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LES TROUBLES DE L'ARTICULATION

TEMPORO-MANDIBULAIRE

(ATM)

L’articulation temporo-mandibulaire peut être le siège de différentes pathologies, notamment fonctionnelles à l’origine de récriminations des patients = luxation, traumatisme direct, problèmes liés à des troubles de l’articulé dentaire, trismus, constriction, arthrite ou arthrose, douleurs et craquements pendant la mastication, etc...


            Il n’est pas question ici de décrire minutieusement chacune des pathologies qui peuvent atteindre l’A.T.M. mais de proposer les solutions homéopathiques lorsqu’elles existent, en supposant que les causes locales ont été localisées et supprimées. Par exemple, nous avons vu une femme d’environ 35 ans venir consulter pour de banals problèmes de carie dentaire au niveau de plusieurs collets et se plaindre incidemment de craquements très désagréables car audibles de l’A.T.M. gauche, se produisant lors de la mastication et de la phonation. Durant quelques années, toutes les investigations ont été entreprises et différents traitements proposés, dont des corrections de l’occlusion dentaire, le port d’une gouttière la nuit durant des mois, en vain. Il a suffi de quelques prises de THUYA pour la débarrasser de ce petit problème gênant qu’aucune autre thérapeutique n’avait pu supprimer. Et THUYA a été choisi, non pas exclusivement sur le seul signe de “craquements” dans l’A.T.M. gauche, car on ne peut prescrire sur un seul signe ou symptôme, mais sur un ensemble de signes locaux, généraux et comportementaux.

  

Une place à part pour la polyarthrite rhumatoïde:


            Cette maladie du tissu conjonctif concerne environ 150000 personnes en France. La conséquence majeure et invalidante de cette maladie est la déformation des articulations concernées. Toutes les articulations peuvent être touchées, même les A.T.M. Dans environ 10 à 12% des cas il y a une confirmation radiologique, alors que les atteintes cliniques de ces articulations pourraient concerner entre 25 et 70% des malades. Il est évident que le diagnostic n'est pas facile au début de la maladie. Elle commence le plus souvent par les articulations distales des membres avec une atteinte inflammatoire importante. La synoviale enflammée est responsable des déformations caractéristiques. A un stade avancé, il est possible de mettre en évidence des lésions osseuses des condyles: décalcifications d'abord isolées puis étendues, pincement articulaire, apparition de géodes dans la tête du condyle, disparition de la ligne articulaire.


            Le diagnostic repose surtout sur des critères immunologiques = facteur rhumatoïde, qu'on ne retrouve que 12 à 18 mois après le début de la maladie.  Lorsque les A.T.M. sont concernées, le malade éprouve d'abord des douleurs avec des craquements à l'ouverture de la bouche. Mais les troubles des A.T.M. ne s'aggravent qu'après de nombreux mois d'évolution. Lorsque les atteintes des A.T.M. se manifestent, le diagnostic est déjà précisé.


            Le traitement échappe au chirurgien-dentiste et à juste titre. Il est basé essentiellement sur les antalgiques, les anti-inflammatoires nos stéroïdiens, les corticoïdes, avec les effets secondaires connus. Au stade lésionnel, la chirurgie s'impose, dont l'ablation des condyles. Mais et c'est particulièrement intéressant, l'homéopathie répond bien à cette maladie, comme d'ailleurs à la plupart des maladies auto-immunes.


            Une rapide répertorisation dans AIDE-HOMEO donne la liste suivante (on exhaustive) = Actaea spicata, Apis mellifica, Aurum metallicum, Bryonia, Calcarea fluorica, Causticum, Fluoric acid., Iodum, Luesinum, Medorrhinum, Natrum muriaticum, Natrum sulfuricum, Phosphorus, Rhus tox., Sulfur et Thuya. Cette liste montre des médicaments à visée anti-inflammatoire souvent efficace et sans effet iatrogène (Apis, Bryonia par exemple) et des médicaments de fond que l'on peut mettre en évidence à partir de signes ou symptômes bucco-dentaires, avant même que la maladie n'ait encore évolué. Il y a donc là une possibilité thérapeutique préventive, mais il est difficile au début de cette maladie d'y penser. Et c'est tout le problème.  

La contusion traumatique de l’A.T.M.


            Ce problème reste très banal et ne mérite pas de longs commentaires. Un choc direct sur l’A.T.M. provoque habituellement un oedème, un hématome, des douleurs spontanées ou provoquées par l’ouverture de la bouche ou par la mastication, parfois un trismus. Une radiographie doit être réalisée dans certains cas afin d’éliminer une éventuelle fracture. Dans les cas banals, tous les troubles disparaissent spontanément en quelques jours. La médecine classique propose des anti-inflammatoires et/ou des antalgiques ou dans certains cas des infiltrations de xylocaïne sans adrénaline autour de l’artère temporale superficielle. Ces traitements se montrent efficaces. Mais l’homéopathie se montre elle-aussi très efficace avec ARNICA le plus souvent prescrit seul, ou parfois associé à HYPERICUM lorsque l’on retrouve une douleur centripète.


            Comme chacun le sait, ARNICA MONTANA est LE remède homéopathique que l’on doit donner en première intention lors de tout traumatisme, quel qu’il soit, quelles que soient la localisation et les conséquences médiates ou immédiates. On peut le donner à n’importe quelle dilution et le répéter plusieurs fois par jour jusqu’à amélioration, puis guérison. Ce médicament reste la solution de recours lorsque les médicaments chimiques ne peuvent être prescrits en raison de contre-indications.


            Comme la région de l’A.T.M. est riche en nerfs, il est fréquent de trouver l’indication de HYPERICUM PERFORATUM, considéré à juste titre comme l’arnica des nerfs. Ce médicament correspond à des douleurs lancinantes, élançantes, dont la principale caractéristique est le sens centripète = la douleur remonte le long du trajet du nerf lésé. On peut le donner en n’importe quelle dilution, le plus souvent en 15 CH deux à trois fois par jour, en alternance avec ARNICA.      


            Les ouvrages de stomatologie décrivent différentes formes de luxations, qui posent un problème de diagnostic étiologique, ce dernier conditionnant le traitement. Mais on rencontre parfois des patients qui font une luxation ou une sub-luxation de l’une des A.T.M. ou des deux simplement en ouvrant la bouche au maximum. Etant habitué à cet inconvénient, ils remettent en place leur mandibule sans difficulté.


            Il est facile de constater que ces patients répondent à l’évidence au type sensible du biotype dystrophique, autrefois appelé fluorique, dont les remèdes de fond sont CALCAREA FLUORICA et FLUORIC ACID. Cette tendance aux luxations s’exprime à tous niveaux et elle est due à une hyperlaxité ligamentaire caractéristique de ce biotype. On trouve cités dans le Répertoire de Kent = luxation à répétition  Staphysagria - Sensation de luxation  Petroleum et Rhus tox. Enfin, Lathoud précise pour luxation des A.T.M. =  Rhus tox., Ignatia, et Petroleum.

CALCAREA FLUORICA:


            Chef de file des médicaments dits constitutionnels (parce qu’il s’agit de substances biochimiques participant à l’ostéomorphogenèse)  de la lignée dystrophique, le fluorure de calcium présente un type sensible caractéristique = asymétrie, dysharmonie des formes, avec parfois des dystrophies osseuses, soit hypercalcifications (ostéophytes, exostoses), soit des hypocalcifications (ostéoporose...), des anomalies dentaires de formes ou d’implantation. Mais c’est surtout ici une autre tendance physiopathologique qui explique la fréquence des luxations des A.T.M. = l’hyperlaxité ligamentaire, qui provoque ou amplifie la morphologie particulière (dont l’image caricaturale est le polichinelle). Cette laxité est particulièrement marquée au niveau du tissu fibro-conjonctif expliquant ainsi des articulations lâches avec une souplesse extrême, une tendance aux ptoses viscérales, aux hernies, aux varices et aux luxations à tous les niveaux. On comprend facilement que des malpositions dentaires et des malformations maxillaires, entraînant des troubles de l’articulé, puissent favoriser des luxations des A.T.M.


            Rappelons que chez l’enfant, CALCAREA FLUORICA doit être prescrit le plus tôt possible pour favoriser une croissance optimale et surtout suffisamment longtemps, aussi longtemps que dure la croissance. Si cette prévention n’a pas été faite, il faut y penser durant les traitements orthodontiques ou chez l’adulte lorsque se produisent les luxations des A.T.M. On le prescrit le plus souvent en 7 ou 9 CH, deux à trois fois par semaine. La posologie peut être modulée selon le contexte individuel = aggravation par le froid humide, par l’effort intellectuel, troubles de la croissance, convalescence, troubles lympho-ganglionnaires avec hypertrophie et induration, troubles du comportement,  etc... Mais il est évident que dans le cas d’une luxation itérative des A.T.M. la prescription de CALCAREA FLUORICA doit être poursuivie plusieurs mois, un an ou deux car on ne peut changer les conditions osseuses ou articulaires avec promptitude, surtout chez ces sujets.

FLUORIC ACID.:


            D’une manière générale, ce médicament est beaucoup plus engagé dans la pathologie et se trouve prescrit au cours des troubles annoncés dans la matière médicale du précédent. Il est donc moins fréquent dans les luxations des A.T.M. mais il doit rester en “réserve”. Il faut toujours garder à l’esprit que FLUORIC ACID. présente les mêmes indications que le précédent mais se trouve plus engagé dans des pathologies plus lésionnelles du fait de la présence d’acide. C’est surtout un médicament de suppuration osseuse avec tendance aux fistules dont l’orifice est irritant. Il est l’un des médicaments de l’hyperthyroïdie avec une tendance à la déminéralisation, à l’instabilité physique et mentale, à l’asthénie avec incapacité de produire un effort prolongé. Enfin, l’un des signes qui annoncent son indication par rapport au précédent est l’intolérance pour la chaleur et l’aggravation par celle-ci.


            Les douleurs des A.T.M. peuvent avoir plusieurs causes = traumatismes, infections, rhumatisme, etc...


            Dans ce chapitre ne seront qu’évoquées les douleurs dues à une arthrite aiguë de l’A.T.M. = douleur locale irradiant vers l’oreille et la face, limitation des mouvements de la mandibule du fait de la douleur engendrée par les mouvements et de la contracture des muscles masticateurs, etc... Plusieurs causes sont avancées, comme une infection de voisinage à la suite d’une ostéite du maxillaire, ou une localisation à ce niveau d’un rhumatisme général avec douleurs au niveau d’autres articulations, et surtout le diagnostic différentiel doit être fait avec une parotidite. Il faut évoquer également la tuberculose temporo-maxillaire, autrefois assez courante, très rare aujourd’hui.


            En fait, ce chapitre est surtout consacré aux douleurs chroniques de l’A.T.M. après que l’on ait pu écarter les causes locales, notamment les troubles de l’articulé dentaire. Il s’agit souvent d’un rhumatisme chronique localisé ou plus général, caractérisé par une évolution lente et surtout par des craquements articulaires de l’A.T.M. lors de la mastication ou de la phonation.

Le répertoire de Kent donne les médicaments suivants:


Douleurs dans l’A.T.M.:


Actea racemosa, Agaricus, Acetic acid., Alumina, Alumen, Arum triphyllum, Asa foetida, Asarum, Bromium, Calcarea carbonica, Causticum, Cistus, Coralium rubrum, Drosera, Fluor acid., Glonoïnum, Hypericum, Laurocerasus, Manganum, Niccolum, Opium, Rhus tox., Spigelia, Spongia tosta, Strychninum, Sulfuric acid., Vespa crabo.


Craquements dans l’A.T.M. pendant la mastication:


Ammonium carbonicum, Bromium, Chininum sulfuricum, Lac caninum, Lachesis, Menyanthes, Mezereum, NITRI ACID., Oleum animalis, RHUS TOX., Sabadilla, Selenium, Spongia tosta, Sulfur, Thuya.


            Bien entendu, le répertoire ne donne que des indications qui peuvent orienter le choix du médicament semblable mais il ne faut pas prendre ces précisions comme une obligation. C’est l’ensemble des signes et symptômes du patient qui compte.


            Nous commençons par les deux seuls médicaments cités au degré fort:

RHUS TOXICODENDRON:


            C’est sans aucun doute le médicament le plus concerné dans cette pathologie de l’A.T.M. Il s’agit du sumac vénéneux, arbuste de la famille des Anacardiacées, très fréquent en Amérique mais poussant également en Europe et dans le midi de la France. La première pathogénésie a été réalisée par HAHNEMANN en 1816. La première action observée, souvent involontairement, est celle au niveau de la peau. Alors que la plante elle-même n’a aucune action au contact de la peau, le suc qu’elle contient provoque sur de larges surfaces de peau de la rougeur et de la brûlure qui ne tardent pas à se tuméfier, à s’oedématier et à se recouvrir de vésicules pruriantes. Cette action n’est pas toujours immédiate et peut demander quelques jours.  D’où l’une des indications principales de RHUS TOX. = les éruptions vésiculeuses prurigineuses, dont l’herpès labial. Comme toujours en homéopathie, plusieurs médicaments répondent à la même pathologie. Les symptômes cutanés qui justifient la prescription de RHUS TOX. sont les suivants:


  


            Mais pour la pathologie des A.T.M., c’est une autre action du sumac vénéneux qui nous intéressent:

  


            Hahnemann avait remarqué: “Douleur en forme de crampe à l’articulation temporo-maxillaire, près de l’oreille, pendant le repos et pendant le mouvement de l’articulation; une forte pression du dehors sur la région et l’ingestion d’aliments chauds procurent du soulagement - Douleur dans l’articulation de la mâchoire comme si elle était contuse ou comme si elle allait se briser, quand on la remue (au bout d’1 heure) - Pendant un bâillement spasmodique, le soir, douleur à l’articulation de la mâchoire comme si elle allait se luxer (au bout d’une heure) - En remuant la mâchoire d’un côté à l’autre, craquement dans l’articulation temporo-maxillaire (le matin au bout de 12 h) - A chaque mouvement de la mâchoire, même en buvant, craquement dans l’oreille à l’articulation temporo-maxillaire”. Voilà qui est clair et précis.


            Même si l’on peut voir ces troubles des A.T.M. d’une manière isolée, le plus souvent RHUS TOX. est un rhumatisant surtout chronique, très souvent influencé par le froid humide qui provoque ou aggrave certains troubles. RHUS TOX. craint également le contact de l’eau surtout froide, le temps couvert et nuageux, la pluie, un refroidissement après avoir eu chaud ou transpiré et le surmenage musculaire.


            Ensuite, et c’est un signe éliminateur = les douleurs sont aggravées au repos et à l’immobilité, exacerbées aux premiers mouvements et ensuite améliorées par le mouvement lent et continué. Ce qui explique le besoin de remuer et de changer de place, bref tout le contraire de BRYONIA. HAHNEMANN affirmait que ces modalités étaient au degré le plus fort dans RHUS TOX.


Les signes buccaux:


  


            La mise en évidence de l’indication de RHUS TOX. chez un patient, quelle que soit la pathologie qui motive la consultation, implique la notion de mise en œuvre du mode réactionnel sycotique, ici confirmée par l’influence du froid humide. Il faut donc réfléchir à la prescription d’un complémentaire, essentiellement THUYA OCCIDENTALIS, qui a également des craquements de l’A.T.M. du côté gauche et le biothérapique diathésique MEDORRHINUM, en prises espacées, une 30 CH mensuelle par exemple.

NITRI ACID.


            Tout d’abord, ce qui domine dans la pathogénésie de l’acide nitrique est l’action inflammatoire et surtout ulcérative au niveau de la peau et des muqueuses. Il suffit pour s’en convaincre de mettre une goutte de cet acide sur la peau ou sur la langue pour s’en persuader, si besoin est. Au niveau des muqueuses, il s’agit d’une ulcération à bords irréguliers, bourgeonnant souvent, à fond sanieux, saignant facilement au moindre contact. Sans oublier la fréquente mais non obligatoire sensation d’écharde plantée au centre de l’ulcération. Ces ulcérations ont par ailleurs une tendance phagédénique très nette (cliquer ci-contre sur Nitri acid.). Au niveau de la peau, c’est un médicament d’ulcérations et surtout de fissures, le plus souvent à bords nets comme par un instrument tranchant. Ces caractéristiques sont retrouvées dans toutes les indications cutanées de ce remède. C’est aussi un remède de productions tumorales allant des verrues, souvent fissurées et cornées, à des polypes ou condylomes à localisation souvent génito-urinaire. Ces néoformations peuvent être cancéreuses.


            Mais dans les craquements des A.T.M., c’est une autre action qui retient l’attention = action sur le tissu osseux et sur les articulations, expliquant une pathologie rhumatismale qui ne domine certes pas le tableau clinique de ce médicament. Les matières médicales citent seulement des “craquements dans les A.T.M. en mastiquant” sans autre précision mais KENT cite ce signe au degré fort. HODIAMONT souligne quelques similitudes sur le plan biochimique et physiopathologique avec PETROLEUM, remède cité au degré faible pour la luxation des A.T.M. mais au degré fort au chapitre “Craquements dans les articulations” (en général).  Faute de modalités du signe en question (les craquements de l’A.T.M.), il est nécessaire de dresser un portrait de NITRI ACID.


            Ce médicament correspond le plus souvent à des troubles graves survenant chez un sujet devenu amaigri, émacié, voire cachectique. Mais c’est un remède d’action chronique et il est donc possible de le rencontrer à un moment où ses troubles ne sont pas encore graves et l’état général n’est pas toujours profondément atteint. Le comportement est déjà caractéristique. NITRI ACID. est un instable (comme l’acide nitrique sur le plan chimique), il est déprimé plus ou moins profondément et sur ce fond, il est irritable, coléreux, anxieux pour sa santé. Il est hypersensible au toucher, aux bruits, aux secousses. Ses troubles sont apparus aggravés après une période de surmenage intellectuel, ou après des insomnies répétées. Il craint le froid, les changements de temps, craint la chaleur ou le climat chaud, bref il n’est bien que par climat modéré, il est aggravé la nuit, tout cela évoque MERCURIUS SOLUBILIS dont il est l’un des complémentaires dans l’aggravation. Un signe curieux = de nombreux troubles, notamment ceux du comportement sont améliorés en voiture (à condition qu’il n’y ait pas trop de secousses).  On note également une tendance aux troubles des orifices dont le plus voyant est la commissure labiale = lèvres souvent sèches et craquelées, perlèche ou fissures des commissures.


            Penser également aux leucoplasies, mycoses et autres affections tenaces, dans la bouche et hors de la bouche, notamment au niveau des organes génitaux (très “gros” remède de condylomes génitaux).


            Enfin, il faut retrouver dans l’anamnèse des inflammations des muqueuses à tendance ulcéreuse ou ulcéro-nécrotique, dont l’aphtose buccale, avec les caractéristiques déjà décrites.

CAUSTICUM:


            Ce médicament est cité au degré moyen à la rubrique “Douleurs des A.T.M.” et à la rubrique “Trismus”. Lathoud précise: “Raideur des mâchoires, il ne peut ouvrir la bouche, cela paraissant être de nature rhumatismale”. Causticum agit sur le système nerveux central et périphérique (ce qui explique les parésies, les paralysies et les névralgies le plus souvent a frigore (froid sec) et sur l’appareil ostéo-articulaire (rétractions tendineuses, contractures musculaires, enraidissement douloureux, arthralgies, douleurs de luxation, etc...).


            CAUSTICUM convient à des douleurs rhumatismales, musculaires ou articulaires (A.T.M. entre autres) survenant ou aggravées par temps froid et sec, par vent froid et sec, améliorées par temps humide et pluvieux. Le patient éprouve une sensation de raccourcissement des tendons et ligaments et de contractures des muscles de l’articulation avec raideur. Les rhumatismes évoluent vers l’ankylose et les déformations.


            Ces troubles articulaires sont présents chez des patients souvent déprimés par des chagrins, des soucis prolongés, une longue période de surmenage, ou après une maladie grave et épuisante. La notion de “suite de suppression d’une élimination cutanée” évoque le mode réactionnel psorique. La circonstance d’apparition des troubles et les modalités d’aggravation (le froid sec) ou d’amélioration  ( le temps humide) évoquent le mode sycotique dans sa phase scléreuse = scléroses à tous les niveaux, notamment ostéo-articulaire. CAUSTICUM est surtout un déprimé physique et mental avec irritabilité, caractère taciturne, querelleur, anxieux et agité surtout au crépuscule, larmoyant (sur les malheurs d’autrui), craignant un malheur proche. Il faut retrouver également la faiblesse physique et l’amaigrissement, la tendance à la sclérose, à l’atrophie, au raccourcissement des tendons, aux parésies et paralysies. Enfin, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une préparation à base de chaux vice, ce qui explique les inflammations avec brûlures, sensation de plaie à vif, d’écorchures ou de déchirure. La tendance aux parésies explique que le patient se morde souvent la langue en parlant ou en mangeant.


            Rappelons que CAUSTICUM se montre très précieux en pratique bucco-dentaire:


  

LACHESIS:


            Voilà encore un médicament cité au degré moyen pour les craquements des A.T.M., signe pourtant oublié dans les matières médicales. Mais ce médicament est facile à mettre en évidence chez un patient grâce à un faisceau de signes très caractéristiques:


  


            Sur le plan bucco-dentaire, nous avons eu maintes fois l’occasion de décrire ses indications:


  


            C’est dans ce contexte que l’on doit inclure les craquements des A.T.M. pendant la mastication.

THUYA OCCIDENTALIS:


            Voilà un autre médicament facile à mettre en évidence du fait de ses signes très caractéristiques. Tout d’abord, on se méfiera au type sensible complaisamment décrit dans tous les lignes = sujet ayant un aspect gras et luisant de la peau du visage, avec des plis naso-géniens prononcés, des varicosités sur les ailes du nez, la raréfaction des poils des sourcils, des cheveux secs et cassants, des ongles mous, cassants et striés ou cannelés, de fréquentes verrues ou productions cellulaires comme les molluscum, parfois sur le visage. Ce portrait existe certes, mais n’est pas exclusif.


            Ce qui domine dans ce médicament c’est la correspondance de ses troubles avec ceux du mode réactionnel sycotique, surtout dans sa phase dite hydrogénoïde = imbibition et rétention hydrique, hypersensibilité au froid humide. L’anamnèse révèle les mauvais effets des vaccinations, surtout répétées, une tendance aux inflammations des muqueuses (notamment génito-urinaires et O.R.L.), avec des écoulements muco-purulents, ayant une très nette tendance à la chronicité. Les mycoses sont fréquentes et récidivantes. Les productions tumorales de toutes sortes sont également très fréquentes.


            Le comportement psychique de THUYA est également très caractéristique = sujet inquiet en permanence pour des riens (“se fait une montagne d’une futilité”), très pessimiste avec une cancérophobie obsessionnelle, confinant aux idées fixes (et souvent fausses). Cela explique que THUYA soit l’un des principaux médicaments des stomatodynies.


            Sur le plan bucco-dentaire, outre les stomatodynies, les signes sont les suivants:


  


            C’est dans ce contexte que se produisent des craquements des A.T.M., notamment du côté gauche, latéralité dominante pour ce médicament.

MEZEREUM:


            Voilà encore une fois un médicament cité au degré moyen pour les craquements des A.T.M. dont il n’est ensuite aucune mention dans les ouvrages. Mais heureusement, ce médicament est en principe bien connu du chirurgien-dentiste homéopathe. Ses troubles relèvent de deux modes réactionnels:


1. Le mode psorique:


  


2. Le mode luétique:


  


            Les signes bucco-dentaires sont bien précis:


  


            Voici donc le contexte de MEZEREUM que l’on doit retrouver peu ou prou pour le prescrire dans les craquements des A.T.M.

  

MENYANTHES:


            Le trèfle d’eau est surtout un remède de migraines ou de céphalées congestives qui produisent une sensation de pesanteur ou de pression au vertex, ou des douleurs remontant de la nuque dans toute la tête, ou encore donnant une sensation d’éclatement de la tête. Cette migraine est aggravée en marchant, en montant un escalier, en se penchant en avant et améliorée par une forte pression sur la région douloureuse. Les signes concomitants fréquents sont la vision troublée et des sensations de froid à différents endroits du corps = tête, mains et pieds, membres inférieurs, hanches, alors que la tête peut être objectivement chaude. Ce médicament est plus fréquent chez les femmes.


            Les craquements des A.T.M. pendant la mastication sont cités au degré moyen.



LAC CANINUM:


            Voilà un médicament curieux. Il s’agit du lait de chienne! Et sa principale caractéristique, la seule même, suffisante pour le prescrire = l’alternance des symptômes d’un côté à l’autre, quel que soit le trouble concerné = l’angine, la migraine, les douleurs ovariennes des seins, des articulations et des névralgies. Bien entendu, si KENT cite ce médicament au degré moyen pour les “craquements de l’A.T.M. pendant la mastication”, on n’en trouve aucune mention et il est impossible de dire si l’alternance des côtés concerne également ce trouble, mais il n’y a aucune raison qu’il en soit autrement. H. VOISIN ajoute un bémol: “Si la modalité est nette et répétée, quelle que soit la périodicité ou l’alternance, elle suffit à justifier le choix de Lac caninum qui alors pourra suffire à faire disparaître les troubles, bien que souvent il faille ajouter le remède similaire aux troubles observés”. 


            LAC CANINUM serait plus efficace chez une femme hypersensible, voire hystérique, à l’imagination débordante et aux idées bizarres! Il faut donc se méfier des symptômes décrits par la patiente, sans les rejeter systématiquement. KENT en donne quelques exemples:


  


            Ce n’est donc pas une patiente facile à comprendre! Cependant, si les ouvrages sont muets sur les signes bucco-dentaires, le répertoire en fournit un certains nombre:

  


            KENT précise: “La putridité de la bouche est une forte caractéristique. La muqueuse et les dents sont revêtues d’une substance duveteuse, luisante, argentée, ressemblant un peu à du lait” (de chienne?).



CORALLIUM RUBRUM:


            Voilà un “petit” médicament peu connu du chirurgien-dentiste, mais il est vrai que les signes buccaux sont très peu nombreux. Il s’agit du corail rouge, remède de toux spasmodique et suffocante, coqueluchoïde, qui survient par quintes, précédées de suffocation, avec face rouge, pupilles dilatées, rejet de mucus filant, toux aggravée la nuit, au petit matin, au réveil.


            C’est encore un remède de rhinite chez un sujet réagissant sur le mode tuberculinique, sensible au froid (l’air inspiré semble froid). On retrouve là encore la toux spasmodique.


            C’est enfin un remède de céphalées frontales, violentes, obligeant à fermer les yeux et à secouer la tête. Le patient a la sensation que ses pariétaux sont écartés et la douleur est aggravée en se baissant. C’est en cette occasion qu’apparaissent les douleurs au niveau des A.T.M. (aggravées en ouvrant la bouche), ou dans le maxillaire, le malaire ou encore au niveau de l’orbite, le tout du côté gauche. On trouve également une sensation d’agacement dans les dents.

BROMIUM:


            BROMIUM est cité dans les deux rubriques: “Douleurs dans les A.T.M.” et “Craquements dans les A.T.M. en mastiquant”, au degré faible. Ces deux troubles, assez rares, surviennent lors d’une atteinte des glandes salivaires, sous-maxillaire et parotide gauches consécutive le plus souvent à un refroidissement, surtout en fin de journée chaude. Toutes les glandes peuvent être concernées par un gonflement et une induration dans ces conditions, mais surtout du côté gauche. Mais LATHOUD ajoute que c’est en cette occasion que surviennent les troubles de l’A.T.M. On comprend facilement que la banalité de ces signes impose une valorisation sur d’autres signes plus caractéristiques.


            BROMIUM s’adresse à des “sujets blonds, aux yeux clairs, de corpulence moyenne, à la peau fine, au teint rose, ce qui est le contraire de IODUM qui s’adresse plutôt aux bruns, maigres, à la peau brune et bistrée” (Lathoud).  H. VOISIN ajoute que les sujets Bromium sont proches de Calcarea carbonica, mais en plus sanguins. Il est plus fréquemment indiqué chez une femme ayant des troubles menstruels (dysménorrhée, tristesse et céphalée ou migraine avant les règles). Très sensible au refroidissement surtout après avoir eu chaud, ce patient souffre facilement de troubles O.R.L. et respiratoires = coryza fluent avec des éternuements continuels et irritation du bord des narines, larmoiement et picotement oculaire -  Enrouement et aphonie  Toux croupale, sifflante, spasmodique, déclenchée par une inspiration profonde ou en passant du froid au chaud (Bryonia)  Dyspnée avec impossibilité d’inspirer à fond (toux). Le patient éprouve des sensations de froid à l’intérieur des narines et du larynx, de grattage ou d’écorchure dans le larynx, de constriction laryngée. Il est aggravé par la chaleur sous toutes ses formes et comme il a une latéralité gauche dominante, on pense à LACHESIS, bien différent par ailleurs. Ses troubles, notamment respiratoires, sont améliorés au bord de la mer. Un signe curieux = en voyant de l’eau couler, il éprouve un vertige avec tendance à tomber en arrière!


            Il a quelques troubles digestifs = gastrite, brûlure comme un ulcère, inappétence, nausées, vomissements alimentaires noirâtres. Tous ces signes sont aggravés par les aliments acides (qu’il désire pourtant) et qui provoquent, ainsi que les huîtres, une diarrhée muco-membraneuse, lientérique, inodore, accompagnée de beaucoup de gaz, survenant une heure après le repas.


Sur le plan bucco-dentaire, on trouve les signes suivants:


  


            Comme Lac caninum, Bromium a des hallucinations, surtout dans l’obscurité = croit avoir derrière lui des personnes étrangères  voit toutes sortes de choses danser par terre devant lui  peur des revenants.  Son anxiété est pire le soir et la nuit. Il a surtout une faiblesse intellectuelle avec pertes de mémoire, ce qui le rend triste et découragé, mais il a besoin d’activité cérébrale, bien qu’il ait du mal à se concentrer sur son travail. Il sera sans doute exceptionnel de voir ce médicament au cabinet dentaire, mais ce n’est pas une raison suffisante pour l’ignorer, d’autant plus qu’un programme informatisé peut très bien le “sortir”.



ACTAEA RACEMOSA:


            Pour cette renonculacée, encore appelée Cimicifuga racemosa, il est très difficile de trouver dans les matières médicales les “douleurs des A.T.M.” pourtant citées au degré faible dans le Répertoire de Kent.


            C’est un médicament qui évoque soit IGNATIA, soit LACHESIS. Ignatia s’en rapproche par la variabilité des symptômes, l’impressionnabilité, les soupirs, l’incohérence des pensées. Lachesis est à comparer pour la loquacité avec incohérence, mais surtout pour les troubles génitaux (règles, grossesse, ménopause), l’alternance d’excitation et de dépression. Mais au contraire de Lachesis, Actaea racemosa est aggravée par l’importance du flux menstruel = plus les règles sont longues, plus les troubles s’aggravent. De plus, Actaea racemosa est améliorée par la chaleur que Lachesis ne supporte pas.

 

            Actaea racemosa s’adresse surtout aux femmes. = dysfonctionnement endocrinien de type hyperoestrogénique avec un syndrome prémenstruel, mastodynie, douleurs dans le sein gauche, règles variables mais très souvent accompagnées de dysménorrhée proportionnel au flux, céphalée menstruelle, occipitale, s’irradiant aux yeux, etc… De plus, il existe de nombreuses douleurs articulaires, parmi lesquelles on trouve sans doute les douleurs dans les A.T.M.      


            Si ce médicament s’adresse surtout aux femmes, il y a des indications dans les deux sexes = torticolis, faux angor, névralgies faciales ou autres, myalgies, insomnie. Enfin, les signes bucco-dentaires sont presque insignifiants, tous au degré faible: goût métallique, de cuivre, bouche sèche, douleurs dentaires, langue enflée et tremblante, lèvres sèches, enflure du palais.    

  

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