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CAPSICUM

ANNUUM

            Sous cette appellation latine, qu’est-ce que Capsicum annuum ? Il s’agit banalement du piment commun, de la famille des Solanacées, originaire des Indes et répandu dans le monde entier. Le fruit présente plusieurs couleurs selon la maturité = vert, jaune et rouge.

            

            La teinture-mère est préparée avec le fruit sec. Elle produit une teinture de couleur orangée, de saveur piquante et brûlante. Cette dernière s’explique par la présence de capsaïcine qui aurait des effets hypocholestérolémiants et antiagrégant plaquettaire. Des pigments caroténoïdes ayant une activité provitamine A ont également une action anti-inflammatoire et cicatrisante.  On trouve aussi des pigments à action vitaminique P, antihémorragique et vasoconstrictrice, de l’acide ascorbique et des saponosides de nature stéroïdique.


            Cependant, depuis les temps les plus reculés, ignorant cette composition et ses effets, les populations du monde entier utilisent le piment pour sa saveur piquante qui relève de nombreux mets.

            

La première pathogénésie a été réalisée par Hahnemann et ses collaborateurs. Des intoxications accidentelles par de fortes quantités de piment ont  complété la pathogénésie et confirmé les cibles préférentielles = les muqueuses, les os de la face et surtout de l’oreille.


            Avant de voir en détail la matière médicale et les indications, il faut répondre à la question = Capsicum annuum est-il un médicament d’actualité ?


            Dans un article documenté, le Dr Lelong résume ainsi ce médicament :

 

            "Une particularité de Capsicum annuum est qu'il a la nostalgie de son pays. Dans un premier temps, il y a nostalgie du clan avec refus de l'environnement, puis négation du clan avec accès à l'autonomie : c'est le sacrifice de la mère ou de la fonction maternante engloutissante. Le sujet regrette l'opinion du clan puis il la refuse si elle s'impose à lui. .Dans la plupart des cas il semble qu'il fasse tout pour s'opposer aux autres, particulièrement pour avoir une opinion différente des autres, comme si il avait la hantise d'être absorbé par l'autre. Il lui faut absolument prouver son identité en s'opposant à l'autre, à l'étranger. Il marche sur une crête : soit il est dans l'autre et n'existe pas, soit il est contre l'autre et existe en tant que différent de l'autre. D'où sa vérification identitaire compulsive : il vérifie en permanence qu'il n'est pas l'autre. Ce n'est qu'en étant étranger à quelque chose ou à quelqu'un qu'il a une identité".


On retrouve là une prose typiquement psychanalytique. Mais il ressort cependant que l’une des clés de Capsicum est la nostalgie, qu’il faut comprendre au sens large = nostalgie du cocon familial lorsque l’enfant doit découvrir le monde étranger qu’est l’école, nostalgie de l’endroit où l’on a vécu avant de déménager, nostalgie du pays perdu en cas d’émigration, etc... « La nostalgie est la nourriture des déracinés » (Jocelyne MAS dans son livre « Chez nous…en Algérie, la méditerranée était au nord » Editions Bénévent 2005). Et de nombreux troubles somatiques ou psychosomatiques peuvent en découler. Hahnemann décrit ainsi le moral de Capsicum = « On est taciturne et renfermé en soi-même – On est indifférent à tout – On est taciturne, morose, entêté – Esprit de contradiction et mauvaise humeur – Résistance, avec cris – On fait de reproches et reprend les fautes des autres – On est offensé par des bagatelles – On se met facilement en colère – Suractivité inquiète – Propension à s’effrayer – Tantôt on rit sans s’arrêter, tantôt on pleure – Plaisanterie et traits d’esprit – On est satisfait, disposé à plaisanter et à fredonner, mais on est en même temps enclin à se fâcher à la moindre occasion – Satisfaction – Persévérance, absence de tout souci ».

Tous ces signes ont été constatés par Hahnemann lui-même, qui les rapporte « bruts » de toute interprétation, ainsi qu’il avait coutume de faire dans sa matière médicale (ce qui, entre nous la rend difficile à retenir, note personnelle !).

Notre époque moderne est caractérisée, entre autres, par les déplacements de toutes natures, en particulier par les voyages et les migrations dans d’autres régions ou d’autres pays. Et c’est en ce sens que nous pensons que Capsicum annuum paraît un remède d’actualité.

Un autre problème mérite quelques commentaires. Voici ce qu’écrivent Denis DEMARQUE (1915-1999) et ses collaborateurs dans « Pharmacologie et matière médicale homéopathique » (Edition Boiron) :

« Certains auteurs décrivent un type sensible s’appliquant surtout à des alcooliques abrutis par leurs excès d’alcool, avec des troubles dyspeptiques à type de brûlure : sujets corpulents, asthéniques, très frileux. Le nez est rouge, froid au toucher, les joues sont rouges, chaudes, couperosées, les yeux vultueux.  Les mains et les pieds sont froids.  Taciturnes et grincheux, ces malades seraient enclins à la nostalgie et aux idées de suicide, signes qui ne sont pas pathogénétiques, comme beaucoup de descriptions psychiques données dans les répertoires ou les matières médicales homéopathiques. En fait, l’alcoolisme n’est qu’une correspondance étiologique possible à la prescription du médicament ».

Notre attitude personnelle est marquée par la perplexité. D. Demarque a été un enseignement particulièrement compétant et ses ouvrages et articles sont empreints de connaissances médicales et homéopathiques. Pourtant, il semble négliger une source de la matière médicale homéopathique = l’expérience clinique des praticiens.

Dans le cas particulier de Capsicum annuum, il nous semble évident que les volontaires qui se sont soumis à l’expérimentation ne pouvaient pas être alcooliques ! Il est donc logique que l’alcoolisme n’ait pas été retenu par Hahnemann comme un symptôme pathogénétique. Il en va ainsi de bien d’autres signes, notamment des facteurs étiologiques. « Le froid sec » si fatal à Aconit n’est pas non plus un signe pathogénétique. D’ailleurs aucun facteur étiologique ne l’est. Ce sont des constatations cliniques de praticiens. Pourtant, les matières médicales modernes, y compris celle de Demarque, décrivent ces signes étiologiques, même s’ils sont baptisés « correspondances étiologiques » !

La nostalgie, non plus, n’est pas un symptôme pathogénétique et pourtant elle est devenue un symptôme psychique parce que des dizaines de praticiens homéopathes l’ont constaté.

Certes, comme dans toute activité humaine, il existe des excès dans tous les sens. La matière médicale est par essence somato-psychique = on donne une substance à des volontaires et on constate éventuellement des symptômes psychiques. Il ne peut en être autrement au cours d’une expérimentation. Les praticiens ont constaté que des problèmes psychiques pouvaient être à l’origine de troubles somatiques et en tiennent compte. L’un des dérapages reprochés à J. T. KENT (1849-1916) est la place excessive accordée aux signes et symptômes psychiques, à partir desquels toute la pathologie humaine découlerait ! Il a même affirmé que le péché originel était la cause première de la psore !!!

Denis DEMARQUE

ETUDE CLINIQUE

      Personne ne pourra reprocher à un chirurgien-dentiste de commencer cette étude par les signes bucco-dentaires, en les replaçant ensuite dans leur contexte clinique.


D'abord ce que dit Hahnemann lui-même:

            "Gonflement des gencives – Douleur tractive dans les gencives – Douleur tractive dans une dent, qui n'est augmentée ni par l'attouchement de la dent, ni en mangeant – Il semble que les dents sont plus longues et agacées – Eruption de boutons à la face interne des joues – Sur le bout de la langue, petits boutons qui causent une douleur lancinante quand on y touche – Sialorrhée - Sécheresse de la bouche – Sentiment de sécheresse à la partie antérieure de la langue, sans soif, le matin – Mucus visqueux dans la bouche"

            Pour ceux qui n'ont jamais eu l'occasion de lire la Matière médicale de Hahnemann, précisons qu'il mentionne toujours ou souvent au bout de combien de temps est apparu tel ou tel symptôme, après la prise du médicament. Il ajoute aussi les initiales des expérimentateurs. Ainsi "le mucus visqueux dans la bouche" est apparu au bout de 2 heures, alors que "le sentiment de sécheresse à la partie antérieure de la langue, sans soif" au bout de 8 heures.


Ce que dit J. LATHOUD:

            Le moins que l'on puisse dire est qu'il y a des différences. Alors, voyons:

Ce que disent Léon VANNIER et Jean POIRIER:

            "Haleine chaude, âcre, fétide. Lèvres enflées avec gerçures et fissures" Rien de plus !


Mais le Répertoire de Kent se montre un peu plus complet :


  


Il nous faut nous débrouiller avec cela !  Pour ne pas nous égarer, il faut revenir à l'expérimentation pathogénétique qui révèle deux cibles = les muqueuses et le tissu osseux (dont l'oreille). Ce sont les muqueuses qui sont les plus atteintes et à travers elles, les organes qu'elles concernent:

Irritation avec inflammation des muqueuses et sensation de brûlure intense, "comme si l'on avait versé du poivre dessus; en même temps, sécrétion exagérée.

Brûlure de la bouche, du pharynx, pyrosis, ténesme, douleurs brûlantes à l'anus (note = comme lorsque l'on a mangé du piment).

Hémorroïdes procidentes avec brûlures intenses et sensation de cuisson;

Douleurs brûlantes à l'urètre. Ténesme simultané au rectum et à la vessie.

Voyons maintenant ces signes et symptômes en clinique, tels que les chirurgiens-dentistes peuvent les rencontrer chez certains patients, en puisant (voire en pillant !) l'ouvrage de Henri VOISIN (1896-1975) = "Homéopathie clinique – Matière médicale".

L’OBESE
FAUX PLETHORIQUE ET MOU




Il s'agit d'un sujet gras, lymphatique et mou, aussi bien physiquement que psychiquement. Ses joues et son nez sont rouges, surtout après une émotion  ou alternativement rouges et pâles, mais froids au contact. Les tissus sont mous, la peau n'a plus d'élasticité et les lèvres sont gercées et fissurées.


Habituellement sensible froid, il devient encore plus frileux dès qu'il est malade, frissonne au moindre courant d'air même s'il n'est pas froid. Sa tendance à la déprime devient plus manifeste lorsqu'il a froid. Il a horreur de se laver, néglige sa tenue, a de l'aversion pour tout exercice physique et même pour le travail intellectuel qui l'épuisent et le font transpirer.


Le sujet est hypersensible aux bruits, aux odeurs, à l'alcool, au café, à la bière. Il a un manque général de réaction. Il est indolent, silencieux, d'humeur chagrine, changeante ou capricieuse, susceptible, irritable, entêté, nostalgique (avec insomnie et peurs). Il est souvent obsédé par des idées de suicide sans désir de se tuer ni impulsion à se détruire (comme Aurum metallicum qui a peur de la mort).

            

Ce sujet est souvent affecté de céphalées violentes avec battements, pulsations, sensations d'augmentation de volume de la tête ou d'éclatement, < par le mouvement et par la toux, > couché tête haute. Les digestions sont difficiles, en particulier à cause d'inflammations des muqueuses digestives et/ou respiratoires, mais avec manque de réactions.


Au cabinet dentaire =  on peut voir ces patients pour une banale gingivite ou pour des aphtes, ou encore pour de banales sensations de brûlures de la bouche.

L'ALCOOLIQUE




Il s'agit d'un sujet gras, lymphatique et mou, aussi bien physiquement que psychiquement. Ses joues et son nez sont rouges, surtout après une émotion  ou alternativement rouges et pâles, mais froids au contact. Les tissus sont mous, la peau n'a plus d'élasticité et les lèvres sont gercées et fissurées.


Habituellement sensible froid, il devient encore plus frileux dès qu'il est malade, frissonne au moindre courant d'air même s'il n'est pas froid. Sa tendance à la déprime devient plus manifeste lorsqu'il a froid. Il a horreur de se laver, néglige sa tenue, a de l'aversion pour tout exercice physique et même pour le travail intellectuel qui l'épuisent et le font transpirer.


Le sujet est hypersensible aux bruits, aux odeurs, à l'alcool, au café, à la bière. Il a un manque général de réaction. Il est indolent, silencieux, d'humeur chagrine, changeante ou capricieuse, susceptible, irritable, entêté, nostalgique (avec insomnie et peurs). Il est souvent obsédé par des idées de suicide sans désir de se tuer ni impulsion à se détruire (comme Aurum metallicum qui a peur de la mort).

            

Ce sujet est souvent affecté de céphalées violentes avec battements, pulsations, sensations d'augmentation de volume de la tête ou d'éclatement, < par le mouvement et par la toux, > couché tête haute. Les digestions sont difficiles, en particulier à cause d'inflammations des muqueuses digestives et/ou respiratoires, mais avec manque de réactions.


Au cabinet dentaire =  on peut voir ces patients pour une banale gingivite ou pour des aphtes, ou encore pour de banales sensations de brûlures de la bouche.

  

QUELQUES INDICATIONS DE CAPSICUM ANNUUM

EN PATHOLOGIE AIGUË



La plus classique: la mastoïdite


            Capsicum annuum est très actif dans tous les cas de mastoïdite, que le type ci-dessus décrit soit présent ou non.


            Il agit aussi bien dans la douleur mastoïdienne accompagnant une otite (moyenne) que sur la suppuration de l'os, avant ou après l'opération = inflammation douloureuse derrière l'oreille, très sensible au toucher, avec des douleurs déchirantes et brûlantes.


            Dès le début d'une otalgie, plusieurs médecins dont l'ORL Paul Chavanon (1898-1962) ou Maurice Fortier-Bernoville ((1896-1939) recommandaient systématiquement = Oscillococcum 200 du Dr Roy puis Capsicum annuum en alternance avec Belladona et/ou Ferrum metallicum, tous en 7 CH. Ce traitement ne doit être commencé que dans l'attente du médecin ou de l'ORL.


Recommandations du Docteur Paul Chavanon (1898-1962) dans les otites ou mastoïdites aiguës:


"Les 6 remèdes que je considère actuellement comme dangereux dans les otites et mastoïdites aiguës sont = Sulfur, Sulfur iodatum, Hepar sulfur, Lycopodium, Drosera (en hautes dilutions) et Pulsatilla. Ils sont d'autant plus importants à connaître que ce sont des remèdes courants". Le plus grand risque est celui d'une complication par fusée purulente".


Paul Chavanon a été ORL

Les états fébriles:


            L'indication de Capsicum survient après Aconit, Belladona, Bryonia ou Pulsatilla et signifie une étape d'aggravation = prédominance des frissons (commençant dans le dos entre les deux épaules) s'accompagnant de soif (frissons chaque fois que le mal vient de boire)


            Le stade chaleur est très court et la soif disparaît puis vient le stade des sueurs = âcres, fétides, pires la nuit, colorant le linge en jaune.


            Ces symptômes sont ceux d'une fièvre intermittente avec répugnance pour le mouvement, exacerbation vers 16 h et le soir, aggravation par le froid, le grand air et le mouvement et après avoir mangé ou bu.


L'angine:


            Le pharynx est enflé, d'une rougeur sombre donnant l'impression d'être sur le point de saigner, très douloureux, avec une sensation de vive brûlure comme par du poivre, pire en buvant froid et mieux en buvant chaud; sensation de constriction spasmodique intense, aggravée par la déglutition, irradiant vers l'oreille. L'haleine est chaude et malodorante.

            

            Le malade a soif, frissonne chaque fois qu'il a bu et à souvent une céphalée avec sensation que le crâne va éclater, pire en toussant et en marchant.


            Capsicum annuum doit être donner chaque fois qu'il y a menace de complication d'otite.


La cystite aiguë:


            L'inflammation concerne la vessie et l'urètre = besoins très fréquents et parfois inefficaces, douleurs brûlantes (comme par du poivre), pendant et après la miction, accompagnées d'une sensation de constriction du col de la vessie et d'une sensation de froid au scrotum. Le ténesme est intense.


            Là encore, le patient éprouve une soif intense suivie de frissons.


            L'inflammation de l'urètre provoque un écoulement blanchâtre ou jaunâtre, épais et crémeux, avec enflure douloureuse du prépuce.


oOo


            Il existe d'autres indications:

  

  

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