et  disparaissant  brusquement,  comme des décharges électriques. On le donne volontiers en T.M. en association avec CALENDULA. Ou en 5 CH deux à trois fois par jour.



Les cicatrisations difficiles


      Après une avulsion, la réparation et la cicatrisation peuvent être retar­dées pour diverses raisons, tenant généralement à l'état général. Ceci implique une  individualisation  plus précise  du  remède  semblable.  L'indication  d'un remède ayant une action dans le remaniement osseux peut se poser si l'on constate un  retard  de  cicatrisation:  SILICEA, CALCAREA  PHOSPHORICA,  FLUORIC  ACID., etc...


      Une solution de paresse,  mais qui  ne manque pas d'efficacité, consiste à recourir à des spécialités commercialisées par chaque laboratoire: surtout OSTEO­CYNESINE, HOMEO-CALCYL, HOMEOGENE 43 (Boiron, GRANULE REX (Lab. Lehning).


  

L'alvéolite (langue espagnole)

Le trismus:


          Dans le cas étudié ici, il s'agit d'un trismus lié directement au traumatisme opératoire.  Le principal  remède est encore une fois HYPERICUM, remède préventif ou curatif, associé à ARNICA.


          En cas d'échec, il faut tenter un médicament spécifique: CUPRUM METALLICUM, ANGUSTURA, NUX VOMICA..., tous remèdes de crampes musculaires, dont il faut confirmer l'indication par une recherche pathogénétique.


          On trouve, dans certains livres,  l'indication de TETANOTOXINUM, dilution de la toxine tétanique, donc particulièrement indiquée dans un trismus, comme remède symptomatique. Mais, ce médicament a été supprimé du Codex français.

(cliquer)