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Esprit es-tu là ?

ou "L'esprit de l'homéopathie"

            Sans doute vous souvenez-vous qu’en 1993, le médecin conseil national de la Sécurité Sociale avait déposé une plainte contre les chirurgiens-dentistes homéopathes ? Il nous accusait deux « crimes » = d’abord de prescrire des examens trop coûteux. Or ces examens incriminés (notamment les profils protéiques) ne sont pas remboursés et ils ne sont prescrits que par une partie infinitésimale (hi-hi !) des dentistes homéopathes, qui ne sont eux, qu’une partie infime de l’ensemble ! Le second reproche était plus sérieux = celui de faire de la médecine illégale. La preuve ? Les dentistes homéopathes interrogent leurs patients sur le plan général et se préoccupent de symptômes qui n’ont rien à voir avec la pathologie bucco-dentaire pour laquelle ils sont consultés ! Nous avons fait fi de ces accusations avec le concours du Pr Besombes, alors Président d’honneur et membre fondateur de l’Académie nationale de chirurgie dentaire.


            En réalité, ce médecin conseil comme beaucoup d’autres praticiens ignorent totalement la méthode homéopathie et l’esprit dans lequel doit être abordé chaque cas clinique, quel qu’il soit et quelle que soit sa localisation.


            Il faut déplorer qu’en raison de l’enseignement universitaire, le chirurgien-dentiste soit formé pour ne se préoccuper que de la bouche et des dents, son secteur « professionnel ». Et de plus sa formation ne lui permet pas « d’exploiter » une observation clinique comme celle des homéopathes. A quoi bon peut lui servir le fait que le patient soit frileux et aggravé par le froid humide ou que depuis quelques semaines, voire quelques mois, tel autre patient développe des verrues suite à une vaccination ?  Pour traiter une gingivite, point n’est besoin de telles précisions. Sauf pour un homéopathe ! Car ces faits signifient quelque chose et parfois telle ou telle modalité détermine ou confirme l’indication d’un médicament.


                        Cependant, il est possible, même en homéopathie, de traiter une gingivite à partir des seuls signes buccaux. Mais alors le praticien prive son malade d’une action en profondeur, très souvent indispensable. En voici un exemple.


Première observation :

            Un homme d’une trentaine d’années vient consulter pour une gingivite ulcéro-nécrotique évoluant par poussées depuis environ deux ans.

            L’examen endo-buccal montre une gencive enflammée, ulcérée, saignant facilement, pire au niveau du bloc incisivo-canin qui présente beaucoup de tartre. La gencive saigne facilement, le patient a une haleine repoussante. La langue est sale, saburrale, flasque, garde l’empreinte des dents. La salivation est abondante la nuit, au point de tacher l’oreiller. Plusieurs dents sont cariées. Les dents sont mobiles, surtout les incisives inférieures. Enfin, le patient décrit des douleurs brûlantes aggravées par les boissons trop chaudes ou trop froides.

            N’importe quel praticien homéopathe, même peu exercé, reconnaît MERCURIUS SOLUBILIS tant les signes sont caractéristiques. Mais si tel n’est pas le cas, le recours à l’ordinateur révèlera rapidement ce médicament à partir des seuls signes buccaux. Nul n’en doute. Quelle peut être alors la prescription ? Certes Mercurius solubilis 7 CH une ou deux fois par jour. Mais si l’on en reste là, le succès ne peut être que temporaire car on n’a pas tenu compte d’une donnée essentielle = la notion de récidives.

  

Hahnemann lui-même a connu et décrit cette situation bien embarrassante avant qu’il n’en comprit la signification = le rôle du « terrain ».


            On peut imaginer une variante à ce cas clinique. Car le patient a eu la chance d’avoir affaire à un ancien stagiaire de l’A.O.S.H., c’est-à-dire à un praticien qui a eu une formation sérieuse proposée par des enseignants particulièrement qualifiés (et modestes, ce qui ne gâte rien !). Le praticien ne s’est pas limité aux seuls signes buccaux, il a mis en évidence les signes suivants = comportement hâtif, hargneux, anxieux, transpiration abondante surtout la nuit à la chaleur du lit et qui laisse mal à l’aise, aggravation générale à la chaleur confinée et au froid humide. La prescription de Mercurius est ainsi assise sur une base symptomatologique plus solide. Imaginez un instant ce que peut penser un confrère « classique » en lisant ces quelques lignes. Il doit se dire que les homéopathes sont des gens bien curieux.   


            Mais un praticien bien formé ne s’arrêtera pas là. Il va procéder à une anamnèse minutieuse. Et ainsi, il apprend que le père du patient est un alcoolique chronique. La mère aussi ! Tout enfant, ce patient a eu des retards pour la marche et la parole, il a eu des convulsions vers le 4° mois, sa dentition a été difficile, il a eu des crises d’acétonémie. Toute l’enfance a été marquée par des rhino-pharyngites à répétition du fait d’une grande sensibilité au froid humide, accompagnées d’atteintes lympho-ganglionnaires chroniques, notamment des amygdales qui sont cryptiques. La scolarité a été perturbée par les absences du fait de sa santé et par un comportement quasi asocial. On précise une tendance constante à l’aggravation nocturne des troubles, quels qu’ils soient..


            Sur le plan morphologique, il a une légère tendance à l’embonpoint depuis toujours. Il a des antécédents d’aphtoses buccales.


            Sur cet ensemble de signes actuels, locaux ou généraux et de signes permanents dans l’histoire de ce patient, le mode réactionnel luétique apparaît sans contestation, même si pointent çà et là quelques signes sycotiques (sans doute dus aux traitements chimiques subis à répétition).


            Alors, la pathologie locale banale est valorisée, elle n’est plus un accident isolé et fâcheux, mais l’une des manifestations d’un ensemble évolutif qui constitue le « terrain » de ce patient.


            C’est cela l’esprit homéopathique !

             

            Quels peuvent être les enseignements à tirer de cette somme de données sur ce patient précis ?


            Tout d’abord, l’observation poussée a pu mettre en évidence le mode réactionnel luétique. Il est donc normal pour un praticien conscient de se poser la questions des causes de déclenchement ce mode réactionnel et voir chez ce patient celles qui s’exercent encore. Cela dans un but de prévention des récidives. L’existence d’une répétition de la gingivite autorise le chirurgien-dentiste a s’en préoccuper, dans un cas différent, il conseillerait la consultation d’un médecin homéopathe.


            Il est sans doute utile de rappeler ici les causes de la mise en œuvre du mode luétique, en tout cas ce rappel ne semble pas inutile.

Les facteurs étiologiques du mode luétique :


            R. ZISSU en décrit au moins 10.


1/  L’âge avancé des parents. A l’époque de la parution de sa Matière médicale homéopathique constitutionnelle (1959), l’auteur signalait la fréquence d’enfants atteints de troubles de la croissance grave comme l’idiotie mongoloïde ou des malformations du système nerveux. Aujourd’hui, le tableau a sans doute changé du fait des progrès médicaux et de la surveillance attentive de la grossesse de ces femmes qui permettent un dépistage précoce des anomalies.


2/  La consanguinité. Elle est tellement connue et depuis si longtemps qu’il est inutile d’épiloguer.


3/   Les facteurs physiques, comme les radiations ionisantes ou les ultrasons aujourd’hui largement utilisés, peut-être trop fréquemment car des mises en garde sont émises.


4/   Les vomissements gravidiques : une étude de 1962 de médecins allemands a montré que sur 180 enfants nés de mères ayant eu des vomissements sévères pendant la grossesse 8,3% présentaient des malformations alors que la moyenne normale est de 0,98%. Sans doute que là encore les progrès médicaux ont changé les chiffres.


5/  Les carences vitaminiques ou minérales, surtout les vitamines A, B2, , E, acide panthothénique..., avec en plus le problème de leur absorption intestinale qui peut être entravée par exemple par une antibiothérapie prolongée ou mal adaptée, qui perturbe la flore intestinale. On retrouve ce même facteur dans le tuberculinisme.


6/   Certaines infections ont un effet tératogène connu, comme la rubéole. R. ZISSU affirme dans son livre : « Nous avons eu en clientèle quelques cas d’enfants présentant des malformations congénitales dues à la rubéole gravidique, ils appartenaient tous à l’un des biotypes fluoriques ». Sans doute peut-on ajouter la syphilis congénitale, les MST et certaines viroses.


7/   Certaines thérapeutiques anté- ou péri-natales, dont la plus tristement connue est la thalidomide. La liste des médicaments interdits à la femme enceinte est actualisée continuellement. Et rappelons que la thalidomide est actuellement utilisée exclusivement dans les services spécialisés dans le traitement des aphtoses buccales graves, dont nous avons souligné maintes fois le caractère luétique.


8/   Les intoxications exogènes dont celles par les métaux lourds (or, baryum, plomb, mercure...), l’alcoolisme, ou le fluor donné à titre préventif des caries dentaires de la mère et de l’enfant, surtout en cas de surdosage. A propos du mercure, certains auteurs affirment que la plupart des troubles attribués à la syphilis secondaire ou tertiaire seraient dus en réalité aux conséquences de l’intoxication par le mercure, utilisé en doses trop fortes et durant des décennies. Enfin, les luétiques sont particulièrement tentés par la drogue.


9/   Les causes psycho-somatiques qui agiraient comme des traumatismes du système nerveux et seraient susceptibles de provoquer des troubles de la croissance. Quel que soit le mécanisme, il est de constatation courante de voir un ou plusieurs aphtes après un choc psychique comme un deuil ou une frayeur.


10/  Le fluorisme acquis qui dépasse ici la seule intoxication chronique par le fluor mais qui est perçu par les homéopathes comme un ensemble de facteurs, cocktail des causes précédentes, comprenant tous les facteurs susceptibles de perturber la croissance, depuis les erreurs alimentaires  (carences minérales ou vitaminiques par exemple) jusqu’aux  maladies graves du nourrisson et du jeune enfant (vomissements répétés, acétonémie...), ou encore à la prématurité ou enfin à certaines vaccinations de la femme enceinte ou du nourrisson.


Nota = certains milieux « officiels » commencent à prendre conscience des effets non désirés, voire iatrogène, du fluor donné inconsidérément. Le Gouvernement belge vient d’interdire  le chewing-gum contenant du fluor.


            Il faut ajouter à cette longue liste les conséquences du traumatisme obstétrical, facteur de croissance défectueuse.


            Il faut constater dans cette liste que les causes recensées concernent essentiellement le tout jeune enfant et expliquent son éventuelle croissance défectueuse que l’on appelle le « type morphologique dystrophique » ou encore « type fluorique ». Mais dans le cas présent, nous avons affaire à un adulte et le problème de sa croissance ne se pose plus. Mais si nous avions affaire à un jeune enfant, le problème se poserait.


            Parmi les causes susceptibles de persister ou d’agir sur ce patient, il faut rechercher :


L’existence éventuelle dans son environnement de radiations ionisantes ou d’ultrasons. Rappelons en passant le rôle préventif dans les aphtoses buccales de SULFURIC ACID. post-radiothérapiques. Il faudrait y penser si notre patient avait subi de tels traitements. On envisagera alors RADIUM BROMATUM à titre de neutralisation étiologique.

  

  1. Les carences vitaminiques et/ou minérales doivent être recherchées. La mode de régimes alimentaires aberrants ou déséquilibrés justifie cette démarche.

  

  1. Parmi les intoxications exogènes de l’adulte il est évident que l’alcoolisme est ici à rechercher.  On peut y ajouter l’usage de drogues. On peut inviter tous les imbéciles, fussent-ils ministres ou candidats à l’élection présidentielle, qui adoptent une attitude laxiste sur les drogues douces, à lire la pathogénésie de CANNABIS ! De plus, un alcoolique avoue rarement son penchant. Tout le monde sait les difficultés du sevrage. Le chirurgien-dentiste aurait-il plus d’influence ?

  

  1. Les causes psycho-somatiques ne doivent pas être négligées même si le chirurgien-dentiste n’est pas toujours le mieux placé pour assumer leur prise en charge.


            Enfin, rappelons notre attitude personnelle sur le mode réactionnel luétique dans son expression bucco-dentaire. Nous répétons depuis longtemps que la mise en évidence de l’indication d’un médicament de la série luétique, ici Mercurius solubilis, impose d’envisager la prescription de LUESINUM, le biothérapique diathésique. En espérant que les laboratoires finiront enfin par le remettre sur le marché.


            Dans le cas de Mercurius solubilis, les facteurs déclenchants sont !

  

  1. Le froid humide

  2. La suppression d’excrétions purulentes

  3. Les piqûres d’insectes

  4. L’intoxication arsenicale


Il faut avouer que le praticien ne peut pas faire grand chose. Il ne fait pas la pluie ou le beau temps ! Pour le problème de la suppression d’une excrétion purulente, lorsque le patient vient consulter, il a une liste d’accidents de ce genre dans ses antécédents, notamment des otorrhées à répétition, surtout dans la première enfance. La répétition des traitements par antibiotiques suscite de plus la mise en œuvre progressive du mode sycotique. Bref, le patient se trouve dans une situation parfois délicate et pour laquelle le praticien n’a pas de prise sur les facteurs étiologiques. L’avantage du traitement homéopathique est de ne pas ajouter aux troubles iatrogènes, ce qui n’est pas négligeable.  Dans de nombreux cas, et à condition d’avoir affaire à un patient enfin motivé par une information précise, la remise en état de la denture demande plusieurs séances qui permettent de surveiller l’évolution du traitement. On ne peut pas se contenter de prescrire Mercurius ou un autre médicament et de relâcher ensuite le patient dans sa nature, sauf s’il ne suit pas les conseils.

 

            En conclusion de cette observation = la banale prescription de Mercurius solubilis ne peut être l’aboutissement du traitement. Il est utile, voire nécessaire, de « globaliser » le problème dans le but d’une prévention élargie, avec éventuellement la collaboration du médecin homéopathe chaque fois qu’elle sera nécessaire. Mercurius peut résoudre le problème de la gingivite, mais le mode réactionnel luétique n’est pas pour autant stoppé. C’est çà l’esprit homéopathique qui doit animer l’attitude du praticien.

Deuxième observation :


            Voici un autre exemple très banal car on en voit beaucoup de semblables au cabinet dentaire.


            Il s’agit d’une femme quinquagénaire, grande mais enveloppée, notamment au niveau des hanches (embonpoint gynoïde). Son élégance un peu voyante offre un décolleté plongeant sur deux seins volumineux. Elle parle sans cesse mais passe du coq à l'âne ! Elle vient consulter pour une gingivite ulcéro-nécrotique dont le trait dominant est la gingivorragie = saignement spontané ou au moindre contact, abondant, semblant ne plus s’arrêter. Cette gingivite évolue par poussées depuis environ deux ans.


            L’examen montre une bouche propre, sans tartre, quelques dents ont été traitées, notamment au niveau des collets des molaires inférieures. Un bridge (de 15 à 17) est parfaitement adapté.


            La gencive est enflammée, rouge, il y a quelques petites poches suppurées. La mobilité des dents est récente et limitée. La patiente décrit quelques douleurs brûlantes aggravées par les boissons trop chaudes ou trop froides. Elle salive beaucoup mais la salive est un peu épaisse et visqueuse. Elle ressent un goût métallique et parfois un goût de poisson, comme si elle venait d’en manger.  

Une recherche répertoriale montre LACHESIS en bonne place, sinon en tête de liste. Ce que confirme l’interrogatoire = elle craint la chaleur surtout confinée, elle a des bouffées de chaleur, ne supporte pas les vêtements serrés, se sent mal le matin mais en pleine forme en soirée.


            On apprend aussi qu’elle est en période de ménopause climatérique. Ses règles sont devenues très irrégulières, elle est nettement améliorée par un flux important et inversement. Sa gingivorragie est pire juste avant les règles.


            La prescription est évidente = LACHESIS 9 CH un jour sur deux.

            

Que l’on veuille bien ici se souvenir de ce que nous savons de ce venin.


 L'expérimentation du venin de LACHESIS MUTUS ou TRIGONOCEPHALUS montre une action d'abord sur le système nerveux central (à tous ses niveaux), puis sur le sang enfin sur tous les tissus au niveau desquels il engendre une action inflammatoire: inflammation, ulcération, gangrène. Et le tout, à tous les niveaux, l'action est diphasique: d'abord excitation, puis dépression.


            L'action au niveau des muqueuses porte incontestablement la marque du mode luétique. Mais, LACHESIS est un remède poly-diathésique car on trouve dans sa pathogénésie des troubles typiquement psoriques (avec surtout la modalité générale majeure = l'amélioration par une élimination pathologique ou physiologique et son inverse) et sycotiques (inflammations torpides des muqueuses). Dans sa Matière Médicale Homéopathique, Roland ZISSU donne des précisions intéressantes.


1/         LACHESIS a une première action sur le système nerveux: cette action peut être similaire à celle des chocs psychiques, nerveux ou moraux, expliquant l'importance des indications du remède dans ces troubles, surtout psycho-somatiques, qui concernent aussi bien l'enfant que l'adulte. La mentalité de LACHESIS est dominée par un sentiment d'abandon (réel ou supposé), qui s'exprime déjà chez le nourrisson et l'hypothèse du traumatisme obstétrical est souvent mise en avant.


            J. LAMOTHE, pédiatre homéopathe, donne les précisions suivantes (cf L'Homéopathie Française - n°6 de 1986): le nourrisson LACHESIS semble dominé par le traumatisme de l'accouchement, associé à une "dysadaptation mère-enfant" et une hérédité luétique. Pendant la grossesse, la mère peut avoir les signes suivants: chute des cheveux, tristesse, aversion pour la compagnie, excitation sexuelle, nausées, vomissements, douleurs abdominales, albuminurie, hémorroïdes... Après l'accouchement qui est souvent difficile, le bébé peut souffrir d'hypersomnie, de pauses respiratoires et de clonies pendant le sommeil, de cyanose avec peau marbrée, d'ecchymoses palpébrales, hernie ombilicale et cicatrice rouge et persistante de l'ombilic, paraphimosis, angiomes tubéreux, dermographisme, constipation avec selles dures en crottes de chèvre... Sur le plan psychologique, ce nourrisson affirme déjà une personnalité marquée: refus du lait maternel, pleurs chaque fois qu'on le touche pour sa toilette: < au toucher, au bruit, par le bain, n'aime pas les caresses, intolérance au moindre abandon: hurle lorsqu'on le repose dans son berceau, exige les bras en permanence, sommeil troublé (à comparer à CHAMOMILLA auquel on pense d'abord!).


2/         L'action sur le sang est comparable à celle de toxiques du sang: alcool, toxi-infections hémorragipares. L'alcoolisme permet de tracer deux voies de décompensation de ce remède carrefour: d'abord la voie luétique = l'alcoolisme des parents est une cause importante de la mise en oeuvre du mode luétique, qui explique chez l'enfant le développement d'une constitution dystrophique. Ensuite, la voie psorique car l'alcoolisme acquis de l'adulte est l'une des causes de décompensation des sujets psoriques, parmi d'autres facteurs d'atteintes hépato-digestives. Dans cette dernière occurrence, la décompensation de l'alcoolique se fait d'abord sur SULFUR (phase sthénique du mode psorique), vers LACHESIS (alternance des deux phases) puis PHOSPHORUS (phase asthénique par atteinte lésionnelle du foie - PHOSPHORUS retrouve alors là sa vocation poly-diathésique qui annonce ses manifestations scléreuses et dégénératives sur les organes nobles).


            Mais, il faut le répéter, la première cible du venin est le système nerveux. Chez un LACHESIS encore peu décompensé, on a précisé l'irritabilité et l'agressivité. L'hypersensibilité nerveuse explique que l'on hésite parfois entre LACHESIS et IGNATIA ou COFFEA ou CHAMOMILLA (on peut le constater chez le nourrisson), puis plus tard, essentiellement chez l'adulte psorique en train de se décompenser par son mode de vie défavorable = entre SULFUR et surtout NUX VOMICA. Lorsque le mode psorique arrive en bout de la phase sthénique apparaissent des troubles congestifs qui évoquent alors LACHESIS, bien sûr et SULFUR, mais également en cas de troubles aigus: ACONIT, BELLADONA, GLONOINE, SANGUINARIA (troubles provoqués par la chaleur, l'insolation, MELILOTUS (ce dernier pour la céphalée congestive > par une épistaxis – qu’il convient de ne pas contrarier !). A la congestion s'ajoute l'action sur le système nerveux et NUX VOMICA est ici très souvent présent (spasmes limités à la sphère digestive). Sur le plan bucco-dentaire, il y a une nette aggravation de NUX VOMICA vers LACHESIS, notamment pour la maladie parodontale.  La congestion générale évoque aussi l'indication éventuelle de AURUM METALLICUM, remède indiqué surtout dans des troubles luétiques mais qui échappe aussi au cadre étroit d'un seul mode réactionnel, surtout chez l'alcoolique. Il est d'ailleurs intéressant de comparer les signes psychiques, généraux et bucco-dentaires de LACHESIS et d’AURUM METALLICUM.


            L'or, comme le venin de ce serpent, sont des substances étrangères à l'organisme qui provoquent une action toxique en deux phases. Lorsqu'on expose l'action générale de l'or, sans en avertir l'auditoire, il est courant de confondre ces deux médicaments. Par exemple, AURUM provoque dans sa première phase sthénique: une congestion psychique (agitation, comportement coléreux, autoritaire, intolérant...), circulatoire (hypertension artérielle, battements artériels, bouffées de chaleur, céphalées congestives, face rouge congestionnée...), hépato-digestive (foie dur et gros, ballonnement, brûlures gastriques, désir de boissons alcoolisées...), oculaires (menace de glaucome...). Pour tous ces troubles, on retrouve toujours les mêmes remèdes, qu'il faut différencier et c'est là toute la difficulté: ACONIT, BELLADONA, GLONOINUM, ou comme remèdes d'action plus profonde: SULFUR et NUX VOMICA, LACHESIS ou LYCOPODIUM, mais aussi AURUM METALLICUM ou PHOSPHORUS. Le versant chronique de AURUM est peut-être plus connu parce que chacun connaît son dégoût de la vie et ses pensées autolytiques. Sur le plan bucco-dentaire, AURUM, comme LACHESIS, sont des remèdes de parodontopathies d'autant plus graves que sont dominantes les tendances luétiques: atteinte inflammatoire de l'os alvéolaire avec ulcérations, suppuration, destruction par nécrose, etc... On peut ainsi, avec profit, multiplier les comparaisons de médicaments, deux à deux. Cet exercice intéressant souligne à l'évidence la complexité de l'homéopathie, la perplexité du praticien, mais aussi la richesse de la Matière Médicale.

Comparaisons LACHESIS / LYCOPODIUM:


(D'après J. LAMOTHE = L'Homéopathie Française - 1987/n°3).


Sur le plan psychique, LACHESIS et LYCOPODIUM ont au moins 7 symptômes communs:

  


Commentaire:


            Une banale répertorisation sur ces signes laisse perplexe. Mais ces deux médicaments expriment cependant des personnalités bien différentes.


            LACHESIS a toujours le sentiment d'être abandonné par tous, proches et lointains. Il se sent maudit, rejeté, abandonné, d'où un sentiment d'amertume qui le pousse à s'isoler car pour lui, la responsabilité appartient "aux autres". LYCOPODIUM est un sentimental qui doute de lui mais qui a également un sentiment de domination. Il vise un poste ou une responsabilité tout en se croyant incapable mais en redoutant qu'un autre lui pique une place qu'il croit lui revenir. C'est donc une personnalité bien complexe. Comme il se sent faible, il préfère rester seul pour qu'on ne le remarque pas.


            La jalousie est un sentiment commun. LACHESIS ne supporte pas qu'on puisse préférer ou aimer quelqu'un d'autre que lui. D'où sa jalousie agressive, dominatrice, avec souvent une composante psychogène: il ou elle imagine être trompé(e), sans raison. C'est très souvent le cas d'une femme à la ménopause. LYCOPODIUM croit peu en lui, bien qu'il le cache et envie celui qu'il prend comme modèle et le jalouse.


            LACHESIS et LYCOPODIUM sont orgueilleux et autoritaires. Mais LACHESIS a une volonté de puissance par sur-estimation du moi. Il se croit supérieur et veut logiquement dominer et commander. LYCOPODIUM croit être inférieur et veut commander par compensation. LACHESIS et LYCOPODIUM sont également agressifs. Celle de LACHESIS est plus subjective et plus spontanée. LACHESIS se croit facilement persécuté et réagit en conséquence, mais souvent sans raison réelle. LYCOPODIUM est plus "pacifiste", il ne réagit que lorsqu'il se sent vexé ou humilié, ou atteint dans son amour-propre et alors, il réagit de deux manières distinctes = ou bien il "encaisse" sans rien laisser paraître puis somatise (STAPHYSAGRIA), ou bien il éclate avec une rare violence (surtout avec ses proches), ce qui évoque NUX VOMICA.  Orgueilleux tous deux, mais pour des raisons différentes. LACHESIS se croit supérieur et trouve donc normal que les autres le reconnaissent, sans quoi gare à son agressivité. LYCOPODIUM doute de ses capacités et veut le masquer en visant haut. Pensant à tort qu'on ne l'aime pas, qu'on ne peut pas l'aimer (alors que LACHESIS ne comprend pas qu'on ne l'aime pas), LYCOPODIUM compense en essayant d'être au moins admiré, d'où sa recherche d'honneurs, de postes valorisants. Il transforme sa faiblesse en orgueil.

            Donc, on peut voir que malgré la similitude du "résultat", le cheminement est différent. Et heureusement, il existe bien d'autres caractéristiques qui différencient ces deux médicaments. Dont la latéralité dominante.  Il semble aussi que statistiquement LACHESIS soit plus souvent une femme, LYCOPODIUM plus souvent un homme. Mais attention, "souvent" ne signifie pas "toujours"! Et puis ne pas oublier que LACHESIS est une extravertie qui livre sans pudeur et avec un luxe détails ses problèmes, même les plus intimes, alors que LYCOPODIUM est avant tout un introverti qui masque ses difficultés par une fausse assurance.


            Sur le plan bucco-dentaire, LACHESIS et LYCOPODIUM sont tout à fait comparables dans les mêmes indications, à quelques nuances près. LACHESIS semble tout de même un médicament plus lésionnel, surtout lorsque domine sa composante luétique, suscitée ou accentuée par l'alcoolisme acquis = ulcérations de la bouche => LACHESIS au 3°d., LYCOPODIUM n'est pas cité. La tendance hémorragique et ulcéro-nécrotique s'exprime à l'évidence dans LACHESIS, pratiquement pas ou peu dans LYCOPODIUM (gingivorragies = 3°d pour LACHESIS, 1°d pour LYCOPODIUM, tous deux au 2°d pour les aphtes). 


Comparaisons LACHESIS / PHOSPHORUS:


            En fait, s'il est possible de comparer ces deux médicaments sur certains plans, PHOSPHORUS correspond à une étape d'aggravation par rapport à LACHESIS. Ce qui les rapproche, ce sont les manifestations cardio-vasculaires avec la congestion, la tendance hémorragique et nécrotique. Le plus souvent en raison de l'alcoolisme acquis chez l'adulte. PHOSPHORUS, en dehors de ses indications chez l'adulte jeune réagissant sur le mode tuberculinique (phase oxygénoïde), est aussi un puissant toxique qui entraîne des manifestations scléreuses à tous les niveaux, mais en plus une dégénérescence des organes nobles: cœur et appareils cardio-vasculaire et respiratoire, foie, reins, système nerveux central, muscles).


            Sur le plan bucco-dentaire, la pathologie est semblable, avec pour ces deux remèdes, la tendance hémorragique. Sans doute trouve-t-on davantage d'ulcérations dans LACHESIS, notamment lorsque domine sa tendance luétique. En particulier, lorsque la fonction hépatique est très déficiente, ce qui peut être le cas chez un alcoolique, la maladie parodontale peut être très grave, avec une évolution dans cette aggravation de LACHESIS vers PHOSPHORUS, aggravation brutale aussi bien lors d'une flambée aiguë que sur le plan chronique. Et puis, il ne faut pas oublier l'indication majeure de PHOSPHORUS dans l'atteinte rénale, notamment dans l'insuffisance rénale chronique dont on connaît les conséquences bucco-dentaires.


            Pour revenir à la patiente de ce deuxième cas clinique, LACHESIS a été mis en évidence par la symptomatologie. Il n’est pas prétentieux d’affirmer que le résultat thérapeutique sera présent, car ce médicament agit bien dès lors qu’il se trouve indiqué de façon inconstatable.


            Mais le chirurgien-dentiste a-t-il pour autant achevé son traitement ? Non certainement. Ce cas précis évoque le mode psorique. Il semble évident que l’une des causes de la gingivite est le blocage des éliminations que constitue le dysfonctionnement de la fonction ovarienne. Cette femme est aggravée avant les règles et améliorée par le flux, d’autant plus qu’il est abondant. Sa légère obésité laisse penser que le régime alimentaire n’est pas adapté à ses besoins.  Sont donc là réunies deux causes très importantes du mode psorique = les erreurs alimentaires par excès et l’arrêt des éliminations.


Sur le plan théorique, le régime alimentaire peut être amélioré, théorique parce que facile sur le papier, très difficile en pratique. Les conseils d’activités physiques sont les bienvenus mais seront-ils entendus ? Quant au blocage des éliminations, c’est le problème du médecin. Au début de la ménopause, le traitement est généralement assez facile et très efficace, aussi bien par homéopathie que par médecine classique.


            Un autre vrai problème que l’on rencontre est que le succès obtenu par LACHESIS de la première prescription peut faire que la patiente s’en contente et ne poursuive pas son traitement ou qu’elle oublie rapidement les conseils. Ce même problème est fréquent en particulier chez des sujets du type Nux vomica.

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