THUYA
OCCIDENTALIS
Synthèse des connaissances sur l'action de Thuya occidentalis:
Thuya a une double action = d’abord une action inflammatoire par réaction de l’organisme contre une substance qui lui est étrangère (comme c’est toujours le cas. Ensuite une action métabolique indirecte dont la résultante présente deux aspects = un blocage des échanges péri-cellulaires réalisant ce que l’on appelle depuis Eduard von GRAUVOGL (1811-1877) « la tendance hydrogénoïde », dans un premier temps plus ou moins durable selon les constitutions et une évolution vers la sclérose.
Si l’on considère cette double action dans le temps, on constate, comme toujours pour les substances étrangères à l’organisme = une première phase dite « sthénique » car l’organisme est encore capable de réagir contre « l’agresseur » puis une seconde phase dite « asthénique » car l’organisme débordé subit l’action du toxique. Dans Thuya, le stade sthénique qui se traduit par l’état hydrogénoïde, l’organisme réagit par des éliminations, ici torpides et irritantes = tendance aux infections récidivantes et des muqueuses ou de la peau, progressivement de plus en plus tenaces. Le stade scléreux ouvre le chapitre des atteintes scléreuses des grandes fonctions de l’organisme, comme l’artériosclérose ou les arthroses et autres rhumatismes. On constate également la multiplication de productions tumorales bénignes souvent, malignes parfois.
Dans sa monumentale « Matière médicale homéopathique constitutionnelle » (première édition du tome 1 en 1958), Roland ZISSU présente une étude exhaustive sur le sujet qui nous concerne ici. Nous lui empruntons l’essentiel.
On se demande souvent comment l’idée d’expérimenter telle ou telle substance a pu naître dans l’esprit de certains expérimentateurs, en particulier d’Hahnemann. Il y a certes les médicaments de la pharmacopée de son temps, comme China, l’écorce de quinquina, à partir d’une lecture, celle de la Matière médicale de Cullen. On se souvient que l’idée d’étudier l’encre de seiche est venue à l’esprit de Hahnemann lorsqu’il s’est trouvé confronté à un problème thérapeutique chez un artiste-peintre. Un jour, Hahnemann le surprit en train de porter à sa bouche le pinceau qu’il utilisait. Le peintre humectait le pinceau, encore empli de peinture noire. Cette peinture était de couleur sepia, faite avec de l’encre de seiche. Hahnemann demanda au peintre de cesser cette pratique et les symptômes disparurent ! Ainsi est né un médicament très précieux, Sepia ! Il en fut de même avec Thuya.
Hahnemann reçut un jour un malade qui se plaignait de certains symptômes génitaux plutôt embarrassants. Il y avait un écoulement purulent épais de l’urètre. Il y avait également des petits boutons accompagnés de démangeaisons du gland et du gonflement des parties génitales. Hahnemann annonça au malade qu’il avait contracté une blennorragie. Ce qui fut énergiquement nié par le malade, qui d’ailleurs apprit au médecin qu’il était séminariste !
Hahnemann, partant du principe qu’un homme devant être considéré comme innocent tant que sa culpabilité n’était pas avérée, décida de ne donner aucun médicament et de revoir son malade trois jours plus tard. Le malade revint guérir. Hahnemann questionna étroitement son malade mais ne trouva aucune cause. Quand le jeune homme se souvint cependant que, quelques jours auparavant, il avait cueilli quelques rameaux de l’arbre de vie, en l’occurrence de Thuya occidentalis et les avait mâchouillés distraitement tout en se promenant dans le jardin en lisant son bréviaire. Ce fait amena Hahnemann à étudier et rechercher les propriétés de thuya . C’est ainsi qu’il constata que le jeune séminariste n’avait pas menti et avait donc bien dit la vérité. C’est ainsi que la première expérimentation de Thuya fut réalisée.
Ce qui montre bien que l'homéopathie est avant tout une méthode thérapeutique fondée sur l'observation clinique. Ce n'est qu'après la constatation de certains faits que des hypothèses sont envisagées pour expliquer l'apparition de tels ou tels sympômes, tout en se préservant de les considérer comme des vérités. La confirmation doit être la règle.
La morphologie de Thuya :
La rétention hydrique se complique d’une tendance à l’engraissement, avec empâtement des hanches, du bassin et de l’abdomen, donnant une silhouette caractéristique que l’on retrouve surtout dans Natrum sulfuricum que dans Thuya, mais avec tous les paliers selon la progression de cette rétention.
Le visage présente un aspect gras et huileux, plus particulièrement au niveau des plis naso-géniens et de l’espace inter-sourcillier avec une peau irritée, épaisse, les pores sont dilatés et apparents (peau d’orange). On constate souvent des varicosités sur les ailes du nez, au niveau des pommettes et de la face inférieure de la langue. Les artères temporales sont souvent visibles, de même que les veines du dos des mains. La tendance scléreuse se manifeste au début par une hyposphyxie périphérique que l’on peut voir au niveau des lèvres = lèvres violacées, liseré blanchâtre transversal de la lèvre inférieure.
Commentaire
d'Alain HORVILLEUR
L’ETAT HYDROGENOÏDE DE THUYA
selon Roland ZISSU
C’est un état décrit par Grauvogl qui se caractérise par :
Une sensibilité exagérée à l’humidité avec aggravation par l’humidité et le froid humide (cette caractéristique se retrouve dans plusieurs médicaments que l’on peut regroupe de ce fait parmi les médicaments du mode sycotique dans sa phase hydrogénoïde).
Une infiltration aqueuse des espaces peri-cellulaires expliquant la silhouette de certains sujets = THUYA et NATRUM SULFURICUM pour les médicaments de fond du mode sycotique.
Une vagotonie de fond qui s’exprime en particulier au niveau de l’appareil digestif (troubles digestifs avec flatulence et borborygmes, entre autres).
Un ralentissement métabolique = hypohypophysie, hypothyroïdie, hypoparathyroïdie, par contre hypercorticoticisme.
Cet état hydrogénoïde explique pour THUYA :
L’aggravation par l’humidité et le froid humide = dans les cas bénins, le moral est en baisse dès évolution du temps vers l’humidité froide, dans les cas plus avancés, tous les symptômes ont cette modalité.
L’aggravation de 3h à 5h du matin = insomnie, troubles digestifs, signature de la vagotonie.
On note une latéralité gauche, très fréquente, au degré fort, mais inconstante. Comme dans SULFUR et LACHESIS. Pour Thuya :
Sein gauche = gonflement, sensibilité, noyau induré, aggravation à la période menstruelle.
Ovaire gauche et région inguinale gauche avec douleurs violentes, piquantes et déchirantes pendant les règles et augmentant avec elles alors que Lachesis et Zincum sont améliorés par l’écoulement, surtout abondant.
Aux signes précédents, il convient d’ajouter :
Les phanères = cheveux gras avec nombreuses pellicules durant la phase hydrogénoïde puis bifides, cassants lors de la phase scléreuse. Les ongles sont souvent mous, cassants, présentant surtout des cannelures concaves. Voir les photos.
Des constructions tumorales allant de toutes sortes de verrues à des excroissances de chair comme les molluscum et nævi. Photos.
Verrues plates de DULCAMARA, dont THUYA est souvent le complémentaire de fond
LES ELIMINATIONS
Les éliminations de Thuya sont le prototype des éliminations sycotiques. Elles s’opposent à celles du mode psorique dont SULFUR est le modèle = éliminations explosives, périodiques, alternant de la peau à une muqueuse ou une séreuse, améliorant l’état général, leurs suppressions intempestives étant suivies d’une aggravation générale.
Les éliminations sycotiques expriment un mode réactionnel engagé dans la pathologie, traduisant un potentiel réactionnel diminué = elles sont torpides, irritantes, tendant à la chronicité. Ces caractères s’intensifient avec la décompensation sycotique allant de la phase hydrogénoïde vers la phase scléreuse.
Pour Thuya, on note des sueurs plus ou moins acides sur une peau grasse, sueurs huileuses, localisées, accentuées aux mains et aux parties découvertes, dont le visage (ailes du nez). Viennent ensuite diverses éruptions = verrues, mollusca, condylomes, herpès, zona, pemphigus etc…
Nous avons eu maintes fois l’occasion de dire et de répéter, à la suite de nos Maîtres, que deux secteurs de l’organisme s’affirment comme deux pôles très importants de la mise en œuvre du mode réactionnel sycotique = les muqueuses du carrefour ORL et celles de l’appareil génito-urinaire.
Il ne faut pas oublier que c’est à partir de la constatation de la suppression intempestive d’un écoulement urétral qu’Hahnemann a échafaudé sa conception des maladies chroniques. Dans le mode sycotique, on constate un ralentissement des échanges entre les cellules du fait de la rétention d’eau, aggravée par temps humide et froid. Il n’est pas illogique de penser qu’il en est de même avec les éléments cellulaires de la défense immunitaire. On retrouve la même perturbation immunitaire dans le mode réactionnel tuberculinique, mais pour une raison inverse = à la stagnation de l’eau péri-cellulaire s’oppose la déshydratation cellulaire. Le résultat est assez voisin = infections de ces muqueuses.
Les muqueuses génito-urinaires :
C’est encore une constatation clinique. Les sycotiques ont une nette tendance aux infections répétées de ces muqueuses = c’est le syndrome gonorrhéique.
Pour THUYA
Chez l’homme = urétrite avec écoulement de peu abondant, verdâtre, de mauvaise odeur, avec des mictions fréquentes, parfois brûlantes. A la fin de l’épisode, les douleurs deviennent tranchantes, suivies d’une sensation de goutte coulant le long du canal.
Chez la femme = urétrite ou vulvo-vaginite avec leucorrhées verdâtres, épaisses, irritante, grande sensibilité du vagin, douleur de l’ovaire gauche.
La répétition de ces troubles infections expliquent la chronicité. Et comme ces sujets non seulement ne s’immunisent pas, mais au contraire se sensibilisent à ces germes, ils développent des infections tenaces, dites torpides, résistantes aux traitements. L’antibiothérapie itérative n’arrange rien à l’évidence, elle ne fait qu’ajouter des effets de résistances bactériennes aux gonocoques, aux colibacilles, plus rarement aux staphylocoques.
Les muqueuses respiratoires et ORL :
Le coryza, la bronchorrhée, l’otorrhée chroniques sont un fléau pour ces sujets qui « mouchent » à chaque changement de temps vers le froid humide et qui toussent durant des semaines. Les otites chroniques avec otorrhée sont également très fréquentes chez l’enfant.
A noter = le mauvais effet du froid humide n’est pas la seule circonstance étiologique de Thuya. Il ne faut pas oublier le rôle des vaccinations nombreuses, massives et dès les premières semaines de la vie. Il est de constatation très fréquente que les premiers troubles respiratoires apparaissent peu après les premières vaccinations. Thuya donné dès les premiers troubles peut suffire à empêcher le cycle vicieux des infections répétées et de l’antibiothérapie itérative qui ne prévient pas pour autant les récidives. Ne pas oublier que Burnett a été le premier à montrer le rôle des vaccinations dans l’apparition de l’indication de Thuya.
L’ETAT SCLEREUX
C’est pour une raison didactique que l’on fragmente ces notions pathogénétiques et cliniques en chapitres autonomes. La réalité clinique est plus complexe. Lorsqu’il y a prédominance de la première phase, on a affaire à un Thuya « gras » à la silhouette enveloppée déjà décrite et illustrée par une photo de Jacques Jouanny. Lorsqu’il y a prépondérance du second stade dit « scléreux », on a affaire un Thuya « maigre », qui se rapprochent de Causticum. On trouve dans la matière médicale de Thuya des troubles correspondant à ces deux phases, c’est pour cette raison que ce médicament est considéré comme le chef de file des médicaments du mode sycotique.
Déjà au cours de la première phase des manifestations scléreuses apparaissent et peuvent s’aggraver progressivement. Cela s’explique par le blocage des éliminations. On constate aussi les premières productions tumorales, en particulier de banales verrues, dont Thuya est l’un des principaux médicaments de fond (mais pas le seul !).
Un exemple de blocage éliminatoire est fourni par la constipation de Thuya = au début il y a une diarrhée de fond, dont l’illustration est celle de Natrum sulfuricum (matinale et impérieuse peu après la première absorption de liquide = diarrhée après le petit déjeuner). Petit à petit, la sclérose encore insidieuse se manifeste entre autres au niveau de l’intestin = c’est la constipation de Thuya avec des épisodes diarrhéiques de sursaut réactionnel, aboutissant à la constipation totale de Causticum par sclérose intestinale et par parésie, voire paralysie.
La constipation de Thuya offre un autre signe « amusant » = l’inertie rectal, les selles dures difficiles à expulser explique « que les selles remontant dans le rectum après avoir été partiellement expulsées (Sanicula, Silicea). Hélas, ce n’est pas tout ! La contraction spasmodique de l’anus explique les besoins fréquents et infructueux, souvent accompagnés de douleurs rectales violentes empêchant les efforts, dues le plus souvent à des fissures anales ou à des condylomes.
LES PRODUCTIONS TUMORALES
Nous ne savons plus quel auteur du XX° siècle affirmait que Thuya stockait dans des constructions cellulaires les déchets métaboliques qu’il ne parvenait pas à éliminer. Ce n’est sans doute pas exact sur le plan physiopathologique, mais l’image est attrayante.
Ces formations tumorales se retrouvent dans les deux types de Thuya, « gras » et « maigre », de même qu’on le retrouve dans les médicaments des deux stades évolutifs du mode sycotique, « hydrogénoïde » et « scléreux ». Mais il y a une tendance progressive à l’aggravation lorsque le sujet évolue vers le stade scléreux. Roland ZISSU explique que l’émonctoire cutané « se ferme » progressivement aux éliminations = la peau devient de plus en plus froide (mais en particulier), présente des taches brunâtres sur tout le corps mais davantage sur le dos et les bars. Les sueurs sont de plus en plus denses et fétides.
Au premier stade « hydrogénoïde », on note des excroissances de chair, des verrues, des végétations ou des éruptions de grosses pustules au niveau des parties couvertes du corps.
Au second stade « scléreux » ou « maigre », on trouve des polypes, des condylomes, des végétations et malheureusement des néoplasies. Elles sont en commun dans les deux stades = la mollesse, le suintement, le saignement facile, l’aggravation par l’humidité (1° stade) et par le froid ‘2° stade).
Les localisations sont:
Surtout génitales = tumeurs bénignes ou malignes de l’ovaire gauche, fibromes utérins, cancers génitaux, adénome ou cancer de la prostate.
Peau et muqueuses = verrues pédiculées en chou-fleur, végétations, condylomes, polypes du nez, polypes des cordes vocales, végétations adénoïdes, hypertrophie des amygdales chez les enfants sycotique (chef de file des remèdes de fond = Calcarea carbonica).
LES TROUBLES DIGESTIFS
Les troubles digestifs sont importants dans la matière médicale et ils sont rarement absents chez nos patients, certes à des degrés divers.
Deux caractéristiques pour ces troubles : ce que l’on appelle la dyspepsie flatulente et la constipation de fond.
La dyspepsie flatulente s’exprime au niveau de l’estomac et de l’intestin :
Il existe une aérogastrie qui explique sans doute des renvois rances, surtout après avoir absorbé des aliments gras (insuffisance hépatique) et des éructations du même type. Ces troubles sont aggravés pat le thé, par les oignons, le café et les graisses.
L’aérocolie explique la distension de l’abdomen = borborygmes, gaz, le péristaltisme intestinal est exagéré. Lorsque le sujet est suffisamment décompensé sur le plan psychique, en particulier lors qu’existent la tendance obsessionnelle et les idées fixes, ces flatulences lui donnent l’impression qu’il a quelque chose de vivant dans le ventre, impression qui peut devenir une obsession.
La tendance habituelle est à la constipation de fond, avec de temps en temps des débâcles diarrhéiques = diarrhée matinale, de bonne heure, expulsée avec force, avec de nombreux gaz, des gargouillements (la matière médicale précise = comme si de l’eau s’échappait d’une barrique !). La diarrhée est aggravée après le repas, le café (éructations, diarrhée), les oignons (diarrhée, flatulence), les aliments gras (éructations), par le thé, par la bière (flatulence et renvois). Chez l’enfant surtout, la diarrhée apparaît plus fréquemment après des vaccinations. Le temps humide et froid n’arrange rien, bien au contraire.
Ces troubles digestifs s’accompagnent d’un goût fade qui incite à saler un peu trop les aliments. La constipation s’accompagne de besoins mais la défécation est difficile = parésie rectale, grosses selles dures et foncées, difficiles à expulser en raison de leur grosseur et par des douleurs rectales et anales, dues à des fissures ou à des formations cellulaires (condylomes). La selle sèche partiellement expulsée remonte dans le rectum, ce que certaines matières médicales appellent « selles à ressort ».
LES CIRCONSTANCES ETIOLOGIQUES
Voici ce que l’on peut lire dans les matières médicales :
1 - Les agressions du système immunitaire = VACCINATIONS intempestives et répétées (variole), les infections répétées ou traînantes (dont la blennorragie), leurs médicaments chimiques déprimant le système immunitaire (antibiothérapie itérative), les sérums répétés, les anti-inflammatoires (dont les corticoïdes...). Il ne faut pas oublier la POLLUTION sous toutes ses formes, surtout chimiques.
2 - Suites d’HUMIDITE, surtout de FROID HUMIDE, sous toutes ses formes, dont l’habitat humide (à l’origine de nombreux troubles inflammatoires et infectieux, ORL notamment). Ces troubles entraînent le plus souvent des traitements chimiques à base d’antibiotiques, parfois de corticoïdes. Bref, de médicaments qui peuvent perturber la réponse immunitaire.
3 - La suppression intempestive d’un écoulement, surtout génital, comme la blennorragie (c’est cette constatation qui est à l’origine de la conception des maladies miasmatiques chroniques de Hahnemann.
On constate que ce sont les mêmes circonstances étiologiques que celles du mode réactionnelle sycotique. Personne ne peut être surpris !
SIGNES ET SYMPTOMES PSYCHIQUES
Pour Roger SCHMITT = "La psore c'est l'élimination. La sycose c'est la prison"
Rappelons encore et encore une autre fois que les substances étrangères à l’organisme provoque une double réaction, d’abord une première dite sthénique, une seconde dite asthénique = l’organisme réagit au début avec une certaine force parce que son potentiel réactionnel est encore entier, puis il subit l’action du toxique.
Cette précision permet de faire comprendre (aux néophytes !) des signes en apparence contradictoires dans les matières médicales, par exemple = excitation psychique, et plus loin dans le même paragraphe dépression mentale. Il est facile de comprendre que « l’excitation psychique » correspond à la phase sthénique, la dépression à la phase asthénique. Le plus souvent ces signes opposés se suivent dans le temps, d’autres fois ils alternent plus ou moins rapidement, comme par exemple dans Lachesis = excitation vespérale, dépression matinale.
Pour THUYA :
Pour la première phase, la matière médicale précise = « le sujet est inquiet, sensible, impressionnable avec tendance à pleurer, « larme à l’œil en écoutant de la musique ». La matière médicale ne précise pas le genre de musique, mais étant réalisée au XIX° siècle, on peut éliminer sans risque d’erreur le rap ! Et on imagine les réactions d’un Nux vomica obligé d’entendre ce que certains appellent de la musique ! Assoupi dans la journée mais le sommeil est agité, troublé par des cauchemars (rêves de mort) et réveil vers 4 heures du matin.
Pour la seconde phase = cette phase est dominante dans Thuya avec une évolution dans le temps = d’abord les signes psychiques assez curieux parfois gardent tout de même un support objectif ou réel, ensuite le patient se trouve dans l’incohérence. Par exemple = l’idée fixe.
Au début, l’idée fixe naît et gravite autour d’un sujet mais garde une relative cohérence. Par exemple = des borborygmes et des spasmes intestinaux donnent au malade l’impression qu’il a quelque chose de vivant dans le ventre. Le ballonnement et la mobilité des gaz donnent l’impression à une femme qu’elle est enceinte. Et le signe capital = lorsque Thuya se sent de plus en plus asthénique et que de surcroît il maigrit, il s’imagine être atteint d’une maladie grave et c’est le vaste chapitre de la cancérophobie. A son tour, cette conviction au début imprécise se transforme en idée fixe, qui explique l’agitation anxieuse, l’impatience, la précipitation suivies de dépression et d’abattement. Le sujet devient de plus en plus pessimiste, redoute l’avenir qui ne lui réserve rien d’agréable, au contraire, « il se fait une montagne d’un rien » ! Comme on peut le voir, ces interprétations de symptômes banals reposent sur une base réelle. L’imagination anxieuse produit le scénario catastrophique.
Puis, les choses se gâtent ! Le malade n’a pas besoin d’un support pour se focaliser sur une idée fixe qui devient de plus en plus irrationnelle = le sujet croit qu’un tiers se trouve à ses côtés ou que quelqu’un marche à ses côtés dans une rue pourtant déserte. Ou encore il croit que son corps est fragile, en « verre », que le moindre choc peut le briser, d’où la phobie de la promiscuité (Luesinum en a une mais par peur des microbes et de la contagion). L’aboutissement de ces troubles est le dédoublement de la personnalité.
On comprend ainsi que Thuya est sans doute le principal médicament des troubles psychosomatiques. En particulier, il est un remède important de stomatodynies.
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Thuya et ses problèmes bucco-dentaires