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LA DERNIÈRE ÉTAPE DIFFICILE

LE DIAGNOSTIC DU « REMÈDE SEMBLABLE »



Prescrire un médicament  homéopathique exige une grande réflexion et une attention exercée, parce que, généralement, plusieurs médicaments partagent de nombreux symptômes.  Lorsqu'un symptôme est exprimé nettement par un patient, la démarche peut devenir simple. Mais il n'en est pas toujours de même.


Ensuite, une question se pose, que certains praticiens ont résolu une fois pour toutes = faut-il prescrire un seul médicament ou plusieurs ? C’est une querelle qui remonte déjà à HAHNEMANN, qui divisent les homéopathes en unicistes et en pluralistes.


L’attitude la plus rationnelle semble celle-ci = lorsqu'il ressort clairement de l'observation clinique qu'un seul médicament homéopathique "couvre" totalement les symptômes les plus significatifs du malade, ce médicament est appelé remède simillimum, par opposition à un médica­ment ne couvrant que partiellement ces mêmes symptômes, que l'on désigne alors par le terme de simile. Cette distinction entre "simillimum" et "simile" n’a de sens que par rapport à un seul et même malade, en fonction de l'étendue de  la similitude. Tel  simile d'un malade peut être un simillimum d'un autre malade.


          Lorsqu’après mûre réflexion, on ne parvient pas à individualiser un seul médicament, il est alors possible d’en prescrire deux, voire trois, à condition qu’ils n’aient pas d’action contraire.

 


A - LE CHOIX DU REMÈDE "SEMBLABLE" DANS UNE AFFECTION AlGUE:


Dans une affection aiguë,  notamment celles  de la sphère bucco-dentaire, l'observation clinique doit être limitée aux seuls symptômes directement liés à l'épisode aigu. Il en résulte, par conséquence, que le choix du remède semblable se trouve circonscrit à quelques remèdes possibles, connus pour leur indication dans telle ou telle  affection.  Il  existe quelques guides thérapeutiques qui les énumèrent, le présent ouvrage y contribue en pratique bucco-dentaire.


Exemple d'une pulpite aiguë:


Si  l'on reprend l'exemple précédent d'une "pulpite aiguë" survenant chez un  sujet  sthénique après  une exposition  à un vent  sec et glacial, on peut décomposer l'observation de la manière suivante:


1/     Le  diagnostic  évident  permet  de  classer  la pulpite dans  le cadre général des "inflammations aiguës". Dans l’attente des soins, les médicaments homéopathiques indiqués dans ce cas  sont relativement peu nombreux,  parmi  lesquels l'expérience clinique place au premier rang: ACONIT, BELLADONA, APIS, BRYONIA, FERRUM PHOSPHORICUM, ARSENICUM ALBUM, ...


2/     La circonstance étiologique "suite de froid sec et glacial" élimine APIS qui n'a pas ce signe dans ses circonstances étiologiques; il en va de même pour BRYONIA, indiqué plutôt dans les suites de froid humide.


3/     La nature de la douleur oriente vers le seul ACONIT, car BELLADONA et FERRUM PHOSPHORICUM ont surtout des douleurs battantes, APIS et ARSENICUM ALBUM des douleurs brûlantes.


4/     Le reste des symptômes retenus confirme l'indication d'ACONIT: la vio­lence et la brusquerie de la pulpite rendent le sujet inquiet et agité, alors que BELLADONA se sent plutôt abattu, FERRUM PHOSPHORICUM convient à des sujets asthéniques.


5/     Enfin, s'il en était besoin, la prise d'ACONIT par le patient entraîne une amélioration rapide de la douleur (quelques minutes),  alors que si  l'on donnait à ce patient BELLADONA ou FERRUM PHOSPHORICUM, on ne constaterait aucune action.


Exemple d'un cas simple à cause évidente:


C'est le cas possible de la luxation traumatique d'une dent, sans fracture et dont la vitalité pulpaire peut être conservée.


La cause évidente de traumatisme limite le choix des médicaments possibles à quatre ou cinq, parmi  lesquels ARNICA MONTANA est le plus important. Mais d'autres remèdes peuvent  avoir une  indication pour leur action élective sur telle ou telle partie de l'articulation desmodontique. HYPERICUM a une action élective sur le traumatisme des filets nerveux, RHUX TOXICODENDRON focalise son action sur les ligaments, RUTA sur le périoste. Dans une luxation dentaire, tous ces éléments peuvent être concernés,  le choix du remède unique est donc plus difficile. C’est là un exemple de prescription pluraliste justifiée.  Que faire ? On peut prescrire ARNICA seul, parce qu'il couvre toutes  les  conséquences  d'un traumatisme.  Mais  on  peut  aussi  ajouter  tel ou tel médicament selon la finesse du diagnostic.


Exemple d'un cas banal, dont la cause est connue, mais sans aucun symptôme local  (ici buccal) :


L'exemple le plus classique est celui d'une lipothymie, au moment d'une séance de soins dentaires ou lors d'une avulsion.


Dans un tel cas, l'observation est très facile et très courte:

 

  

La cause psychogène restreint les médicaments possibles à une dizaine environ.  Chacun  d'eux  possède  une  pathogénésie  suffisamment  différenciée pour que l'individualisation en  soit facilitée.  Ce qui  sera étudié dans la partie thérapeutique du présent ouvrage.


Importance  du  diagnostic physio-pathologique  ou  lésionnel  pour  la prescription:


La meilleure illustration de cette nécessité est fournie par le traitement d'une suppuration aiguë, qui  pose plus le problème du choix de la dilution que celui du remède semblable. En effet, le diagnostic d'une suppura­tion  aiguë est très  simple,  mais le traitement homéopathique exige l’appréciation du stade évolutif.  Si  la collection du pus n'est pas encore commencée, s'il y a encore une possibilité de réversibilité, une haute dilution du remède correspondant, HEPAR SULFUR en l’occurrence,  peut faire avorter  la suppuration.  Si  au contraire, elle a commencé, il faut alors favoriser son évacuation, il  est  impératif de donner une basse dilution et de se préoccuper de la porte de sortie du pus. C'est donc  un problème  parfois  ardu  d'appréciation clinique,  chez  un malade qui souffre, qu'il n'est donc pas aisé de palper ou d'examiner.


B - LE CHOIX DU REMÈDE "SEMBLABLE" DANS UNE AFFECTION CHRONIQUE:


Dans  une  affection  chronique,  le  problème  thérapeutique  est  double: une  maladie  chronique  se  définit  comme  n'ayant  aucune  tendance  spontanée à la guérison et évoluant progressivement par des  épisodes  aigus plus ou moins espacés.  Il  faut donc répondre à une double attente du patient: d'abord, le soulager rapidement lorsqu'il vient consulter à la période aiguë, puis tenter d'éviter les récidives


Les maladies chroniques sont bien différentes les unes des autres, et si certaines peuvent être accessibles à un traitement (homéopathique éventuellement), du moins jusqu'à un certain point  de  leur  évolution  (seuil  d'irréversibilité),  d'autres  laissent  peu d'espoir,  sinon  une  thérapeutique  substitutive,  en  dehors  des  indications de l'Homéopathie. En pratique bucco-dentaire, une distinction peut être proposée entre une aphtose buccale récidivante, qui offre un pronostic assez favorable à la médecine  homéopathique,  même  si  elle évolue  depuis  plusieurs  années et une parodontopathie parvenue à un stade d'évolution où la disparition quasi-totale de  l'os  alvéolaire ne laisse plus d'espoir de conserver sur l'arcade les dents restantes, en dehors des techniques de comblement.


Le  traitement  homéopathique  d'un  épisode  aigu  d'une maladie chronique obéît  à  la méthodologie habituelle:  observation clinique des symptômes liés à l'épisode aigu, puis proposition du médicament correspondant.


Le traitement de fond,  indispensable pour éviter la récidive, fait appel à une conception des malades, qui fait l'originalité de la méthode homéopa­thique.  Chaque  individu reçoit en  héritage un équipement enzymatique ou  un bagage  génétique  qui  lui  permet  de réagir  aux divers facteurs d'agression du milieu de vie. En dehors de réactions strictement individuelles, on peut mettre en évidence des réactions de groupe, correspondant à quatre modalités réactionnelles  générales  que  l'on  appelle  diathèses ou modalités réactionnelles  en  Homéopathie.  Selon son environnement, un individu réagit tout au long de sa vie selon une modalité assez  constante,  préférentielle  chez  lui,  mais  pouvant occasionnellement réagir selon une autre modalité,  selon la nature ou l'intensité des facteurs d'agression. Cela se traduit, en clinique, par des signes généraux de comportement ou d'adaptation à un environnement donné, que l'on retrouve d'une manière plus ou moins constante dans l'anamnèse.


Ainsi,  l'observation  dans  une  affection  chronique,  en  reconstituant l'histoire pathologique d'un patient, recherche sa ou ses modalités réactionnelles  générales,  permettant une  meilleure compréhension des manifestations pathologiques et autorisant parfois une prévention et un pronostic.


Avant de donner un exemple pratique, il faut préciser qu'une bonne connaissance de cinquante à soixante médicaments homéopathiques parmi les plus actifs permet de faire face, en pratique, à la plupart des problèmes thérapeutiques qui se posent habituellement au chirurgien-dentiste, voire au médecin généraliste.       Quelquefois, le  recours  au Répertoire  est  indispensable.  Le  répertoire regroupe non plus les pathogénésies des médicaments, mais leurs symptômes par chapitres et rubriques.  Le  plus  connu est  le Répertoire de KENT,. Pour chaque  symptôme,  le Répertoire donne la liste des médicaments qui  l'ont dans leur pathogénésie,  avec trois degrés d'intensité. Actuellement, l’informatique est venue au secours des praticiens. Plusieurs logiciels permettent une sélection des symptômes et dresse ensuite une grille de recoupement avec les médicaments éventuels.


Exemple pratique:


Un enfant de 7 ans environ est conduit à la consultation du chirurgien-dentiste  pour  une  aphtose  buccale  évoluant  depuis  plus  d'un  an.  L'examen bucco-dentaire montre des caries importantes de pratiquement toutes les dents, qui  sont  de  plus  mal  implantées,  la  gencive est enflammée,  rouge  sombre, elle saigne facilement; on note une mauvaise haleine et des petites ulcérations disséminées  sur  toute  la  muqueuse  buccale.  La maman  précise qu'au départ, les ulcérations sont punctiformes puis s'agrandissent progressivement (tendance phagédénique).  L'enfant décrit une sensation d'écharde (comme des bouts de bois) au niveau de ses ulcérations. On constate des fissures labiales au niveau des commissures (qui reviennent souvent  selon la mère).  L'enfant   salive beaucoup,  surtout la nuit au point de tacher son oreiller.  La maman affirme que l'enfant présente de fréquents troubles digestifs en raison d'un mégacôlon avec des fermentations intestinales, des fissures anales très douloureuses qui rendent la défécation particulièrement et l’on retrouve là encore la sensation d’écharde.



C'est un enfant longiligne, malingre, instable, touchant à tout, travaillant mal à l'école car inattentif et indiscipliné. Il a des hypertrophies ganglionnaires, notamment au niveau des amygdales.  Très  sensible au froid humide,  aux changements de temps,  il s’enrhume facilement, fait des rhino-pharyngites à répétition, ne supporte pas la chaleur d'une pièce ou du lit (sueurs visqueuses). Tous ses troubles sont pires la nuit. Enfin, il a une tendance à la suppuration, notamment au niveau des dents de lait qui sont très délabrées.


A partir de ces données, comment concevoir un traitement homéopathique ?


D'abord,  il faut commencer par le traitement de la poussée aphteuse. Le médicament  semblable doit  avoir obligatoirement dans son génie thérapeutique une  indication  dans cette  affection.  Comme  il  n'est  pas toujours  possible de retenir tous les remèdes indiqués dans une maladie, le recours au Répertoire s’avère indispensable.  Le répertoire de KENT (traduction BROUSSALIAN) précise au chapitre "BOUCHE", rubrique "aphtes"  (p.333, §60) une liste d’une centaine de remèdes. Chez cet enfant, les ulcérations ont une nette tendance phagédénique, que l’on trouve au §77 p.336 = il  n'y a plus que 5 remèdes.  La sensation d'écharde au niveau des aphtes est également ressentie au niveau des fissures anales.  Par conséquent,  cette sensation  prend le rang d’un  signe  général. On trouve au chapitre "SYMPTÔMES GÉNÉRAUX", à la rubrique  « sensation d'échardes dou­loureuses »  (p.965,  §40)  une  liste de  18 remèdes.  Si  l'on compare  les deux listes,  seul  NITRI  ACID.  figure dans ces deux listes. Cette recherche répertoriale s’avère souvent fastidieuse, mais l’informatique ne demande que quelques minutes. C'est donc le remède semblable, homéopathique pour cet enfant. La vérification dans la Matière Médicale confirme que plusieurs signes du patient y sont mentionnés. Il arrive parfois que le médicament de la poussée  aiguë  (remède appelé à tort "symptomatique") soit en même temps le remède de fond du patient. Ce n'est pas le cas dans l'observation présente. Il faut donc continuer la recherche. Il ressort les signes suivants:

  

  1. Des signes typologiques (ici le type sensible): enfant longiligne, malingre, dystrophique. Ils ne sont qu’une indication.

  1. Des  signes  de  comportement  psychique,  existants  bien  avant  et  en dehors des poussées d'aphtose: enfant instable, de mauvaise humeur, irascible, inattentif, travaillant mal à l'école.

  1. Des  signes  généraux,  eux-aussi  quasi-permanents  et  constants  dans la vie du jeune malade:  sensibilité au froid humide, hypertrophies ganglionnaires,  tendance aux ulcérations et fissures,  sensation d'écharde quelle que soit la localisation de l'ulcération, des sueurs visqueuses.

  1. Des modalités générales:  aggravation par le froid humide, par les changements de temps, la nuit, par la chaleur.

  1. Des  signes  loco-régionaux:  rhino-pharyngites  à répétition,  troubles digestifs,  hypersalivation  nocturne,  dents  mal  implantées  et  globalement cariées, abcès dentaires, ulcérations et fissures buccales.


La  plupart  des  signes  et  les  modalités  générales  existent  depuis  la plus tendre enfance et  sont retrouvés de manière constante dans l'anamnèse. Ils traduisent donc bien une manière de réagir à l’environnement de cet enfant. Le remède choisi  sur cet ensemble symptomatique sera bien le remède de « fond » parce que choisi sur des signes ou symptômes présents dans toute l’histoire du patient. Pour un  praticien exercé,  ce remède est évident,  MERCURIUS SOLUBILIS.  S'il n’était pas évident, une répertorisation s'imposerait.


L'évolution confirma le choix thérapeutique. NITRI ACID. améliora rapidement  les  signes de  la poussée aiguë, puis des prises espacées de MERCURIUS SOLUBILIS  évitèrent les  récidives  et  améliorèrent  considérablement  l'état général de l’enfant, ainsi que son comportement.



  

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Il existe aussi plusieurs répertoires homéopathiques informatisés