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LACHESIS :


          Médicament d'origine animale, le venin du serpent sururucu ou Lachesis mutus a une action particulièrement toxique. Sa première pathogénésie a été réalisée par Constantin HERING (1800-1880), sur lui-même, qui en gardé des séquelles tout le restant de sa vie. Voici d’abord les signes bucco-dentaires :

  

  

  

          Ce médicament est d'usage très fréquent au cabinet dentaire.  Quel que soit le type sensible du patient auquel il s'adresse, il y a un certain nombre de signes et de modalités caractéristiques qu'il est indispensable de retrouver:

  

  

  

  


Hypersensibilité tactile entraînant une intolérance à la constriction: vêtements serrés autour du cou et de la taille.


A partir de ces signes très importants, complétés par d'autres, l'usage clinique de LACHESIS permet de préciser les sujets les plus sensibles à l'action de ce venin, ou plutôt ceux chez qui il se trouve le plus souvent indiqué.



1/ Surtout mais non exclusivement chez la femme et la ménopause climatérique:


            En dehors de la castration chirurgicale, la ménopause évolue par paliers (ménopause c1imatérique) , les muqueuses gingivale et buccale présentent différents troubles pathologiques au gré de l 'état général.  La diminution des hormones sexuelles entraîne une atrophie de l'épithélium gingival , une involution des acini des principales glandes salivaires, le tout aboutissant à une gingivite érythémato-oedémateuse desquamative avec hyposialie, cette dernière pouvant être à l'origine de douleurs brûlantes.  Les répercussions cardio-vasculaires expliquent les gingivorragies.  Dans certains cas, les troubles du comportement retentissent sur la pathologie buccale, par exemple les douleurs constituent des stomatodynies, et l'inefficacité des traitements chimiques entraîne petit à petit une véritable cancérophobie (THUYA).  Enfin, le ralentissement endocrinien peut expliquer l'évolution de la gingivite en une véritable parodontopathie avec des poches suppurées, alvéolyse, dénudation gingivale, etc ...


On trouve l'ensemble de ces troubles dans la pathogénésie de LACHESIS avec la progressivité dans l'aggravation qui permet une action précoce, selon une évolution classique de SULFUR à LACHESIS, par le biais notamment de la suppression des éliminations que représente la ménopause.


Le choix de LACHESIS est assez facile à mettre en évidence: bouffées de chaleur avec tête chaude, thermophobie (chaleur confinée), céphalées congestives intolérance à toute constriction (col largement ouvert), palpitations violentes avec angoisse, sensations de constriction précordiale, ecchymoses au moindre choc, sommeil perturbé par des cauchemars (manque d'air, morts, d'enterrements dont le sien, ... ). Les troubles du comportement sont explicites: dans les périodes de dépression: tristesse, abattement, jalousie surtout vis-à-vis du conjoint, peur de la folie, conviction d'être persécutée; périodes d'excitation: loquacité extrême avec incohérence, agitation physique et mentale, vanité, autoritarisme, manie religieuse, etc... A cela s'ajoute, très souvent, une "persécution" du praticien qui se trouve, au moment de la consultation, agressé par un débordement de discours, de détails, de réponses aux questions aussi longues et embrouillées que certains discours politiques, puis lorsque la patiente est rentrée chez elle, des persécutions téléphoniques au cours desquelles cette femme donne des explications et apportent d'autres précisions sur des symptômes ou des troubles qu'elle a oubliés de donner lors de la consultation.


LACHESIS couvre toute cette période, parfois au début associé à SULFUR, qui supporte mal les blocages éliminatoires, puis par d'autres remèdes selon la symptomatologie.  Au début, la patiente peut venir consulter pour des gingivorragies abondantes les jours précédents les règles, qui disparaissent avec elles.  Ou pour une aphtose buccale ou pour une gingivite érythémateuse.  Ensuite, progressivement, la gingivite devient de plus en plus ulcéreuse.  Si les causes locales le permettent, une ou plusieurs poches peuvent apparaître, avec une tendance à la suppuration, dans un contexte de gingivite ulcéreuse hémorragique.  Théoriquement, il devrait exister une latéralité gauche prédominante, qui reste à vérifier par des radiographies panoramiques lorsque l'alvéolyse a commencé.


Donné en temps utile, LACHESIS donne d'excellents résultats, souvent spectaculaires sur l'état buccal.  Bien entendu, les troubles buccaux sont rarement isolés, il est donc normal de demander la collaboration du médecin.

Commentaire

d'Alain HORVILLEUR

2/  Chez l’alcoolique :


LACHESIS est l'un des médicaments homéopathiques de fond de l'alcoolisme chronique dont les conséquences sur l 'appareil digestif d'abord, puis sur l 'ensemble de l'organisme sont bien connues.  Au stade LACHESIS, le patient présente les deux phases d'excitation vespérale et la dépression matinale, les troubles hépato-digestifs sont ici plus marqués: inappétence, soif et désir d'alcool, foie douloureux et hypertrophié, nausées, hoquet, vomissements, sensibilité de la région épigastrique, mauvaise haleine, langue chargée, gingivite ulcéreuse très hémorragique, constipation opiniâtre, hémorroïdes procidentes, douloureuses ou diarrhée fétide et irritante par périodes.


Si 1 'on reçoit le patient le matin, il est alors de mauvaise humeur, bredouille les réponses, ne se sent pas bien, radote, tremble de tous ses membres. le soir, il semble plus en forme, parle d'abondance, il peut être agité, voire agressif.


L'état buccal reflète celui de 1 'état général : gingivite ulcéreuse périodique au début avec gingivorragies, "bouche sale" par manque d'hygiène, dépôts crémeux blanchâtres sur les dents, tartre abondant, puis des poches apparaissent avec des ulcérations plus ou moins profondes, hypersalivation nauséabonde, etc ...


LACHESIS couvre encore ici les différentes étapes, on en retrouve les principaux signes.  Il faut parfois compléter son action par d'autres médicaments selon le contexte clinique: SULFUR et NUX VOMICA très souvent, NITRI ACIDUM, MERCURIUS, THUYA, PHOSPHORUS, AURUM METALLICUM, LYCOPODIUM... Très souvent, on trouve une évolution physio-pathologique tant sur le plan général qu'odonto-stomatologique depuis le stade fonctionnel initial marqué par l’indication de SULFUR et de NUX VOMICA, au stade de 1 'atteinte hépatique et glandulaire avec LYCOPODIUM et LACHESIS, puis au stade lésionnel de l 'hépatocyte avec PHOSPHORUS.


3/ Les autres cas cliniques :


LACHESIS n'est pas indiqué exclusivement chez la femme ménopausée ou chez l'alcoolique.  Il donne de bons résultats chez l'hypertendu congestionné, chez des sujets présentant des congestions diverses: foie, tête, ovaires, etc ... chez lesquels on retrouve les principaux signes, dont les signes buccaux, dominés par la tendance hémorragique (gingivorragies, hémorragie per et postopératoire, hémorragie de la pulpectomie ... ). C’est un remède possible d’alvéolite.


La posologie tient compte du contexte clinique.  En raison de la toxicité du venin, les basses dilutions surtout répétées sont à proscrire.  A notre avis, il faut toujours commencer le traitement par une moyenne dilution, 7 CH une à deux fois par semaine, et ensuite moduler la dilution et la répétition des prises selon le résultat.


          Même si ce médicament est cité dans le chapitre des remèdes du mode luétique, il faut toujours garder à l’esprit son aspect polydiathésique. Le mode psorique a été rappelé par le biais des mauvais effets de la suppression des éliminations physiologiques ou pathologiques (notamment celle des menstruations qui explique ses fréquentes indications chez la femme ménopausée). C’est aussi un remède du mode sycotique par la désorganisation des mécanismes de défense immunitaire. Mais son action inflammatoire avec ulcérations et nécroses le place en bonne place parmi les remèdes du mode luétique.



EN CONCLUSION


            Il existe plusieurs manières de pratiquer l’homéopathie. Leur trait commun reste obligatoirement le principe de similitude, sans quoi il n’y aurait pas d’homéopathie (souffrance semblable).


            Beaucoup de praticiens homéopathes méconnaissent les conceptions du « terrain ». Soit par paresse intellectuelle, soit par dénégation, considérant qu’il ne s’agit que d’interprétations plus ou moins sérieuses, en tous cas sans intérêt pour leur pratique quotidienne. Les « unicistes » en particulier limite leur pratique à la détermination du simillimum et le prescrivent seul, le plus souvent en hautes dilutions, voire très hautes. Cette méthode exige une répertorisation rigoureuse car sans quoi, la maladie continue son évolution.


            Les tenants des conceptions du « terrain » considèrent que les modes réactionnels sont des cadres dans lesquels la maladie du patient s’inscrit avec une approche dynamique, chronologique = on sait d’où vient le malade, on prévoit où il irait sans prise en charge de son « terrain ». Bien entendu cette approche concerne essentiellement les maladies chroniques.


            Par exemple, une aphtose buccale récidivante impose la prise en charge du « terrain » sous peine de voir le malade rechuter à la moindre occasion. Ce qu’avait déjà remarqué HAHNEMANN, constatation qui l’avait conduit à réfléchir sur les causes profondes.


            Reprenons l’exemple de MEZEREUM, remède dit poly-diathésique parce que sa matière médicale inclut des troubles de plusieurs modes réactionnels. Si l’aphtose buccale de MEZEREUM peut être interprétée comme une métastase morbide consécutive à la suppression d’une éruption cutanée, il est logique d’en conclure que le mode psorique s’exprime. Le traitement de fond comprendra à coup sûr SULFUR, plus rarement PSORINUM. Si l’observation ne révèle pas cette circonstance étiologique et que d’autres signes mettent en évidence le mode luétique, le traitement de fond comprendra à coup sûr quelques hautes dilutions de LUESINUM, le biothérapique diathésique de ce mode luétique.


            Chaque école de praticiens défend à juste titre sa pratique, avec parfois des arguments excessifs et des anathèmes injurieux. Notre pratique tient compte des modes réactionnels, nous n’imposons pas notre conception, nous la défendons tout simplement

 

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