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INTRODUCTION



            Dans le chapitre précédent ont été rappelées  les circonstances qui ont conduit Samuel HAHNEMANN a échafaudé une conception des maladies chroniques auxquelles il attribuait une origine infectieuse, « miasmatique » selon la terminologie de son temps. L’ensemble de ses conceptions a été publié dans le Traité des maladies chroniques en 1828.


            HAHNEMANN pensait que 7/8° des maladies chroniques étaient consécutives à la suppression d’une éruption cutanée prurigineuse, que l’on pensait alors d’origine galeuse. Il appliquait à ce propos le même raisonnement qu’il faisait au sujet de la syphilis, dès 1788, pour laquelle il s’opposait aux traitements de son époque, qui consistaient à supprimer le chancre par des moyens coercitifs, au risque, selon lui, d’enfermer la maladie que l’organisme tentait de rejeter par le chancre.


            Cette conception a connu un retentissement extraordinaire en raison de la personnalité du Maître, bien que dès la parution de son Traité des voix discordantes se sont faites entendre, critiques très mal admises par HAHNEMANN, dont le penchant naturel ne le portait pas à la tolérance.


            On peut dire, hélas, qu’il y a encore en cette fin du XX°siècle de nombreux praticiens qui restent encore persuadés que la gale, la syphilis ou la blennorragie sont les causes de toutes les maladies, n’acceptant pas l’évolution des idées depuis un siècle et demi après la mort de HAHNEMANN, le 2 juillet 1843. Pour rester dans le domaine odonto-stomatologique, notre « terrain » de prédilection par définition et aussi par obligation, la théorie des trois miasmes est présentée comme étant actuelle dans un ouvrage de Georges VINCENT, un chirurgien-dentiste belge, pourtant érudit en homéopathie = « Homéopathie et pathologie bucco-dentaire » (Similia 1988). Cet auteur s’est laissé pénétrer de conceptions ou plutôt d’interprétations particulièrement fumeuses (à notre avis bien entendu) d’un médecin mexicain, le Dr ORTEGA, dont seront cités plus loin quelques textes.


            Ainsi, la psore est-elle présentée comme « un déséquilibre de la force vitale qui se manifeste dans le sens du manque, de l’inhibition, de l’altération du rythme allant vers le signe « moins »...Le psorique est timide, réservé, mou, indifférent; il est lent par nature... ». Sans vouloir être méchant, voilà un échantillon d’inepties qu’on peut s’étonner de lire dans un ouvrage tout de même assez récent ! Et ces billevesées sont reprises par d’autres !!!


            Il faut donc pour clarifier le débat retracer, certes à grandes lignes, l’évolution des idées d’hier à aujourd’hui pour aboutir in fine à la conception actuelle, celle du moins à laquelle nous sommes attachés parce débarrassée de toutes interprétations métaphysiques, puis pour en montrer les incidences en pratique bucco-dentaire.

  

On ne peut qu’être consterné que certains auteurs restent figés dans l’acceptation des conceptions de HAHNEMANN, sous prétexte de ne pas trahir le Maître. Ce respect serait admissible si HAHNEMANN lui même s’était cramponné à ses affirmations, alors qu’il soumettait constamment son jugement à l’expérimentation. Ainsi, en 1805, il expliquait que les médecins avaient perdu 2000 ans à rechercher les causes des maladies, convaincus qu’ils étaient que seule la connaissance de celles-ci leur permettrait une thérapeutique efficace. HAHNEMANN ajoutait même que cette connaissance serait « impossible à acquérir ». Et pourtant en 1828, il proposait sa propre conception sur la cause profonde des maladies chroniques ! C’est bien la preuve qu’HAHNEMANN acceptait de réviser son jugement quand les faits le conduisaient à cette nécessité. C’est bien la manifestation éclatante  d’un esprit scientifique.


            Peu après la parution de son Traité des maladies chroniques, dont le premier tome est sorti en 1828, des médecins refusèrent la théorie de la gale et créèrent une dissidence appelée « branche scientifique-critique » en 1832. HAHNEMANN11W. BUSCHAUER: « HOMEOPATHIE, parachèvement de la médecine hippocratique » - Maisonneuve 1988, p.31. les critiqua vertement dans un article d’un quotidien de Leipzig le 3 novembre 1832. Heureusement pour lui, ses proches collaborateurs acceptèrent son Traité avec ferveur, bien que Benoît MURE (1809-1858) émit quelques réticences22D. DEMARQUE: « L’homéopathie, médecine de l’expérience » - Maisonneuve 1981, p.197.. DEMARQUE rapporte qu’en 1848, un certain GRIESSELICH fit une analyse remarquable sur la théorie de la psore, ne récusant pas les descriptions cliniques d’HAHNEMANN, mais réfutant l’hypothèse de la gale. Il préférait avancer le rôle prédisposant de « certaines dispositions morbides endormies dans l’organisme » et réveillées ou exacerbées par certaines maladies, dont la gale, et par la toxicité des médicaments. C’était souligner déjà le rôle de ce qu’on appellera bien plus tard le « terrain ».

LA PSORE D'HIER

VOIRE D'AVANT-HIER

LA "FORCE VITALE" ou "VITALISME"

PEUT-ON S'EN REFERER ENCORE A LA FIN DU XX° SIECLE OU AU XXI°

            Dans notre dernier bulletin (A.O.S.H. 2/1996), notre Secrétaire Général, Bernard BOUFFLERS a retracé avec talent et compétence la notion de « force vitale », force mystérieuse immatérielle qui était pour les médecins dans toute l’histoire de la médecine depuis l’Antiquité, le principe de vie qui expliquait d’abord l’état de santé, puis l’état de maladie lorsque cette énergie vitale était « désaccordée ». Il y a eu aussi pendant des siècles l’influence dominante de l’Eglise avec la dualité âme/corps, qui imposait une certaine vision des choses et interdisait des pratiques comme l’autopsie. Certains médecins ont même inventé la « glande pinéale » qui servait de réceptacle à l’âme !


            HAHNEMANN ne pouvait s’abstraire totalement de cette pression intellectuelle et morale et a longuement décrit lui aussi une force vitale ou « dynamis ». Sa conviction a dû être sans doute confortée par l’immatérialité des dilutions infinitésimales et par les succès thérapeutiques de ses médicaments dénués de matière dosable. Mais HAHNEMANN, avant Claude BERNARD, a démontré avec éclat la nécessité et la primauté de l’expérimentation, essentiellement sur l’homme « sain ». Cependant et à notre humble avis, l’existence d’une « force vitale » n’a jamais été démontrée, elle n’est qu’une hypothèse, et donc soumise à critique. Il y a dans l’oeuvre de HAHNEMANN deux grandes parties: la première regroupe l’ensemble de ses expérimentations (pathogénésies), les principes pratiques d’une méthode thérapeutique dégagés par la pratique et la description clinique des états pathologiques. Cette partie reste toujours valable et n’a pratiquement jamais été réfutée, tout simplement parce qu’elle repose sur des faits observables quelle que soit l’époque. Il est étonnant qu’en cette fin du XX°siècle, les médicaments décrits par HAHNEMANN il y a près de deux siècles soient toujours prescrits avec succès pour les mêmes indications et aux mêmes dilutions. C’est sans doute un fait unique en médecine. La seconde partie de l’oeuvre de HAHNEMANN regroupe ses hypothèses et interprétations, comme par exemple la force vitale, ou la gale à l’origine de pratiquement toutes les maladies. Cette seconde partie, ne reposant pas sur l’expérimentation, a subi d’abord la critique de proches, puis l’érosion du temps et n’a pas été confirmée par l’évolution des connaissances scientifiques et médicales.  Il n’est plus possible de continuer à les présenter comme des vérités intangibles, comme des dogmes sous prétexte de ne pas trahir le Maître. Il est probable que l’homéopathie soit une médecine énergétique, l’immatérialité des hautes dilutions autorise cette interprétation. Mais objectivement, nous n’en savons rien. Personne ne parvient à démontrer d’une manière irréfragable l’activité des dilutions infinitésimales que les cliniciens et les malades constatent pourtant tous les jours. Et encore moins l’existence d’une « force vitale » ! Alors est-il utile en cette fin du XX° siècle de laisser croire que cette notion obsolète continue à hanter la pensée de tous les homéopathes contemporains ? Ne vaut-il pas mieux lui laisser son caractère historique comme hypothèse émise en un temps lointain que l’état des connaissances autorisait?


Note personnelle:


            Personnellement, mes origines paysannes expliquent sans doute mon incapacité intellectuelle à entrer dans le domaine des spéculations plus ou moins philosophiques ou métaphysiques, qui m’apparaissent le plus souvent ésotériques, parfois même farfelues. Mais je reconnais volontiers que je peux avoir tort. Je préfère rester sur le « terrain » matériel, sur ce qui touche mes sens = les symptômes, la maladie, la similitude, les faits expérimentaux. Agnostique sur le plan spirituel, je le reste sur le plan homéopathique. La liberté que je revendique pour moi, je la reconnais aux autres. J’admets volontiers que ceux qui ont une conviction l’expriment librement mais à condition qu’ils en revendiquent la paternité, sans l’attribuer à l’homéopathie, c’est-à-dire sans laisser croire que c’est une vérité unique, admise par tous et que leur opinion représente toute l’homéopathie. Je ne sais pas ce qu’il y a dans les dilutions infinitésimales, je ne sais pas s’il s’agit d’une énergie ou d’une force vitale, ou d’une puissance divine, ou satanique qui sait ? Ce que je sais, c’est que lorsque j’ai bien choisi un médicament à partir des symptômes d’un patient, j’obtiens parfois un résultat positif. Je dis bien parfois. Lorsque le médicament est mal choisi, il n’y a pas d’action positive, et çà à coup sûr. Tout le reste me paraît spéculatif. Je ne sais qui disait: « Je n’ai pas peur de la vérité, j’ai peur de ceux qui croient la détenir »

            D. DEMARQUE le souligne justement: « La pensée de HAHNEMANN si ferme tant qu’il reste sur le terrain de l’observation objective, se fait flottante et imprécise quand il aborde le domaine métaphysique »11D.DEMARQUE: ouvrage sus-cité p.121.. L’unanimité des homéopathes se fait aisément sur la partie expérimentale de l’oeuvre d’HAHNEMANN, même les adversaires de l’homéopathie sont contraints d’en admettre certains principes. Mais dès que l’on aborde la partie spéculative, les discordances apparaissent.

  

*


            Dans le chapitre précédent, nous avons cité l’oeuvre considérable d’un médecin homéopathe de Lausanne, Antoine NEBEL (1870-1954). Celui-ci a tenté avec succès d’actualiser la conception des trois « miasmes » d’HAHNEMANN en leur substituant une notion qu’HAHNEMANN ne pouvait pas connaître, celle des toxines microbiennes dont la découverte se situe après sa disparition en 1843. NEBEL a pensé que la tuberculose jouait un rôle primordial, notamment dans le développement des constitutions calciques, notion nouvelle pour l’Ecole homéopathique, après les esquisses de GRAUVOGL. En constatant chez des sujets une prédisposition à la tuberculose et en l’absence de lésions objectives, NEBEL a imaginé l’existence d’un état tuberculinique, puis d’une diathèse tuberculinique. Le terme de « diathèse » semblait, et justement, mieux approprié que celui de « miasmes », car il signifie « prédisposition ». NEBEL ne rejetait pas totalement la notion de psore, mais il affirmait que celle de tuberculinisme devait la remplacer. Il souhaitait cependant conserver ce terme par respect pour l’oeuvre du Maître, aussi parce que ses descriptions cliniques demeuraient vivantes et crédibles. NEBEL reste  fidèle à la notion de maladies chroniques qui imprégnaient plusieurs générations.


James Tyler KENT (1849-1916):

  

            KENT se met alors à l’étude de l’homéopathie et devient une célébrité dans cette méthode, au point que certains aujourd’hui encore le considèrent comme un nouveau prophète ! Les kentistes forment une sorte de secte et se considèrent comme les vrais, les seuls hahnemanniens véritables. Selon DEMARQUE, J.T. KENT aurait été très fortement influencé par les conceptions du théosophe ou philosophe Emmanuel SWEDENBORG (Stockholm 1688 - Londres 1772).  Dans la quatrième de couverture d’un livre qui lui est consacré22Jean PRIEUR: « SWEDENBORG - Biographie, anthologie » - Ed. F. Lanore - Paris 1983., on peut lire: « La personnalité de Swedenborg, dont Jean Prieur nous retrace l’évolution, est une des plus extraordinaires de l’Histoire. Dans la première partie de sa carrière, il est un savant universel qui étudie tour à tour et parfois simultanément l’astronomie, la physiologie, la minéralogie, la physique, le magnétisme, les mathématiques, la philosophie, la zoologie. Dans chacune de ces disciplines auxquelles il consacre plusieurs ouvrages, il fait des découvertes, il a des intuitions dont les savants venus après lui pourront constater l’exactitude. Or, à la suite d’une vision du Christ, le scientifique se métamorphose en mystique, il s’entretient comme un ami avec un ami avec les anges et les esprits qui lui dévoilent les horreurs de l’Enfer, les merveilles du Ciel et les étrangetés du Monde intermédiaire. Ces dialogues avec l’Au-delà sont complétés par des visions obtenues en dédoublement ». Sans entamer une polémique stérile, il est tout de même notable que nous sommes très loin de la médecine expérimentale !


            KENT a peu écrit, en dehors de son monumental Répertoire. Ses cours oraux ont été transcrits et constituent la trame de son ouvrage « La science et l’Art de l’homéopathie ». Or que dit KENT vers 1900 à propos de la psore ?


            Pour KENT, la psore est bien une maladie infectieuse et contagieuse qui remonte à la nuit des temps. Mais alors que pour la syphilis ou la blennorragie, l’homme doit commettre préalablement le péché de débauche en allant se pervertir dans des lieux où ces maladies prolifèrent, il n’en est pas de même pour la psore. On trouve mention de la psore dans la Bible. « Longtemps avant le déluge, qui ne fut rien d’autre qu’une inondation ayant pour but de détruire les êtres corrompus qui vivaient alors sur la surface habitée de la terre, il y avait une maladie appelée la lèpre, qui n’était que le résultat de l’effroyable profanation et du paganisme régnant à cette époque. C’est alors qu’un grand nombre de gens furent atteints par cette violente aura de lèpre dont ils eurent à subir les tourments, alors qu’aujourd’hui le mal fondamental du genre humain se présente sur une race différente et sous forme d’une psore apparemment plus bénigne... »33 »La science et l’Art de l’homéopathie » déjà cité, p.200. Bref, la psore est la conséquence du péché originel, il y a dans ce livre de KENT plusieurs passages qui accréditent cette affirmation. La psore n’est plus un miasme matériel mais une maladie spirituelle. « A partir de cette maladie spirituelle, toutes les races ont engendré ce que nous pouvons appeler la réceptivité psorique qui, à son tour, a posé les fondations de toutes les autres maladies ». Il y a de plus chez cet auteur l’affirmation de l’importance du psychisme dans le développement des maladies, qui devient facteur étiologique de plus en plus dominant. On est tout de même loin de la conception de HAHNEMANN ! Il y a encore de nos jours des partisans de KENT qui continuent de propager de telles idées délirantes, tels Tomas Pablo PASCHERO ou Sanchez ORTEGA, ou encore  George VITHOULKAS, qui n’est pas médecin, il est directeur de l’Athenien Center of Homeopathic medicine, mais qui s’active et s’agite beaucoup et consacre son temps et sa fortune à donner des consultations, des conférences, publie une revue internationale (« European Journal of Classical Homeopathy ». Il a sorti une matière médicale et d’autres livres, publié dans sa revue des observations cliniques de son propre exercice illégal.


            En 1977, on peut lire dans une revue mexicaine44Citée par D. DEMARQUE: « L’Homéopathie, médecine de l’expérience » - Maisonneuve 1981, p.202. (La homeopatia en el mundo - 1976-1977 n°1 et 2, p.73) sous la plume d’un proche collaborateur de S. ORTEGA: « La transgression des lois naturelles par l’homme doué de libre arbitre produit le miasme, origine du déséquilibre intime de l’unité biologique de l’organisme et de la coordination psycho-somatique ». Bien entendu, tout cela n’est pas faux: les erreurs diététiques aboutissent bien à des manifestations cliniques que nous appelons aujourd’hui le mode réactionnel psorique, mais dans notre conception, le « miasme » n’existe plus, il n’est pas en tout cas une émanation spirituelle, il n’a rien à voir avec le péché originel. Lorsque PASCHERO, pourtant semble-t-il excellent médecin, affirme que le véritable sens de la vie est l’Amour, on peut le suivre dans cette voie, même si on peut se demander quel est le rapport avec l’homéopathie. Mais quand il ajoute que «le blocage de ce processus vers le développement de l’Amour détermine l’anxiété psorique ou angoisse existentielle que l’homéopathie doit, en dernière instance, traiter en tous et chacun de ses malades », ou encore « C’est l’expression symboliquement représentée dans la maladie humaine par le cri de la naissance, par la séparation de la mère, cri dont la transformation en ton, rythme, harmonie, donne lieu à la musique.... L’homéopathe doit capter ce profond cri d’angoisse dans ses infinies modalités personnelles... de même il doit capter l’image, le biotype, le génie du médicament à travers la configuration pathogénique qu’il a pu susciter dans les expérimentateurs... »55D. DEMARQUE, ouvrage cité, p.203., on ne peut que rester consterné !!!

  


            C’est à notre avis le premier « dérapage » important (car des contemporains s’en réclament encore aujourd’hui) de la pensée homéopathique, quittant le « terrain » solide de l’expérimentation pour s’égarer dans celui des spéculations métaphysiques délirantes.


            Pierre SCHMIDT11SCHMIDT: Traduction de « La science et l’Art de l’homéopathie » de KENT, Maisonneuve 1969, p.17. raconte les circonstances de la découverte de l’homéopathie par KENT. Professeur d’anatomie à 28 ans, KENT est un médecin « classique », particulièrement compétent. Très chagriné par l’état de santé de sa première épouse, que rien ne parvenait à améliorer, KENT finit par accepter la consultation d’un vieil homéopathe de quartier. Le Dr Phelan passe alors une heure à poser des questions qui paraissent farfelues, sans rapport avec l’état de la malade. Quelques globules dans un peu d’eau font miracle. « Ce qu’aucun professeur et médecin réputé n’avait pu faire, ce simple praticien homéopathe l’avait accompli, restaurant la santé de son épouse d’une façon prompte, douce et durable ».                     

 Nous pensons avoir retracé l’évolution des idées depuis l’hypothèse, affirmée comme certitude,  de HAHNEMANN sur l’étiologie galeuse de la psore jusqu’à certains élucubrations contemporaines. Il convient maintenant d’étudier le mode réactionnel psorique selon les conceptions récentes et d’en montrer les implications en pratique bucco-dentaire.


            Selon la définition, heureuse à notre avis, de Michel CONAN-MERIADEC, une diathèse est « un potentiel réactionnel général évolutif, révélé et/ou aggravé par des facteurs étiologiques circonstanciels et défini par un ensemble sémiologique homéopathique ». Une diathèse est une manière d’abord de s’adapter à son environnement, ensuite de réagir aux facteurs d’agression de toutes sortes.


            HAHNEMANN avait affirmé que son miasme psorique représentait 7/8° des maladies chroniques. C’était bien vu, à condition de bien expliciter ce problème. Selon la conception actuelle, le mode réactionnel psorique est un mode de défense de n’importe quel organisme qui se trouve surchargé, surtout par suite d’erreurs alimentaires répétées. Un organisme a des besoins énergétiques, variables d’un individu à un autre. S’il trouve les aliments en quantités et en qualités nécessaires dans son alimentation, cet organisme reste en équilibre de santé. S’il y a carences ou excès, les problèmes commencent. Le mode réactionnel psorique est le plus naturel contre les excès d’apport nutritionnel. Que se passe-t-il lorsqu’il y a des excès alimentaires = l’appareil digestif travaille davantage et élimine les excédents. Il ne se passe rien sur le plan clinique. Du moins pendant une période plus ou moins longue. Car, il arrive fatalement un jour où l’appareil digestif, puis le foie seront débordés, c’est alors que commencent certains ennuis digestifs: ballonnement, aigreurs d’estomac, constipation et/ou diarrhée. Pendant la période de surcharge fonctionnelle du foie, il est facile de comprendre que ce dernier ne fonctionnant pas correctement, laissera passer dans le sang des protéines d’origine alimentaire mal dégradées que le rein ne pourra pas éliminer normalement. D’où alors des tentatives d’élimination par des voies de suppléance: d’abord la peau, ensuite les muqueuses et enfin les séreuses.


            Au début, l’organisme est encore sthénique, c’est-à-dire que son potentiel réactionnel est optimal = les éliminations se font donc avec une certaine violence clinique, puis le sujet se trouve ensuite vite rétabli. C’est justement la constatation d’une amélioration de l’état général après une manifestation aiguë cutanée ou muqueuse qui laisse penser qu’il s’agit bien d’une élimination salutaire, donc à respecter. Une autre constatation clinique semble confirmer cette interprétation = si l’on supprime par exemple un eczéma par une pommade à la cortisone ou au soufre, comme cela est très fréquent, il se produit dans les semaines suivantes soit une récidive (et c’est un moindre mal), soit une manifestation aiguë au niveau d’une muqueuse, dont la muqueuse buccale = gingivite érythémateuse par exemple.

 Nous pensons avoir retracé l’évolution des idées depuis l’hypothèse, affirmée comme certitude,  de HAHNEMANN sur l’étiologie galeuse de la psore jusqu’à certains élucubrations contemporaines. Il convient maintenant d’étudier le mode réactionnel psorique selon les conceptions récentes et d’en montrer les implications en pratique bucco-dentaire.


            Selon la définition, heureuse à notre avis, de Michel CONAN-MERIADEC, une diathèse est « un potentiel réactionnel général évolutif, révélé et/ou aggravé par des facteurs étiologiques circonstanciels et défini par un ensemble sémiologique homéopathique ». Une diathèse est une manière d’abord de s’adapter à son environnement, ensuite de réagir aux facteurs d’agression de toutes sortes.

            HAHNEMANN avait affirmé que son miasme psorique représentait 7/8° des maladies chroniques. C’était bien vu, à condition de bien expliciter ce problème. Selon la conception actuelle, le mode réactionnel psorique est un mode de défense de n’importe quel organisme qui se trouve surchargé, surtout par suite d’erreurs alimentaires répétées. Un organisme a des besoins énergétiques, variables d’un individu à un autre. S’il trouve les aliments en quantités et en qualités nécessaires dans son alimentation, cet organisme reste en équilibre de santé. S’il y a carences ou excès, les problèmes commencent. Le mode réactionnel psorique est le plus naturel contre les excès d’apport nutritionnel. Que se passe-t-il lorsqu’il y a des excès alimentaires = l’appareil digestif travaille davantage et élimine les excédents. Il ne se passe rien sur le plan clinique. Du moins pendant une période plus ou moins longue. Car, il arrive fatalement un jour où l’appareil digestif, puis le foie seront débordés, c’est alors que commencent certains ennuis digestifs: ballonnement, aigreurs d’estomac, constipation et/ou diarrhée. Pendant la période de surcharge fonctionnelle du foie, il est facile de comprendre que ce dernier ne fonctionnant pas correctement, laissera passer dans le sang des protéines d’origine alimentaire mal dégradées que le rein ne pourra pas éliminer normalement. D’où alors des tentatives d’élimination par des voies de suppléance: d’abord la peau, ensuite les muqueuses et enfin les séreuses.


            Au début, l’organisme est encore sthénique, c’est-à-dire que son potentiel réactionnel est optimal = les éliminations se font donc avec une certaine violence clinique, puis le sujet se trouve ensuite vite rétabli. C’est justement la constatation d’une amélioration de l’état général après une manifestation aiguë cutanée ou muqueuse qui laisse penser qu’il s’agit bien d’une élimination salutaire, donc à respecter. Une autre constatation clinique semble confirmer cette interprétation = si l’on supprime par exemple un eczéma par une pommade à la cortisone ou au soufre, comme cela est très fréquent, il se produit dans les semaines suivantes soit une récidive (et c’est un moindre mal), soit une manifestation aiguë au niveau d’une muqueuse, dont la muqueuse buccale = gingivite érythémateuse par exemple.


Deuxième exemple de métastases morbides:


            « Au début de décembre 1934, nous sommes appelé auprès d’un enfant de 14 mois, faisant une broncho-pneumonie. Le médecin traitant considère « qu’il est foutu ».

            L’enfant dans un état grave est pâle, émacié, inerte, respirant à peine. La température a baissé de 40° à 38°5. A l’auscultation, foyers de broncho-pneumonie multiples. Prescription: CARBO VEG. 30 K + oxygène.

            Le pronostic semble fatal. Le lendemain, l’enfant toujours vivant est inerte, la température à 40°. A l’auscultation, on perçoit en plus des foyers, de gros râles. Prescription: ANTIMONIUM TARTARICUM 6 K.

            Les jours suivants, l’état de l’enfant s’améliore et nous sommes frappé par l’apparition de taches livides disséminées sur tout le corps qui bientôt se transforme en pustules purulentes. Nous apprenons par la mère que la broncho-pneumonie est survenue à la suite du traitement externe d’un impétigo généralisé compliqué de pyodermite. Prescription: SULFUR IOD. 30 K.

            L’état de l’enfant s’améliore de façon surprenante. MEZEREUM 6, HEPAR SULFUR 30 complètent la guérison. L’éruption et la pyodermite disparaissent sans laisser de traces. Le petit malade est en excellente santé (sic). Nous le perdons de vue.

            Fin août 1935, rentrant de vacances, nous sommes de nouveau appelé auprès de l’ enfant qui est dans un état grave en raison d’une diarrhée cholériforme incoercible. L’enfant est absolument déshydraté, malgré le sérum et le gélotanin, température: 36°. Une récidive d’impétigo a été soignée grâce à une nouvelle méthode très active et l’éruption a été remplacée par ce choléra infantile.

            En raison de l’aspect du petit malade, de la suppression intempestive de l’éruption, CAMPHORA 30 est prescrit et la diarrhée est stoppée. Apparition de taches livides, gros ronchus, état comparable à celui observé lors du premier accident. Prescription: ANTIMONIUM TARTARICUM 6, CHINA 6.

            En quelques jours, l’amélioration s’accentue, mais parallèlement s’installe un impétigo compliqué de pyodermite. Prescription: HEPAR SULFUR 30, MEZEREUM 6, puis PULSATILLA 30. L’éruption disparaît complètement. La maman, convaincue de l’efficacité du traitement et de la nécessité de soigner l’état général de l’enfant, me confie celui-ci jusqu’en 1939, époque où sa santé est excellente, grâce en particulier à MARMORECK et LUESINUM.

            La guerre nous le fit perdre de vue. Tout à fait fortuitement nous avons appris sa mort. L’état demeura excellent jusqu’au début de l’année 1947, où apparurent alors des alternances d’impétigo et de pyodermite. En juillet 1947, un traitement par injections de pénicilline stérilisa rapidement la manifestation cutanée. En septembre, un syndrome méningé s’installe qui rapidement emporte le petit malade. Cette observation montre bien le balancement entre troubles cutanés et manifestations viscérales aiguës graves. Nous regrettons de n’avoir pu suivre cet enfant qui avait si bien réagi au traitement homéopathique ».


            Cette observation est intéressante à plus d’un titre. Elle montre d’abord l’efficacité de l’homéopathie même dans un cas qui semble désespéré. Elle apporte un argument à la théorie des métastases car la suppression de cette dernière fait « ressortir » le trouble cutané intempestivement supprimé.


            Nous avons déjà dit que chacun d’entre nous possède dans son bagage génétique les 4 grandes tactiques défensives dont dispose l’organisme. L’un de ces modes est mis en oeuvre préférentiellement, les autres restent latents jusqu’à ce que certains facteurs étiologiques ne les suscitent à l’occasion. A l’appui de ce point de vue, CONAN-MERIADEC remarque à juste titre qu’en dehors de SULFUR ou de PSORINUM, qui ne sont que antipsoriques, les autres remèdes réputés antipsoriques sont en fait polydiathésiques: CALCAREA CARBONICA est psoro-sycotique, SEPIA est psorique et tuberculinique, GRAPHITES est psoro-sycotique, etc... Voilà donc un argument de plus en faveur de la thèse des modes réactionnels dont chacun dispose pour s’adapter à son environnement puis pour réagir aux facteurs d’agression inhérents à la vie.

LEMODE REACTIONNEL "EN DETAILS"




            Dans la présente partie, nous allons étudier en détail le mode réactionnel psorique, d’abord sur le plan général, puis sur le plan bucco-dentaire. Nous nous référons aux travaux de R. ZISSU et M. CONAN-MERIADEC.


            Un mode réactionnel, il faut le répéter, n’est qu’une manière de réagir à certains facteurs ressentis comme agressifs par certains sujets, sensibilisés à ces facteurs pour des raisons à la fois héréditaires et disons « conjoncturelles ». Il faut donc envisager chaque mode réactionnel sur quatre plans: les causes déclenchantes - les sujets sensibles - l’expression clinique, ensuite  celui de la thérapeutique homéopathique.


1/     Les facteurs étiologiques du mode réactionnel psorique:


            Le mode réactionnel psorique est mis en oeuvre par n’importe quel organisme pour lutter contre les facteurs d’auto-intoxication, mais différemment selon les besoins énergétiques de chacun et la charge héréditaire. Ces facteurs circonstanciels sont les suivants:


D’abord la sédentarité et les erreurs alimentaires:


            La sédentarité diminue les besoins énergétiques. Si l’alimentation était adaptée aux besoins, il n’y aurait pas mise en oeuvre du mode psorique, du moins par cette cause. Mais très souvent, il y non seulement la sédentarité, mais conjonction de la sédentarité et d’erreurs alimentaires: excès alimentaires d’abord, mais de plus = alimentation mal adaptée et: déséquilibrée par excès de protéines, de graisses animales, d’hydrates de carbone, insuffisance en cellulose et en fibres, alimentation trop raffinée, industrielle, polluée. A cela s’ajoutent d’autres erreurs liées au régime alimentaire: abus de toxiques comme l’alcool ou le tabac (même si on ne le mange pas !), abus d’excitants comme le café, le thé, de stimulants,  de sucreries avec manie du grignotage en dehors des repas... - alimentation polluée = produits chimiques, pesticides et insecticides présents sur de nombreux aliments.


            La sédentarité11Un numéro des Annales Homéopathiques Françaises (1970 n°1) est consacré à la sédentarité et à ses effets néfastes. engendre divers troubles par plusieurs mécanismes. D’abord, l’immobilité ou l’absence d’exercice physique diminue l’activité musculaire, c’est une évidence. Or le travail musculaire participe à la dégradation métabolique de nombreuses substances, dont les hydrates de carbone. L’inactivité des masses musculaires favorise la rétention d’eau dans les espaces péri-cellulaires, qui ralentit les échanges entre les cellules. Ensuite, l’activité physique provoque une transpiration, elle aussi propice à certaines éliminations. Enfin, le séjour prolongé sans grande activité dans une atmosphère confinée suscite une hypo-oxygénation et des stases veineuses.


            C’est cet ensemble de perturbations métaboliques qui engendrent ce que l’on appelle l’auto-intoxication chronique. J. JOUANNY compare le psorique sédentaire à « un poêle dont le tirage est mauvais et où les combustions incomplètes encrassent les conduites » (12).

 

L’environnement stressant et pollué:


            Surtout dans les villes, l’environnement est devenu de plus en plus stressant et pollué. Stressant par le bruit incessant, par les conflits du travail, familiaux et personnels (exemples: auto-dépréciation de LYCOPODIUM ou de STAPHYSAGRIA), transports urbains favorisant la promiscuité et les contaminations (viroses, bactéries, parasites...), mode de vie trépidant (exemple: décalage de CALCAREA CARBONICA trop lent, qui se sent déphasé et qui peut vivre dans une véritable angoisse par peur de ne pas s’adapter à un rythme de vie trop rapide pour lui), etc... Pollué par les toxiques à tous les niveaux: alimentation, atmosphère (usines, gaz d’échappement des véhicules), abus de médicaments, etc... Tous ces facteurs obligent l’organisme à lutter sans cesse. Les polluants sollicitent la fonction antitoxique du foie et expliquent les pathologie de sensibilisation: allergies et maladies auto-immunes. Les stress psychiques constituent autant d’agressions sur le système nerveux central mais également dépriment la fonction hépatique22Voir: Dr W. SCHWARZHAUPT - « L’incidence sur le foie de certaines affections psychiques vue par l’homéopathie » - Congrès International de Bordeaux - 1957, p. 135..


            Il ne faut pas négliger non plus le rôle des médicaments chimiques qui peuvent perturber aussi bien le système immunitaire que différentes fonctions, comme la fonction urinaire, ou hépatique par toxicité de certains produits. Cette dernière cause est encore plus conséquente dans la mise en oeuvre du mode sycotique.


Le rôle de l’hérédité:


            Des parents réagissant électivement sur le mode psorique engendrent des enfants qui réagissent eux aussi sur ce mode, au moins au début de leur vie. Exemples de l’eczéma atopique ou de l’asthme du nourrisson qu’aucun allergène ne peut expliquer et qui réagissent bien à des médicaments homéopathiques du mode psorique, ou encore des croûtes de lait persistantes du nourrisson CALCAREA CARBONICA. Ou encore l’exemple éclatant de l’apthose buccale périodique de l’enfant ou de l’adolescent qui réagit bien à SULFUR alors qu’on ne retrouve pas les facteurs étiologiques sus-décrits.

  

2/     Les sujets qui réagissent électivement sur le mode psorique:


            Le mode psorique est celui mis en oeuvre contre les excès d’apport nutritionnel, excès que l’on doit apprécier en fonction des dépenses énergétiques de chacun. Un « travailleur de force » dépense plus qu’un sédentaire, c’est une banalité. L’organisme réagit d’abord par une surcharge fonctionnelle de l’appareil digestif, notamment du foie. Dans un premier temps, il élimine les excès, puis il en subit les conséquences dès que ces éliminations deviennent insuffisantes. On voit ainsi se dessiner les deux grandes phases du mode réactionnel psorique: tant que les éliminations peuvent être assurées, le sujet reste en équilibre, certes plus ou moins satisfaisant, avec de temps en temps des manifestations aiguës, plus ou moins tapageuses sur le plan clinique. C’est la première phase caractérisée par des éliminations centrifuges, périodiques et alternantes, suivies d’une amélioration de l’état général. Ensuite, il est facile de comprendre que les émonctoires surchargés deviendront un jour insuffisants. C’est alors la deuxième phase avec des éliminations contrariées et des conséquences pathologiques sur les grands appareils, dont la sclérose à différents niveaux (vasculaires, articulaires, cutané...).


            La connaissance de cette conception du mode psorique, puis sa reconnaissance dans les manifestations d’un patient, permettent de comprendre la signification d’une pathologie banale en évitant d’ajouter une erreur thérapeutique (suppression d’une élimination surtout), tout en autorisant une prévention. Ainsi:


  

  

  


            En résumé: les sujets les plus aptes à mettre en oeuvre le mode psorique sont d’abord les brévilignes, déjà dès l’enfance, puis tardivement les normolignes le plus souvent après le début d’une vie professionnelle sédentaire.

  

3/    Expression clinique du mode réactionnel psorique:



A - LA PHASE DITE « STHENIQUE »:


            Cette phase réunit des manifestations pathologiques aiguës, le plus souvent inflammatoires, parfois allergiques, au niveau de la peau et des muqueuses, plus tard au niveau des séreuses (articulaires notamment). Ces inflammations n’ont rien de spécifique en elles-mêmes sinon qu’elles sont caractérisées par:


  


Au niveau de la peau:  la peau est toujours impliquée chez un psorique parce qu’elle constitue le premier émonctoire de suppléance utilisé par l’organisme. En dehors d’éruptions, la peau est souvent malsaine, sèche, rêche, sujette à un prurit sine materia plus ou moins intense, mobile (par la chaleur = lit notamment, après un lavage). Puis des éruptions se produisent, de toutes natures: infectieuses comme les furoncles, les staphylococcies, l'impétigo… ou métaboliques ou allergiques comme les eczémas, l’urticaire, ou encore les mycoses et parasitoses. Très souvent, le psorique ne supporte pas ou plus le contact de la laine ou des fibres synthétiques (mais il n’y a rien de systématique). Ces éruptions sont d’abord plutôt fugaces, mais elles deviennent rapidement  récidivantes et de plus en plus tenaces. Elles sont le plus souvent prurigineuses. La cortisone ou les pommades au soufre font des  « miracles » (du moins les officiels et les malades le croient-ils !). En fait, c’est une erreur thérapeutique hélas fréquemment commise, qui peut expliquer l’alternance avec une autre manifestation, le plus souvent au niveau d’une muqueuse.


Au niveau d’une muqueuse: inflammation d’abord érythémateuse, souvent douloureuse quelle que soit la muqueuse concernée: bronchite, gingivite ou stomatite, cystites (le plus souvent amicrobiennes), leucorrhées (irritantes et pruriantes, souvent sur-infectées ou parasitées), ou encore rhinite allergique, rhume des foins, pollinoses...sans oublier l’asthme ou même l’oedème de Quincke.


            Ces manifestations peuvent alterner ou coexister avec des troubles digestifs. C’est le cas chez le psorique sédentaire enclin aux erreurs alimentaires sus-décrites: dyspepsie d’abord banale, fonctionnelle avec ou sans dyskinésie biliaire, puis entérite ou colite fonctionnelles, constipation alternant avec une diarrhée, ano-rectite compliquée par la suite d’hémorroïdes, etc...


            Durant cette phase dite « sthénique » parce que le pouvoir réactionnel du patient n’est pas encore entamé et que par conséquent il réagit avec une violence clinique qui contraste avec la banalité du trouble, le traitement est simple: prescription du médicament homéopathique correspondant aux signes cliniques du patient. Le plus souvent l’observation de règles hygiéno-diététiques simples suffisent largement.



B - LA PHASE DITE « ASTHENIQUE »:


            Après une manifestation aiguë telle que décrite lors de la phase sthénique, l’état général se trouve nettement amélioré, comme si  l’organisme s’était débarrassé de déchets qui l’encombraient. Au début, les troubles sont espacés dans le temps, puis ils tendent à une récidive de plus en plus rapide avec en plus une évolution de plus en plus torpide. Il existe donc une phase intermédiaire, plus ou moins étendue dans le temps. Mais dans tous les cas, la clinique constate les mauvais effets des suppressions pathologiques, qu’elles soient spontanées ou provoquées par une thérapeutique inadaptée.  Ou bien il se produit une métastase dont l’évolution peut être plus grave (cf les exemples donnés plus haut), ou bien il y a récidive. On retrouve les mêmes manifestations cutanées ou muqueuses, mais elles ont perdu leur caractère explosif et leur résolution demande beaucoup plus de temps. Progressivement, une pathologie organique, puis lésionnelle fait suite aux troubles fonctionnels du début. Entre les deux phases, on retrouve volontiers des manifestations spasmodiques le plus souvent douloureuses, comme les coliques hépatiques ou néphrétiques.


            Par la suite, les émonctoires eux-mêmes deviennent insuffisants = les éliminations salutaires ne peuvent plus être assurées. C’est alors la phase asthénique, appelée « psore rentrée » par HAHNEMANN. Elle est caractérisée par l’anergie fonctionnelle = le sujet ne peut plus réagir avec sthénicité et subit les conséquences, avec apparition de troubles de plus en plus tenaces, quels que soient les moyens thérapeutiques mis en oeuvre. Tous les organes, tous les systèmes peuvent être atteints, d’une manière variable selon les sujets: troubles de la nutrition avec perturbations des constantes biologiques (urée, hyperglycémie, cholestérol, acides gras, triglycérides...), scléroses à différents niveaux (par exemple l’hypertension fonctionnelle épisodique est suivie d’artériosclérose et d’athérosclérose de plus en plus permanentes), atteintes de séreuses articulaires = le rhumatisme inflammatoire devient arthrose...). Progressivement, le traitement homéopathique devient insuffisant et doit être complété par des thérapeutiques substitutives. Sans oublier enfin les répercussions sur le système nerveux, comme la tendance dépressive qui peut s’accentuer progressivement.

  

Les problèmes bucco-dentaires

dans le mode psorique

LE MODE REACTIONNEL PSORIQUE

INCIDENCES BUCCO-DENTAIRES