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AURUM METALLICUM

            HAHNEMANN a réalisé la première pathogénésie de l’or en 1818 mais souligne son utilisation en médecine depuis la haute Antiquité.


            L'or, substance étrangère à l'organisme, a une action toxique en deux phases: phase sthénique avec congestion, spasmes, hypertrophie - phase asthénique avec induration, dilatation, sclérose.  Cette action toxique se manifeste électivement au niveau des vaisseaux et des organes richement vascularisés: coeur, cerveau, yeux, foie, reins, formations lympho-ganglionnaires, glandes endocrines, os, périoste.


Cette action toxique est lente, progressive, disséminée, aboutissant à des congestions, puis à des scléroses. On reconnaît là des manifestations pathologiques typiquement luétiques.


          Voici d’abord les signes bucco-dentaires :


  



AURUM METALLICUM semble un peu oublié dans le Répertoire de KENT pour les maladies parodontales, pour lesquelles il est cité au degré moyen ou faible.

(cliquer sur les photos à angles arrondis pour un agrandissement)

Sur un plan général, il faut avoir toujours à l'esprit l'action diphasique de l'or, que l’on retrouve dans toutes les substances toxiques et étrangères à l’organisme, qui explique deux tableaux cliniques bien différents, et qui correspondent tous deux à AURUM METALLICUM.

PREMIER TABLEAU = phase sthénique de réaction à un toxique


          C'est le tableau d'un sujet hypertendu et congestionné = congestion améliorée au grand air, par les bains froids, en étant découvert.


            C'est aussi un sujet agité, précipité, impatient, autoritaire, toujours prêt à l'action (mais doutant un peu de lui-même).

            

            C'est un sujet enclin à la colère, surtout si on ne l'écoute pas ou si on le contredit = susceptible, rancunier, intolérant à la douleur, au bruit, au froid  (qui peut cependant soulager certaines douleurs causées par les congestions locales).


            Sujet enclin aux congestions locales = bouffées de chaleur et palpitations, face rouge, chaude, bouffie. A la moindre excitation mentale, la nuit ou au froid, il a mal de tête (céphalées congestives aggravées par le travail mental et paradoxalement améliorées au chaud !)


            L'appétit est fort, comme la soif = désirs de boissons froides, de café, d'alcools. L'estomac est ballonné et souvent douleureux (brûlures avec éructations et reflux) - Foie dur et gros, abdomen tendu avec borborygmes et tympanisme.


            Le sommeil est perturbé, il se retourne dans cesse dans son lit, rêves effrayants.


=> sujets vus souvent en cardiologie = hypertension artérielle, coeur gros, douleurs cardiaques, anxiété précordiale, palpitations, bouffées de chaleur, oedèmes (dilations des veines des membres inférieurs, etc...


Durant cette période, le patient AURUM METALLICUM peut présenter une pathologie inflammatoire au niveau bucco-dentaire: la tendance congestive peut provoquer une hyperhémie pulpaire expliquant les pulpites aiguës pour lesquelles on pense le plus souvent, et à juste titre, à BELLADONA.  L'inflammation gingivale est du type congestif, avec tuméfaction, ulcérations, haleine fétide.


A ce stade, plusieurs médicaments gravitent autour de AURUM METALLICUM, auxquels le chirurgien-dentiste pense plus volontiers: la tendance congestive évoque ¢ ACONIT, BELLADONA, GLONOINE, puis LACHESIS, SULFUR; l'intolérance à la contradiction et le comportement emporté ¢ NUX VOMICA, LYCOPODIUM; les troubles vasculaires et endocriniens ¢ LACHESIS.  Toujours à ce stade, AURUM METTALICUM peut être indiqué dans l'hyperthyroïdie, en tout cas, sa pathogénésie donne des signes semblables.

  

Commentaire

d'Alain HORVILLEUR

DEUXIEME TABLEAU = phase asthénique de réaction à un toxique


            C'est un sujet mélancolique, introspectif et dégoûté de la vie, avec souvent des idées obsédantes de suicide.


            Bien entendu on rencontre toutes sortes de patients déprimés et suicidaires. Ce sont souvent des anciens Aurum excités dont l'activité intellecturelle a diminué du fait de l'âge ou des conditions de vie. Les patients sont devenus progressivement tristes, voient tout en noir, perdent toute confiance en eux = hésitations, scrupules inhabituels, peur de l'avenir. Ils se renferment dans une inaction taciturne. Puis survient une introspection constante avec des tremblements, un désir de solitide, des peurs sur des fautes imaginaires ou exagérées, impuissance à réagir. il y a les conséquences aggravantes des aléas de la vie comme le chômage et surtout les décès de proches, pathologies graves...


            Cet étar aboutit petit à petit à un dégoût de la vie avec pensée continuelle de la mort et idées obsédantes de suicide que pourtant ils redoutent et dont ils ont peur.


 A ce stade, les troubles congestifs perdent leur caractère paroxystique pour devenir plus fixes : hypertension par artériosclérose, troubles vasculaires (artérites, anévrismes..); tendance à la cirrhose et aussi à la néphrite chronique dont les conséquences dentaires sont connues: parodontopathies.  Apparaît également une pathologie osseuse: exostoses, caries, ostéites, suppurations chroniques, douleurs nocturnes, pires en hiver, par temps froid, par le toucher ... et douleurs articulaires chroniques.


Au cours de cette deuxième phase, les troubles buccaux évoluent de la gingivite ulcéreuse à l'atteinte parodontale, par inflammation torpide de l'os alvéolaire, tendance à la suppuration des poches constituées, atrophie progressive.  D'ailleurs, dans certains cas relativement moins graves, la tendance générale à la sclérose peut freiner la destruction parodontale.


Est-il facile de reconnaître un AURUM METALLICUM au cabinet dentaire ?  Lorsqu'il s'agit d'un adulte d'âge mûr, la tendance congestive et le comportement irritable, irascible, qui évoquent tant NUX VOMICA, d'autant plus que l'hypersensibilité sensorielle rend les soins dentaires très mal supportés, exigent habituellement un interrogatoire, en raison du risque hémorragique.  Toujours comme NUX VOMICA, ce sujet a tendance à trop manger et à trop boire, surtout des alcools.  L'alcoolisme chronique est une des causes de décompensation d'un psorique de type SULFUR (NUX VOMICA, LYCOPODIUM, LACHESIS).  L'alcoolisme est également une cause luétique majeure.  Tout cela peut favoriser le développement d'une parodontopathie.  Dans ce contexte précis, AURUM METALLICUM peut avoir une action favorable sur la sclérose qui débute, il peut ainsi prévenir l'indication de BARYTA CARBONICA, remède de parodontopathie grave.


Chez un vieillard devenu taciturne, poly-scléreux, sujet aux spasmes, le pronostic en cas de parodontopathie est mauvais, surtout si les fonctions principales sont atteintes: foie, reins, notamment.


La prescription d'AURUM METALLICUM est toujours un problème délicat, surtout chez le type dépressif.  Une aggravation par le remède peut accentuer la velléité suicidaire, quelle que soit la dilution, nécessitant une surveillance par l'entourage.  De toute façon, ce médicament a une action lente, à l'image de l'intoxication par l'or.  Il faut donc le donner longtemps, surtout à un sujet déprimé et scléreux.

  

Le suicide des personnes âgées